Musique et philosophie
289 pages
Français

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Musique et philosophie , livre ebook

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Description

Qu'est ce qui fonde les relations entre philosophie et musique? Qu'est-ce qui légitime leur proximité et leur désaccord? Peut-on parler d'une esthétique musicale en vigueur dans l'histoire de la philosophie antique, classique, moderne et contemporaine? Ce recueil a pour vocation d'interroger les modalités de réflexions et de représentations de ces deux disciplines unies depuis l'Antiquité par ce que l'on pourrait appeler une intimité résonnante et absolument singulière.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2005
Nombre de lectures 370
EAN13 9782336271026
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Orfeo
Recueil d’esthétique et de philosophie de l’art
Direction Danielle Cohen-Levinas
Secrétariat de rédaction Mireille Zanuttini-Tansman
Publié avec le concours du Centre de Recherche en Esthétiques et Théories Musicales (CRETM - Paris IV Sorbonne) Avec la contribution de l’Ensemble Itinéraire
Contacts : cretm@paris4.sorbonne.fr mireille.zanuttini@wanadoo.fr
Les manuscrits qui nous sont envoyés ne sont pas retournés © Chaque auteur pour sa contribution © Orfeo pour l’ensemble
Musique et philosophie

Danielle Cohen-Lévinas
© L’Harmattan, 2005
9782747582483
EAN : 9782747582483
Sommaire
Orfeo Page de titre Page de Copyright Envoi Les dialogues du temps et de l’écoute Y a-t-il une description de l’expérience musicale vierge de tout savoir préalable ? Augustin et le schématisme de l’akoumène Sur le statut scientifique de la théorie musicale au siècle des Lumières Les icônes de l’écoute D’après une lecture de Platon et de Hegel Le chant du rossignol: une fable esthétique de la confiance Le rossignol et la diva L’art vocal entre expression et cantabile de Charles Perrault à Hegel Post -scriptum à quelques Miettes philosophiques de Kierkegaard sur Mozart L’essai comme méthode philosophique d’interprétation des œuvres d’art Le statut de la musique dans l’ Esthétique du sentiment pur de Hermann Cohen Comment lire, en musicien, un livre de philosophie portant sur la musique ? (À propos de l’énonciation philosophique dans le livre de Bernard Sève : L’altération musicale ) Quelques considérations sur l’incantation chez Platon Les auteurs Philosophie à l’Harmattan
Envoi Les dialogues du temps et de l’écoute 1
Danielle Cohen-Levinas

