Promesse d orient
318 pages
Français

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Promesse d'orient , livre ebook

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318 pages
Français

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Description

Une série d'attentats ensanglante le Moyen-Orient au cours de l'hiver, ciblant tout particulièrement les intérêts français. Une jeune femme sans histoire est propulsée du jour au lendemain au coeur d'un Moyen-Orient en ébullition. De la Jordanie au Liban, en passant par Israël et la Cisjordanie, l'auteur nous plonge dans les milieux nationalistes palestiniens, où les plus nobles figures côtoient d'authentiques criminels. Tout au long d'une traque haletante, l'intrigue chemine à travers le destin d'un peuple qui, entre trahisons et promesses non tenues, a raté son rendez-vous avec l'histoire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 25
EAN13 9782296707207
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Copyright























© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-296-70720-7
Chapitre 1
1. Amman – 29 décembre
« Now that the looove is … gone ! » Le premier conseiller de l’ambassade de France avait mis à fond le volume de la musique, se tapait sur les cuisses en rythme sur la chanson de David Guetta, et écrasa encore plus fort la pédale d’accélérateur, faisant rugir le moteur de la 607 en traversant le pont d’Abdoun à toute allure.
A cette heure-ci, il lui fallait à peine plus de cinq minutes pour rejoindre sa villa située aux limites sud de la ville. Sa femme devait avoir couché les deux filles, et était peut-être déjà au fond de son lit. Au moins, comme ça, elle ne sentirait pas son haleine. Il était conscient d’avoir un peu forcé sur le champagne à cette réception de fin d’année. Mais il ne craignait pas grand chose : à cette heure-ci, il n’y avait presque plus personne dans les rues d’Amman-ouest. Et puis, en tant que diplomate, il ne risquait pas d’être arrêté par des policiers.
Il avait quitté les grands axes, et s’était mis à tourner en virages serrés à l’approche de son domicile. Il était ravi d’avoir trouvé ce logement : une maison toute neuve avec une vue plongeante sur une vallée totalement déserte. Le seul ennui, pour sa femme, c’est qu’elle était un tout petit peu isolée. Mais en un coup de voiture, on était au centre. Il ralentit avant le dernier virage, chantant maintenant à tue-tête : « Got to find a reason, got to find a reason… » Soudain, il appuya à fond sur le frein en laissant s’échapper un juron : une voiture était arrêtée en plein milieu de la rue, juste devant son garage. Une grosse Nissan , rayée et cabossée, avec une silhouette sombre sur le siège du conducteur. Il immobilisa sa voiture au beau milieu de la rue et ouvrit sa portière. Sans prendre le soin d’arrêter le moteur, il sortit en titubant un peu. Le froid sec le dégrisa instantanément. Tout en maugréant, il s’approcha de ce sans-gêne qui avait l’air endormi sur son siège. Se penchant au-dessus de la vitre, il s’aperçut avec stupéfaction que la silhouette était un sac poubelle, qui devait être bourré de chiffons. Comme pour donner l’illusion qu’il y avait un homme au volant. Comme pour…
Le diplomate n’eut pas le temps de réfléchir davantage. Trois détonations retentirent dans la nuit, et il s’écroula instantanément, les mains contre la portière de la Nissan . Les trois balles étaient parties de l’autre côté de la rue, où se trouvaient deux hommes embusqués derrière une BMW , armés de fusils d’assaut et la tête recouverte de cagoules sombres. Il leur fallut quinze secondes, pas une de plus, pour terminer le travail. Pendant que l’un des deux hommes démarrait la BMW , l’autre s’approcha de la Nissan , une bouteille en plastique à la main. Il la vida sur la vieille japonaise, sans même prêter attention au Français qui gisait maintenant au pied de la roue. Il embarqua à son tour dans la BMW , qui avait déboîté en contournant la Peugeot , elle toujours stationnée au milieu de la rue. Avant que son comparse ne démarre en trombe, il jeta une cigarette allumée sur la voiture.
Dix minutes plus tard, ce furent des policiers en patrouille qui découvrirent la voiture en train de flamber. Par chance, ils purent dégager le corps du Français avant que le buste et la tête ne prennent feu. Les enquêteurs de la police préventive passèrent une partie de la nuit sur les lieux, en compagnie de l’épouse du diplomate et de la consule de France : prise d’empreintes, photos, enquête de voisinage. Les assassins n’avaient pas laissé la moindre trace, à part les trois balles de calibre 5,56 mm. Du travail de professionnel.
2. Paris, 2 rue de l’Elysée – 21 janvier
Comme à son habitude, Talamoni s’était installé en bout de table, et fixait de ses petits yeux de rapace les participants à la réunion. Tous les plus hauts responsables en matière de sécurité et de renseignement sur la place de Paris étaient là, et le secrétaire général de l’Elysée plantait son regard noir dans chacun d’eux, successivement.
– Messieurs, je vous ai convoqué aujourd’hui car la situation est grave et inédite. Je veux qu’on se coordonne avant le Conseil restreint qui nous réunira autour du président après-demain. Il faut mettre LE PAQUET pour réagir vite et bien, au plus haut niveau de l’Etat !
