Aux sources du jazz noir
268 pages
Français

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Aux sources du jazz noir , livre ebook

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Description

Hot jazz, blues, spirituals, gospels, cool be-bop, swing, hard-bop, jazz-fusion, fruits d'une créativité lancinante, se déclinent comme de multiples accents d'une même musique. Plus de deux siècles après, qu'y a-t-il de commun entre l'ancien jazz noir, celui du "roi" Armstrong et du "prince" Coltrane ? entre celui de l'African jazz de Kallé Jeff et celui de l'OK jazz de Franco du Congo ? entre celui de Bembeya Jazz de Guinée et celui de l'African Jazz Pioneer d'Afrique du Sud ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 14
EAN13 9782296489301
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aux sources du jazz noir
Racines du Présent
Collection dirigée par François Manga-Akoa
En cette période où le phénomène de la mondialisation conjugué au développement exponentiel des nouvelles technologies de l’information et de la communication contracte l’espace et le temps, les peuples, jadis éloignés, se côtoient, communiquent et collaborent aujourd’hui plus que jamais. Le désir de se connaître et de communiquer les pousse à la découverte mutuelle, à la quête et à l’interrogation de leurs mémoires, histoires et cultures respectives. Les générations, en se succédant, veulent s’enraciner pour mieux s’ouvrir dans une posture proleptique faite de dialogues féconds et exigeants. La collection « Racines du Présent » propose des études et des monographies relatives à l’histoire, à la culture et à l’anthropologie des différents peuples d’hier et d’aujourd’hui pour contribuer à l’éveil d’une conscience mondiale réellement en contexte.
Déjà parus
Ange DIAWARA - Jean-Baptiste IKOKO - Jean-Claude
BAKEKOLO - Jean-Pierre OLOUKA, Autocritique du M22 , 2011.
ROCHE Christian, 50 ans d’indépendance dans les ancienne s possessions françaises d’Afrique noire , 2011.
CHATAIN Jean, EPANYA Augusta, MOUTOUDOU Albert, Kamerun, l’indépendance piégée. De la lutte de la libération à la lutte contre le néocolonialisme , 2011.
LABURTHE-TOLRA Philippe, Les seigneurs de la forêt , 2009.
MORGEN Curt von, A travers le Cameroun du Sud au Nord (deux volumes), 2009.
FOTSO DJEMO Jean-Baptiste, Le regard de l’autre. Médecin e traditionnelle africaine , 2009.
ADLER Alfred, La mort est le masque du roi, 2008.
BARRY Boubacar, La Sénégambie du XVe au XIXe siècles , 2003.
Antoine Manda Tchebwa

