Les voies de la création
378 pages
Français

Les voies de la création , livre ebook

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378 pages
Français

Description

Entre les circuits institutionnels de la création et les chemins de traverse que les artistes empruntent pour les contourner, entre art officiel et musique populaire, ce sont ces voies qui sont explorées ici, entraînant le lecteur du prestigieux Opéra au canaille cabaret et ouvrant des pistes de réflexions transdisciplinaires.

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Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 35
EAN13 9782336323107
Langue Français
Poids de l'ouvrage 32 Mo

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Extrait

que l’on pourrait penser spéciIquement esthétiques se sont continûment vus
que les artistes empruntent pour les contourner, entre art ofIciel et musique
Laure Lévêque
(Éditeur)
LESVOIELAS DE CRÉATION
MUSIQUE ET LITTÉRATURE À L’ÉPREUVE DE L’HISTOIRE
Préface de Monique ClavelLévêque
Les voies de la création
Musique et littérature à l’épreuve de l’histoire
CollectionHistoire, Textes, Sociétésdirigée par Monique Clavel-Lévêque et Laure LévêquePour questionner l'inscription du sujet social dans l'histoire, cette collection accueille des recherches très largement ouvertes tant dans la diachronie que dans les champs du savoir. L'objet affiché est d'explorer comment un ensemble de référents a pu structurer dans sa dynamique un rapport au monde. Dans la variété des sources – écrites ou orales –, elle se veut le lieu d'une enquête sur la mémoire, ses fondements, ses opérations de construction, ses refoulements aussi, ses modalités concrètes d'expression dans l'imaginaire, singulier ou collectif. Déjà parus Laure Lévêque (éditeur),Belfort et son territoire dans l’imaginaire républicain, 2012. Sidonie Marchal (dir.),Belfort et son territoire dans l’imaginaire républicain, 2012. Lydie Bodiou, Florence Gherchanoc, Valérie Huet, Véronique Mehl, Parures et artifices : le corps exposé dans l’Antiquité, 2011. Stève Sainlaude,Le gouvernement impérial et la guerre de Sécession (1861-1863),2011. Laure Lévêque (éditeur),Paysages de mémoire. Mémoire du paysage, 2006. Laure Lévêque (éditeur),Liens de mémoire. Genres, repères, imaginaires, 2006. Monique Clavel-Lévêque,Le paysage en partage. Mémoire des pratiques des arpenteurs, 2006.
Laure Lévêque (Éditeur)
Les voies de la création
Musique et littérature à l’épreuve de l’histoire Préface de Monique Clavel-Lévêque
Du même auteur Penser la nation. Mémoire et imaginaire en révolutions, L’Harmattan, 2011Patrimoine, images, mémoire des paysages européensL’Harmattan, (dir.), 2010Liens de mémoire. Genres, repères, imaginaires, L’Harmattan, 2006 Paysages de mémoire. Mémoire du paysage, (dir.), L’Harmattan, 2006 Le roman de l’histoire : 1780-1850, L’Harmattan, 2001© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01292-6 EAN : 9782343012926
PRÉFACEPrima la musica ? Prima la parola ? Cette question en forme de dilemme, qui a tant obsédé les débats autour du statut de la musique, n’est pas évitée ici, qui retient plusieurs des dix contributeurs qui ont participé à ce volume où se trouvent réunies les conférences prononcées dans le cadre du festival « Patrimoine en Domitienne », de 2010 à 2013. Et l’on sait combien, dressant les « Italiens » contre les « Français », elle a polarisé les affrontements, au prix d’une partition des productions en courants sur lesquels pèsent les appartenances nationales, voire les crispations nationalistes, quand les « Allemands » se mêleront à la partie, qui n’a pas peu contribué à figer – pour ne pas dire à scléroser – les genres. Pour autant, s’il ne sera pas ici fait l’impasse sur les querelles – celle des Anciens et des Modernes, celle des Bouffons... – qui ont agité le champ esthétique, dépassant la stérile « guerre des coins » et au-delà de toute polémique, prévaut ici un examen dialectique des implications de cette alternative qui prenne également en compte la spécificité de la musique et celle du texte pour conclure à l’organicité de leur rapport et déboucher sur un rapprochement de ces positions antagonistes. Également, car c’est bien la relation de subordination entre ces deux modes d’expression qui fait problème et qui a tant heurté, et que l’on suit ici, depuis Platon et Aristote, dans toute la complexité des élaborations philosophiques qui sont venues justifier l’une ou l’autre de ces options, chez Rousseau, Wagner ou Nietzsche. Un lien hiérarchisé que Salieri n’a
