Trois hommes et un minaret
135 pages
Français

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Trois hommes et un minaret , livre ebook

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135 pages
Français

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Description

L'histoire racontée dans ce roman, publié en 1926 et réédité ici pour la première fois, augmenté d'un chapitre inédit, a son origine dans la construction à Paris, aux lendemains de la Grande Guerre, d'un "Collège Panmahométan" érigé à l'intention des travailleurs musulmans en France. Ledit Collège suscite les réactions les plus diverses - et les plus extrêmes- chez les Parisiens.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 162
EAN13 9782296690141
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TROIS HOMMES ET UN MINARET
COLLECTION
AUTREMENT MÊMES
conçue et dirigée par Roger Little
Professeur émérite de Trinity College Dublin,
Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie
française, Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc.


Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établisse-ments d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contemporaine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte.



« Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans
extérieur,
les autres, c’est la prolongation de notre intérieur. »
Sony Labou Tansi



Titres parus et en préparation :
voir en fin de volume
GABRIEL AUDISIO


TROIS HOMMES ET UN MINARET

Présentation de Maria Chiara Gnocchi


L’HARMATTAN
En couverture :
La Mosquée de Paris en construction, en 1923.
© Roger-Viollet


© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’ÉcoIe-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffiision.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10713-7
EAN : 9782296107137

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
INTRODUCTION

par Maria Chiara Gnocchi
Du même auteur

Tenebre bianche. Immaginari coloniali fin de siècle, Reggio Emilia, Diabasis, « Passages », 2008 (avec Luca Acquarelli, Matteo Baraldi et Vincenzo Russo)
Le parti pris des périphéries. Les « Prosateurs français contemporains » des éditions Rieder (1921-1939), préface de Valérie Tesnière, Bruxelles, Le Cri-CIEL, 2007
Bibliographie de et sur André Baillon (1898-2004), Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, « Series bibliographica », 2005 (avec Frans Denissen et Eric Loobuyck)
Le letterature francofone in Italia (dossier dirigé par Maria Chiara Gnocchi), Francofonia, 46 (printemps 2004)
Scrivere = Incontrare. Migrazione, multiculturalità, scrittura, Macerata, Quodlibet, « Troposfere », 2001 (avec Matteo Baraldi)
INTRODUCTION
L’histoire racontée dans Trois hommes et un minaret, publié en 1926, a son origine dans la construction à Paris, aux lendemains de la Grande Guerre, d’un « Collège Panmahométan » érigé à l’intention des travailleurs musulmans en France. Ledit Collège suscite les réactions les plus diverses – et les plus extrêmes – chez les Parisiens. La méfiance cédant vite le pas à la fascination, on assiste à une conversion progressive de la France à l’islam, destinée cependant à ne pas avoir la vie longue. Les véritables protagonistes de cette histoire sont moins les musulmans qui dirigent ou fréquentent le Collège que les « indigènes », c’est-à-dire les Français, dont toutes les faiblesses sont raillées avec beaucoup d’humour. L’histoire débute et se termine au Paradis : un Élu monté aux cieux livre à l’attention de Saint-Pierre le récit de ce qui s’est passé sur terre, et qui constitue le cœur du roman.
Bien qu’elle se présente visiblement comme une fable, l’œuvre de Gabriel Audisio trouve son inspiration première dans des faits historiques qui précèdent de très peu sa rédaction (que nous pouvons dater avant l’été 1924). On sait que la France, installée en Algérie dès 1830, a largement profité, d’abord pour la campagne de « pacification » au Maroc (1907-1912), ensuite pour la Première Guerre mondiale, de l’aide de différentes unités de combat recrutées sur le continent africain. Pendant la Guerre de 1914-18, plus de 200 000 Africains – dont une large partie est algérienne – servent dans l’armée, et un grand nombre d’entre eux tombe sur les champs de bataille. Parmi les survivants, certains décident de continuer leur vie en France. Après l’armistice, la République doit faire face à un déficit important de main-d’œuvre : de très nombreux travailleurs nord-africains sont alors invités à rejoindre leurs compatriotes déjà installés en métropole pour remplacer, principalement dans les usines, les Français morts au front. En souvenir des soldats musulmans tombés pendant les combats et pour marquer sa reconnaissance au peuple nord-africain, le Parlement français vote à l’unanimité, le 29 juin 1920, un projet de loi visant la création à Paris d’un Institut musulman. Le 19 octobre 1922, le Maréchal Lyautey inaugure solennellement les travaux de ce qui deviendra l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris. Au nom des élus de la capitale, Paul Fleurot du Conseil de Paris déclare ce jour-là :
Si la guerre a scellé sur les champs de bataille la fraternité franco-musulmane et si plus de 100 000 de nos sujets et protégés sont morts au service d’une patrie désormais commune, cette patrie doit tenir à honneur de marquer au plus tôt, et par des actes, sa reconnaissance et son souvenir. À tous ces musulmans, quelle que soit leur origine, s’ils évoquent le nom de la France, et demandent son aide spirituelle ou son hospitalité, Paris offrira l’accueil de l’Institut Musulman, l’ombre pieuse de sa Mosquée, le délassement des lectures dans la bibliothèque arabe, l’enseignement des conférences et enfin la joie d’un foyer libre {1} .
L’expérience de la Guerre avait déjà occasionné la rencontre physique, au quotidien, des combattants français et algériens (et en moindre partie marocains) {2} ; avec la construction de la mosquée au cœur de la ville Lumière, une nouvelle phase de confrontation avec la population arabo-musulmane est inaugurée. Inutile de dire que cette présence de l’ autre chez soi – et des infrastructures, des rythmes, des coutumes de l’autre – est faite pour réveiller de nombreux phantasmes chez les Français dits « de souche ».
Gabriel Audisio, témoin privilégié
Au moment où il termine la première version de son roman, Gabriel Audisio ne vit pas en France. Il n’est pas musulman. Il n’est pas (encore) un écrivain affirmé, ni même un érudit, spécialiste de la question coloniale. Il n’a que vingt-quatre ans. Et pourtant, c’est la personne la plus indiquée pour écrire cette histoire.
Né à Marseille en 1900, Audisio déménage à Alger à l’âge de dix ans, au moment où son père est nommé directeur de l’Opéra de cette ville. À Alger, il fréquente l’école française et étudie en même temps les lettres, le droit, l’histoire et la civilisation musulmanes. Son père ayant été chargé, en 1916, de diriger l’Opéra de Marseille, il rentre en France et continue ses études à Paris. Après la Guerre, à laquelle il participe en tant qu’engagé volontaire, il retourne en Algérie pour passer le concours de rédacteur de Préfecture : il est nommé à Constantine. Il sera par la suite rédacteur au Gouvernement Général de l’Algérie, puis secrétaire de séance et bibliothécaire des Délégations financières algériennes {3} . Jeune intellectuel cultivé, intelligent et dynamique, il connaît bien l’Algérie – mais aussi la France. Cela le pousse à chercher, depuis Alger, à établir un pont entre les institutions culturelles locales et l’univers littéraire français. Dès 1925, il organise des conférences dans le théâtre de son père, invitant différents représentants des lettres françaises. C’est l’occasion, pour lui, d’accueillir à Alger Benja

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