Miao ou le chant des chan
190 pages
Français

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Miao ou le chant des chan , livre ebook

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190 pages
Français

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Description

Ce thriller nous entraîne irrésistiblement dans les eaux troubles d'un scénario machiavélique. Il est compositeur... Elle est violoniste... Mais s'aiment-ils vraiment ?ŠParis, Shangaï, Taiwan : trois destination conviées par l'auteur. Les rapports amoureux complexes entre un Français et une Shangaienne sont prétextes à visiter les lieux, à goûter aux paysages, à entendre les sons de la vie, sur fond d'intrigue criminelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 24
EAN13 9782296473485
Langue Français
Poids de l'ouvrage 18 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mi ă o, ou Le chant des chán
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56604-0
EAN : 9782296566040

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Charley


Mi ă o, ou Le chant des chán


Roman


L’Harmattan
Première partie
1
« M iăo, tu me manques. Nous nous sommes quittés trop vite. Pourrai-je te revoir un jour ? Donne-moi de tes nouvelles. »
« Envoyer ». Figé devant l’écran, menton en appui sur les deux pouces, le souvenir du visage de la jeune Chinoise se dessine en lui. Son teint, translucide. Le grain de sa peau, d’une pureté parfaite. Son nez, fin. Ses lèvres, d’un rose tendre, légèrement ourlées, presque pulpeuses. Son sourire, d’une blancheur satinée.
Lorsqu’il l’avait regardée dormir, la première fois, la tête posée sur l’oreiller, il avait été fasciné par la beauté de la ligne de ses yeux clos, aux cils étonnamment longs, berçant un sommeil à peine animé par le rythme lent de sa respiration.
Les cinq minutes cinquante-trois secondes du deuxième mouvement du Concerto italien de Jean-Sébastien Bach s’achèvent. Version au piano. L’interprète, anonyme, joue dans un tempo lent, laissant planer dans les airs une plainte continue.
Si elle ne répond pas, il essaiera de la joindre par l’intermédiaire de Yă. Les deux filles sont toujours en contact, il le sait puisque la pianiste lui a appris dans les couloirs du conservatoire que Miăo vivait actuellement à Pékin.
Réception d’un nouveau message. Elle est en ligne.
« Thomas,
Comment vas-tu ? J’ai passé un concours en février et je suis rentrée comme violoniste dans l’Orchestre symphonique de Pékin. Si nous nous revoyons un jour, ce sera donc ici, en Chine. Je t’invite. As-tu envie de venir ? »
Poursuite en chat.
« Pourquoi pas ? En juillet, je n’ai rien de prévu, et toi ? »
« Je serai à Shanghai, chez ma mère, à partir du 10. Je vais lui demander s’il est possible de t’accueillir. Je te laisse pour ce soir. J’ai rendez-vous avec des amies. »
"Amies" avec un "e", détail insignifiant peut-être, mais dans lequel il veut voir un féminin intentionnel. Elle est donc encore libre.
En cette fin de mois de mai, le temps est agréable, suffisamment en tout cas pour abandonner le clavier d’ordinateur et partir flâner dans les rues de Paris.
2
Place du Tertre, à Montmartre, il joue les badauds, avant d’aller savourer la vue panoramique sur la capitale depuis le parvis du Sacré-Cœur.
Au retour, quelques notes du thème du premier mouvement de la 40 e symphonie de Mozart, captées au hasard des couloirs du métro, le portent jusque devant le musicien, installé sous la voûte.
De la mélodie, dépouillée sans son accompagnement orchestral, s’exhale un parfum étrange. La nostalgie qui s’en dégage le ramène sur les bancs de l’école. Les frissons parcouraient son corps, le jour où le vieil instituteur l’avait fait découvrir à toute la classe.
Depuis, la musique est à l’essence de sa vie. Aussi loin qu’il s’en souvienne, spontanément, des mélodies inouïes traversent son inconscient, viennent nourrir ses émotions. Il lui suffit alors d’égrener le chapelet des notes qui s’ordonnent dans son cerveau, presque à son insu.
La vie s’était montrée généreuse, insouciante, jusqu’à ce samedi matin de mars, à la fonte des neiges. Après un dérapage, la voiture avait enfoncé le parapet de sécurité du petit pont de montagne, percuté les rochers pendant sa chute, avant de s’écraser, entraînant son père et sa mère dans les eaux glaciales du torrent.