Monique Clavel-Lévêque pas craint de trancher dans un divertissement de 1786 :Prima la musica e poi le parole. Mais ce jugement péremptoire – quand bien même il s’y mêle une large part d’humour – est loin d’avoir toujours été tout uniment partagé et si l’affaire a été si âprement discutée, c’est qu’il en va d’enjeux parmi les plus investis qui soient : ceux-là mêmes qui tiennent à la nature de l’homme. De fait, le conflit esthétique se charge, dès l’origine, d’implications ontologiques. Aussi l’affaire est-elle d’abord anthropologique, qui engage une réflexion sur le langage – musique et voix –, sur l’origine du langage, spéculations moins scientifiques que symboliques puisque des réponses apportées à ces interrogations dépend la conception que l’on se fait de l’homme.Prima la parola, et c’est le pôle rationnel, celui, apollinien, de la mesure qui l’emporte. MaisPrima la musica, et c’est l’hybris dionysiaque, furieuse, qui s’impose, balayant tout sur son passage. Et cela avec d’autant plus de facilité qu’elle s’appuie sur l’émotion quand la parole est, elle, du côté de la raison. C’est dire le danger inhérent à un mode de communication qui fait sortir l’homme de lui-même : gros de débordements et, potentiellement, de violence, on comprend dès lors qu’il ait fait l’objet de mécanismes de contrôle que l’on voit ici s’exercer contre les libertins, dans la réaction morale qui marque la fin du règne louisquatorzien ; contre les goguettes où, durant l’Empire autoritaire, on tire le vin nouveau de la révolte ; contre les esclaves, sur les plantations, où les maîtres tentent d’abord d’interdire des rythmes indigènes qui pourraient pousser à la rébellion avant d’en réguler la force pulsionnelle en les instrumentalisant au service de la productivité dans le travail. On comprend que la question de l’harmonie déborde de beaucoup le champ musical. Mais ce qui fait la primauté de la musique, dans cette même perspective anthropologique, c’est aussi l’immédiateté – au sens d’absence de médiation – de sa communication, qui en passe par un processus qui déjoue la formalisation conceptuelle. Ce qui explique que les musiciens, par temps de troubles, auront bien moins à pâtir de la censure que les écrivains.?De quel parti est une symphonie dirait Stendhal. Sauf à intituler son concertoEmpereur… Quitte, il est vrai à le débaptiser.
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Préface Mais cette valse des étiquettes, que pratiquera aussi Berlioz, ne peut cacher que reste… la musique, l’écoute sensible et sensuelle qui a pu accréditer l’idée que la musique réaliserait la communication « pure ». Et ce, au-delà du genre retenu pour l’expression – tragédie attique, chanson de troubadours, ballet, opéra et ses dérivés, chansons des rues, work songs, jazz, et jusqu’aux formes d’expression les plus contemporaines de la culture hip-hop. Au-delà aussi de la maîtrise du savoir académique, et ce n’est assurément pas l’un des moindres mérites de la musique que d’avoir rapproché la mère et la grand-mère de George Sand, le côté de l’oiseleur du Châtelet et celui de Maurice de Saxe. Même, posséder un bagage technique est cause que la musique risque de s’épuiser dans de vaines formules, de rester prisonnière d’un registre savant qui exclue l’émotion et manque le récepteur, et d’autant plus que ces codes supposent un fonctionnement entre soi, savant lui aussi. De là, de Rousseau à Sand, l’apologie de la musique populaire qui, merveilleuse de spontanéité, renoue avec un langage primitif et primordial. Alors, originelle, transcendantale, véritablement la musique est la vie. Et ils le savent bien, ces esclaves arrachés au sol d’Afrique pour cultiver le coton ou le tabac des plantations américaines d’où montent, comme autant de chants d’espoir, desgospelsqui retrouvent les pulsations du terroir natal et