Les numéros 1 de Roland

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• Publié par: le-sport-
• Publié le: 03 mai 2011
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Les numéros 1 de Roland

1971: Goolagong sur le toit du monde

"C'est l'année où, me semble-t-il, j'ai arbitré deux matches en nocturne. En se penchant sur les tableaux, on peut y trouver des choses très intéressantes. Tout d'abord que Frank Sedgman, un grand champion d'autrefois passé professionnel en 1953 dispute le tournoi à 44 ans ! On a aussi l'Américain Frank Froehling qui atteint les demi-finales et crée la sensation car il n'était pas vraiment connu avant qu'on ne découvre son coup droit ravageur. L'autre performance est venue du Hongrois Istvan Gulyas, finaliste des Internationaux de France en 1966 et qui à 40 ans en 1971 arrive contre toute attente en quarts de finale de l'épreuve. Du côté français, le meilleur parcours est réalisé par Patrick Proisy qui se hisse en quarts de finale à l'âge de 20 ans seulement. L'année suivante, en 1972 il confirmera tout son talent et ira jusqu'en finale. Chez les femmes, une Française s'est illustrée, il s'agit de Gail Chanfreau qui, au 3ème tour, a fait tomber la grande favorite du tournoi, l'Australienne Margaret Court. Cet exploit retentissant a été un vrai événement dans l'édition 1971. Un petit mot sur la lauréate, la numéro 3 mondiale Evonne Goolagong qui remporte le tournoi sans perdre le moindre set, une manière d'affirmer sa suprématie sur le tennis féminin. Cette Australienne, issue d'une famille aborigène, a été indiscutablement la meilleure de son temps."

Pour rappel : On assiste à la première finale 100% australienne de l'histoire de Roland-Garros entre Evonne Goolagong et Helen Gourlay. Une victoire sans appel pour Goolagong sur le score de 6-3- 7-5. C'est le début d'une belle carrière pour la championne qui gagnera la même année Wimbledon et disputera au total 18 finales de tournois du Grand Chelem pour 7 victoires. Seule ombre au tableau, sa malédiction à l'US Open où elle n'est jamais parvenue à remporter le tournoi malgré quatre finales de suite (1973 à 1976). Chez les hommes, le Tchèque Kodes l'emporte 8-6, 6-2, 2-6, 7-5 contre le Roumain Nastase.

1981: Borg a raison de Torre

"Un Français a eu beaucoup de succès, il s'agit de Paul Torre. Il était ingénieur et avait près de 28 ans cette année-là. Dans le tennis actuel, il est inimaginable qu'un ingénieur dispute Roland-Garros et y passe les deux premiers tours. Pourtant, Torre l'a fait en 1981, ce qui lui a valu d'être fortement admiré à l'époque. Le futur vainqueur du tournoi, Bjorn Borg, mettra fin aux illusions de cet intellectuel au 3ème tour en disposant assez facilement de lui. Comment aussi ne pas revenir sur un match extraordinaire auquel nous avons assisté lors de cette édition, il opposait Ilie Nastase à Eliot Teltscher. Nastase avait 35 ans et était en fin de carrière, Teltscher, lui était un tout jeune américain classé tête de série numéro 10 du tournoi. Il y avait environ 100 places d'écart entre les deux hommes au classement mondial, mais le public était à fond pour le "vieux" Nastase dont la cote de popularité était toujours aussi importante. On jouait dans des conditions particulièrement difficiles avec ombre et soleil. Sur le court, Nastase mystifie son adversaire et finit par l'emporter. Mais ce qui restera surtout dans les mémoires, c'est le comportement du vaincu à la fin du match qui, en voulant regagner rapidement les vestiaires, ne s'aperçoit pas que l'arbitre du match se trouve sur son passage, le bouscule, le retient par la cravate et l'insulte. J'ai intercédé dans cette affaire en faveur de Teltscher qui risquait une amende. L'autre match exceptionnel du tournoi était un quart de finale étonnant entre Lendl et McEnroe. On jouait deux quarts de finale à la suite sur le central. Le premier entre Connors et Clerc avait duré très longtemps. Il pleuvait, il était 17 h et nous ne savions pas si nous allions faire jouer la seconde demi-finale. Nous en discutions avec Philippe Chatrier, un immense dirigeant du tournoi qui pensait que ce match devait être une fête et qu'avec ces conditions climatiques il était préférable de le reporter au lendemain. J'ai donc proposé qu'on aille demander l'avis des deux joueurs au vestiaire. On a finalement décidé, à tort ou à raison, de faire jouer quand même la partie. Ce match s'est déroulé sous la pluie pendant plus de deux sets. McEnroe passait son temps à me faire descendre sur le court car il pensait qu'on avait pris une décision contre lui et se plaignait de l'impraticabilité du terrain. Il a perdu les deux premiers sets ce jour-là. A 2-2 dans le troisième, les conditions ne permettaient vraiment plus de jouer, nous avons donc décidé de reprendre le lendemain. La donne ne changera pas, McEnroe s'inclinant finalement en trois sets face au futur finaliste du tournoi. La sensation française du tournoi est venue de Thierry Tulasne, qui à même pas 18 ans parvient à passer trois tours. C'est aussi en 1981 le premier Roland-Garros d'un certain Mansour Bahrami, plus reconnu dans le milieu pour ses facéties que pour ses performances individuelles.

