Notice nécrologique sur Mr. L. M. RIPAULT, Membre de l’Institut d’Egypte, et de la Société royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Orléans, mort le 12 juillet 1823
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Notice nécrologique sur Mr. L. M. RIPAULT, Membre de l’Institut d’Egypte, et de la Société royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Orléans, mort le 12 juillet 1823

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Notice nécrologiquesur Mr. L. M. RIPAULT,Membre de l’Institut d’Egypte, et de la Sociétéroyale des Sciences, Belles-Lettres et Artsd’Orléans, mort le 12 juillet 1823Par M. L. D.***Louis-Madeleine RIPAULT, que la mort vient d’enlever aux Lettres et à l’amitié, naquit à Orléans le 29 octobre 1775, d’une famillerespectable qui avait déjà produit un historien très estimé, M. Ripault Desormeaux, Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et Historiographe de France. Il fit ses études avec beaucoup de succès, au collège de sa ville natale ; il se destinait à l’étatecclésiastique ; il jouissait même déjà d’un petit bénéfice, lorsque la révolution le détourna de cette carrière, et lui fit embrasser lecommerce de la librairie. Ce fut dans cet intervalle que les excès monstrueux de la révolution ayant indigné son âme loyale, ilmanifesta quelquefois ce sentiment avec amertume. On lui en fit un crime, et il fut averti que l’on songeait à s’assurer de sa personne.Un ami lui donna un asile, et même alors, affermi dans sa cause par la persécution, il trouva moyen d’être utile à d’autres persécutéset déploya pour les sauver un courage qui exposait sa propre vie. La retraite qu’on lui avait procurée ne lui paraissant plus assezsûre, il se réfugia à la campagne et s’y tint caché ; il s’y procura des livres et se livra à l’étude avec une constance et une passion qu’ilconserva toujours depuis et qui devint chez lui une manière d’être habituelle. Il aimait à ...

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Par M. L. D.***
Notice nécrologique sur Mr. L. M. RIPAULT, Membre de l’Institut d’Egypte, et de la Société royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Orléans, mort le 12 juillet 1823
Louis-Madeleine RIPAULT, que la mort vient d’enlever aux Lettres et à l’amitié, naquit à Orléans le 29 octobre 1775, d’une famille respectable qui avait déjà produit un historien très estimé, M. Ripault Desormeaux, Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et Historiographe de France. Il fit ses études avec beaucoup de succès, au collège de sa ville natale ; il se destinait à l’état ecclésiastique ; il jouissait même déjà d’un petit bénéfice, lorsque la révolution le détourna de cette carrière, et lui fit embrasser le commerce de la librairie. Ce fut dans cet intervalle que les excès monstrueux de la révolution ayant indigné son âme loyale, il manifesta quelquefois ce sentiment avec amertume. On lui en fit un crime, et il fut averti que l’on songeait à s’assurer de sa personne. Un ami lui donna un asile, et même alors, affermi dans sa cause par la persécution, il trouva moyen d’être utile à d’autres persécutés et déploya pour les sauver un courage qui exposait sa propre vie. La retraite qu’on lui avait procurée ne lui paraissant plus assez sûre, il se réfugia à la campagne et s’y tint caché ; il s’y procura des livres et se livra à l’étude avec une constance et une passion qu’il conserva toujours depuis et qui devint chez lui une manière d’être habituelle. Il aimait à parler du bon cultivateur qui n’avait pas craint de le retirer dans sa maison.
Des circonstances le portèrent bientôt à quitter le commerce où il s’était engagé à Orléans, et il se rendit à Paris, auprès de M. le chevalier Pougens, qui faisait alors des spéculations de librairie, et qui, privé de la lumière, fut charmé de trouver en lui toutes les qualités qui pouvaient remplir ses vues. Il lui devint extrêmement cher, et son avancement ne fut pas négligé par son respectable ami. On s’occupait alors de l’expédition d’Egypte, et l’on voulait y joindre l’intérêt des sciences à un but d’ambition et de politique ; en conséquence on appela des savants et des artistes à faire partie d’une commission que l’on devait embarquer avec l’armée, afin qu’elle fît sur ce pays célèbre, des recherches plus exactes et plus complètes que celles de tous les voyageurs précédents. M. le chevalier Pougens recommandant M. Ripault comme un sujet propre à y être admis par son érudition précoce, et par le talent d’écrire. Il fut donc adjoint comme antiquaire et bibliothécaire à cette commission. Il partie en l’an 6 sur le vaisseau qui portait le général Kléber, dont il fit la connaissance et auquel il se rendit fort agréable dans la traversée. Ce commandant n’eut pas de peine à distinguer dans le jeune Ripault des sentiments honnêtes et vertueux, une élocution facile et brillante jointe à beaucoup de pénétration et de vivacité dans l’esprit. Arrivé à Alexandrie, et le général Kléber ayant été blessé à l’assaut donné à cette place, il s’attacha M. Ripault, qu’il traita bien plus en ami qu’en secrétaire, titre qu’il eut auprès de lui. Tel fut au bout de quelques mois son attachement pour son collaborateur, qu’il lui proposa de l’adopter et de lui donner son nom ; mais que beau qu’il parût, il s’excusa de l’accepter sur ce qu’il n’avait encore mérité, sous aucun rapport, de se parer de cet honneur. Il montra autant de zèle que d’intelligence dans le poste où son protecteur l’avait placé, et ne servit pas moins utilement la commission dont il était membre, par sonRapport sur les Oasispar ses curieuses recherches sur les antiquités d’Alexandrie. Cependant Kléber sentit l’impossibilité de retenir plus et longtemps auprès de lui son jeune ami que réclamait la commission, alors séante au Caire, et celui-ci partit en l’an 7, pour se réunir à elle.
