Shirley
139 pages
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Shirley , livre ebook

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Description

Extrait : "A l'époque où les habitants de Fieldhead revinrent à Briarfield, Caroline était à peu près rétablie. Miss Keeldar, qui avait reçu par la poste des nouvelles de la convalescence de son amie, ne laissa pas une heure s'écouler entre son arrivée au manoir et sa visite à la rectorerie."

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Nombre de lectures 22
EAN13 9782335012538
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335012538

 
©Ligaran 2015

CHAPITRE PREMIER Les vieux cahiers d’exercices
À l’époque où les habitants de Fieldhead revinrent à Briarfield, Caroline était à peu près rétablie. Miss Keeldar, qui avait reçu par la poste des nouvelles de la convalescence de son amie, ne laissa pas une heure s’écouler entre son arrivée au manoir et sa visite à la rectorerie.
Une pluie douce et abondante tombait sur les fleurs tardives et sur les arbustes jaunis par l’approche de l’automne, quand on entendit s’ouvrir la porte du jardin, et l’on vit passer devant la fenêtre la forme bien connue de Shirley. À son entrée, elle montra ses sentiments à sa manière. Quand elle se trouvait profondément émue, par une crainte sérieuse ou par la joie, elle parlait peu. Rarement elle permettait à la plus forte émotion d’influencer sa langue, et souvent son œil même n’en était pas affecté. Elle prit Caroline dans ses bras, lui donna un regard, un baiser, puis lui dit :
« Vous êtes mieux. »
Puis une minute après :
« Je vois maintenant que vous êtes hors de danger ; mais prenez garde. Dieu, qui vous accorde la santé, n’entend pas peut-être qu’elle soit exposée à soutenir de nouveaux chocs. »
Elle continua à parler avec vivacité du voyage. De temps à autre son œil se dirigeait sur Caroline : on pouvait lire dans ce regard une profonde sollicitude, un peu de trouble et aussi d’étonnement.
« Elle est peut-être mieux, disait ce regard ; mais combien elle est faible ! Quel péril elle a traversé ! »
Tout à coup son regard revint à mistress Pryor : il la transperça.
« Quand ma gouvernante reviendra-t-elle auprès de moi ? demanda-t-elle.
– Puis-je tout lui dire ? demanda Caroline à sa mère. »
Cette permission lui ayant été accordée par un geste, Shirley fut instruite de ce qui s’était passé en son absence.
« Très bien, dit-elle froidement très bien ; mais ce n’est pas une nouvelle pour moi.
– Quoi ! saviez-vous… ?
– J’ai deviné depuis longtemps toute cette affaire. J’ai appris quelque chose de l’histoire de mistress Pryor, non par elle-même, mais par d’autres. Je savais tous les détails du caractère et de la carrière de James Helstone : une après-midi de conversation avec miss Mann m’a rendue familière avec tout cela. Aussi est-ce un des exemples, que met en avant mistress Yorke, un de ces fanaux à lumière rouge qu’elle place sur le chemin du mariage pour en détourner les jeunes ladies. Je crois que je me serais montrée assez sceptique à l’endroit de la vérité du portrait tracé par ces deux ladies. Je questionnai M. Yorke sur ce sujet, et il me dit : « Shirley, ma fille, si vous désirez savoir quelque chose sur ce James Helstone, je ne puis que vous dire que c’était un homme-tigre. Il était beau, dissolu, doux, trompeur, poli, cruel. » Ne pleurez pas, Cary ; nous n’en parlerons plus jamais.
– Je ne pleure pas, Shirley ; ou si je pleure, ce n’est rien. Poursuivez : vous n’êtes pas mon amie, si vous me celez la vérité. Je déteste cette fausse manœuvre de déguiser, de mutiler la vérité.
– Heureusement, j’ai dit à peu près tout ce que j’avais à dire, excepté que votre oncle lui-même confirma les paroles de M. Yorke : car lui aussi abhorre le mensonge, et ne recourt pas à ces subterfuges de convention, plus honteux que le mensonge lui-même.
– Mais papa est mort : ils devraient le laisser en paix.
