Tragédie amoureuse au coeur du conflit Bantous-Pygmées
162 pages
Français

Tragédie amoureuse au coeur du conflit Bantous-Pygmées , livre ebook

162 pages
Français

Description

Dans une contrée au coeur de la forêt congolaise, vivent deux peuples frères, les Bantous, majoritaires, et les Pygmées, minoritaires. Les premiers exercent une domination sans pitié sur les seconds. Cette cohabitation déjà tendue va connaître une dégradation suite à une histoire passionnelle entre une jeune étudiante bantoue et un jeune Pygmée...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2013
Nombre de lectures 11
EAN13 9782336330860
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Estelle Bérangère Itoua-Zanza
Tragédie amoureuse au cœur du conflit BantousPygmées Roman
Tragédie amoureuse au cœur du conflit Bantous-Pygmées
Estelle Bérangère Itoua-Zanza
Tragédie amoureuse au cœur du conflit Bantous-Pygmées Roman - Congo
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : ͻ͹ͺ-ʹ-͵Ͷ͵-Ͳͳ͹ͳ͹-Ͷ EAN : ͻ͹ͺʹ͵Ͷ͵Ͳͳ͹ͳ͹Ͷ
I Les villageois du petit village forestier de Boussy-Bongoy revenaient du cimetière du village. Ils avançaient à petits pas, le visage fermé, la mine défaite et silencieuse. On entendait juste le bruit produit par leurs pieds qui foulaient le sol comme un troupeau de bêtes sauvages et les pleurs incessants d’un nourrisson d’un jour. Le bébé était une fillette qui criait de faim dans les bras d’une quinquagénaire. C’était sa grand-mère. Sa bouche était ouverte comme un oisillon en quête de son repas. Que s’était-il donc passé ? Pourquoi ce bébé d’un jour ne se trouvait-il pas dans les bras de sa mère pour téter jusqu’à satiété ? Qui donc tout ce village venait d’inhumer ? Une triste et tragique histoire. La morte était la mère de cette fillette, répondant au nom de Simone Diké, une jeune belle, douce, gentille, rayonnante fille, pleine de vie. Sa présence illuminait ce petit village riverain de la rivière Motaba jusqu’au jour où l’opprobre arriva par elle, enfin, comme le disaient les villageois. Comment cela arriva-t-il ? Le père de Simone, monsieur Simon Diké, grand fonctionnaire de son état, et son épouse Rosalie, ménagère, vivaient en ville, précisément à Brazzaville, ainsi que leurs deux garçons. Simone était la dernière-née de cette famille de trois enfants. Le couple Diké avait donné à leurs enfants une éducation religieuse ciblant l’amour de son prochain et le respect de la personne humaine. Les parents de Simone, laquelle avait vingt ans, veillaient sur sa virginité afin de l’offrir à son futur époux. Ce qui n’était pas le cas de nombreuses filles de son âge, perverses et cupides. Pourtant, sa beauté ne passait pas inaperçue. Simone ne manquait pas d’admirateurs, elle se savait très attrayante, avec son beau
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visage assorti d’un beau corps. Le fait de savoir tous les garçons tourner autour d’elle comme des abeilles l’amusait beaucoup. Malgré l’incitation de ses copines à avoir un copain, elle ne se laissait pas avoir. Ses parents étaient très fiers de leur fille et ne tarissaient pas d'éloges à son endroit, surtout qu’elle venait de réussir à son baccalauréat. Comment une famille aussi paisible et unie comme celle des Diké pouvait-elle être frappée par une tragédie ? Suivons l’histoire pour comprendre. Après trente années de fonction, monsieur Diké avait atteint l’âge de la retraite. Il avait passé toutes ces années avec sa femme Rosalie, chose rare dans son pays où dès qu’un homme accédait à une haute fonction, il changeait ses habitudes. Principalement, il procédait au changement de femme ou prenait plusieurs femmes comme pour étaler sa fortune et sa puissance. Sottise ! Monsieur Diké, l’un des rares qui avaient gardé la même femme bien que peu scolarisée. Maman Rosalie, comme l’appelait son entourage, était beaucoup jalousée par ses copines en raison de la fidélité et de la considération que lui accordait son mari. Maman Rosalie était une femme très pieuse et douce qui savait écouter les autres. Elle avait beaucoup de chance d’avoir un mari comme le sien. Voilà deux mois déjà que monsieur Diké avait arrêté de travailler. Il avait une hantise. Ses nuits étaient difficiles. Pendant que son épouse dormait, lui se tournait et se retournait toute la nuit dans son lit sans trouver le sommeil. Plus d’une fois déjà, maman Rosalie l’avait surpris éveillé, à sa grande stupéfaction. Le jour, monsieur Diké se fermait dans un mutisme que ses enfants ne manquèrent de remarquer. Ce qui les conduisit à accabler leur mère de questions pour savoir le pourquoi de ce désintéressement aux débats. Maman Rosalie, connaissant son mari mieux que quiconque, répondait aux enfants mi-figue mi-raisin. -Patience !
