Les compagnons pianistes
255 pages
Français

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Les compagnons pianistes , livre ebook

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255 pages
Français

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Description

Ils s'appellent F. Olivia, J. Schoubert, G. Sigrist... Les connaissez-vous ? Ils ont accompagné les plus grands chanteurs et d'autres, moins célèbres. Ces musiciens ont largement contribué au succès des artistes qu'ils savaient mettre en valeur, rassurer, rattraper. C'est un art, l'accompagnement, un métier très particulier. Ces "compagnons de l'ombre" l'auteur leur a donné la parole, les a mis en lumière. Ils lui ont livré leurs souvenirs émaillés d'anecdotes sur certaines vedettes. Un autre regard sur la variété française.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 333
EAN13 9782296253094
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L ES COMPAGNONS PIANISTES
Dans la même collection
Un Cabaret rue Mouffetard, Christian Stalla, 2007
C’est l’destin Célestin, Gilbert Hennevic, 2009
Dans la collection « Cabaret en vers »
Porte toi bien la vie, Louis Amade, 2009
Esquisse d’incertain, Aurélien Carton, 2010
Anne Audigier


L ES COMPAGNONS PIANISTES


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11547-7
EAN : 9782296115477

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À Roland
À Christian
« Mon piano c’est pour moi
ce qu’est au marin sa frégate,
ce qu’est à l’Arabe son coursier,
plus encore peut-être mon piano
c’est ma parole, c’est ma vie. »
Franz Liszt
AVANT-PROPOS
Les témoins oubliés d’un monde oublié.
C’est sur le tard et par hasard que je suis entrée au Cabaret.
J’ai tout d’abord rencontré quelques témoins et acteurs du temps révolu où les chansons pouvaient être rodées et présentées au public dans ces lieux festifs, impitoyables parfois pour le malheureux chanteur s’époumonant devant une assistance indifférente mais surtout, tremplins pour les débutants.
Comme il se doit à tout bon néophyte, ces anciens, je les ai observés, écoutés. Leurs souvenirs, souvent agrémentés d’anecdotes drôles ou croustillantes, d’histoires inattendues, la lecture de leurs témoignages ont suscité en moi l’envie d’écrire.
Ma démarche dans cet ouvrage est de réparer, en quelque sorte, une certaine forme d’injustice et d’oubli. Car point n’est besoin de s’immerger dans le monde de la chanson pour s’apercevoir que les ouvrages consacrés à ce domaine relatent, le plus souvent sous forme de biographie, la vie des chanteurs. Il suffit, pour s’en convaincre, d’aller visiter le rayon variétés françaises des librairies ou autres distributeurs.
Avez-vous déjà trouvé un livre consacré à ceux qui, parfois durant toute la carrière de la vedette, l’ont accompagnée ?
Quelques très rares accompagnateurs ont fait l’objet d’un récit mais ouvertement et uniquement porté par la notoriété de l’artiste qu’ils servaient, comme, par exemple, François Rauber, un des pianistes de Brel ou Pierre Nicolas, bassiste de Brassens.
Un instrument mal connu.
Les pianistes jouent sur un instrument fantastique dont l’étendue du clavier n’a cessé de croître : des quatre octaves lors de sa création par Bartolomeo Christofori en 1709, il passa à cinq dans le piano de concert de Mozart, six pour le modèle de Liszt, aujourd’hui sept octaves plus quelques notes. Moins pour le piano droit, davantage pour le piano à queue. Le piano à queue atteint deux mètres soixante, la longueur des cordes et l’importance de la caisse de résonance contribuent à la puissance de sa sonorité. Les deux prototypes sont conservés l’un à Leipzig l’autre à New York au Metropolitan Muséum.
Lors de sa création on peut dire que le piano fut la suite du clavecin, ce qui ne signifie pas que le piano soit un clavecin perfectionné. C’est un instrument à cordes frappées alors que le clavecin est un instrument à cordes grattées par un bec de plume. Le demi-queue, le quart de queue et le crapaud sont des modèles réduits. Le piano droit dont les cordes sont disposées verticalement contrairement à celles du piano à queue envahit les maisons bourgeoises au XIXème siècle.
Il est soumis à un impôt au début de ce siècle fécond en cabarets ou autres lieux d’expression musicale : « Si tu veux pas payer d’impôt, cache ton piano (…) », chantait-on dans les années trente. Par référence au statut bourgeois de l’instrument, le piano du pauvre ou piano à bretelles désigne l’accordéon.