Bonaparte venait d’y créer l’Institut d’Egypte, M. Ripault en fut nommé membre. La commission ayant reçu, en l’an 8, l’ordre de se rendre dans la haute Egypte pour en reconnaître les monuments et les décrire, M. Ripault l’accompagna dans cette excursion, et partagea ses travaux avec une ardeur qui, jointe à l’influence d’un climat brûlant, altéra considérablement sa santé.
Par une suite de l’intérêt que le général Kléber continuait de lui manifester, il fut touché de l’état où il le voyait, et n’y vit de remède vraiment efficace que de le renvoyer en France avec le colonel Damas, son premier aide de camp, qu’il y faisait passer à cette époque. M. Ripault ne tarda pas à être présenté au chef du gouvernement comme l’un des hommes les plus capables de l’éclairer sur la situation présente et passée de ce théâtre de sa gloire. Le premier consul lui demanda plusieurs rapports sur cet objet, et il en fut tellement satisfait qu’il lui dit : « Vous êtes arrivé bien à propos, je n’ai pas de bibliothécaire, vous serez le mien. » En effet, il fut aussitôt nommé à cette place, qu’il exerça jusqu’en 1807. Il jouissait alors d’une sorte de faveur. Le premier consul le faisait beaucoup travailler. Tantôt c’était des analyses d’ouvrages anciens et nouveaux qu’il lui demandait ; tantôt il voulait qu’il lui mît sous les yeux des points d’histoire et des dates dont il avait besoin ; la littérature avait son tour ; il exigeait que son bibliothécaire lui fît connaître par extrait, et d’une manière abrégée, les brochures du jour et les pièces de théâtre, et il était satisfait de sa docilité infatigable à exécuter ses ordres, ainsi que de l’heureuse habilité avec laquelle il s’en acquittait. C’est vers cette époque de M. Ripault se maria.
Il épousa, en 1801, Mademoiselle Mathieu, d’une famille honorable de Bourgogne. Cette union, nous saisissons l’occasion de le dire, a fait constamment le bonheur de M. Ripault, qui trouvait dans sa compagne la plus tendre affection jointe à un esprit solide et sage, et aux talents qu’elle tenait d’une éducation très soignée ; elle l’a rendu père de plusieurs enfants qui tous sont de la plus grande espérance.
Sa probité rigide et inflexible, son extrême désintéressement devinrent des qualités déplacés à la cour de Napoléon parvenu à l’empire. Il fut exposé à une multitude d’attaques de la part des courtisans ; l’exigence du maître s’accrut ; il l’abreuva d’amertumes et de dégoûts. M. Ripault, peu fait pour un tel séjour, se décida à s’en éloigner ; il se retira dans une campagne sur les bords de la Loire, qui avait appartenu à son oncle, M. Desormeaux. C’est là qu’il a passé les années qui se sont écoulées depuis, occupé d’ouvrages qu’il avait commencés et dont la plupart sont restés imparfaits, goûtant, mais sobrement, les douceurs de la société, vivant de la vie qu’il aimait le mieux, celle de famille, et donnant à l’éducation de ses enfants les soins les plus tendres et les plus assidus.
