Une fille comme ça
194 pages
Français

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Une fille comme ça , livre ebook

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Description


Clara mène une petite vie tranquille, sans surprise et elle s’en contente. Rien ne pourrait lui faire manquer ses émissions de télé préférées, les seules distractions qu’on lui connaisse...Et pourtant, une métamorphose semble tout à coup se mettre en marche. De nouveaux amis, des projets et même des objectifs à tenir, l’obligent à sortir de son train-train quotidien. Des retrouvailles avec sa mère, une histoire d’amour inattendue, venir en aide à des sans-papiers... Parviendra t-elle à faire face à tous ces changements ? Sera-t-elle à la hauteur de ses ambitions ? C’est ce que nous découvrirons au fil de ces quelques lignes.




Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2014
Nombre de lectures 5
EAN13 9782372221627
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Robbie Schwelle

Une fille comme ça
 
Roman
U ne fille comme ça
© B ookless-editions  
R obbie Schwelle  
M ai 2014  
N°ISBN 978237222 1627  
 
 
 
 
1
 
 
Je les ai rencontrés la première fois à ce fameux mariage où personne ne connaissait personne. Je les avais remarqués tout de suite, dès la cérémonie de l’après-midi. Lui, la cinquantaine, les cheveux peut-être trop brunis par la coloration et trop longs sur la nuque. Légèrement enrobé, il paraissait malgré tout assez alerte. Elle, un peu plus jeune, les cheveux également teints, mais en blond-gris, un peu trop maquillée, plutôt petite et mince. Ils portaient tous deux des vêtements corrects pour une cérémonie, mais démodés, du style de ceux que l’on portait il y a dix ou quinze ans. Lui, un costume marron, plutôt étriqué et dans lequel il ne semblait pas très à l’aise. Elle, une robe à fleurs « liberty » et col « Claudine » comme on en portait dans les années soixante-dix. On ne pouvait que les remarquer et une espèce de force attirait constamment mes yeux sur eux. Je pense que l’homme s’en aperçut rapidement puisque nos regards se croisèrent à deux reprises. Je me dis qu’il jetait sur moi un regard bienveillant, semblant vouloir dire que l’on était dans la même galère et qu’il fallait que l’on se serre les coudes. Peut-être que j’extrapolais un peu, mais j’avais plaisir à évoquer cette pensée et me sentais ainsi moins seule. Comme moi, ils semblaient être là plus par obligation que par affinité avec la famille.
Ce mariage n’avait pour moi aucun intérêt. J’étais venue par politesse et par respect pour mon ami, le marié. Je me préparais à une soirée comblée d’ennui et d’alcool, l’un aidant peut-être à faire passer l’autre.
Je ne les ai pas abordés immédiatement. J’attendais le moment propice pour les approcher. Leur table se trouvait très loin de la mienne pendant le repas.
J’échangeai quelques politesses avec mes voisins de droite et de gauche, les banalités habituelles sur la météo, la conjoncture actuelle, l’inflation grimpante, le prix du litre à la pompe, de quoi bien « léviter », qui vous laisse le temps de penser à autre chose.
Mon père occupait actuellement le plus souvent mes pensées. Il s’était dernièrement entiché d’une nouvelle compagne dont le caractère fougueux et l’humeur en permanence survoltée me laissaient perplexe. Cela m’inquiétait car je trouvais qu’il se laissait envahir de toutes parts par cette Belinda, dans sa vie, dans sa maison, jusque dans son bureau, qu’il ne fréquentait plus guère depuis qu’il vivait presque au quotidien avec elle. Il n’avait plus rien publié depuis plus de trois ans, et ce n’était pas maintenant que ça allait s’arranger.
Voyant le couple de jeunes mariés se lever de concert la coupe à la main, je revins à la réalité dans laquelle je me trouvais. Les remerciements classiques se firent entendre de la part de nos tourtereaux. J’éprouvais une sorte d’indifférence par rapport à ce qui se passait autour de moi et me sentais étrangère à tout cela. Je n’avais qu’une hâte, que cela se termine et que je puisse rejoindre mon chez-moi, ma télé, devant laquelle je m’abrutirai d’émissions avec des personnages de la « vraie vie ». C’est mon péché mignon. J’aime les voir se répandre et s’abaisser à raconter leurs défauts les plus vils à la terre entière : « c’est à cette époque que j’ai commencé à devenir la maîtresse de mon gendre » déclare la protagoniste à un journaliste au regard plein de compassion. Aïe ! Quelle a été la réaction de la fille de cette dame ? Ou une autre : « Je me suis aperçue que mon mari vivait une idylle avec le fils de ma concierge ». Cool non ? Rien à ajouter. Quand je pense que des spécialistes de la télé ne prennent la peine de faire ces émissions rien que pour des personnes comme moi qui s’en délectent, je suis aux anges ! Au moins des gens qui pensent à moi sur cette terre, ça fait plaisir !
La télé-réalité est bien sûr un sujet tabou entre mon père et moi, lui qui est écrivain, plutôt intello, de notoriété moyenne, surtout ces derniers temps, mais qui ne tolère pas que sa fille puisse prendre plaisir à ingérer ce genre d’exploits télévisuels.
Il faut dire que ma vie ressemble à un vide intersidéral ! À part ce petit écran qui occupe presque tout mon temps libre... Je suis ce que mes collègues appellent « une vieille fille ». Approchant la quarantaine, célibataire sans enfant au physique plus que quelconque qui se cache derrière un air bougon permanent, préférant ne pas parler aux autres plutôt que de dévoiler sa solitude.
