Nostoc 15h58
160 pages
Français

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Nostoc 15h58 , livre ebook

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Description

Au coeur du XXIème siècle, Lortess, héros ordinaire est tourmenté par le bien et le mal et tente de lutter contre une partie de lui-même. Mais son double n'est pas prêt à se laisser déposséder. Ce corps-à-corps va plonger Lortess au coeur du Moyen-Age tout d'abord à Chartres, puis en l'abbaye de Cluny, enfin à Saint-Malo.

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Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2008
Nombre de lectures 160
EAN13 9782336274201
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
À la patience du temps , recueil de poèmes, Drac de Guyane, 2000
Le gardien de la nuit , recueil de poèmes, Théâtre de Montreuil, 2001 [traduit en japonais]
L’écorce du midi , recueil de poèmes, Théâtre du Lucernaire, 2003
Milosz ou l’idiot magnifique , roman, collection « Écritures », L’Harmattan, 2007
Nostoc 15h 58, roman, collection « Écritures », L’Harmattan, 2008
Nostoc 15h58

Jaunay Clan
© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296067721
EAN : 9782296067721
Sommaire
Du même auteur Page de titre Page de Copyright Dedicace Epigraphe PROLOGUE LE RÊVE DE LORTESS
Les notes élémentaires La cité oubliée Au pied du chaos du monde Le labyrinthe La pierre sacrée Le souffle de la Wouivre Le monologue Les deux visages La solitude des montagnes Sur le chemin de « hors les murs » Une certaine science Le secret L’inverse Les rats La ferrade La poursuite Au cœur des ténèbres L’étang « d’entre-les-deux-mondes » Le songe Malgouverne Les trois manuscrits Les idées accessoires L’athanor Le grand mystère Le présage La visite La révélation L’œuvre noire Un sort cruel La croix blanche « Sortez vos morts! » Scorpions et germandrée L’évasion Les traqueurs Le piège Rapines et vaines prières L’offense Le geste Le vagabond et le royaume Le dernier homme Le chagrin de l’aube Disparition
LA FIN DU RÊVE DE LORTESS
23h58
Écritures
À Michelle
J’avance comme si j’étais déjà venu par ici... C’est maintenant qu’il faut franchir le pas extrême de l’irréel, aller un peu au-delà... Hâtez- vous : nous allons au-devant de l’aurore.
Patrice de La Tour du Pin
PROLOGUE
I l est 15h58. Lortess assis à son bureau empile les dossiers sur le coin gauche, envoie dans la corbeille, à droite sous la table de travail, les papiers froissés, range les crayons dans leur boîte posée devant lui. Il se lève, éteint la lumière, jette un dernier regard dans la pièce, traverse les bureaux de ses collègues qui s’affairent encore, franchit la porte, se retrouve dans l’escalier, descend calmement les premières marches, puis accélère et dévale le restant comme s’il fuyait le diable. Il se retrouve dehors le cœur battant, s’arrête, respire, rejoint les rues voisines, entre dans le premier bar, commande et s’assoit. Ici, il ne connaît personne. C’est sans doute mieux ainsi, ce n’est pas encore l’heure de la sortie pour les bureaucrates comme lui. Il aurait donc fallu que Lortess s’explique. Et qu’a-t-il à dire exactement si ce n’est que quelque chose a dû se modifier, changer au point de lui faire vouloir autre chose que ce qui est? En Lortess à ce moment, tout clamait « tout, sauf ce qui est ». Lortess but longtemps, il sentit des larmes monter, se cacha le visage entre les mains, et pleura.
Ce fut le premier exploit dans la vie de Lortess : il commençait à s’apprivoiser, à accepter le Lortess sensible qui avait cohabité jusqu’à l’étouffement avec l’autre Lortess si lointain et tyrannique. Jusqu’à présent Lortess le Tyran avait imposé ses lois à Lortess le Sensible. Il avait bâti une citadelle d’indifférence et de froids calculs et tenu hors de ses remparts tout ce qui pouvait porter atteinte à cette mathématique rationnelle et presque inhumaine. Lortess le Sensible devait survivre dans cette bâtisse où tout exprimait l’antithèse de ce qu’il ressentait, il devait sans cesse taire ses impressions les plus délicates, laisser mourir son désir de retraduire la simple beauté du monde qu’il entrevoyait dans de longues rêveries. Et Lortess le Sensible périssait jour après jour.
Cependant Lortess le Tyran qui avait régné presque un quart de siècle connaissait quelquefois de terribles batailles. Il avait imaginé au début que l’assaillant qui ébranlait ses certitudes et ses évidences, venait de l’extérieur. Aussi avait-il cru trouver une stratégie de défense contre l’agresseur, en se refermant davantage sur lui-même et en devenant encore plus cruel vis-à-vis de ce qui était différent de lui-même et qu’il nommait tout simplement : déviance.