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Maman Rosalie savait que son mari, lorsqu’il avait un problème qui le tourmentait, ne s’ouvrait jamais sous le coup de la pression. Elle conseillait souvent à ceux qui voulaient le brusquer ceci : -Laissez-le, il est semblable à un abcès, ne le percez pas tant qu’il n’a pas atteint sa maturité, laissez-lui le temps de se percer tout seul. Effectivement, cela arriva une nuit, elle se réveilla en sursaut bien que profondément endormie. En ouvrant les yeux, elle trouva son mari éveillé, le regard tourné vers elle. -Tu veux causer ? -Oui, lui rétorqua-t-il Elle poussa un soupir de soulagement en s’asseyant à côté de lui. Enfin, nous y étions, l’abcès était sur le point de se perforer. Monsieur Diké fixait un point invisible sur le mur de la chambre, puis son attention se porta sur son épouse. Il étendit sa main vers elle. -Approche, dit-il, car ce que j’ai à te dire est d'une extrême importance. Maman Rosalie s’exécuta, toujours sans commentaire. Monsieur Diké se racla la gorge, il avait ce tic chaque fois qu’il avait une chose d’extrême importance à dire. -Ma chère épouse, voilà bien, jour pour jour, trente années que nous sommes en ville. Nous vivons heureux et avons surmonté diverses épreuves ensemble. Nous y sommes arrivés très jeunes. C’était une immense joie pour nous deux, surtout avec tous les projets que nous avions. A ce jour, je peux dire que nos objectifs ont été atteints. Nous deux ne sommes pas de la ville, mais du village où nous avons bâti une belle maison semi moderne. La ville nous a permis de travailler, de réaliser nos rêves et, surtout, de faire profiter à notre progéniture de meilleures études dont nous n’avions pas eu la chance de bénéficier. En conclusion, voilà bien deux mois que nous sommes arrivés à terme de notre fonction. (Lorsqu’il s’agissait du
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travail, monsieur Diké parlait toujours au pluriel, considérant qu’ils avaient tous les deux travaillé, sa femme et lui.) Nous avons une maison au village comme je l’ai dit tantôt. J’aimerais vivre mes derniers jours dans mon village. Mon souhait est que je sois enterré sur les terres de mes ancêtres, aux côtés de mes parents. Concernant les enfants, les deux plus grands travaillent déjà, j’ai l’assurance qu’ils sauront prendre soin de Simone. Mon inquiétude c’est toi, puisque la famille se scinderait en deux dans les prochains jours. Je n’aimerais pas influencer ta décision. Maman Rosalie secoua la tête. Tel était donc le motif de son mutisme ? Avait-il perdu confiance en la femme de sa vie ? s’interrogea-t-elle en son for intérieur. Elle en était catastrophée sans le faire apparaître le moins du monde à son mari qui ne se doutait de rien. Maman Rosalie savait bien contenir ses émotions. Elle accorda à son mari un sourire attendrissant et indulgent. -Mon cher ami ! Si ton souhait est d’aller t’installer au village, je ne vois pas pourquoi je ne te suivrais pas. Tu sais bien que chez nous la bonne femme c’est celle qui fait la volonté de son époux ! Le moment n’est pas encore arrivé où nos routes doivent se séparer. Mais dis un peu pourquoi de tels préjugés sur moi. Je n’ai pas peur de repartir au village, moi, s’exclama-t-elle en dernier ressort. -Ah ! tu connais les raisons qui ont poussé la femme de Laurent Djanda et celle de Mpandé à quitter leurs époux respectifs : c’est la retraite. Aujourd’hui, la retraite engendre beaucoup d’ennuis dans les couples. - Certes, admit sa femme, moi, je ne suis pas comme elles, j’ai eu beaucoup de chance en t’ayant comme époux, et souviens-toi que ceux-là n’étaient pas des modèles d’époux. Ils couraient toutes les femmes de la ville. A quoi devaient-ils s’attendre ? Enfin, je ne veux pas trouver des circonstances atténuantes pour expliquer leur volte-face.
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Les paroles rassurantes de son épouse dissipèrent son inquiétude. Monsieur Diké la tira contre lui et chuchota à son oreille : -Je reconnais que j’ai eu tort de m’inquiéter, je vieillis. Excuse-moi ! Le restant de la nuit se déroula dans la douceur et la complicité conjugale. Le jour arriva dans la douceur que connaissaient les petits matins sous les tropiques, accompagné de gazouillis et de chants de coq. Tous ces signaux étaient un appel pressant au réveil. Les enfants Diké s’étaient déjà attablés pour le petit-déjeuner lorsque leurs parents se joignirent à eux. Ils se saluèrent réciproquement. L’ambiance fut bon enfant. Leur petit-déjeuner pris, monsieur Diké annonça à ses enfants qu’ils devraient tous discuter sur une grande décision prise avec sa femme. Du regard seulement, maman Rosalie comprit que son mari cherchait du secours, c’était donc à elle d’expliquer aux enfants. L’habitude faisait bien les choses des fois, la complicité et l’harmonie conjugales avaient installé certaines habitudes, au moindre signe, l’un comme l’autre savaient à peu près ce qu’ils devraient faire. Maman Rosalie avait compris et était consentante à la décision qu’avait prise son mari, restaient les enfants. Comprendraient-ils ? Il ne restait qu’à croiser les doigts et à attendre. -Ce que j’ai à vous dire aujourd’hui est d’une grande importance pour papa et moi. Aussi, je vous demande de bien comprendre. Vous êtes sans ignorer que moi et papa venons du village. Pour nous, la ville est un tremplin. Elle nous a permis de vous offrir d’excellentes études. A ce jour, toi, Ange, et toi, Thomas-Pierre, travaillez déjà, il nous reste Simone qui doit accéder aux études supérieures. Si tout va bien, elle devrait sortir du pays pour poursuivre ses études.
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