L aberration philosophique
57 pages
Français

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L'aberration philosophique , livre ebook

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Description

La philosophie contemporaine a complètement perdu le sens de la réalité scientifique. L'idéalisme transcendantal tel qu'il a été conçu par Kant pour donner un fondement à la science constitue une aberration intellectuelle stupéfiante qu'il importe de disqualifier pour rendre à la philosophie cartésienne la place qu'elle mérite.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2007
Nombre de lectures 247
EAN13 9782336268170
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'aberration philosophique
L'illusion tragique du kantisme

Jean-René Vernes
Du même auteur
PHILOSOPHIE
Critique de la raison aléatoire, ou Descartes contre Kant, Aubier, 1982. L’existence du monde extérieur et l’erreur du rationalisme, Les presses de l’université Laval, 1999.
Le principe de Pascal-Hume et le fondement des sciences physiques, L’Harmattan, 2005.
JEUX
Bridge moderne de la défense, Emile Paul, 1966.
« Jeux de compétition », in Jeux et sports, Encyclopédie de la Pléiade, Gallimard, 1967.
L’évaluation des mains au bridge, en collaboration avec Bernard Charles, Le Bridgeur, 1995.
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296045903
EAN : 9782296045903
Sommaire
Page de titre Du même auteur Page de Copyright INTRODUCTION I - LE POSSIBLE ET LE NECESSAIRE II - LE DEPASSEMENT DU COGITO III - LA REVOLUTION KANTIENNE IV - L’ILLUSION CONTEMPORAINE V - L’EMPIRISME MODERNE CONCLUSION
INTRODUCTION
La philosophie moderne de la connaissance est tout entière sous-tendue par trois réflexions fondamentales, formulées respectivement au 17 e et au 18 e siècle, la réflexion cartésienne qui établit le primat du Cogito, la critique humienne de l’idée de cause montrant que nous n’avons pas de connaissance a priori de la causalité et la critique par Kant de l’argument ontologique, qui permettait de justifier l’existence de la matière par la notion d’un Dieu parfait.
Ces trois propositions sont si claires qu’elles se sont imposées à l’ensemble des penseurs modernes. Mais elles soulèvent un problème qui s’est, lui aussi, universellement imposé : est-il encore possible d’élaborer une métaphysique rigoureuse, susceptible de convaincre tous les esprits raisonnables et de servir de fondement à la science physique ?
Depuis la fin du 18 e siècle les ouvrages philosophiques ont considérablement changé. Tandis que Descartes espérait construire une doctrine unique qui ferait l’unanimité des penseurs et servirait de fondement à la science, on a vu les convictions des philosophes exploser en une multiplicité de doctrines et de conceptions différentes. Et derrière cette multiplicité s’est creusé un hiatus profond entre la vision scientifique et la vision philosophique du monde, ressenti aussi bien par les philosophes que par les savants.
Simultanément les grands philosophes ont eux-mêmes changé de statut. Alors que pendant des siècles ils ont été presque toujours étrangers à l’enseignement philosophique et qu’ils ont quelquefois été de grands savants, comme Pythagore, Descartes ou Leibniz, les philosophes les plus célèbres du 19 e et du 20 e siècle furent le plus souvent professeurs de philosophie. Quant aux ouvrages de philosophie ils ont eux-mêmes changé d’objet. Ils sont devenus de plus en plus souvent des ouvrages d’histoire de la philosophie.
Sans doute un tel changement est-il facile à comprendre et à justifier. Puisque jusqu’à ce jour les philosophes n’ont pas réussi à s’accorder sur une doctrine commune, comme l’ont fait les savants sur un grand nombre de propositions scientifiques, comment mieux faire que d’enseigner les diverses doctrines qui semblent les plus dignes d’intérêt ? L’enseignement de la philosophie a pris naturellement la forme d’un enseignement de son histoire.
Si un tel enseignement a l’immense mérite de former les esprits à une nécessaire modestie, on ne saurait ignorer qu’il présente en même temps un grave danger : le risque de bloquer la recherche et la découverte de voies nouvelles. Car il n’est pas écrit d’avance qu’il soit impossible, au moins à propos de quelques problèmes privilégiés, d’énoncer des propositions universellement valables. C’est ce que croyaient des penseurs comme Descartes et Kant. On ne saurait prétendre que ce soit absurde.