Très droit sur sa chaise, presque rigide, Talamoni ne donnait pas envie de plaisanter. Il n’avait pas été choisi à ce poste pour son éloquence, ni même pour son intelligence, mais plutôt pour son dévouement total à sa mission.
Dévouement qui ne s’accommodait pas de concessions avec ceux qui n’étaient pas dans la ligne du parti. Exigeant avec lui-même, mais certainement encore plus avec les autres. Les hommes assis autour de la table, tous ces énarques, diplomates et généraux de haut rang avaient beau être au sommet de leurs administrations respectives, ils se méfiaient de cet ancien préfet connu pour ses colères soudaines.
Talamoni retira ses lunettes, balaya l’assistance de ses petits yeux noirs, comme pour sonder les réactions. Les directeurs d’administration n’avaient pas l’air emballés à l’idée de se voir imposer une catégorie de réunion supplémentaire, mais aucun d’eux n’objecta. Satisfait de l’effet qu’il avait produit, il poursuivit en martelant les mots :
– Il faut qu’on avance tous au même rythme sur cette affaire. Il faut aussi que, tous autant que vous êtes, vous ayez EN DIRECT la perception de cette crise par le président. C’est COMME ÇA que vous mesurerez les priorités du moment.
Le secrétaire général des Affaires Etrangères, qui se savait plus ancien que Talamoni, crut bon d’observer :
– Ces réunions en format réduit peuvent effectivement être très fructueuses, en particulier pour coordonner nos efforts. Toutefois, je crois qu’elles ne doivent pas se substituer aux instances déjà en place. Si elles ont lieu trop souvent, elles risquent…
Talamoni bondit :
– Elles n’auront pas lieu trop souvent. Deux fois par semaine, ça suffira. Et bien sûr, à tout moment si les circonstances l’exigent.
Vlan ! Talamoni voulait montrer que c’était lui qui décidait. Il avait la confiance du président, ce qui comptait bien davantage que le rang protocolaire.
Il remit ses lunettes pour reprendre le fil de son discours avec les notes qu’il avait sous le nez :
– Cette crise est la plus grave qu’ait connu la France depuis la guerre du Liban. On ne s’en était pas pris de la sorte à la France depuis longtemps. Plus grave que Karachi en 2002 ; moins meurtrier- jusque-là- que l’attentat à la station Saint- Michel en 95, mais plus traumatisant dans l’opinion publique. Cette affaire mobilise l’attention de l’opinion publique dans l’hexagone, mais aussi dans le monde entier. CNN, la BBC, Al-Jazira en font leurs unes…
Il fronçait les sourcils et martelait la table de sa main droite pour appuyer ses propos. Il respira un instant avant de poursuivre sur un rythme plus lent :
– Le président suit l’affaire en temps réel. Il veut être tenu informé de tout élément nouveau dans le quart d’heure. N’est-ce pas mon Général ?
Le chef d’état-major du président, sans décoller ses deux énormes mains de la table, confirma d’une voix caverneuse :
– Le centre des transmissions gouvernementales a été renforcé pour les besoins de la crise. Le président veut pouvoir être en liaison H-24 avec les ambassadeurs, les chefs d’Etat des pays de la zone. Son aide de camp a des consignes pour venir l’interrompre au moindre nouveau développement, quelle que soit son activité…
– Que les choses soient bien claires, l’interrompit Talamoni. Il n’est pas question que le président apprenne une information sans que MOI je le sache !
Toujours inquiet d’être court-circuité, il s’était fait menaçant, en montant sa voix dans les aigus. Il poursuivit un ton plus bas :
– Pas une demi-journée se passe sans que le président n’appelle ses homologues, demande des points de situation, donne des directives. C’est vous dire l’importance qu’il accorde à une résolution rapide de la crise. Hier après-midi, vous le savez, il a reçu les familles des victimes de l’attentat de Beyrouth.
Il marqua une pause, jeta un coup d’œil à son Blackberry qui venait de recevoir un message. Il pointa silencieusement un gros stylo noir et or en direction de son voisin de droite, pour lui indiquer qu’il allait lui passer la parole, avant de dire :
– Sur le fond de la crise, j’aimerais que nous établissions un point des développements intervenus depuis la dernière réunion interministérielle d’avant-hier.
Les regards se tournèrent progressivement vers Frédéric Durieux, le patron de la DGSE 1 , qui avait préparé son intervention :
– Depuis 4 jours, pas de nouvel attentat, grâce à Dieu. Une nouvelle victime, décédée à l’hôpital de Damas des suites de l’attentat de la semaine dernière. Du coup, le bilan humain est désormais le suivant : 9 morts, dont 4 Français ou double-nationaux ; 16 blessés. Je précise que parmi les 9 victimes françaises, il y a deux diplomates dont le premier conseiller de l’ambassade de Jordanie.
Il leva les yeux de sa feuille afin de regarder l’assistance. Talamoni hochait légèrement la tête. Il poursuivit :
– On en est toujours, si je puis dire, à 6 attentats- ou tentatives d’attentats. Cela fait un peu plus de 3 semaines qu’ils ont commencé. Nos postes diplomatiques et consulaires situés au Moyen Orient ont fait l’objet d’un renforcement très important des mesures de sécurité…
– ce qui n’a pas empêché les attentats de se poursuivre, fustigea Talamoni.
– … mais ce qui a peut-être permis d’en limiter les conséquences.
Talamoni, un peu irrité, se tourna vers l’homme du Quai d’Orsay :
– On est où, au juste, des mesures de sécurité dans les ambassades ?
Le secrétaire général marqua un temps avant de répondre, comme pour montrer

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