libèrent tant les corps que les esprits, auxquels les maîtres, pas dupes de ce que ces morceaux recèlent de résistance, tentent d’imposer silence, avant de se résoudre à encadrer ces expressions pour mieux les contrôler, comme le feront aussi les nazis, à Terezin ou à Görlitz. Tant qu’il y aura la musique, lafin des tempsne sera pas pour demain, malgré Messiaen – qui l’emploie il est vrai au singulier pour mieux jouer des ambiguïtés – et quelque profonde que puisse être la désespérance. Mais populaire, elle l’est aussi autrement, cette musique qui sort des circuits savants, largement élitistes, pour être appropriée directement, y compris par des interprètes non autorisés, qui puisent là à une source de vie. Qui sort des salles, aussi, si importantes dans la spécialisation générique et, partant, dans la diffusion, des œuvres bien sûr, mais aussi des codes et des canons qui décident des voies de la création. C’est l’occasion de revenir ici sur le positionnement respectif de l’Opéra, de l’Opéra-Comique et du Théâtre des Italiens, et de marquer le rôle capital et moins bien connu du
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Monique Clavel-Lévêque Cirque Olympique qui, sans être un salon des refusés, donne audience à des artistes peu reconnus, pas assez bien en cour ou, tout simplement, qui se sont fermé la porte des salles « officielles » par leurs audaces. Reste que la création de cette quatrième salle où jouer de la musique lyrique à Paris est signe, au moment même où un public toujours plus large pousse la chanson, à boire ou engagée, dans les caveaux et les goguettes, ancêtres des cabarets et des caf’ conc’, d’une claire demande pour une musique qui soit à la fois populaire et de qualité. Et accessible, à tous les sens du terme, alors même que la musique, qui déjà a ses virtuoses et ses vedettes, est en passe de devenir une industrie qui aura bientôt son temple, avec le music-hall. Si l’on sait ce que les concerts Pasdeloup ou Colonne ont fait pour la démocratisation de la musique, l’action ambitieuse que Fernand Castelbon de Bauxhostes, mécène éclairé et généreux, a menée à Béziers au e e tournant des XIX et XX siècles ne peut que retenir. Par son ampleur, bien sûr, avec le gigantisme qui a toujours présidé aux représentations qu’il a offertes dans l’écrin des Nouvelles Arènes. Mais plus encore par son esprit, sa démarche ayant toujours été marquée à la fois par une exigence de qualité non négociable, qui l’amène à travailler avec les plus grands et à toujours préférer les créations aux reprises, et par un idéal de justice sociale qui trouve sa traduction dans les prix pratiqués, qui mettent la culture à la portée de toutes les oreilles et de toutes les bourses. Pour avoir les mêmes ambitions, le FestivalPatrimoine en Domitienneet son cycle de conférences musicalesLes voies de la créationont tenu le pari d’offrir à un public qui n’y était pas forcément préparé une programmation exigeante qui a joué, dans la diachronie, sur les rapports féconds entre tradition régionale et mouvement de la pensée universelle. Les participants, d’abord timides, sont venus fidèles et de plus en plus nombreux au fil des quatre ans qu’a duré le cycle, découvrir des œuvres, des conférenciers, des interprètes et des lieux dans une quatrième salle qui s’est trouvée, tour à tour, cour d’un beau domaine viticole, nef d’une église de village ou cave, recyclée et restaurée, à peine ouverte à la visite. La découverte vagabonde de textes et de musiques, sans tabou ni frontière, a été servie par des conférenciers et des musiciens qui ont su se souvenir que l’invention populaire était aux origines de l’art, indissociable de la création.
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Préface Que ce volume puisse recréer des moments de partage inoubliables, par la magie d’un duo reconstitué, Laure Lévêque ayant réuni et revu l’ensemble des textes et des illustrations, donnant sa forme ultime à notre création, Christopher Hainsworth en conservant un écho dans la mémoire harmonique des voix et des instruments. Monique Clavel-Lévêque Présidente du Parc Culturel du Biterrois
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