De la singularité
308 pages
Français

De la singularité , livre ebook

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308 pages
Français

Description

Leibniz remarquait qu'on ne pouvait trouver deux feuilles d'arbre identiques, car "il faut que chaque Monade soit différente de chaque autre". Que cette singularité tienne à une puissance interne propre à chaque unité de vie, que cette puissance soit celle du désir, et que ce désir soit celui de la différence optimale (et non de la simple conservation), voilà le fruit de la présente interrogation. Une ontologie de la "relation" ne saurait donc suffire : le vivant n'est pas simplement un système de corrélations car il faut placer en son centre ce par quoi la relation devient créatrice, inventive dans le sens du "plus actif" et du "toujours singulier", cela même qu'aucune science de la matière ne saurait arraisonner.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 185
EAN13 9782296248625
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

A Monique Dixsaut, qui guida mes premiers pas en philosophie.
« …je trouve que l’inquiétude est essentielle à la félicité des créatures, laquelle ne consiste jamais dans une parfaite possession, qui les rendrait insensibles et comme stupides, mais dans un progrès continuel et non interrompu à des plus grands biens, qui ne peut manquer d’être accompagné d’un désir ou du moins d’une inquiétude continuelle ». Leibniz,Nouveaux essais sur l’entendement humain,II, XXI, §36.
« Exister c’est différer » Tarde,Monadologie et sociologie, VI, p.72.
« Singularité et hétérogénéité radicale, au sein d’un univers d’étants soumis de manière homogène à l’échange, voilà ce qui caractérise l’ipséité de l’organisme. Une identité qui se fait d’instant en instant, qui se réaffirme constamment et se conquiert sur les forces égalisatrices de la mêmeté physique tout autour d’elle, se trouve dans une tension essentielle avec le tout des choses ». H. Jonas,Evolution et liberté, p.43.
« La vie est volonté de puissance et l’instinct de conservation n’en est qu’une desconséquencesindirectes les plus fréquentes » Nietzsche,Par delà le bien et le mal, 13.
Préambule
Que deux philosophes ne puissent pas « se comprendre » mais que chacun puisse seulement trouver en l’autre les points d’écho de sa singularité, c’est peut-être là l’essence même de la philosophie, le seul événement de son histoire, et ce en quoi elle est « exemplaire ».
Parlant des approches scientifiques de la distinction du vivant et de l’inerte, Evelynje pense que si ces: « Fox Keller nous dit ceci tentatives d’explication de la vie sont si controversées, c’est qu’elles sont loin d’aboutir à une théorie générale du vivant. Peut-être n’en aurons-nous jamais une. Je pense que la complexité des organismes vivants et de leur développement est trop élevée pour se ramener à des notions de physique ou de chimie élémentaires. Il y a une spécificité du développement qui nous échappe encore en grande partie. Nous pouvons faire bon usage de la physique et des mathématiques, comme dans la simulation, mais cela ne donnera pas une théorie unifiée de la vie. Par ailleurs nous pouvons parfaitement faire des progrès en biologie sans disposer d’une théorie générale de la vie.Et je nevois pas ce qu’ilya de grave là-dedans, car les bénéfices de la recherche peuvent être ailleurs. » Nous partageons ce point devue en cela que la science n’a pas besoin de saisir l’essence de son objet pour remplir son rôle de science, qui finalement peut se résumer comme un combatvictorieuxcontre la souffrance et la misère humaines : il lui suffit d’en déchiffrer les phénomènes de telle manière qu’elles puissent les transformer ou les infléchir comme il convient pour ce combat. Nous pensons qu’une « théorie unifiée de lavest néanmoins désirable dans la mesureie » même oùtout ce qui permet d’établir quelques fondements pour notre compréhension (fussent-ils non opérationnels dans l’explication directe et précise des phénomènes) contribue justement au renforcement de notre puissancevitale, lequel est l’objet suprême de notredésir. Il serait donc une erreur de suivre les biologistes lorsque, désespérant de jamais parvenir à une tellevision, ils finissent par se consoler en affirmant (par une sorte de dogmatisme du sceptique) qu’il n’ya pas d’essence de la vie. MmeFox Keller succombe elle-même à la tentation en disant que « les difficultés des scientifiques à se comprendre proviennent peut-être
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du fait qu’en réalité, il n’y a pas d’essence du vivant ». L’explication en est, nous semble-t-il, toute autre, à savoir que la science en ses multiples disciplines ne convient pas à cet exercice de compréhension de l’essence du vivant. Il est curieux que les scientifiques prétendent affirmer leur hégémonie dans cette recherche en s’arrogeant l’exclusivité de la compétence au sujet du vivanttout comme ils la possèdent pour la matière en physique et en chimie. C’est sans doute parce qu’ils ne tiennent nullement à reconnaître une véritable distinction (d’essence ou de puissance) entre matière et vivant mais seulement une différence confuse et incertaine de « degré ».A partir de là, toute autre démarche cognitive que celle de la biologie ou de la physique ou de la chimie, comme par exemple celle de la philosophie, sera déclarée nulle et non avenue, soit explicitement, soit tacitement. Mais pourquoi donc serait-il étrange que l’on puisse « chercher l’essence même de lavie, alors même que nous sommes incapables de définir les contours du phénomène », comme s’en étonne Mme? La délimitation des phénomènesFox Keller est une progression sans fin dans l’epistemedianoétique nommée « biologie » ou « biochimie » : elle n’exclut nullement que l’on puisse s’interroger dans une toute autre « aventure de l’esprit » sur l’archede ce qui se manifeste ainsi de façon multiple et terriblement diverse. C’est même cette délimitation très imparfaite du phénomène qui pourrait bien nous ouvrir une piste vers la compréhension de cetarche. Quoi qu’il en soit, nous pensons que, si cet effort de compréhension ne doit jamais faire l’économie d’une écoute appliquée (à la mesure des moyens intellectuels de ceux qui l’entreprennent) des explications scientifiques, il doit aller bien au-delà de ces explications, là où la science ne nous est plus et ne nous sera jamais d’aucun secours.Ainsi, tout en restant très attentif auxmanifestations et modalités duvivant, à ses structures et processus, nous devons cependant nous efforcer d’en éclaircir le principe dynamique, sa logique et ses finalités.
En poursuivant cet effort, il se pourrait que, finalement, notre écrit ait unevertu essentiellement protreptique, autrement dit que ce soit là un appel à se tourner (pro –trepein)vers le haut. Au-delà de l’illusion de pouvcomposition (oir réussir une « musike) parfaite » de sens, il incombe sans doute au philosophe de proposer une « expérience de pensée », qui peut même être une « expérience av». C’estec la pensée dans notre circonspection (skepsisperspecti) à l’égard de la « ve
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