Chez les femmes, l'énorme surprise a été la défaite de Martina Navratilova. Elle a été sortie en quarts de finale par l'Allemande Sylvia Hanika qui pourtant n'a pas fait une très grande carrière. Pour la petite histoire, on a découvert aussi une joueuse sublime, Andrea Temesvari, hongroise de 15 ans qui n'a pas à rougir de sa défaite en trois sets contre la future demi-finaliste du tournoi et considérée comme la meilleure joueuse du circuit, l'Allemande Andrea Jaeger."

Pour rappel : Roland-Garros 1981 reste la dernière grande victoire de Bjorn Borg dans un tournoi du Grand Chelem (6-1, 4-6, 6-2, 3-6, 6-1 contre Lendl). Avec à son actif, 6 Roland-Garros remportés en 8 participations (1973-1981), le Suédois aux cheveux longs détient le record du nombre de victoires à Paris. Il partage avec Rafael Nadal un autre record, celui du nombre de titres consécutifs puisqu'il s'est imposé quatre années de suite. Des distinctions qui font de lui le plus grand joueur de terre battue de tous les temps. Pour faire simple, seul un homme est venu à bout de Borg du côté de la Porte d'Auteuil, l'Italien Adriano Panatta, qui a sorti "Iceborg" du tournoi en huitièmes de finale en 1973 puis en quarts de finale lors de l'édition 1976, une vraie bête noire pour ce champion hors norme. Chez les femmes, c'est la Tchèque Mandikova qui s'impose 6-2, 6-4 devant l'Allemande Hanika.

1991: Connors sort par la grande porte

"Des Français se sont mis en évidence devant leur public. Chez les messieurs, Guy Forget, Arnaud Boetsch et Fabrice Santoro ont passé trois tours. Quant aux femmes, Nathalie Tauziat s'est hissée en quarts de finale. J'ai surtout envie de mettre l'accent sur le match phare de cette édition 1991 qui opposait Jimmy Connors à Michael Chang au 3ème tour. Pourquoi ? Car il y avait 20 ans d'écart entre les deux Américains, Connors étant né en 1952 et Chang en 1972. Mais surtout parce qu'on a assisté à l'un des plus beaux gestes de l'histoire du tennis. Les deux hommes se livrent une bataille monstrueuse pendant quatre sets. Jimmy Connors, 38 ans et demi, est au bout du rouleau. Il a commencé le dernier set en jouant un point qu'il a gagné et à 15-0 en sa faveur, il décide d'abandonner ne pouvant plus tenir la cadence. Cela restera une action d'une suprême élégance d'avoir joué le premier point du cinquième set pour finalement se retirer."

Pour rappel : Une finale 100% américaine entre Jim Courier et André Agassi. C'est le premier qui sortira vainqueur de cette opposition (3-6, 6-4, 2-6, 6-1, 6-4) et remportera son premier Roland-Garros. Une affiche que l'on retrouvera l'année suivante en 1992 au stade des demi-finales de la compétition. C'est encore Courier qui prendra le dessus et ira d'ailleurs jusqu'au bout pour la deuxième fois de suite. L'Américain connaîtra un coup d'arrêt en 1993 en cédant son titre en finale à l'Espagnol Sergi Bruguera. André Agassi, déjà défait en finale l'année précédente (1990), devra lui attendre jusqu'en 1999 pour triompher Porte d'Auteuil au terme d'un match au scénario fou contre l'Ukrainien Andrei Medvedev. Chez les femmes, Seles s'impose 6-3, 6-4 contre l'Espagnole Sanchez.

2001: Jamais deux sans trois pour "Guga"

"On assiste au dernier succès du Brésilien Gustavo Kuerten sur la terre battue parisienne déjà lauréat du tournoi en 1997 et 2000. Sébastien Grosjean a été le meilleur représentant français en allant jusqu'en demi-finale où il n'a pas fait le poids face à un des rois de la terre battue, Alex Corretja. Le magicien du tennis français Fabrice Santoro a quant lui confirmé lors de cette édition qu'il était la bête noire du Russe Marat Safin qu'il a écarté de son chemin au 3ème tour, avant de tomber en huitièmes face à Corretja, véritable bourreau des Français cette année-là. Chez les femmes, l'Italienne Francesca Schiavone, victorieuse de l'épreuve presque une décennie plus tard (2010) arrive en quarts de finale où elle subit la loi de la numéro 1 mondiale, Martina Hingis. On a déjà à cette époque les deux monstres sacrés du tennis féminin belge Justine Henin et Kim Clijsters qui se retrouvent en demi-finale. Une affiche qui va devenir courante à Roland-Garros puisque on la retrouvera cinq ans après en 2006 toujours au même stade de la compétition."

Pour rappel : 2001 restera l'année de Jennifer Capriati chez les femmes. Après avoir remporté l'Open d'Australie quelques mois plus tôt, l'Américaine confirme qu'elle est bien de retour au premier plan en s'adjugeant les Internationaux de France après une finale extraordinaire face à la Belge Kim Clijsters (12-10 au troisième set). Le 15 octobre 2001, elle goûtera même à la place de numéro un mondiale qu'occupait jusqu'alors Martina Hingis. Chez les hommes, Kuerten bat Corretja 6-7, 7-5, 6-2, 6-0.