OUVRAGES DE BERNARD-MARIE KOLTÈS
LAFUITE À CHEVAL TRÈS LOIN DANS LA VILLE,roman, 1984. QUAI OUEST,suivi deUN HANGAR,À L’OUEST,théâtre, 1985. DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON,théâtre, 1986. LECONTE D’HIVER(traduction de la pièce de William Shakespeare),théâtre, 1988. LANUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS, 1988. LERETOUR AU DÉSERT,suivi deCENT ANS D’HISTOIRE DE LA FAMILLESERPENOISE,théâtre, 1988. COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS,théâtre, 1983-1989. ROBERTOZUCCO,suivi deTABATABAetCOCO,théâtre, 1990. PROLOGUE ET AUTRES TEXTES, 1991. SALLINGER,théâtre, 1995. LESAMERTUMES,théâtre, 1998. L’HÉRITAGE,théâtre, 1998. UNE PART DE MA VIE. Entretiens (1983-1989), 1999 (“double”, o n 69). PROCÈS IVRE,théâtre, 2001. LAMARCHE,théâtre, 2003. LE JOUR DES MEURTRES DANS L’HISTOIRE D’HAMLET,théâtre, 2006. DES VOIX SOURDES,théâtre, 2008. RÉCITS MORTS. UN RÊVE ÉGARÉ,théâtre, 2008. NICKELSTUFF,scénario, 2009. LETTRES, 2009.
BERNARDMARIE KOLTÈS
Les Amertumes
LES ÉDITIONS DE MINUIT
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Avertissement
Il y a bientôt dix ans disparaissait BernardMarie Koltès. Depuis lors ont été publiés différents textes de lui qu’il avait pleinement assumés de son vivant : Roberto Zucco, Tabataba, Sallinger, Prologueet deux nouvelles. Nous prenons aujourd’hui la décision de faire paraître des écrits datant d’une période précédente (19701974) dont certaines versions plus ou moins authentiques cir culent. Il importait, pensonsnous, de faire connaître ces inédits à partir des manuscrits originaux annotés et cor rigés par l’auteur.
Avril 1998. François Koltès
Les amertumes (1970)
Soustitre :Spectacle en seize tableaux transposé d’Enfancede Gorki.
Premier écrit pour le théâtre que BernardMarie Koltès a mis en scène et interprété (Alexis) en 1970 à Strasbourg (église SaintNicolas et Théâtre du PontSaintMartin), avec sa troupe du Théâtre du Quai : Josiane Fritz, Bernard Lagarrigue, Elisabeth Meyrand, Louis Ziegler, Michel Lang.
Le programme du spectacle était ainsi composé : une reproduction de l’affiche et deux textes de l’au teur :
« Le théâtre est un jeu. Si l’on veut y participer, il faut en connaître les règles, les accepter, s’y conformer, faute de quoi on se trouve inévitablement dans la posi
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tion stupide d’un adulte jeté dans le filet compliqué des jeux d’enfants dont il ignore la trame, et auquel il ne pourra jamais se mêler ni rien comprendre. Il s’agit avant toute chose de décanter, de se purifier au maximum des encombrements de l’intelligence à fleur de peau, décentralisée jusqu’à l’extrême. Il s’agit de retrouver les facultés de perception premières, et d’autant plus profondes qu’elles sont premières. Il s’agit de chercher la compréhension parfaite, c’estàdire celle qui ignore l’exégèse et la justification. Compte tenu de cela, la portée de ce spectacle se situe dans l’immédiat, – dans l’expérience immédiate – et, de ce fait, devrait interdire, je crois, toute espèce d’ap préciation, en ce sens que l’expérience aura eu lieu ou n’aura pas eu lieu. En dehors de cela, rien ne vaut la peine d’être envisagé. Démonteur du mécanisme, explorateur des règles du jeu, origine et aboutissement du jeu luimême, le per sonnage d’Alexis se situe hors de l’action, puisque l’ac tion n’existe qu’en opposition à lui. Mais c’est par lui que le spectateur peut entrer dans les limites de l’expérience, découvrant avec lui et au fur et à mesure de son « grandissement » autant l’essence du jeu que la fragilité des conventions sur lesquelles il est établi. »
« Comme l’acide sur le métal, comme la lumière dans une chambre noire, les amertumes se sont écrasées sur Alexis Pechkov. Elles l’ont agressé avec la violence et la rapidité de la grêle et du vent, sans qu’un trait de son visage n’ait frémi.
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