Un tout petit rêve
116 pages
Français

Un tout petit rêve , livre ebook

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116 pages
Français

Description

Depuis la mort de sa femme, monsieur Grataloup ne parle plus du tout, même pas à son fils. Il y a peu, ce vieux jardinier s'est barricadé avec son fusil de chasse dans sa cabane, au fond de son potager, et a commencé à tirer, au hasard. Monsieur Fuchs perd tout doucement la tête, lui aussi. Il neigeait fort cette nuit, lorsque ce paisible retraité s'est aventuré à pied sur l'autoroute. Il allait rendre visite à ses parents. Aujourd'hui, tous deux viennent d'être placés au long séjour, dans un établissement. Ils sont désormais captifs et n'ont plus qu'une idée en tête, trouver une issue

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Informations

Publié par
Date de parution 02 novembre 2014
Nombre de lectures 48
EAN13 9782336361086
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ne parle plus du tout, même pas à son îls. Il y a peu, ce
à tirer, au hasard.
lui aussi. Il neigeait fort cette nuit, lorsque ce paisible retraité s’est aventuré à pied sur l’autoroute. Il allait rendre visite à ses parents.
dépendantes, à huis clos. Loin de chez eux, sans repères, ils sont désormais captifs d’un mystérieux cocon, en apparence protecteur et douillet, et n’ont plus qu’une idée en tête, trouver une issue.
ISBN : 978-2-343-04368-5 Prix : 12,50 €
Frédéric Chagnard
Frédéric Chagnard Un tout petit rêve
Un tout petit rêve
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©L’Harmattan,20145Ȭ7,ruedel’Ecolepolytechnique,75005Parishttp://www.harmattan.frdiffusion.harmattan@wanadoo.frharmattan1@wanadoo.frISBN:978Ȭ2Ȭ343Ȭ04368Ȭ5EAN:9782343043685
Un tout petit rêve
ÉcrituresCollectionfondéeparMaguyAlbetD’Aloise(Umberto),Mélaodies,2014.JeanȬMarcdeCacqueray,Lavieassassinée,2014.Muselier(Julien),Leslunaisonsnaïves,2014.Delvaux(Thierry),L’orphelindeCoimbra,2014.Brai(Catherine),UneenfanceàSaigon,2014.Bosc(Michel),MarieȬLouise.L’OretlaRessource,2014.Hériche(MarieȬClaire),LaVilla,2014.Musso(Frédéric),LepetitBouddhadebronze,2014.Guillard(Noël),Entreleslignes,2014.Paulet(Marion),Lapetitefileusedesoie,2014.Louarn(Myriam),Latendressedeséléphants,2014.Redon(Michel),L’heureexacte,2014.Plaisance(Daniel),Unpapillonàl’âme,2014.Baldes(Myriam),tuvas,Eva?,2014.Paul(Maela),L’hommeàlapeaudesoie,2014.***Cesquinzedernierstitresdelacollectionsontclassésparordrechronologiqueencommençantparleplusrécent.Lalistecomplètedesparutions,avecunecourteprésentationducontenudesouvrages,peutêtreconsultéesurlesitewww.harmattan.fr
Frédéric Chagnard
Un tout petit rêve
roman
L’Harmattan
Du même auteur : Cinq jours sur terre Editions Baleine Coll. Canaille/Revolver, 1998 Le Cabinet fantôme de Monsieur Crinquette Editions Deleatur Coll. Sous la Cape, 2014 Le Vieux au Rolleiflex Editions Deleatur Coll. Sous la Cape, 2014 Grosse Patate Editions Deleatur Coll. Sous la Cape, 2014
 — Vous ne voulez vraiment pas enlever votre pardes-sus, monsieur Fuchs ?  —  — Vous êtes sûr ? Il fait bon, vous allez prendre un chaud et froid.  —  — Vous verrez, ici, c’est une maison tout ce qu’il y a de bien. Vous ne pouvez pas tomber mieux.  —  — Moi, mon petit nom, c’est Firmina.  —  — Bon. Allez, je vais vous chercher vos draps. Vous dor-mez avec un polochon ou un oreiller ? Demande la petite dame en blouse rose.  — Oh, ça ne fait rien… répond monsieur Fuchs.  — Un oreiller ? Ça tombe bien, dit-elle en se retirant. Je reviens de suite.  Et, très doucement, la porte se referme sur monsieur Fuchs, seul dans cette chambre presque vide, son gros sac en bandoulière.  Au fond, près de la fenêtre, un petit lit, matelas recou-vert d’une alaise de caoutchouc blanc.  A sa gauche, un placard où pendent quelques cintres. Sur la porte entrebâillée, d’un rose très pâle comme les murs, est peint, en larges caractères gris, PLACARD. A sa droite, une autre porte, fermée celle-ci, et marquée, à même hauteur, du mot TOILETTES.
