Tradition orale et esthétique romanesque : aux sources de l imaginaire de Kourouma
336 pages
Français

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Tradition orale et esthétique romanesque : aux sources de l'imaginaire de Kourouma , livre ebook

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Description

Que les romans de Kourouma puisent aux sources de la riche tradition orale du terroir malinké qui l'a vu naître, des récits épiques aux chants de chasseurs, est tenu pour acquis depuis longtemps. Or, cette filiation passe par une double transposition : générique, mais aussi linguistique, puisque ces romans délaissent l'expression autochtone pour emprunter à un code qui n'a rien de neutre en faisant le choix du français, langue du colonisateur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 30
EAN13 9782296488106
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

T RADITION ORALE

ET ESTHÉTIQUE ROMANESQUE :

AUX SOURCES DE L’IMAGINAIRE

DE K OUROUMA
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56851-8
EAN : 9782296568518

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
L OBNA M ESTAOUI


T RADITION ORALE

ET ESTHÉTIQUE ROMANESQUE :

AUX SOURCES DE L’IMAGINAIRE

DE K OUROUMA


Les Soleils des indépendances (1968)
Monnè, outrages et défis (1990)
En attendant le vote des bêtes sauvages (1998)


P RÉFACE DE J EAN D ERIVE


L’Harmattan
Collection Histoire, Textes, Sociétés
dirigée par Monique Clavel-Lévêque et Laure Lévêque


Pour questionner l’inscription du sujet social dans l’histoire, cette collection accueille des recherches très largement ouvertes tant dans la diachronie que dans les champs du savoir.
L’objet affiché est d’explorer comment un ensemble de référents a pu structurer dans sa dynamique un rapport au monde. Dans la variété des sources – écrites ou orales –, elle se veut le lieu d’une enquête sur la mémoire, ses fondements, ses opérations de construction, ses refoulements aussi, ses modalités concrètes d’expression dans l’imaginaire, singulier ou collectif.

Déjà parus

Laure Lévêque, Penser la nation, 2011.
Lydie Bodiou, Florence Gherchanoc, Valérie Huet, Véronique Mehl, Parures et artifices : le corps exposé dans l’Antiquité , 2011.
Stève Sainlaude, Le gouvernement impérial et la guerre de Sécession (1861-1863) , 2011.
Laure Lévêque (éditeur), Paysages de mémoire. Mémoire du paysage , 2006.
Laure Lévêque (éditeur), Liens de mémoire. Genres, repères, imaginaires , 2006.
Monique Clavel-Lévêque, Le paysage en partage. Mémoire des pratiques des arpenteurs , 2006.
à mes filles,
à ma mère,
à mes frères,

que notre jardin fleurisse…
« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur »

Proverbe africain
Remerciements
Le présent ouvrage est le fruit d’une recherche inaugurée à l’occasion de ma thèse de doctorat, dont il présente une version remaniée. Il doit beaucoup au professeur Diop, mon directeur de recherches, aux conseils et aux encouragements qu’il m’a prodigués.
Je veux dire également ma dette envers Jean Derive, éminent chercheur dont les travaux m’ont puissamment inspirée dans la lecture de Kourouma, et que je remercie tant pour ses précieuses suggestions que pour avoir accepté de préfacer ce livre.
Je suis aussi redevable à Ursula Baumgardt, qui m’a admise à son séminaire à l’INALCO et dont la bienveillance ne s’est jamais démentie.
Je dois encore des remerciements à Roland Colin, dont j’ai pu apprécier l’inentamable dynamisme et l’inépuisable générosité lors de chacune de nos rencontres.
Je tiens en outre à saluer étudiants et doctorants que j’ai pu côtoyer sur les bancs de Paris XII et dont l’esprit de saine camaraderie et d’émulation productive m’a constamment stimulée.

À titre moins académique, je voudrais ici témoigner ma reconnaissance à tous les membres de ma famille résidant aussi bien en Tunisie qu’en France pour leur présence et leur écoute.