Quand le pianiste est trop amateur, il devient un broyeur d’ivoire en argot de métier. À ce propos, quelques surnoms populaires de notre cher instrument : la commode, la casserole, le chaudron. Voltaire le surnomma ainsi car il avait l’oreille très ancien régime : « Instrument de chaudronnier en comparaison du majestueux clavecin » (lettre du 8 décembre 1774).
Puisque nous en sommes aux citations, Jules Verne dans « Paris au XXème siècle » imagine un curieux modèle : « (…) Il toucha l’instrument dont le clavier se rabattit et laissa voir un lit tout préparé, avec une toilette garnie de ses divers ustensiles. Voilà bien, dit-il, ce que notre époque était digne d’inventer ! Un piano-lit-commode-toilettes ! »
Et Max Jacob dans « Le Cornet à dés » propose un piano-fuseau dont les radiations musicales guérissent les troubles nerveux…
Au cabaret du Chat Noir, le piano, mal placé, contraignait les pianistes à jouer le dos au public. Il fut la cause de bien des désagréments pour le patron. À l’instigation de quelques mauvais coucheurs, un officier de la paix, défenseur du silence urbain, n’hésita pas à donner l’assaut au cabaret pour y enlever de haute lutte le piano jugé trop sonore par les voisins ! Rodolphe Salis réussit à récupérer l’instrument mais, par la suite, les plaintes se multipliant, il se vit infliger huit cents contraventions pour tapage nocturne et menacé de fermeture. Nombre de cabarets furent confrontés à ce genre de problème émanant principalement du piano… Et des applaudissements !
D’illustres prédécesseurs.
Certains pianistes-accompagnateurs, « compagnons du passé », ont connu la gloire.
Debussy fréquentait Le Chat Noir peu après sa fondation en 1881. Il jouait de la musique légère au fond d’une modeste brasserie du boulevard Rochechouart. On l’y retrouve après son retour de Rome alors que Le Chat Noir, confortablement logé rue Victor Massé, est devenu célèbre dans le monde entier. Il y accompagne au piano droit la chanteuse polonaise Marie Krysinka, seule femme du programme, tandis que Madame Salis, Junon blonde et épouse du patron, surveille la scène du haut d’une estrade. Plus tard, Debussy devenu le roi de la fête dirigeait toute la soirée les chœurs endiablés. Il accompagnait également au piano le Théâtre d’ombres, préfiguration impressionniste de l’art cinématographique. Charles de Sivry assiste Debussy au piano et tient le clavier en son absence.
Erik Satie fut le protégé de Debussy. L’innocent, timide et tracassier musicien-enfant doublé d’un musicien-prophète est employé dans deux ou trois cabarets de Montmartre. Paria de la musique, il s’était réfugié dans la frivolité montmartroise pour la même raison que Toulouse-Lautrec dans les bordels parisiens. La misère marquait leurs vies. Ils sont liés avec Verlaine qui voit dans la pauvreté le prix qu’ont, en fin de compte, à payer, tous ceux qui ont tenté de conserver à l’âge mûr, la candeur de l’enfance.
« Donnez-moi un poète, j’en ferai deux musiciens dont l’un sera chansonnier et l’autre pianiste-accompagnateur. Au bout d’un instant, le chansonnier aura monté un cabaret dit montmartrois.
Quelques années après, le pianiste-accompagnateur sera mort alcoolique et le chansonnier sera prince, duc ou autre chose de mieux encore. » (Erik Satie 1866-1925).
Après avoir évoqué ces compagnons du temps jadis et de la Révolution industrielle, je mentionnerai quelques grands artistes contemporains ayant débuté en tant que pianistes d’accompagnement. Parmi les plus célèbres, on trouve Serge Gainsbourg qui débuta à Milord l’Arsouille (nom prédestiné ?) et joua tous les soirs pour faire le pianiste d’accueil, d’ambiance et d’accompagnement dans ce cabaret à la mode en 1958, Darry Cowl qui débuta aux Trois Baudets ou Léo Ferré dont je cite, plus loin, quelques souvenirs du cabaret l’Écluse.
Il ne faudrait surtout pas omettre Louis de Funès.
C’est à ce dernier, car son rôle de pianiste a particulièrement influencé son jeu d’acteur (par l’observation des patrons malmenant les employés, les riches rudoyant les faibles), que je vais consacrer quelques lignes.
En déballant ses cadeaux de Noël, Carlos Luis de Funès de Galarza découvre parmi eux des instruments de jazz. De plus, sa mère Léonor, lui donne, dès l’âge de cinq ans, des cours de piano pour lesquels il se montre plutôt doué.
En 1939, pour nourrir sa famille il remarque une pancarte rue Pigalle stipulant que dans les prochains jours « on rechercherait un pianiste ». De 17 h à 5 h du matin, il divertit les clients par son jeu et ses mimiques, lèvres pinçant des cordes imaginaires. Il possède une bonne oreille et une excellente mémoire lui permettant de retenir tous les airs alors à la mode. Il a 250 morceaux à son répertoire dont pas mal de standards américains.
Agent d’

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