Miroir hongrois
127 pages
Français

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Miroir hongrois , livre ebook

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Description

Des écrivains hongrois d'aujourd'hui nous offrent leur propre représentation du monde à travers les nouvelles rassemblées ici pour leur singularité. Elles évoquent l'enfance, le sens de la vie, l'amour, l'inquiétude, la quête de soi, les sentiments éprouvés dans une société qui a longtemps conditionné leur existence avant 1989, où le libre arbitre est désormais possible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2008
Nombre de lectures 58
EAN13 9782336276175
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Domaine Danubien
Collection dirigée par Maguy Albet

Cette collection a pour ambition de faire connaître en France les littératures des pays bordant le Danube, littératures riches d’ouvrages majeurs ou de titres d’auteurs contemporains qui s’avèrent prometteurs.
Déjà parus
Gyula KRUDY, Heliotrope , 2004
Tibor TARDOS, Le télégramme andalou.
Gyula KRÚDY, N .N., roman.
Jenö SZÜCS, Les trois Europes , préface de Fernand Braudel. István KEMÉNY, Ouvriers hongrois, 1956-1985.
István BIBÓ, Misère des petits États d’Europe de l’Est.
Lajos GREUDEL, Tir à balles.
Bernard LECALLOC’H, Un épisode oublié de la Guerre Froide : le défi hungaro-yougoslave 1945-1955.
Ernest TÖTTÖSY, L’Empire des fous.
Tibor TARDOS, Une fille au-dessus de la Tour Eiffel.
Miroir hongrois
Onze nouvelles

Clara Tessier
Laure Penchenat
Kati Jutteau
ⓒ L’HARMATTAN, 2008 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffuaion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296051454
EAN : 9782296051454
Sommaire
Domaine Danubien Page de titre Page de Copyright Introduction Rue Maïakovski, place Vörösmarty Une soirée Le lac Huron Dernières vacances Conte du vent, du feu et de la jeune fille aux cheveux d’or Piano bar Délire Mon désir le plus fou Sur le sol froid Le passeur Nouvelles extraites des ouvrages suivants
Introduction

Les nouvelles tendances de la littérature hongroise. Le retour du récit à la première personne du singulier
« ... l’œuvre n’est jamais une donnée naturelle, mais une exigence et un don. ... Écrire, c’est donner. .. C’est par là que l’écrivain prend conscience de cette liberté absolue, de cette gratuité qui caractérisent la création littéraire.»
Jean-Paul Sartre « Qu’est-ce que la littérature ? »

« Qu’est-ce que la littérature ? » - cette question si simple et si bouleversante se pose de Platon à Sartre, au-delà dans toutes les situations et dans les textes littéraires ce qui change radicalement les conditions d’écriture et de lecture. Péter Esterházy dans son texte Les verbes auxiliaires du cœur (1985) fait allusion à ce passage de Sartre, et il se donne à l’écriture changeant avec joie le modus scribendi de la littérature hongroise. Esterházy n’est pas seul, mais c’est lui qui donne à la littérature hongroise contemporaine sa « gratuité » et sa « légèreté ». De ce point de vue, il y a au moins trois déplacements dans la littérature hongroise contemporaine : du récit au texte, du texte à l’écriture textuelle et le retour du récit.

Du récit au texte
La nouvelle vague du récit hongrois commence avec les textes de Miklós Mészöly dans les années soixante, mais elle est préfigurée par le roman de Géza Ottlik Une école à la frontière (1959) écrit au bord du « silence » et à la limite d’un langage littéraire encore à inventer, et configuré par les récits d’Iván Mándy, de György Konrád et d’Imre Kertész. Les textes de Mészöly introduisent les nouvelles modalités du récit affecté par l’existentialisme de Camus ( Sötét jelek, 1957, Saulus, 1968), par la poétique du nouveau roman d’Alain Robbe-Grillet ( Alakulások, 1973), par l’objectivisme du « camera-eye » (Film, 1975). Mészöly invente un langage littéraire (Megbocsátás , 1983) et un modus scribendi qui marquent la clôture du modernisme et donnent lieu à une archéologie du savoir et de la mémoire littéraire (Családáradás, 1995). Écrire dans l’espace littéraire ouvert par les textes de Mészöly est une forme de résistance à la littérature représentative, à l’idéologie marxiste-léniniste, à la thématique et à la modalité du récit prescrite par le dogmatisme du réalisme socialiste. Les récits de Mészöly au ton impersonnel, objectif, marqué par une « visualité » 1 et une « imagination graphique » 2 amorcent un déplacement dans la littérature hongroise du concept du récit comme œuvre littéraire vers le concept du récit comme texte.