Mais un soir où il avait pensé grâce à sa logique et son raisonnement tenir hors de ses murs l’ennemi qui venait le hanter, il ressentit un malaise qui ne parvenait pas à se dissiper. C’est peut-être à partir de ce jour-là que la faille apparut. Lortess, sans s’en douter, avait été affaibli au point de ne rien pouvoir contre cet effondrement annoncé. Au cours de cette nuit, il eut le pressentiment que ce qu’il croyait être étranger prenait en fait racine en lui-même. Il crut tout d’abord à une erreur de raisonnement de sa part, une mauvaise interprétation. Lortess dut admettre que s’il avait été maître de cet étrange royaume, les monstrueuses défenses qu’il avait construites pour se protéger l’avaient entraîné en même temps vers la solitude la plus profonde et le dessèchement de l’âme le plus extrême. Lortess comprit qu’il ne pourrait se soustraire à lui-même. Pour cela il fallait repartir vers la matrice, et le pays inhospitalier de l’âme.
LE RÊVE DE LORTESS
Les notes élémentaires
C ’est ainsi que longtemps Lortess chemina. Il arriva dans une gare, des trains de nuit patientaient et son ombre se confondit un bref instant avec la tôle grise et brillante des wagons éclairés par les néons. Une nausée de vin emplissait Lortess. Il aurait voulu monter dans la machine de fer, se laisser emporter par elle mais il sentit poindre un spasme douloureux et sa bouche regorgea bientôt d’un liquide épais, au goût de l’amer. L’écœurement le plia en deux et le visage tendu hors de lui, il laissa déborder, couler, jaillir la vomissure. Un coup de sifflet le fit sursauter, un train partait. Sur le sol sa souillure formait ici de petites taches brunes, là, elle dessinait de longues traînées épaisses et irrégulières. Mais quel qu’en soit l’endroit, elle transpirait d’intérêt pour Lortess. Il se tenait au-dessus de cette chose puante dont il ne parvenait pas à se dégoûter. Il entendit les bruits fracassants des wagons qui s’attachaient les uns aux autres, et d’un bond Lortess se jeta dans l’un d’eux.
La grosse machine emporte Lortess. Il est assis, et regarde à l’extérieur. Le ciel est strié de traînées rosées, creusé de trous jaunes qui crachent de la lumière. Des poteaux électriques défilent comme une armée. Une rivière surgit, flanquée ici et là de pâles bras sablonneux. C’est une course qui s’engage entre l’affluent et le train ; routes, arbres, forêts et taillis se relaient.
La terre roule sous Lortess à grande vitesse, comme si elle se poursuivait elle-même dans une trajectoire circulaire effrénée, pour finir par s’entre-dévorer. Aussi le jour et la nuit se superposent et se remplacent presque simultanément. Lortess est projeté au creux de la matière. Repères, unités de mesure se brisent en lui. Il redevient microscopique variation au sein des notes élémentaires. Les yeux mi-clos, il se recroqueville sur lui-même. Il est intégré dans une succession de combinaisons de mouvements, d’implosions, d’explosions, d’éclatements et de resserrements, de dispersions et de rassemblements. Lortess est comme morcelé, fragmenté, mais à peine éprouve-t-il ce sentiment que le voici happé dans une série d’unions sonores, de dissonances, de résonances, d’harmoniques et d’infrasons. Puis ces compositions cessent de s’alterner et se déroulent en un même lieu, sur le même tempo et toutes ensemble. Cela lui procure un vertigineux et délicieux abandon des sens. Maintenant c’est au tour de ses cerveaux postérieur, moyen, antérieur, intermédiaire, de baigner dans un lac de sensations élémentaires. Tandis que son corps : jambes et bras, échine, torse, entrailles, voies séminales, système sanguin, est soumis à une hallucinante pression. Dans un bruit assourdissant de ferraille, Lortess se réveille brutalement. Le train vient de ralentir et s’arrête dans une gare de campagne. Le quai est désert. Voici que la machine veut reprendre sa course. Lortess s’engouffre dans le couloir, saute du train et le voit disparaître, aspiré par la béance déconcertante de l’horizon.
Et Lortess est là, sur le quai, planté comme un arbre. Au-delà des rails, un chemin de terre s’offre à lui. Il s’imagine partir vers basses et hautes plaines. Parcourir vallées et collines, gravir aiguilles et monts, marcher dans le lit des rivières vides où les pas résonnent sur la sécheresse des pierres. Lortess s’abandonne. Les odeurs de plantes, germes, racines, bulbes, feuilles le traversent, lui creusent la peau pour éclater en particules fines qui s’ajoutent et s’agglomèrent dans son sang. Il

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