Lorsque les gendarmes avaient frappé à la porte, il écoutait dans sa chambre le deuxième mouvement du Concerto italien , œuvre à laquelle il accordait maintenant une résonance quasi obsessionnelle.
L’argent que ses parents avaient en dépôt sur leurs comptes en banque avait tout juste suffi à régler les obsèques. Ensuite, déménagement à Paris, où les opportunités musicales étaient supposées plus nombreuses.
Il n’avait eu aucune difficulté à rentrer dans la classe de composition du Conservatoire. Mais au milieu de la deuxième année, en désaccord avec les méthodes d’enseignement qu’on y pratiquait, brusquement, il quittait l’institution.
Aujourd’hui, bientôt trente ans, sans qualification reconnue, juste le baccalauréat en poche, il loue une petite chambre, au n° 73 du boulevard Berthier, dans le 17 e arrondissement. Des petits boulots au noir pour survivre, financer avec peine la réalisation de ses projets. Quelques cours de piano, mais surtout du nettoyage et un coup de main de temps à autre dans l’hôtellerie ou la restauration.
Cette mélodie de Mozart, surgie tout droit de son enfance, venait de raviver un passé douloureux.
3
Attendre… Encore attendre ! Toujours attendre ! Quatre jours à cliquer compulsivement sur « envoyer/recevoir ». Rien de rien.
Concerto italien en boucle. Chaque fois, ce ré mineur langoureux le met au supplice, jusqu’à ce que l’accord majeur de la mesure 45 vienne enfin le libérer. Lorsque le silence se fait, instinctivement, il presse à nouveau sur Play , une véritable addiction.
Le deuxième mouvement vient de recommencer. La pédale de ré se pose lentement, annonçant le premier mordant, perché sur le la. Bip de l’ordinateur.
« Tu peux venir à Shanghai quand tu veux, à partir du 10 juillet. Transmets-moi la date et l’heure de ton arrivée. J’irai te chercher à l’aéroport. Pendant ton séjour, je te ferai aussi visiter Pékin. Si tu peux, prends ton billet de retour depuis là. À bientôt. Miăo. »
Avant de répondre, régler les derniers détails. Chaque fois, depuis le premier contact un mois auparavant, son interlocuteur à la voix aigrelette lui donnait un numéro de portable unique, pour tout nouvel appel.
Après le deuxième coup de téléphone, en relevant son courrier, il avait trouvé une enveloppe renforcée en papier kraft. À l’intérieur, trois mille euros, en coupures usagées. « Il y aura suffisamment d’argent pour vos premiers frais » , avait dit le Chinois avant de raccrocher.
Une avance en liquide bienvenue aujourd’hui pour acquitter le prix du billet d’avion.
4
Créneau d’appel le matin, entre dix heures et dix heures trente, toujours à partir d’une cabine publique. La plus proche, Porte de Champerret.
Monsieur Mă. On m’invite à Shanghai. Je devrais partir autour du 15 juillet, pour deux semaines.
Sommes-nous toujours d’accord ?
Oui.
Alors le nécessaire sera dans votre boîte à lettres demain matin. Rappelez-moi la veille de votre départ, pour confirmer que tout se passe normalement. Vous recevrez de nouvelles instructions.
Juste le temps de noter le prochain numéro à composer. Communication coupée. À peine trente secondes d’échange, comme à l’accoutumée.
Rue de Courcelles, une agence de voyage. Trois quarts d’heure plus tard, un billet pour Shanghai, départ le 13 juillet de l’aéroport Charles de Gaulle, retour le 26 à partir de Pékin.
Pendant que l’ordinateur démarre, il plonge dans la boîte à thé. L’eau frémissante tombe directement sur la pincée de feuilles séchées déposées au fond du mug blanc en porcelaine, souvenir de Londres rapporté par sa mère.
Un parfum délicat s’exhale de la tasse. Assis devant l’écran, il transmet à Miăo les détails de son voyage, hésite à terminer par un mot plus personnel, mais s’abstient. Surtout, ne pas tout compromettre.
Play : les trois mouvements du Concerto italien , l’œuvre dans son entier.
5
Ils s’étaient rencontrés à la petite église Sainte-Croix des Arméniens, à l’angle de la rue Chariot et de la rue du Perche. Sans moyens financiers, pas facile pour Thomas et ses deux amis compositeurs d’organiser un concert. Miăo faisait partie des rares instrumentistes ayant accepté de jouer bénévolement.
La jeune Chinoise posait son archet avec une précision étonnante, dans ce nouveau quatuor à cordes, Point contre poing, qu’il avait écrit en hommage aux contrapuntistes baroques.
Pendant les répétitions, organisées sur place,

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