Bientôt parurent les premières livraisons du grand ouvrage sur l’Egypte. Son imagination se passionna de nouveau pour ces merveilles qu’il avait vues avec enthousiasme dans sa jeunesse. A partir de ce moment, toutes ses études, toutes ses pensées se rapportèrent à l’Egypte. Il rechercha la clef de ces fameux hiéroglyphes qui ont mis tant de savants à la torture, et crut l’avoir rencontrée. Il était heureux de l’idée que cette découverte, qu’il croyait certaine, aurait pour les sciences et les lettres les plus heureux résultats, il en parlait avec ivresse et comme d’inspiration. Aussi ce lui fut un chagrin des plus amers, de voir que parmi les savants, ses juges, les uns, résistaient à la conviction, les autres allaient jusqu’à se refuser à prendre connaissance de ses travaux. Plusieurs démarches qu’il fit ayant été infructueuses, sans renoncer entièrement à ce genre d’études, il reprit et résolut de finir un ouvrage auquel dans des vues d’intérêt général qui ne le quittaient jamais, il attachait la plus grande importance ; c’étaitl’Histoire philosophique de Marc-Aurèle, avec des Commentaires sur ses Maximes. Cetécrit, en quatre volumes in-8°, a obtenu les suffrages de plusieurs critiques et a essuyé la censure de quelques autres. Les défauts qu’on lui a reprochés tiennent surtout à la précipitation avec laquelle ce livre a été imprimé. Il se hâtait craignant que la mort, qu’il avait depuis longtemps devant les yeux comme prochaine, ne vînt prématurément interrompre une publication qu’il regardait comme un de ses devoirs. Cet empressement excessif, dont son ouvrage a dû souffrir, a porté à sa santé l’atteinte la plus funeste. A peine achevait-il de se rétablir d’une maladie dangereuse, qu’il se remit à ses travaux hiéroglyphiques, qu’il n’avait jamais entièrement perdus de vue. Il croyait avoir découvert l’alphabet de la langue des hiéroglyphes, dénommée par lui langueiconique; pour en faciliter l’intelligence, il réunit, sous forme de dictionnaire, un grand nombre de signes figuratifs qu’il fit exécuter avec précision. Il avait été conduit à étudier les antiquités égyptiennes les plus reculées ; il avait fait d’immenses recherches sur les nombres, les mesures, les mœurs, les arts, et sur l’astronomie de ces peuples. Il avait traduit plusieurs inscriptions hiéroglyphiques d’après son système, au moins ingénieux, et qui supposait une sagacité et une persévérance de réflexions peu ordinaires. Il s’occupa aussi d’un Lexique égyptien, dans lequel il fit entrer le Dictionnaire copte de Lacroze, la Scala Magna de Kircher, et la meilleure partie du travail de M. Zoéga. Cette entreprise immense, à laquelle il fit concourir l’arabe, l’hébreu, le samaritain, le chaldéen, le syriaque, l’éthiopien, mais surtout l’arabe et l’hébreux, fut conduite à sa fin, et il a consacré la majeure partie des manuscrits qu’il a laissés, et qui sont trop nombreux pour que nous puissions en donner le détail. Nous ne parlerons pas non plus d’Abrégés de botanique, de minéralogie, de chimie, de plusieurs traductions des meilleurs auteurs latins, qu’il composa pour l’éducation de ses enfants ; ainsi que d’écrits moins sérieux échappés à sa plume, il y a une vingtaine d’années, et dont quelques-uns furent livrés à l’impression. On y reconnaît l’écrivain et l’homme d’esprit.
Il nous reste à jeter un coup d’œil sur la personne et les qualités morales de l’homme de lettres que nous pleurons. Sa taille était petite, mais bien prise ; sa physionomie était extrêmement agréable dans sa jeunesse. Ses manières étaient gracieuses et de très bonne compagnie. Peu d’hommes ont porté plus loin la politesse obligeante et vraie, ainsi que l’art de faire valoir la politesse obligeante et vraie, ainsi que l’art de faire valoir le mérite des autres. Il parlait avec une facilité et une élégance très rares ; il expliquait avec une clarté merveilleuse les choses mêmes les plus abstruses ; quelquefois il causait beaucoup, jamais il ne paraissait verbeux ; il avait enfin, dans ses paroles comme dans son débit, je ne sais quelle verve et quel entraînement qui faisaient regretter de le voir finir, lors même qu’on l’avait écouté le plus longtemps. Les qualités de son cœur n’étaient pas inférieures à celles de son esprit : doux, obligeant, humain, bienfaisant, ce n’était pas seulement au sein de sa famille qu’il se faisait chérir de tout ce qui l’entourait ; au dehors les mêmes vertus lui conciliaient l’estime et l’affection générales. Sa charité pour les pauvres n’avait de bornes que ses moyens ; il leur donnait annuellement au moins la dîme de son revenu. La plupart des traits qui peignaient sa charité n’ont été connus qu’à sa mort, et les larmes abondantes d’une foule de malheureux qui perdaient leur bienfaiteur et leur appui, ont révélé sur sa tombe les dons qu’il se plaisait à répandre. Ces regrets mérités nous dispensent de dire que son intéressante famille a été et est encore inconsolable de sa perte, et que ses nombreux amis, entre lesquels l’auteur de cette Notice s’honore de se ranger, lui conserveront à jamais un souvenir plein d’un attachement inaltérable et d’une profonde estime.
A Orléans, imprimerie de Mad. Ve Huet-Perdoux
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