Du texte à l’écriture textuelle
Le déferlement d’écriture textuelle passe par les textes de Péter Esterházy, Péter Nádas, Péter Lengyel dans les années quatre-vingt. Malgré les différences de modalité et de tonalité de leurs textes, ils partagent le même concept de la littératures, de la langue, et de l’écriture. Écrire, selon leur théorie et leur pratique, est un jeu du langage (Wittgenstein), un énoncé performatif (Austin), un événement textuel (Paul de Man, Jacques Derrida), qui touchent :
1- à des questions refoulées par l’idéologie : la sensualité, la sexualité, la mémoire,
2- au concept ordinaire de l’écriture : le livre comme symbole, comme « modèle linéaire » , « épique ». 3
3- aux divers territoires des arts : la peinture, la photographie, le film.

Les textes d’Esterházy, de Nâdas, et de Lengyel font allusion aux textes d’Ottlik, de Mészöly, de Mallarmé, de Proust, de Joyce, de Kafka, de Thomas Mann, de Salinger et de Sartre entre autres. Ils mettent en mouvement, d’un ton ironique, la mémoire littéraire, historique, culturelle et font indirectement une critique de l’ordre politique et social. Ils mettent en question les possibilités et les impossibilités à raconter et à lire des histoires. Le défi de leur écriture textuelle est au moins triple : ils suspendent la question de la référentialité comme prescription idéologique ou dogmatique ; ils traitent la question théorique de la fiction, de la narration comme leur propre sujet ; avec leurs inter-textes à plusieurs voix, à plusieurs langues, à plusieurs genres ils provoquent une nouvelle manière de lire.
Esterházy déconstruit, d’un ton frivole, joyeux et ironique, le genre romanesque ( Termelési regény , 1979), passe des frontières entre différents genres, discours, disciplines, il met en question le livre comme unité sémantique, graphique, rhétorique ( Bevezetés a szépirodalomba , 1986), met enjeu le nom et la fonction d’auteur, son identité sexuelle, son omnipotence et omniscience (Csokonai Lili : Tizenhét hattyú, 1987). Le livre des mémoires (1986) de Nádas à trois voix narratives et quatre histoires décompose l’identité narrative, l’ordre linéaire du modèle épique. Les textes de Péter Lengyel Cseréptörés (1978), Macskakö (1988), son non-roman Holnapelött (1992) et son adieu Búcsú két szólamban (1993) sont aussi préoccupés par la question : comment raconter une histoire à plusieurs voix ? Cependant ils mettent en scène les différents genres littéraires et non littéraires, les différentes modalités du récit pour sauver le récit.

Le retour du récit
Dans les années quatre-vingt-dix, il y a un nouveau déplacement dans la littérature hongroise. Le récit revient, sous la forme du roman autobiographique (László Garaczi, Endre Kukorelly, Gábor Németh), celle du roman historique (László Márton, László Darvasi), ou de la nouvelle (Krisztián Grecsó, Krisztina Tôth, György Dragomán). Les romans, les nouvelles, les récits n’ont pas perdu leur virtuosité textuelle, mais la fonction de l’intertextualité, les modalités et les tonalités des récits ont changé.
L’écriture qui a été un mode de résistance à l’idéologie (Miklós Mészöly), de défi à la politique et au dogmatisme (Péter Esterházy, Péter Nádas, Péter Lengyel), devient une confession, une thérapie personnelle (László Garaczi), une méditation (László Krasznahorkai), une évidence d’existence (Krisztina Tóth) et des histoires de famille (Adél Kálnay, Alice Mátyus, Miklós Vámos).
Le récit autobiographique et le récit historique dans les textes de cette période, d’Esterházy (Harmonia Caelestis , 2000, Javított kiadás , 2002), de Nâdas ( Párhuzamos történetek , 2005), et de Spiró (Fogság , 2005) font voir la relation entre fiction et réalité sous une nouvelle perspective, celle d’un nouveau réalisme.

Le ton autobiographique adopté naguère dans la littérature hongroise est présent déjà dans les deux premières parties de la trilogie « balzacienne » de Garaczi ( Mintha élnél , 1995, Pompásan buszozunk  ! 1998). Ses textes sont marqué

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