Or, on ne saurait douter qu’en approfondissant de plus en plus l’étude des doctrines passées, on marque profondément les esprits. De telle sorte qu’il est de plus en plus difficile de s’affranchir des convictions acquises et, si quelque erreur ou quelque insuffisance s’est glissée en elles, de surmonter l’obstacle des idées reçues. Le respect qu’inspirent naturellement les œuvres des grands auteurs et que l’enseignement tend à augmenter encore agit selon le même processus que l’éducation religieuse. Il discrédite a priori la critique, considérée comme une marque de prétention et d’irrespect. Ce caractère psychologique explique pourquoi l’anti-dogmatisme devient lui-même un dogmatisme. Partagée par une majorité des penseurs, la conviction que les philosophies dogmatiques sont définitivement dépassées devient elle-même un dogme de la pensée contemporaine. Lorsqu’on parvient à la maîtrise d’une discipline aussi complexe qu’est la philosophie moderne, comment remettre en question ce que l’on vous a enseigné pendant des années ?
La philosophie ploie sous le nombre et la longueur des œuvres. Il serait infiniment souhaitable de s’en affranchir, en se rappelant qu’elle progresse par une démarche inverse de la démarche scientifique. Tandis que le progrès des sciences expérimentales repose sur des observations de plus en plus fines, les progrès majeurs en philosophie résultent d’une remise en question des principes de base. Ainsi en est-il notamment de la révolution cartésienne ou de la critique humienne de l’idée de cause.
On peut donc craindre que la démarche qui consiste à pousser la réflexion dans ses moindres replis et qui se révèle si efficace en histoire de la philosophie, concorde mal avec la vision synthétique qu’exige la remise en cause des principes. Si une révolution philosophique est encore possible, elle ne peut résulter que de la mise en évidence des points essentiels où la pensée collective a été victime de sa propre tradition.
Or c’est précisément ce que nous semble suggérer la métaphysique contemporaine, déchirée entre une tradition idéaliste et rationaliste, d’inspiration kantienne et une tradition réaliste et empiriste, assez proche de Hume. La synthèse entre ces deux courants ne s’est pas faite, alors qu’elle était nécessaire et qu’elle a été très proche de se faire à la fin du 18 e siècle. Et par suite de cette occasion manquée, un fossé de plus en plus profond s’est creusé, des œuvres de plus en plus nombreuses ont été écrites, qui rendent la synthèse de plus en plus difficile à réaliser.
Il faut, à l’opposé de la pratique contemporaine, oublier délibérément toutes les œuvres ultérieures, pour revenir à ce moment privilégié de l’histoire philosophique, au cœur du 18 e siècle, où, à défaut d’être résolu, le problème métaphysique a été clairement posé. Le problème était ce qu’il est encore et ce qu’il a toujours été : comment fonder par une démonstration rigoureuse notre connaissance du monde, comment fonder la science ?
En montrant que, pour être rigoureuse, la pensée doit impérativement progresser du connu vers l’inconnu, Descartes a défini une méthode qui tout au moins sur un plan théorique s’est imposée à la métaphysique. Et, en nous faisant remarquer que notre première connaissance est celle que nous avons de notre pensée, il a désigné, avec le Cogito, le point de départ obligé de toute métaphysique rigoureuse.
On peut craindre malheureusement que ce soit là la seule démarche positive qui soit clairement assurée. La critique humienne de la causalité comme la critique kantienne de la preuve ontologique, quelle que puisse être leur valeur, sont des démarches négatives ; loin de nous faire accomplir une nouvelle étape dans la connaissance métaphysique, elles nous interdisent d’emprunter la voie condamnée.
Dès lors la réflexion métaphysique s’est trouvée prise au piège. Une partie des philosophes modernes en ont conclu que nous étions enfermés dans notre propre pensée comme un prisonnier dans sa prison, tandis qu’une autre partie se désintéressaient du problème, comme s’il était déjà résolu. Et pendant ce temps la science progressait, nous proposant une vision du monde de plus en plus précise, même si elle reste encore fort confuse au regard de ce que nous avions l’audace d’espérer. Tandis que Descartes se proposait

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