– Ils devraient le laisser et ils le laisseront en paix. Pleurez, Cary, cela vous fera du bien : il est mal de réprimer des larmes naturelles. D’ailleurs, j’aime à partager cette idée qui brille en ce moment dans les yeux de votre mère qui vous regarde : chacun de vos pleurs efface un péché. Pleurez, vos larmes ont la vertu dont manquaient les rivières de Damas : comme les eaux du Jourdain, elles peuvent purifier une mémoire lépreuse. Madame, continua-t-elle en s’adressant à mistress Pryor, avez-vous pensé que je pourrais chaque jour vous voir avec votre fille, observer votre merveilleuse similitude en beaucoup de points, observer, pardonnez-moi, votre irrépressible émotion en la présence, et plus encore en l’absence de votre enfant, et ne pas former mes conjectures ? Je les ai formées, et elles se sont trouvées littéralement correctes. Je vais commencer à me croire habile.
– Et vous n’avez rien dit ? reprit Caroline, qui était parvenue à maîtriser son émotion.
– Rien. Je ne me croyais pas autorisée à dire un mot sur ce sujet. Ce n’était pas mon affaire ; je ne voulais pas m’en mêler.
– Vous avez deviné un secret si important, et vous n’avez pas laissé entrevoir que vous le connaissiez ?
– Est-ce donc si difficile ?
– Ce n’est pas conforme à vos habitudes.
– Comment le savez-vous ?
– Vous n’êtes pas habituellement réservée. Vous êtes franchement communicative.
– Je puis être communicative, et cependant savoir où je dois m’arrêter. En montrant mon trésor, je puis cacher une perle ou deux, une pierre curieuse et gravée, une amulette, dont je me permets rarement même de regarder le mystique éclat. Bonjour. »
Caroline sembla ainsi voir le caractère de Shirley sous un aspect nouveau.
Elle n’eut pas plus tôt recouvré une force suffisante pour supporter un changement de scène, l’excitation produite par une petite société, que miss Keeldar réclama chaque jour sa présence à Fieldhead. Shirley se trouvait-elle fatiguée de ses honorés parents ? c’est ce que l’on ne savait pas, car elle ne disait rien ; mais elle réclama et retint Caroline avec un empressement qui prouvait qu’une addition à cette digne compagnie ne lui était pas chose désagréable.
Les Sympson étaient gens d’Église. Du reste, la nièce du recteur fut accueillie par eux avec courtoisie. M. Sympson était un homme qui unissait une respectabilité sans tache à un tempérament tracassier, de pieux principes à des vues mondaines ; son épouse était une très bonne femme, patiente, bienveillante, bien élevée. Son éducation avait été fondée sur un système de vues étroites, assaisonnées de quelques préjugés : une simple poignée d’herbes amères ; quelques rares préférences, pressurées jusqu’à ce que toute leur saveur naturelle ait été extraite ; quelques excellents principes montés dans une roide croûte de bigoterie difficile à digérer : elle était bien trop soumise, d’ailleurs, pour se plaindre de la diète ou pour demander qu’il fût ajouté quelque chose à ce régime intellectuel.
Les filles étaient des modèles de leur sexe. Elles étaient grandes et avaient chacune un nez romain. Leur éducation avait été sans défaut. Tout ce qu’elles faisaient était bien fait. Leur esprit avait été cultivé par l’histoire et la lecture des livres les plus solides. Les principes et les opinions qu’elles professaient n’auraient pu être amendés. Il eût été difficile de trouver nulle part des vies, des sentiments, des mœurs et des habitudes plus exactement réglés. Elles savaient par cœur un certain code de lois, de langage, de maintien, à l’usage des jeunes ladies. Elles-mêmes ne déviaient jamais du curieux chemin tracé par ce code, et elles voyaient avec une secrète et muette horreur toute déviation chez les autres. L’abomination de la désolation n’était pas un mystère pour elles ; elles avaient découvert cette chose indicible dans ce que les autres nomment originalité. Elles avaient été promptes à reconnaître les signes de ce mal ; et partout où elles apercevaient ses traces, soit dans les regards, les paroles ou les actions ; soit qu’elles les lussent dans le frais et vigoureux style d’un livre, ou qu’elles les entendissent dans l’intéressant, pur et expressif langage, elles frissonnaient, elles reculaient : le danger était sur leurs têtes, le péril sous leurs pas. Qu’était cette étrange chose ? N’étant pas intelligible, elle doit être mauvaise. Qu’elle soit donc dénoncée et enchaînée.
Henry Sympson, le seul ga

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