John Stuart Mill (volume second)
242 pages
Français

John Stuart Mill (volume second) , livre ebook

-

242 pages
Français

Description

A la fois théorique et pratique, la philosophie de John Stuart Mill concerne ce qui est objet de la science qui permettra la connaissance de ses lois. Dans son aspect pratique, elle se préoccupe de "ce qui doit être", c'est-à-dire l'ensemble des préceptes qui règlent la morale, la politique et l'esthétique, qui composent ce que Mill appelle l'Art.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 68
EAN13 9782296235465
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Introduction :

La philosophie de Mill est à la fois théorique et pratique. Mais
si nous avons préféré distinguer la philosophie théorique de la
philosophie pratique c’est en raison de la distinction faite par Mill
entre leurs fondements respectifs qui sont laphilosophia primade la
(1)
science et laphilosophia prima. Le premierde l’art ou de la pratique
fondement concerne la philosophie théorique, celle qui se préoccupe
de la science, de ses principes, de ses méthodes, elle est synonyme
d’épistémologie. Le second concerne la philosophie pratique qui
s’occupe de la morale, de la politique et de l’art. Mais cette réponse
millienne relative à la question des fondements est insuffisante.
D’abord, Mill ne spécifie pas la nature de laphilosophia primade la
science. Ensuite, il résume laphilosophia primade l’art en le principe
d’utilité mais nous savons qu’il ne s’agit pas de la même acception du
principe d’utilité que celle défendue parBentham car il l’a déjà
critiquée et il s’est séparé de lui à propos du fondement même du
principe d’utilité.Enfin, demeure la question de l’unité de la
philosophie de Mill qui ne peut se réaliser qu’une fois admise l’unité
des deuxphilosophiae primaeà partir de fondements qui demeurent
tacites et qu’il s’agit d’exprimer à partir du projet millien de la
philosophie de l’expérience qui se fonde sur une logique de
l’expérience et sur l’ontologie lui correspondant.
Dans cette partie, nous présentons une vue générale de la
philosophie de l’expérience que Mill projette de fonder et qui est le
substitut d’une philosophie de l’intuition, une réforme de l’utilitarisme
et une mise à distance de l’empirisme idéaliste de Locke, de
l’empirisme nominaliste de Hobbes, et de l’empirisme psychologiste
de Hume.Cette philosophie de l’expérience répond à la fois à un
besoin théorique: la garantie de l’unité et de la cohérence de la
connaissance et de l’action et un besoin pratique qui consiste à
réformer notre vision du monde et de la société en vue de l’action.

(1)
Mill,Système de logique, livre VI, chap. XII, p. 558.

7

Cetteunité à partir des fondements n’estque pragmatique chezMill,
puisqu’il ne la présente pas de manière explicite, claire etdistincte.
C’estpour cette raison que nous l’avons cherchée dans sa logique et
dans son ontologie qui en constituentles fondements inséparables ou
pratiquementindiscernables. Ces fondements onto-logiques sontà
l’œuvre dans l’épistémologie millienne, dans sa morale, sa politique et
son esthétique. Ce constatnous a amenée à les montrertels qu’ils se
manifestentdans letraitementmillien des fondements des
mathématiques, des sciences de la nature, des sciences morales, de la
morale, de la politique etde l’esthétique. Notre croyance en
l’existence de fondements onto-logiques de la philosophie millienne,
qui en constituentl’unité etla cohérence etqui peuventêtre inférés à
partir de l’acte millien fondateur dans chaque science etdans chaque
branche de l’art, explique à la fois l’unité des fondements etla
multiplicité des chapitres de cette partie. Dans chaque chapitre nous
repèrerons les fondements onto-logiques que Mill admetsans les
exposer etsans les analyser. Il pourraitsembler que l’unité des
fondements onto-logiques exige l’unité d’une seule logique, celle de
l’expérience. Mais nous savons que Mill distingue la logique de la
science de celle de l’artà laquelle il réserve le chapitre XII dulivre VI
duSystème de logique. Cette distinction ne remetpas en question
l’unité de la logique etsonuniversalité entantque logique inductive
comme le signale Mill dans le premier chapitre dulivre VI dontfait
partie la logique de l’art: « En résumé,toutce qu’un ouvrage comme
celui-ci peutfaire pour la logique des sciences morales l’a été, oua dû
l’être, dans les cinq livres précédents. Le présentlivre ne peutdonc
être qu’une sorte de supplémentoud’appendice, puisque les méthodes
d’investigation applicables auxsciences morales etsociales doivent
avoir été déjà décrites, si j’ai réussi à énumérer età caractériser celles
(2)
de la science en général ».
L’induction demeure le fondementaussi bien de la science que
de l’artet toute distinction entre les deux, relève d’une différence des
méthodes les plus adaptées àun domaine ouà l’autre etqui dépendent
principiellementde cette logique inductive oucelle de l’expérience et

(2)
Mill,Système de logique, livre, chap. I, p. 41.

