Une innocente
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Une innocente , livre ebook

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Description

Extrait : "ROSINA, à la cantonade. – Elle est en toilette de chemin de fer, et porte un petit sac de voyage qu'elle quitte, avec son chapeau, en entrant : C'est bien, ne dérangez pas M. d'Almersac ! du moment qu'il a donné des ordres pour faire apprêter ma chambre !... s'il a donné des ordres, c'est qu'il a reçu ma lettre, et s'il tire le sabre avec son cocher, c'est qu'il a suivi mes instructions !..." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 23
EAN13 9782335064773
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335064773

 
©Ligaran 2015

NOTE DE L’ÉDITEUR
Saynètes et monologues , édité par Tresse de 1877 à 1882, regroupe six volumes de textes courts en vogue dans le Paris des cercles littéraires d’avant-garde comme dans les soirées mondaines. Un répertoire de dialogues, monologues, saynètes, comédies et opérettes portés à un art véritable dont la modernité apparaît avec évidence et dans lequel se côtoient Charles Cros, Paul Arène, Nina de Villard, Charles de Sivry, Théodore de Banville, Eugène Labiche, Charles Monselet ou encore Villiers de L’Isle Adam.
Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Saynètes et monologues que nous avons choisi de vous faire connaître. De nombreux autres titres rassemblés dans nos collections d’ebooks, extraits de ces volumes sont également disponibles sur les librairies en ligne.
Une Innocente

Comédie
par M. Chéri-Montigny

Un salon à Cabourg, large porte au fond. – Portes latérales au second plan ; au premier plan à gauche, une fenêtre, devant la fenêtre une table. – Au-dessus un paravent ; mobilier élégant.

Personnages

Le Marquis de Morieux.
Christine, Marquise de Morieux.
La Rosina, chanteuse aux Italiens.

La scène à Cabourg, dans la villa de M. d’Almersac .
Scène I

ROSINA, à la cantonade. – Elle est au toilette de chemin de fer, et porte un petit sac de voyage qu’elle quitte, avec son chapeau, en entrant.
C’est bien, ne dérangez pas M. d’Almersac ! du moment qu’il a donné des ordres pour faire apprêter ma chambre !… s’il a donné des ordres, c’est qu’il a reçu ma lettre, et s’il tire le sabre avec son cocher, c’est qu’il a suivi mes instructions !… (Grand bruit, au dehors, de meubles brisés. – Elle descend.) À preuve !… c’est mon Vésuve qui fait ses éruptions !… Ah !… ah !… ah !… Le vicomte prévoyait une provocation, et il apprend à se de fendre !… (Autre bruit de porcelaines brisées.) Encore !… si les faïences sont antiques, ce pauvre Morieux fait là un dégât !… Ce pauvre Morieux… il a dû être furieux, lui qui n’est pas patient !… Passer sa nuit de noce enfermé à Cabourg, dans la villa d’Almersac !… Mais franchement, il méritait bien que je me venge un peu de lui. Comment va-t-il m’accueillir ? Je suis curieuse de le voir…

Elle va ouvrir au marquis.
Scène II

Rosina, le Marquis.

LE MARQUIS, entre vivement.
C’est vous… et bien portante, grâce au ciel !… Oh ! j’étais dans une inquiétude…

ROSINA
Rassurez-vous, ma santé, n’a jamais été meilleure

LE MARQUIS
Ah !… ma pauvre amie, si vous saviez quelle nuit j’ai passée… Si vous saviez le tour infâme que m’a joué d’Almersac ?…

ROSINA
Mais, je…

LE MARQUIS
Oh ! laissez-moi vous conter ça. Vous savez, ou vous ne savez pas, que je me suis marié hier…

ROSINA
Je le sais…

LE MARQUIS
Je n’ai pas à entrer, à présent, dans les causes qui m’ont amené à rompre avec vous… Il m’a fallu des motifs bien puissants pour renoncer à ce bonheur qui durait depuis trois ans.

ROSINA
J’en suis persuadée, mais voyons votre histoire !

LE MARQUIS
J’y arrive. Je me suis donc marié hier, au château de Maugiraux ; après dîner j’ai enlevé ma femme, en chaise de poste, comme au bon vieux temps, et je l’ai amenée dans ma terre de Morieux, à quinze lieues d’ici.

ROSINA
Voilà qui est déjà charmant !…

LE MARQUIS
Oh ! ne plaisantez pas !… vous allez voir que c’est devenu sérieux. La jeune marquise avait été conduite, par ses femmes, à la chambre nuptiale, et moi-même je me préparais…

ROSINA
À être le plus heureux des hommes !…

LE MARQUIS
Oh ! à être le mari de ma femme, tout simplement !… quand on me remet une dépêche télégraphique. Une dépêche à onze heures du soir !

ROSINA
C’est du roman !

LE MARQUIS
C’est de l’histoire… malheureusement ! Je déchire l’enveloppe, et je lis : (Il sort le télégramme de sa poche.) « Terrible accident… Rosina mourante chez moi… accourez ce soir… Demain serait trop tard. Signé : d’Almersac. »

ROSINA
Qu’avez-vous pensé en recevant cette dépêche ?

LE MARQUIS
Je ne pensais toujours pas que d’Almersac fût capable d’une aussi mauvaise plaisanterie. J’ai cru que vous étiez réellement mourante, qu’en apprenant mon mariage vous aviez voulu vous tuer, et que d’Almersac vous avait recueillie blessée, et emmenée chez lui.

ROSINA
Et vous vous êtes décidé à venir chez d’Almersac.

LE MARQUIS
J’ai fait atteler immédiatement, et trois heures après j’arrivais ici.

BOSINA
Il était deux heures du matin ?

LE MARQUIS
Oui, environ ; tout dormait dans la maison. Je commence par secouer les portes, sans aucun effet ! Enfin, j’aperçois une fenêtre dont on avait oublié de fermer un volet ; j’enfonce deux carreaux, et je tombe dans le vestibule, où je trouve d’Almersac, demi nu, se frottant les yeux, et bâillant à se décrocher la mâchoire.

ROSINA
Pauvre vicomte ! il sortait de son lit.

LE MARQUIS
Il me regardait sans rien dire… Je me figure que vous êtes morte, et qu’il n’ose pas me l’apprendre… Je le saisis au collet, et lui demande de vos nouvelles avec des sanglots plein la gorge ! Et cet animal me répond en souriant, qu’il ne vous a pas vue depuis un mois. Quand j’entends ça, la fureur me prend tout à fait, je le renverse, je l’étrangle ! Il appelle son monde… le valet de chambre et le cocher ! une espèce d’hercule m’empoigne, me terrasse, et, malgré ma vive résistance, m’enferme dans cette chambre, d’où vous venez de me délivrer.

ROSINA
Ainsi, mon pauvre ami, vous avez passé votre nuit de noce ?…

LE MARQUIS
Là, dans cette chambre… criant, jurant, appelant les gendarmes, et brisant tous les meubles qui me tombaient sous la main ! Mais, vous voilà !… Vous vous portez bien… c’est tout ce qu’il faut !… Maintenant je vous quitte, je n’ai pas une minute à moi.

ROSINA
Qu’allez-vous faire ?…

LE MARQUIS
Avant de rentrer à Morieux, vous concevez qu’il faut que je coupe la gorge à ce polisson d’Almersac ! Il s’en doute bien, du reste. Je l’ai entendu faire des armes toute la nuit, sans arrêter, depuis le moment où il m’a fait pousser dans cette maudite prison.

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