 La fenêtre donne sur une petite rue bien droite. Il neige un peu. Juste en face, une façade couleur saumon, des ou-vertures étroites, sans rideaux, des intérieurs nets, géomé-triques, inhabités encore, un immeuble neuf. Et plus haut, le ciel lourd de fin d’automne.  Tout compte fait, je préfère ne pas rester, songe monsieur Fuchs. Dès que la dame sera revenue avec les draps, je vais le lui dire. Ici, je ne me sens pas tout à fait bien. Je vais rentrer à la pension de famille. 23 ans de ma retraite, ce n’est pas rien quand même. 23 ans à la pension de famille. Et puis, ils s’en passent des choses là-bas, sur-tout avec monsieur Dufour, mon voisin d'à côté.  Chaque matin, monsieur Fuchs et son voisin se causent une bonne dizaine de minutes dans le couloir du premier étage. Vers neuf heures trente, au retour de la salle d’eau, ils ne manquent jamais de se tenir un petit peu la jambe. Jamais rien d’importun, juste de l’inoffensif, du minuscule. Un aimable bavardage au rythme des pudiques grince-ments du parquet et, plus bas, dans l’escalier, au travail de la grande serpillière ruisselante de la logeuse, sans cesse engloutie dans l’eau savonneuse et jetée, si lourde, sur les marches.  Certains matins, ils se laissent aller à parler du passé. Il leur arrive même parfois d’exhumer quelques précieuses miettes de leur jeunesse, des petits bouts de leur vie d’avant, avant la retraite, avant la pension de famille. S’ils avaient su dans le temps qu’il faudrait vieillir.  Ils ne se racontent pas tout. Leurs histoires, ils les éco-nomisent soigneusement pour les lendemains et les surlen-demains. Ils ne se connaissent pas encore assez, quelques années à peine à se fréquenter dans ce couloir du premier étage, à n’échanger, au fond, que des politesses. Non, fina-lement, ils ne se connaissent presque pas. Aussi, les quelques minutes de conversation quotidienne écoulées, chacun se retire-t-il dans sa chambre, non sans avoir convenu au préalable d’en reparler tout bientôt.
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 Souvent, ces derniers temps, monsieur Fuchs s’attarde encore un peu dans le couloir, à écouter vivre son voisin à travers la porte, comme ça, sans raison, avant de regagner sa chambre. Puis, assis sur son lit, il la parcourt longtemps des yeux, de la fenêtre à l’armoire, de l’armoire à la table, de la table au lavabo, parfois jusqu’à l’heure du déjeuner.  D’autres matins au contraire, il prend grand soin d’ef-fectuer toutes les tâches de sa vie courante, ces tâches mo-notones et calmes, presque insignifiantes, qu’il barre au fur et à mesure sur sa liste des choses à faire, comme autant d’épreuves une nouvelle fois surmontées.  Les après-midi, il sort. Il fait le tour du pâté de maison jusqu’au square, et s’y installe une heure ou deux, sur un banc inoccupé, si possible celui tout près du monument aux morts, ce poilu dont les yeux de ciment regardent loin, loin au-dessus des immeubles. Il ne manque jamais d’y sa-luer cette petite vieille presque chauve, toute décatie, celle qui parle toute seule, jette du pain rassis aux pigeons et in-sulte les enfants. Elle ne le reconnaît pas toujours, elle n’y voit presque pas. Puis, un bon moment, il observe les trois tricoteuses, ces dames entre deux âges, presque identiques, toujours ensemble entre quinze et seize heures, absorbées, silencieuses, dans le cliquetis interminable de leurs ai-guilles. Il aime s’attarder aux saccades de leurs doigts, aux soubresauts des pelotes, aux pesants ballottements de leurs chairs sous leurs tabliers bariolés.  Les après-midi, il emporte toujours son gros appareil photo et sa cellule avec lui, tous deux bien protégés au fond de son sac. Au cas où, se dit-il, le désir reviendrait, intact, de figer, sur des petit carrés d’émulsion de six centimètres de côté, quelques morceaux de réalité. Comme autrefois, lorsque la photographie comblait toute son existence. Lors-que tout était prétexte à flâner, mais à l’affût, l’appareil prêt, à distance respectueuse des choses et des hommes. Ainsi amassait-il, ou plutôt engrangeait-il, tant et tant
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