Natacha Amal « Même les pires machos vont beaucoup rire ! »
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Natacha Amal « Même les pires machos vont beaucoup rire ! »

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Description

Natacha Amal « Même les pires machos vont beaucoup rire ! » Vous présentez dans le off d'avignon « Féminin : étrange et préjugé », une pièce dont vous co-signez la mise en scène. Natacha Amal : Depuis longtemps, je me posais la question de savoir pourquoi il existe autant de préjugés sur les femmes. Je me demandais pourquoi la femme devait toujours montrer patte blanche quoi qu'elle fasse ou qu'elle dise. Je me rendais compte que nous avions banalisé un certain nombre de choses dans les conversations, dans les dîners ou dans les relations de travail. C'est la banalisation d'une forme assez ouverte de misogynie. Ce n'est pas forcément une détestation de la femme, mais cela relève souvent de la moquerie. Je me suis donc replongée dans la lecture de livres que je connaissais et aimais, mais aussi dans celle d'ouvrages moins connus, certains datant de cinquante ans avant J.C. J'ai trouvé dans le théâtre, dans les essais et les romans des choses réellement significatives, dont je lis sur scène des extraits. Je voulais montrer les origines de nos comportements et les phénomènes d'évolution-régression que cette question a eu au cours des siècles. Sur quel registre abordez-vous cette question très vaste ? nous sommes obligés d'aller vers la comédie, comme une évidence, même si un ou deux morceaux sont un peu plus sombres. Le reste provoque de grands éclats de rire ! sur scène, je ne fais rien de démonstratif.

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Publié le 30 juillet 2011
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Langue Français

Extrait

Natacha Amal « Même les pires machos vont beaucoup rire ! »

Vous présentez dans le off d'avignon « Féminin : étrange et préjugé », une pièce dont vous co-signez la mise en scène.

Natacha Amal : Depuis longtemps, je me posais la question de savoir pourquoi il existe autant de préjugés sur les femmes. Je me demandais pourquoi la femme devait toujours montrer patte blanche quoi qu'elle fasse ou qu'elle dise. Je me rendais compte que nous avions banalisé un certain nombre de choses dans les conversations, dans les dîners ou dans les relations de travail. C'est la banalisation d'une forme assez ouverte de misogynie. Ce n'est pas forcément une détestation de la femme, mais cela relève souvent de la moquerie. Je me suis donc replongée dans la lecture de livres que je connaissais et aimais, mais aussi dans celle d'ouvrages moins connus, certains datant de cinquante ans avant J.C. J'ai trouvé dans le théâtre, dans les essais et les romans des choses réellement significatives, dont je lis sur scène des extraits. Je voulais montrer les origines de nos comportements et les phénomènes d'évolution-régression que cette question a eu au cours des siècles.

Sur quel registre abordez-vous cette question très vaste ? nous sommes obligés d'aller vers la comédie, comme une évidence, même si un ou deux morceaux sont un peu plus sombres. Le reste provoque de grands éclats de rire ! sur scène, je ne fais rien de démonstratif. C'est un spectacle très divertissant où je ne commente pas ce que je montre. Je fais sonner les mots écrits par des hommes. J'ai aussi écrit certains passages pour donner des respirations, du liant. Je voulais que cela soit rythmé et ludique, avec des moments de décalage. Ce contraste, justement, fait ressortir les textes. C'est très amusant ! Je pense que les hommes, même les pires des machos, vont rire beaucoup parce qu'ils vont entendre des gens qui pensent comme eux ! Les gens ne sont pas là pour réfléchir mais surtout pour rigoler, mais des choses vont leur revenir après. Cela les fera réfléchir et trouver un écho dans leurs expériences personnelles...

On sent néanmoins que le spectacle est le produit d'une réflexion.

La réflexion au sein d'un spectacle peut créer quelque chose de complaisant. avec le Conservatoire et la formation très classique que j'ai à la base, le premier enseignement est d'éviter cela. nous sommes là pour respecter au plus près un texte et la psychologie des personnages, afin d'emmener les spectateurs dans un univers. La réflexion n'est qu'une conséquence des situations mises en scène. elle arrive après. C'est aussi une des raisons pour lesquelles cela est traité sur un mode comique, car il n'y a rien de plus pénible que de voir des gens donner des leçons et vous dire quoi penser !

La comédie vous manquait-t-elle à ce point ? Je pense que la comédie, par essence, est de provoquer le rire et n'est jamais quelque chose de léger ou de creux. Il y a toujours quelque chose de profond dans la comédie, voire même une souffrance. tout est basé sur une émotion dramatique ou tragique. Les grandes comédies sont souvent basées sur une spirale de la catastrophe. rien au monde ne fait plus rire que cela !

Est-ce votre registre naturel, quelque chose que les metteurs en scène n'ont pas su exploiter ou que l'on a bridé chez vous ? Dans la vie de tous les jours, je pense que j'ai une façon d'être un peu étrange ! J'ai une vie intérieure tellement intense ! Je peux réagir de manière intense à des choses qui semblent anodines aux gens. Je suis quelqu'un de très observateur. Je regarde la vie comme je regarde un spectacle. Il m'arrive même d'éclater de rire toute seule dans la rue ! (rires) Cela fait partie de mon imaginaire d'artiste. Dans ma vie privée, j'ai constaté que j'avais été un peu formatée, un peu conditionnée, pas seulement par mes parents, mais aussi par des hommes que j'ai aimés.

Avez-vous l'impression que le théâtre vous offre une plus grande liberté de ton et de jeu ? oui, parce qu'au théâtre vous pouvez styliser les choses. Quand vous voulez faire ressortir un texte ou transmettre un message, il n'est parfois pas bon de jouer les choses de façon très réaliste. en jouant de façon stylisée, le sens vous vient, vous pénètre. Cela fait beaucoup plus ressortir le sens. Dans le langage de tous les jours, on dit les choses de façon plus quotidienne, et quelque part le sens reste dans la couche superficielle. La façon dont on utilise les mots aujourd'hui, de façon très banale, fait que cela provoque beaucoup de malentendus et d'incompréhension. on simplifie tout, on vulgarise tout. Il faudrait pourtant que les choses que nous disons comme « je t'aime » ne deviennent pas banales, mais gardent une valeur. Il faut avoir une conscience des mots. néanmoins, je ne m'appelle pas roland Barthes, autant acheter un de ses livres ! (rires)

Votre départ de la série « Femmes de loi », c'était une manière de rompre avec certain confort, une routine ? oui, d'une certaine façon, même si cela a été une expérience merveilleuse ! Mais qu'elle dure aussi longtemps, cela a fini par tuer l'envie. Cela tue la dynamique, la fraîcheur que l'on doit éthiquement au public.

L'envisagiez-vous comme une prise de risque ? Je ne sais pas. oui, si je m'attachais à un certain fonctionnement. Là, je me réapprends parce que je me réinvente ! Cela fait un peu pompeux de dire cela, mais j'étais lassée de moi-même. J'avais besoin de me « ré-intéresser » à d'autres choses. Je devais retrouver mes fondamentaux, me poser des questions sur ma vocation, le pourquoi de ma carrière. on peut vite se perdre, vous savez. Je ne dis absolument pas que je me suis abîmée car il y avait un relatif confort. Cela peut juste vous endormir et vous éloigner d'une vraie existence. D'où mon besoin de changement. n propos recueillis par Mathieu Loctin.

L'actrice a co-signé la mise en scène de ce texte profond et drôle joué à Avignon.

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