Le champion et le beignet
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Description

Le champion et le beignet Jorge Lorenzo est sans conteste un grand champion. Mais à bien l'observer, le pilote espagnol souffre d'un réel problème d'image. Il faut dire que la tâche du sportif de haut niveau n'est pas simple de nos jours.

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Publié le 20 septembre 2012
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Langue Français

Extrait

Le champion et le beignet

Jorge Lorenzo est sans conteste un grand champion. Mais à bien l'observer, le pilote espagnol souffre d'un réel problème d'image. Il faut dire que la tâche du sportif de haut niveau n'est pas simple de nos jours. À peine sorti de l'adolescence, le monde du sport business lui demande à la fois des exploits, mais aussi du charisme. Or c'est bien le souci de Lorenzo, qui semble toujours se chercher à la manière de l'adolescent qu'il est resté, comme le prouve son visage juvénile. Félin et agressif en piste, pétrissant son pilotage dans un style pur, qui se suffit à lui-même, Lorenzo cesse d'être excitant dès lors qu'il cherche à l'être, c'est-àdire à sa descente de moto. À ses débuts en MotoGP on se souvient du concept , flou du « Lorenzo land ». À l'époque, Lorenzo plantait des piquets dans le gravier à l'arrivée des courses et s'affublait d'un casque aussi énigmatique que sans âme, décoré d'une flèche circulaire et d'une croix. Admettons. Il y a eu aussi la période sucette, quand le Majorquin montait sur le podium une sucette vissée dans la bouche. Quant à son casque de l'époque, un papier de Chupa Chups entourant la tête en sucre de Lorenzo, inutile de dire qu'il n'a suscité qu'une émotion très relative. Si Lorenzo a eu raison de ne pas se laisser impressionner par Rossi à son arrivée en MotoGP il aurait peut-être dû s'abstenir de copier le talent , scénique du champion italien. Cuir dépareillé sur les jambes, grosses lunettes noires et gorilles musclés pour l'escorter dans le paddock, Lorenzo a mis le paquet pour construire son image. Le paquet certes, mais un paquet un peu trop vide de personnalité. Quand on n'a pas le charisme suffisant, autant rester sobre. D'autres pilotes l'ont bien compris, comme Pedrosa par exemple, qui sait rester à la place que lui permet sa personnalité. Le dernier coup de Lorenzo est peut-être le plus risible, avec cette histoire de mamba noir et la nouvelle déco de son casque aux yeux de serpent injecté de sang. Une idée non seulement dénuée de relief, mais en plus même pas originale. Un de nos confrères de la presse moto roulait déjà, bien avant Lorenzo, le corps moulé dans un cuir décoré de peau de serpent et avec un casque tout aussi reptilien. Un champion du monde copiant accidentellement un journaliste français, c'est flatteur pour ce dernier, mais peu valorisant pour l'autre. Alors Lorenzo se rattrape d'un geste du bras sur la grille de départ, imitant le mamba noir se dressant face au danger. Coup de pas de chance, le serpent de Lorenzo doit en plus côtoyer sur son casque le logo, lui non plus pas très heureux, d'une boisson énergétique. Jorge Lorenzo rêve sûrement d'incarner la rock star imprimée sur son casque. Mais l'image de la rock star qu'il nous offre possède plutôt l'acidité d'un soda tiédi que le pétillant d'un champagne grand cru. À voir le petit théâtre autour duquel Lorenzo cherche à faire prendre une sauce qui ne prend pas, on a envie de conseiller au jeune Espagnol d'être un champion, et surtout de le rester, en laissant à d'autres le soin d'incarner quelque chose. À défaut, l'orgueil du Majorquin pourrait bien finir par le faire partir en sucette !

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