8

de l’ontologie qui en constitue l’autre face. Ces méthodes demeurent
identiques malgré leur apparition multiple àtravers les différentes
parties de la science etde l’art.
Pour des raisons de méthode, nous avons choisi certaines
sciences qui nous semblentles plus représentatives de la philosophie
théorique de Mill. Il s’agitdes mathématiques, de la physique etde
l’économie politique dontles fondements onto-logiques sont traités
dans lestrois premiers chapitres de cette partie. Par contre, nous avons
gardé lestrois constituants de l’art(morale, politique etesthétique)
que Mill aunifié dans ce qu’lil nomme «’Artde lavie » maisdont
nous étudions les fondements àtravers ceuxde la morale dans le
chapitre IV, de la politique dans le chapitre V etde l’esthétique dans
le chapitre VI.
La recherche des fondements ne nous permetpasuniquement
de saisir la cohérence de la philosophie millienne mais de découvrir la
place singulière qu’elle occupe dans l’histoire de la philosophie car
elle a substitué à la critique de la raison humaineune critique de la
logique etde l’ontologie lui correspondantce qui permetde fonder
non pasun système dumonde ou un système des connaissances mais
un système de logique qui pose les jalons de la philosophie analytique
etdupositivisme logique qui lui succéderont.

9

Chapitre I

Les fondements onto-logiques des mathématiques

Première section :
Le problème des fondements des mathématiques chezMill

La position millienne relative auxmathématiques n’a pas laissé
indifférents ceuxqui ontparticipé audébatsoulevé autour de leurs
fondements. Ce débatqui a commencé auXIXe siècle etqui s’est
prolongé auXXe siècle futanimé par Frege, Russell, Ayer, Carnap et
(1)
Quine .Mill estconsidéré commeune figure importante dudébat
autour des fondements des mathématiques en essayant, à partir de la
logique de l’expérience, d’éliminer l’a priorietl’analycité du
domaine de la géométrie aussi bien que de celui de l’arithmétique qui
ne reposentpas sur des fondements nécessaires eta priori.
Cette position de Mill contre le caractèrea priorietanalytique
des mathématiques etbien que prolongée par Quine, luivalutle plus
de critiques aussi bien de la partdes commentateurstels que Leslie
Stephen, Jackson, etAnschutz, que de celle des philosophes parmi
lesquels figurentessentiellementFrege, etAyer. Ayer résume le point
devue de Mill comme suit: « Lathèse que lesvérités de logique etde
mathématiques ne sontpas nécessaires ni certaines a été adoptée par
(2)
Mill ». Il récuse cettethèse millienne en cestermes :« Jene pense
pas que cette solution de la difficulté de l’empirisme auregard des
(3)
propositions de la logique etdes mathématiques, soitaccept.able »
La position de Ayer estcompréhensible en raison des divergences
doctrinales importantes entre les deuxphilosophes. Ayer n’estime pas

(1)
Frege etRussell ontporté leur intérêtsur la formalisation des mathématiques alors
que Carnap etAyer ontessayé de formalisertoutlangageycompris celui des
mathématiques etde la métaphysique.
(2)
Ayer, A.J.,Langage, vérité et logique,trad. d'Ohana, Paris, Flammarion, 1956,
p. 100.
(3)
Ayer, A. J.,Langage, vérité et logique, p. 101.

1

1

les mathématiques commeune science car elles ne sontpour lui
qu’une suite detautologies alors que pour Mill il n’ya aucune
distinction entre les mathématiques etles sciences de la nature
puisqu’elles ont toutes les mêmes fondements etqu’elles adoptentles
mêmes méthodes.
Une autre différence réside dans le faitque, se réclamantdu
positivisme logique, Ayer accordeun rôle capital à l’usage de la
logique formelle alors que Mill ne la considère que commeune
application de la logique de l’expérience. Toutes ces divergences
convergentenune différence essentielle, celle relative à la nature des
vérités math

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