Aux sources du jazz noir
© L'HARMATTAN, 2011
5-7 , rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56300-1
EAN : 9782296563001
PRÉLUDE
Evolution diachronique du jazz à travers ses multiples accents et métissages « trans-ethniques » et « trans-raciaux »
Le présent livre a la modeste ambition de revisiter l’épopée du Jazz noir à partir des réminiscences éparses de l’ambiance née autrefois d’une « savane » lâche et désolée des Etats-Unis, dénommée originellement Congo Plains . Juste assez pour permettre au jazz de se redéployer, le temps de la lecture, à travers ses multiples déclinaisons et accents rythmiques, harmoniques et mélodiques. Ressacs mémoriels qui ont tout d’un maelström en tant qu’ils impliquent moult aventures fulgurantes et burlesques, passionnantes et picaresques, qui plus est charriées par des personnalités illustres, profondément inspirées et irradiées d’un génie incommensurable.
L’histoire d’un peuple déraciné
Pour qui sait lire entre les lignes, cette épopée-là porte l’histoire intime de l’esclave africain, qui dans l’abjection de la servitude, tout en marchant sur le fil de son destin, cueillait patiemment son passé pour fleurir sa vie de cafard avec l’espoir de se réinventer un jour libre, debout, fier et altier — par le jazz bien entendu. Jazz qui, pour tout Afro-Américain, n’est autre chose que ce langage musical « fruste » doublé d’un « lieu de mémoire » par quoi le nouvel « être » négro-américain vint au monde sur sa nouvelle terre d’adoption.
Plus joyeux, fleuri et moins iconoclaste, cependant beaucoup plus près de l’âme du captif africain, le ton parfois tragique donné à ce livre devrait être perçu comme une tacite invitation à s’incliner avec révérence devant l’extraordinaire génie dont a fait montre l’élite jazzistique afro-américaine, telle qu’elle y apparaît dans sa dimension la plus mythique, sinon la plus inventive. Un génie qui, dans la flamme de la créativité, apparaît comme cette étincelle intérieure qui se déclenche à la confluence de l’intellect et des joies du cœur.
A l’aune de toutes les histoires des pays du Nouveau Monde, ici aussi comme hier en Guadeloupe, à Cuba, au Brésil ou en Haïti, c’est bien d’un trésor « imaginaire » dont qu’il est question. Catherine Eve di Chiarra l’avait énoncé encore mieux dans son Dossier Haïti. Un pays en péril (1988) : « Ce n’est ni en kilomètres carrés ni en dollar » que devrait s’exprimer la vraie richesse d’un pays, encore moins la richesse d’une culture. En quelle unité de mesure pourrait-on, dans ce cas, évaluer cette richesse sans courir le risque de verser dans des extases par trop idéologiques ? De notre point de vue, toute chose étant égale par ailleurs, rien ne vaut une plongée abyssale dans la mémoire.
Pour sûr, c’est en plongeant dans les pages de l’histoire du peuple afro-américain qu’il faut la chercher cette richesse-là. Il s’agit sans doute ici d’une histoire qui a plus d’une fois flirté avec la geste des « marrons » afro-américains, exemplaire la conquête de l’Indépendance et des libertés, et sanglantes les luttes pour l’égalité raciale, tant foisonnèrent dans la trame historique de cette conquête, des héros dignes de mémoire. Héros de tous ordres, pervers et parfois confrontés à inhumanité inoxydable. Qui — ironie du sort — finit un jour par susciter (en guise de réponse à la férocité coloniale infligée « aux Noirs de la plantation »), une musique incandescente, porteuse de tant d’humanité et de beauté à l’aune de la polyphonie culturelle en gestation.
Serait-ce là une fois encore l’histoire d’un peuple maudit par le destin ou par la félonie primordiale d’un héros fondateur ? Que non. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’histoire de ce peuple « en haillons », victime d’un doudouisme 1 guimauve qui un jour se vit contraint de faire souche, à son corps défendant, dans tous les empires coloniaux des Amériques esclavagistes. Peuple dont les descendants fourmillent d’énergie, la mémoire ancrée dans la nostalgie de ses racines africaines, et qui par le jazz a tenté d’en renaître virtuellement à partir de Congo Plains . Il s’agit, comme on le voit, de ce peuple de foi au cœur généreux, et pour le moins dire riche et pauvre, toujours « prêt à oublier sa misère, souriant et résigné, amoureux de danse, de musique, de légende, de fêtes, débordant de vie, de verve, de personnalité, instinctivement doué, créateur infini, exceptionnellement raffiné dans chaque moyen d’expression » 2 .
L’ambiance de Congo Plains
Et dire que c’est dans cette ambiance fabuleusement chaotique et sauvage de Congo Plains que les ancêtres africains de ce peuple-là se forgèrent les premières armes de la conquête de leur indépendance culturelle. Ici même, sur ce théâtre de chants et de danses hallucinés, où ce vieux peuple originaire d’Afrique se plaisait à faire planer tous les dimanches et les jours de fête, les mythes du vaudou et ses mystères insaisissables. Ici même où des corps noirs mystérieusement agités, comme habités par des divinités innommables, hurlaient dans leurs transes, entre convulsions et transmutations mystiques. Ici même où se mélangeaient dans une nostalgie lancinante des traditions d’une Afrique « une » et « plurielle » à la fois, l’Afrique d’ici et d’ailleurs.
Peut-on oublier si facilement ce negro sans pavillon ? C’est que, c’est cet homme en lutte permanente pour la conquête de la plénitude de son humanité qui gît au fond de chaque esclave, car il s’agit bien ici d’un « être » jadis pleinement accompli et qui, razzié par l’impitoyable appareil esclavagiste européen, « de rupture en rupture, après qu’une nausée grandissante l’eût livré au vide du ciel, est devenu non plus être mais blessure et même agonie de tout ce qui est », selon les propos de Georges Bataille.
Une certitude : Congo Plains ne serait guère Congo Plains s’il n’avait pas ce don prodigieux de vibrer en spectacle tambourinant et jubilatoire livrés par des Noirs au torse nu, jambes et pieds bruissant de grelots, en plus de se laisser dévaster à cœur joie par des cyclones des rythmes de tambours, mêlés aux frémissements de hochets en calebasses.
Il était dit dans les livres des prédictions que c’

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