Petite, brune, quelques kilos en trop, dénuée de charme à mes yeux. Ma première angoisse chaque matin est d’affronter mon reflet dans la glace. Me retrouver face à mon regard terne, d’un vague marron-gris, des valises naissantes sous les yeux, des cheveux filasse, une peau qui devient écarlate à la moindre exposition solaire... D’ailleurs, j’écourte ce moment au maximum afin de ne pas avoir un moral au plus bas pour le reste de la journée. Ce que je déteste le plus au monde, c’est essayer des vêtements dans les magasins. Surtout quand il n’y a pas de glace dans la cabine et que l’on est obligé de sortir et s’exposer au milieu des vendeuses et des autres clients. Quel calvaire ! Je me retrouve alors face à mes bourrelets, débordant du vêtement que je suis en train d’essayer, fatalement une taille en dessous de ma réalité. « Ça vous va très bien madame » (en plus je déteste qu’on m’appelle madame) « mais pourquoi vous n’essayez pas plutôt celui-là, on le vend très bien vous savez ». Argument qui me fait fuir. Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse qu’ils le vendent très bien ? Moi, j’ai toujours un énorme temps de décalage avec la mode. Quand tout le monde remet des « pattes d’eph’ », je porte des jeans serrés, quand les jeans serrés reviennent à la mode, je mets des pantacourts. Pas par esprit de contradiction, involontairement, mes envies sont décalées.
J’ai eu des périodes de profonde déprime. J’ai pensé plusieurs fois en finir, mais pour ça il faut du courage ! Tout ça parce que je ne suis pas comme tout le monde, pas dans la norme quoi ! Je n’ai pas de petit mari à la maison à qui j’apporte le journal et les pantoufles. Je n’ai pas de petit à chouchouter et dorloter. Je ne dis pas que cela ne m’a pas manqué à une époque et j’ai longtemps jalousé les autres. On m’a souvent fait remarquer que moi, j’avais beaucoup du temps pour moi (et pour cause) que je ne pouvais pas savoir ce que c’est de vivre en couple, que je ne savais même pas ce qu’était l’amour. Et alors ? Cela ne m’empêche pas de vivre ! Maintenant j’ai dit basta, ça suffit, je ne m’occupe plus de toutes ces réflexions et d’ailleurs, plus personne ne m’en adresse ! C’est tout juste si l’on s’aperçoit encore que j’existe ! Je fais mon travail et c’est tout. J’arrive tous les matins à 8 h et repars tous les soirs à 17 h. On ne peut rien me reprocher et je fais tout mon possible pour qu’on m’oublie.
J’exerce un travail de « gratte-papier » quelconque qui ne mérite pas qu’on s’y attarde. Avec mon petit salaire, j’arrive tout juste à boucler les fins de mois et à mettre un peu de côté pour les vacances (je voyage avec le comité d’entreprise de ma boite, c’est plus économique). Dans mon deux pièces de trente mètres carrés, je vivote. Les autres ? Je les côtoie à travers mon petit écran (que j’ai d’ailleurs acheté grand et plat depuis peu, afin d’en profiter pleinement !). Tous ces personnages qui défilent chaque soir devant mes yeux peuplent mes rêves et font partie intégrante de ma vie.
Cette invitation à ce mariage m’a tout d’abord bien contrariée. Gâcher tout un samedi soir au milieu d’inconnus ! De plus, j’allais rater « le real show », émission diffusée une seule fois par mois sur TV Arc-en-ciel ! Ma préférée !
C’est Jean-Bernard qui a insisté, un ami de jeunesse que je ne fréquente plus depuis longtemps, mais qui a tenu à ma présence en souvenir de nos bons moments passés ensemble. Nous étions voisins à l’adolescence et passions la plupart de nos loisirs « chez Néné », le petit café du coin. De plus, à l’époque, nos parents étaient amis. C’était avant le départ de maman. Lorsque j’ai vu ce faire-part dans ma boîte à lettres, je me suis dit que c’était forcément une erreur du facteur. Mais non, c’était bien mon nom sur l’enveloppe : « Mlle Clara Desbois ». Un petit mot de sa main était joint à l’invitation précisant que ça lui ferait très plaisir, ainsi qu’à sa future, que je sois là. Tu m’étonnes ! Vingt ans qu’on ne s’était pas vu, on n’aurait sûrement pas grand-chose à se raconter, et plus rien en commun.
Sa fiancée, je ne la connaissais pas avant cette date fatidique de leur union et n’avais pas du tout envisagé de m’en faire une amie. Pas mon style ! D’ailleurs, il faut bien dire que je n’ai pas d’ami. En m’enfermant dans ma vie de célibataire, j’ai réussi à faire le vide autour de moi, petit à petit. C’est pour ça que cette invitation était vraiment très inattendue.
Il a donc fallu que je me trouve une tenue, ce qui pour moi n’est pas une mince affaire, ainsi qu’une idée de cadeau. Pas question d’aller dans le magasin où ils avaient déposé une liste, comme cela se fait. Le risque de ne pas trouver un objet dans mes prix était trop grand (c’est toujours trop cher dans ce genre de magasin). Je m’imagine devoir dire à la vendeuse : « Oui, eh bien vous me mettrez deux petites cuillères et demie ». La honte ! J’ai donc préféré apporter mon cadeau personnel : un lot de serviettes éponge, très jolies, que j’ai fait broder à leurs initiales. On pouvait les commander sur catalogue à mon travail. Original non ? Et puis comme disait ma grand-mère, ça sert toujours des serviettes de toilette. Je me suis un peu fait remarquer en arrivant avec mon gros paquet, mais je m’en suis vite débarrassée dans coin ou s’entassaient d’autres « repasse-limaces » et « ratatine-ordure » en tous genres (comme dans la chanson de Boris Vian que Nora m’a récemment fait découvrir). Je ne devais pas être la seu

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