Hegel le pensait déjà. Il pensait la musique à partir d’une catégorie à la fois théorique et sensible : l’ouïe.
L’ouïe, catégorie plus idéelle que la vue, serait le paradigme même du sens théorique. Or, si l’on interroge la question de la theoria , nous nous plaçons d’emblée sur un autre terrain auquel les philosophes sont plus accoutumés : celui de la vue, de la contemplation. Paradoxe de cette relation ambivalente entre l’ouïe dénuée de sens pratique, investie d’une vocation idéellement théorique, et la supposée véritable signification dont est affectée la dimension philosophique et esthétique du mot theoria. Ce paradoxe mérite qu’on s’y attarde, et je placerai volontiers l’argumentation autour de Musique et philosophie en l’arrimant à ce lien, à cet intervalle fécond qui sépare le ouïr et la theoria.
Qu’est-ce qui fonde les relations entre philosophie et musique ? Qu’est-ce qui légitime leur proximité et leur désaccord ? Peut-on parler d’une esthétique musicale en vigueur dans l’histoire de la philosophie antique, classique, moderne et contemporaine ? Je reprendrai les propos de Hegel : « À vrai dire, le terme esthétique n’est pas tout à fait celui qui convient » 2 . Le philosophe semble souligner l’équivoque dont est chargée la réflexion esthétique. Déjà en matière de theoria, autrement dit, tout ce qui concerne les arts ou la vue, on ne peut oublier qu’historiquement, et de façon quasi continue, la confusion demeure entre l’objet (ce que désigne l’esthétique) et les concepts auxquels il fait référence. Hegel a parfaitement senti la difficulté à exposer une discipline qui à tout moment risque d’osciller entre une philosophie du goût et une philosophie de l’art, au lieu même où il tentait d’imposer la discipline comme, précisément, une philosophie de l’art, peut-être même au détriment de la philosophie du goût.
Dans le domaine musical, la question de l’esthétique s’avère encore plus aiguë et névralgique. L’horizon de l’ouïe n’ouvre pas sur le monde sensible, sur des objets dont on peut dire qu’ils persistent dans leur représentation matérielle, comme c’est le cas pour la vue. C’est là que le paradoxe entre l’ouïe et la theoria nourrit une tension spéculative fondamentale. L’ouïe serait comme une première idéalité, sans horizon sensible, sans objet, ce que Hegel appelle l’intériorité, la subjectivité abstraite, la seule susceptible de se laisser exprimer par les sons. L’absence d’objectivation dans un objet sensible constitue pour nous sa souveraineté singulière, sans précédent, et par-là même, exerce une forme de fascination-interrogation dans le champ de la philosophie.
La musique représente par conséquent pour la philosophie un défi. Le problème philosophique de la musique, ou à l’inverse, le problème musical de la philosophie, c’est de maintenir en éveil les spécificités de l’une et de l’autre ; d’envisager le passage de l’une à l’autre ou de l’une dans l’autre comme événement producteur d’idées, de concepts, d’objets — ce que j’appelle les icônes de l’écoute. À la question, qu’est-ce que les philosophes pensent de la musique ? il serait opportun d’ajouter, comme une résonance indissociable, qu’est-ce que les philosophes écoutent de la musique ? Le phénomène d’intellection n’est pas arbitraire. Il existe véritablement une expérience philosophique dévolue au musical, en devenir dans la musique. Et dans une sorte de mouvement de réciprocité, il existe une expérience musicale dévolue à la philosophie. Deux manières de devenir qui n’altèrent en rien les articulations multiples entre le concept et l’objet musical, entre le penser et le ouïr.
Ce recueil n’a pas pour vocation de recenser ou d’examiner cliniquement les manières dont se constituent ces devenirs respectifs, mais plutôt d’interroger les modalités de représentation et de phénomènes qui en résultent ou qui les précèdent. Dans le territoire à la fois prolixe et complexe que représente la musique, la philosophie permettrait d’envisager la musique comme un moment privilégié d’une connaissance qui recèle ses propres savoirs. Dans ce mouvement qui conduit l’écoute jusqu’à l’objet, la musique engendrerait des systèmes d’énoncés absolument singuliers. Elle engendrerait également des méthodes de recherche pour la connaissance philosophique de l’objet musical. De même que chez les Grecs, ce n’est ni la gamme ni le mode qui font la musique, dans la question de l’écoute, ce n’est pas toujours l’objet qui fait l’événement sonore, ou qui fait l’événement esthétique. Les devenirs respectifs sont de l’ordre du mouvement. C’est l’intervalle séparant le ouïr de l’œuvre, ou rapprochant la pensée de ce ouïr qui exprime la prolixité des rapports entre philosophie et musique ; la prolixité de l’écoute et de la theoria. De même que pour Hegel la musique est bien « l’art dont l’âme se sert pour agir sur les âmes », il existe une intimité résonante qui unit la philosophie et la musique. Cette intimité requiert des savoirs, des pratiques qui tirent leur origine dans la constitution d’une pensée musicale ou d’une pensée du musical que l’on peut identifier à un système philosophique.
Qu’il soit question des théories musicales en vigueur au XVIII e siècle telles qu’elles sont interprétées par André Charrak, de l’analogie entre le modèle naturel et ses implications esthétiques et éthiques (Danièle Cohn, Jacques Darriulat), des fondements phénoménologiques préludant à tout percept et concept (Dominique Pradelle), des fascinations exclusives que certaines œuvres musicales suscitent chez un philosophe tel que Kierkegaard (Marie-Louise Mallet), de la manière dont la tradition latine a abordé la question de l’ akoumen (Alessandro Arbo), des tentatives adorniennes de renverser les occurrences et de considérer que l’esthétique puise ses outils dans la connaissance des œuvres, ou encore d’interroger le statut de la musique chez un philosophe pour qui cet art est un paradigme de l’esthétique du sentiment (Marc de Launay), il s’agit bien d’un dialogue sous-jacent entre musique et philosophie, comme autant d’événements soumis à l’épreuve de l’intellection des deux.
Y a-t-il une description de l’expérience musicale vierge de tout savoir préalable ?
Dominique Pradelle

Notre objet est de comprendre ce qui car

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