La vie en Ariège au XIXe siècle
205 pages
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La vie en Ariège au XIXe siècle , livre ebook

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Description

Créée de toutes pièces à l’époque révolutionnaire, l’Ariège du XIXe siècle est diverse et pleine de contrastes : pays de plaine et de montagne, d’agriculture de survie et d’industries, de vallées enclavées et d’un grand axe transpyrénéen.

La vie quotidienne des Ariégeois est donc autant celle du paysan de la montagne « remontant » sans cesse la terre de ses terrasses et transportant fumier ou moisson à dos d’homme, du berger transhumant passant l’été dans les orrys d’altitude, que du métayer de la plaine ouvert aux progrès techniques, celle du mineur et du forgeur des hautes vallées comme celle de l’ouvrier des usines de Pamiers ou des tisserands du pays d’Olmes, celle du marchand urbain autant que celle du colporteur et du montreur d’ours…

C’est aussi la vie d’un peuple de la frontière, familier du passage d’outre monts et de la rencontre de ceux qui viennent d’ailleurs, du bandit redouté comme du réfugié accueilli.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 janvier 2013
Nombre de lectures 94
EAN13 9782350683492
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHAPITRE 1. NATURE ET HÉRITAGES


Dire que l’environnement naturel est une composante essentielle de la vie d’un peuple est une évidence. Et l’évidence est absolue en zone de montagne. L’altitude, la pente, l’exposition, le climat, la faune sauvage, l’exiguïté du terroir cultivable constituent un univers hostile ; pour s’y adapter et donc survivre, les hommes ont développé là une civilisation forcément originale. Cette organisation millénaire a longtemps modelé l’histoire pyrénéenne mais elle a dû plier aussi devant la loi des régimes d’État. Les Ariégeois du XIX e siècle sont les héritiers de cette géographie et de cette histoire imbriquées et s’ils gèrent leurs estives comme le faisaient sans doute leurs ancêtres d’avant l’histoire, ils sont obligés de prendre en compte que la Révolution de 1789 a bouleversé le régime de la propriété et, par là, des droits d’usage…

LA GÉOGRAPHIE
L’Ariège est au cœur des Pyrénées et les trois quarts du département appartiennent au domaine montagnard. Les paysages se développent en zones successives du sud au nord, de la haute chaîne frontalière à la plaine toulousaine.
La haute chaîne, ou zone axiale, possède les plus hauts sommets : le Pic d’Estats, dans le massif du Montcalm, atteint 3 143 m, le pic de Serrère, le Maubermé, le Mont Valier dépassent les 2 800 m ; le point culminant des Pyrénées, le Pic d’Aneto, n’est pas très loin, il domine le Val d’Aran du haut de ses 3 404 m. Cette haute chaîne, compacte, est à peine échancrée par des « ports » toujours élevés ; il y en a une quarantaine au niveau de l’Ariège, beaucoup à plus de 2 500 mètres. Les ports de Puymorens, le plus bas (1 900 m), et de Salau (2 050 m) sont les grandes voies transfrontalières du pays de Foix et du Couserans.
Plus au nord, des chaînons parallèles, moins élevés, séparés entre eux et d’avec la haute chaîne par les vallées étroites des rivières pyrénéennes :ce sont les massifs nord-pyrénéens, de Tabe ou de Saint-Barthélémy (2 368 m), de l’Arize (1 715 m), des Trois-Seigneurs (2 199 m), de Bouirex (1 873 m).
Au-dessous, les Prépyrénées sont une succession de crêtes et de sillons parallèles et étroits, d’une altitude inférieure à 1 000 m, le plus au nord étant le Plantaurel. Le piémont enfin, le bas pays, est un vallonnement de collines, traversées par les rivières de l’Arize et de la Lèze à l’ouest, de l’Hers à l’est ; au milieu, la large vallée de l’Ariège, rejointe par celle de l’Hers, constitue la plaine de Pamiers et annonce la plaine toulousaine.
Ensoleillées et lumineuses, les Pyrénées ne sont pas des montagnes très froides. Mais elles arrêtent les vents venus de la mer ou de l’océan et l’humidité y est abondante. Ce sont les précipitations qui, sous forme de neige, rendent les hivers difficiles. La neige tombe souvent beaucoup mais, en raison de la relative douceur des températures, elle ne « tient » pas. C’est surtout sous l’effet du vent que, sous forme de congères, elle fait obstacle à la circulation. Le maximum de précipitations se situant au printemps, les chutes sont tardives et les cols sont longtemps fermés :le Puymorens par exemple, l’est en moyenne 210 jours par an. Il pleut plus à l’ouest, sur le Couserans atlantique, qu’à l’est, sur le pays de Foix déjà méditerranéen, et beaucoup plus au sud qu’au nord :si la montagne est un château d’eau, la plaine souffre souvent de sécheresses estivales.
Partout dans la montagne ariégeoise, trois étages de végétation se succèdent. En bas, dans les vallées, le terroir cultivable, limité par la pente, par l’exposition et par l’altitude ; au-dessus, la forêt de hêtres, parfois mêlés de sapins, entrecoupée de prairies humides, puis une forêt supérieure de pins à crochet, plus claire, émaillée de larges terrains de pacage ; tout en haut, les pâturages de haute altitude, où ne poussent que des plantes naines. Dans les Prépyrénées, les versants nord sont couverts de taillis de chênes et de châtaigniers ; sur les soulanes du pays de Foix, l’influence méditerranéenne amène garrigue et chênes verts. Cultures et élevage coexistent là, comme sur les coteaux septentrionaux ; la plaine, elle, est toute entière cultivée.
La nature ne fournit pas qu’un terroir agricole. Elle offre un abondant réseau hydrographique susceptible de fournir la puissance motrice des moulins et des usines et, surtout, d’immenses ressources minières :pendant des siècles, la mine du Rancié, en vallée de Vicdessos, a alimenté en fer toutes les Pyrénées tandis que plâtrières, ardoisières, carrières de marbre, de jais ou de pierres à faux constituaient l’activité d’appoint de bien des paysans.
Ces zones géographiques si proches en distance mais si différentes ont bien sûr engendré des activités humaines et des modes de vie eux aussi très différents. C’est pourquoi on a dit l’Ariège diverse et pleine de contrastes. Malgré cela, indéniablement, le département a un trait dominant, et ce trait est la montagne.
La montagne occupe l’espace ariégeois. Certains vivent à l’intérieur, au creux de ses vallées, d’autres vivent à ses pieds, dans les collines des Prépyrénées ; pour les hommes de la plaine et de ses villes, elle est l’horizon immuable.