Enfin, ce tribut ne serait pas complet si je n’exprimais ici ma profonde gratitude à ceux qui ont toujours cru en moi et ne m’ont jamais mesuré leur appui.
À mes collègues, à Nathalie, qui m’a prodigué sans compter ses encouragements et qui, en m’ouvrant sa porte, a su créer pour moi des conditions de travail favorables : merci pour tout.
Merci à Laure et aux siens pour m’avoir accompagnée dans cette aventure éditoriale jusque dans les tâches les plus ingrates d’établissement du manuscrit : pour la présence à mes côtés et le soutien sans limites, merci.
Préface
L’importance de la tradition orale propre à leur aire culturelle a été maintes fois soulignée comme une des sources privilégiées de l’imaginaire des romanciers négro-africains, quelle que soit leur langue d’écriture. Le phénomène n’est pas récent, puisqu’on peut recenser, depuis les origines de la littérature narrative en Afrique, des « collages », plus ou moins adaptés de divers genres appartenant à ces trésors patrimoniaux : contes, proverbes, mythes, chroniques, fragments épiques, qui viennent en quelque sorte « farcir » la fiction romanesque. De même, le procédé qui consiste à bâtir l’intrigue elle-même à partir d’un récit de tradition orale remanié pour les besoins de la forme romanesque a aussi une tradition fort ancienne : qu’on songe par exemple au Chaka de Thomas Mofolo, paru en langue sesotho sous la forme d’un livre dès 1907 et qui est une sorte de biographie romancée du fameux héros zoulou d’après les chroniques historiques des Basotho (bien différentes de celles des Zoulous). Pour ce qui est de la production francophone, on peut citer également, parmi bien d’autres, Doguicimi de Paul Hazoumé (1935), qui romance l’histoire héroïque de la princesse Doguicimi à partir de traditions orales historiques de la dynastie du royaume d’Abomey ; ou, plus tardivement, Le Chant du lac de son compatriote Olympe Bhêly-Quénum (1965), qui construit son intrigue à partir de légendes et de chants provenant des répertoires oraux des Fon.
Plusieurs études ont été consacrées à cette question entre 1955 et 1970, sous forme d’articles et, parfois, d’ouvrages, mais la plupart d’entre elles se contentaient d’attester la nature des sources orales qui avaient inspiré le romancier sans aller beaucoup plus loin. Ce qui fait la nouveauté et la force du livre de Lobna Mestaoui, c’est qu’elle ne se contente pas d’identifier les sources orales du corpus qu’elle a retenu : modèles épiques, chants de chasseurs, mythes de fondation, etc. Elle se réfère à ces sources pour mieux montrer comment le romancier les réinvestit – et parfois les subvertit – dans un processus de création tout à fait original.
Il faut dire qu’Ahmadou Kourouma, l’auteur dont elle a choisi d’étudier trois romans ( Les Soleils des indépendances, Monnè, outrages et défis et En attendant le vote des bêtes sauvages ) est sans doute le romancier africain, toutes langues confondues, qui a su tirer parti de la tradition orale de sa culture d’origine, la culture mandingue, de la façon à la fois la plus complexe et la plus subtile pour la création littéraire. Elle ne pouvait donc faire un meilleur choix pour traiter d’un tel sujet. Si, en effet, les références et les allusions – parfois implicites – au répertoire oral malinké abondent dans les trois romans retenus, comme d’ailleurs dans ceux qui suivront, elles ne sauraient se réduire à une coloration locale, sorte d’habillage identitaire afin de créer un effet « exotique » pour le lecteur francophone étranger à l’Afrique. C’est qu’Ahmadou Kourouma n’a pas seulement une connaissance étendue de son patrimoine oral, il en a aussi l’intelligence. C’est cette intelligence de toute une culture verbale qui lui permet de ne pas se contenter de la reproduire mimétiquement, sous forme d’emprunts, mais de l’utiliser pour les fins romanesques qu’il poursuit.
S’il y a bien quelques collages chez Kourouma (collages de « mythes de fondation » par exemple, dans Les Soleils… ou dans Monnè …), on peut remarquer qu’il ne s’agit jamais de reproductions serviles d’œuvres attestées dans le répertoire, mais plutôt de créations originales, « à la manière de », qui frôlent parfois l’exercice de style en forme de pastiche et qui montrent que le romancier a saisi en profondeur l’esprit de ces œuvres dans sa société d’origine. La remarque vaut pour tous les genres du patrimoine oral malinké.
Il me souvient avoir un jour eu une conversation privée avec Kourouma sur les nombreux proverbes qui émaillent tous ses romans. Ayant moi-même recueilli de la tradition orale dans la zone de culture mandingue, je connaissais une bonne partie d’entre eux mais il y en avait un certain nombre d’autres que je n’avais

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