L’HÉRITAGE MILLÉNAIRE
« L’Ariège traditionnelle », « l’Ariège d’autrefois », cette Ariège du XIX e siècle qui nous occupe ici est une Ariège multiséculaire, voire millénaire. L’origine de l’habitat, dans sa répartition comme dans sa forme, l’organisation de la vie pastorale se perdent dans la nuit des temps et ce qui constitue la spécificité des pays ariégeois, l’activité industrielle et une intense vie de frontière, remonte au moins au Moyen Age. L’adaptation aux conditions naturelles, l’équilibre dans l’exploitation des ressources, les atouts tirés d’une position géopolitique originale ont façonné une civilisation qui a atteint son plein épanouissement à la fin de l’Ancien Régime mais qui, au milieu du XIX e siècle, révèle ses fragilités.

L’occupation du sol
C’est la montagne qui a été le plus anciennement occupée par l’homme ; les Prépyrénées puis la plaine furent lentement conquises par les paysans médiévaux sous l’impulsion des monastères. La quasi totalité des villages existait donc au milieu du Moyen Age. La suite est une longue et patiente conquête, sous une pression démographique permanente, des terroirs les plus éloignés et les plus ingrats. À l’époque du Second Empire, on était arrivé à une occupation entière de la montagne, difficile à imaginer aujourd’hui.
Cette chronologie d’occupation de l’espace est essentielle à la compréhension du paysage et de l’habitat. Les zones de colonisation ancienne sont les bassins glaciaires, les grandes vallées aux immenses domaines pastoraux de la haute Ariège et du Castillonnais. L’habitat y est très groupé, c’est le pays des villages. Le reste de la montagne (le bassin du haut Salat, les vallées de Massat et de Saurat et les vallées latérales branchées sur les grandes vallées qui entaillent la montagne), les Prépyrénées et le piémont, d’un relief plus difficile, conquis par petits groupes, îlot par îlot, ne furent occupés qu’aux temps médiévaux et modernes, voire au XIX e siècle, quand la population fut à son maximum, c’est-à-dire en un temps où les structures communautaires s’étaient relâchées ou même n’existaient plus. Là, l’habitat est très dispersé, souvent en hameaux de quelques maisons ; il est même des communes (Allières, Saint-Bauzeil, Bénaix…) qui n’ont pas de village.
C’est dans la zone de villages, évidemment, que les pratiques communautaires sont les plus développées, là qu’elles constituent l’organisation la plus originale :organisation des estives, « assolements réglés » des cultures avec vaine pâture et droits de passage…
Entre le relief, l’habitat et l’organisation du terroir agricole et du terroir pastoral, il y a une « combinaison si intime qu’il serait vain de chercher à en dégager l’élément directeur » (M. Chevalier).

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