L humour et la philosophie
201 pages
Français

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L'humour et la philosophie , livre ebook

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Français

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Description

A travers une présentation par chapitres de divers penseurs ayant étudié ou pratiqué l'humour, l'auteur éclaire le côté humoristique de la pensée philosophique occidentale. Il explique en quoi une plaisanterie peut avantageusement remplacer un syllogisme, et un mot d'esprit traduire toute une philosophie, l'humour étant, comme la philosophie, une discipline intellectuelle visant à découvrir et révéler la vérité, mais aussi les erreurs et les illusions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 318
EAN13 9782296714045
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’humour et la philosophie
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet,
Dominique Chateau et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Dernières parutions

Philippe RIVIALE, Heidegger, l’être en son impropriété, 2010.
Sylvain PORTIER, Fichte, philosophe du « Non-Moi », 2010.
Camilla BEVILACQUA, L’espace intermédiaire ou le rêve cinématographique , 2010.
Djibril SAMB, Le Vocabulaire des philosophes africains, 2010.
Xavier ZUBIRI, Traité de la réalité, 2010.
Marly BULCÃO, Promenade Brésilienne dans la poétique de Gaston Bachelard, 2010.
Martin MOSCHELL, Divertissement et consolation Essai sur la société des spectateurs , 2010.
Sylvain TOUSSEUL, Les principes de la pensée. La philosophie immanentale , 2010.
Raphaëlle BEAUDIN-FONTAINHA, L’éthique de Kropotkine, 2010.
Arnaud TRIPET, L’éveil et le passage. Variations sur la conscience , 2010.
Stanislas R. BALEKE, Ethique, espérance et subjectivité, 2010.
Faten KAROUI-BOUCHOUCHA, Spinoza et la question de la puissance , 2010.
Arnaud ROSSET, Les Théories de l’Histoire face à la mondialisation , 2010.
Jules Bourque


L’humour et la philosophie

De Socrate à Jean-Baptiste Botul


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13602-1
EAN : 9782296136021

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Présentation de l’ouvrage

L’humour et la philosophie étudie la place de l’humour dans l’histoire de la philosophie, de Socrate à aujourd’hui. À travers une présentation par chapitre de différents penseurs ayant étudié ou pratiqué l’humour, l’auteur éclaire le côté humoristique de la pensée philosophique occidentale. Il en profite par le fait même pour combattre certains préjugés entourant la philosophie, en démontrant qu’il n’existe pas d’antinomie ou d’inimitié irréductible entre les domaines du philosophique et de l’humoristique, ces domaines pouvant très bien se rejoindre dans une relation souvent étonnante. L’auteur relate ainsi plusieurs plaisanteries de philosophe illustrant chez eux un usage privilégié et parfois extensif de la parole comique ou humoristique. Enfin, cette étude explique en quoi une plaisanterie peut avantageusement remplacer un syllogisme, et un mot d’esprit traduire toute une philosophie, l’humour étant comme la philosophie une discipline intellectuelle visant à éclairer ou révéler la vérité, mais aussi les erreurs et les illusions.
« La plus perdue de toutes les journées
est celle où l’on n’a pas ri. »

Nicolas Chamfort
Introduction générale
Quand l’humour se mêle à la pensée critique, scientifique ou spéculative, l’esprit reste toujours plus ou moins stupéfait. Nous sommes habitués à davantage de sérieux, surtout en matière de discours analytique ou spéculatif. C’est pourquoi les philosophes comiques ont toujours détonné et étonné. C’est aussi pourquoi nous apprécions tant les comédies marquées par la parole philosophique et l’humour faisant une large place à la réflexion, à la sagesse, à la théorie. Le meilleur humour provoque d’ailleurs la réflexion, le doute, la critique ou l’introspection. Il est lui-même, habituellement, et comme la philosophie, le produit de longues heures d’études, d’observation et de spéculation, d’où vient que cette rencontre entre l’humour et la philosophie – dans la gaieté ou la mélancolie – est chez l’homme un signe de maturité et de lucidité.
On comprendra dès lors pourquoi les Athéniens chérissaient tant leur Diogène : ce chien philosophe leur offrait du spectacle, du divertissement, du plaisir, en même temps que matière à réflexion. Ce penseur mordant et mal léché allégeait aussi l’existence de ses concitoyens. Ses interventions répétées, véritables fêtes de la raison ou du sens commun, étaient donc des évènements courus. On allait alors vers lui comme on allait en Grèce vers tous ces philosophes excentriques qui savaient se faire comprendre de tous tout en fascinant leur auditoire. Ainsi, à travers Diogène de Sinope et ses semblables, la philosophie projeta un jour l’image d’une science aussi incisive qu’imprévisible et audacieuse, celle d’une sagesse variable et insolite, tantôt drôle, tantôt sévère, mais se promenant toujours librement. Grâce à lui et à d’autres comme Socrate ou Aristippe, la philosophie réussit un de ses plus grands exploits en devenant festive et spectaculaire, et accessible au plus grand nombre. Elle se mit à amuser hommes, femmes et enfants dans les banquets, les jardins ou les places publiques. Les débats et les dialogues devinrent des joutes souvent enjouées.
Un jour les penseurs commencèrent à aimer provoquer le rire, en faisant rire d’eux-mêmes assez souvent, mais aussi en se moquant savamment des autres, des ignorants, des fats, des corrompus, des charlatans. La moquerie devint l’arme préférée de nombreux philosophes. Un exemple parmi tant d’autres :
« Je le laisse pour me diriger vers un devin qui était assis bien en vue, avec une couronne plus grande que celle d’Apollon, l’inventeur de la divination. Arrivé près de lui, je l’interrogeai : « Es-tu un excellent ou un mauvais devin ? » Il me répondit qu’il était excellent; alors levant mon bâton : que vais-je donc faire ? Réponds : te frapper ou non ? – Non », dit-il après un temps de réflexion. Là-dessus, je le frappe en riant aux éclats, et les spectateurs se mettent à hurler ». {1}
La belle époque ! Mais depuis longtemps révolue. Car cette manière exubérante et audacieuse de philosopher, dans la rue et devant n’importe qui, s’est perdue. Et même si la pensée s’exerce maintenant un peu partout, plus personne n’ose l’attendre sur les trottoirs ou dans les grandes places, d’où vient que la philosophie semble aujourd’hui destinée aux seuls gens qui savent lire et écrire, et qui ont un assez bon vocabulaire pour comprendre certains mots comme épistémè, ubiquité, ontogénétique ou solipsisme, ou encore à ceux qui sont assez privilégiés et doués pour facilement comprendre Heidegger, sa phraséologie, ses néologismes et sa cabbale. Ce qui commence à exclure bien du monde, alors que les penseurs socratiques ou cyniques s’adressaient à toute personne sans exception, et de manière à se faire même comprendre des illettrés et des analphabètes. Diogène pouvait d’ailleurs pratiquer la philosophie sans même parler, en se contentant de gesticuler. Preuve que la philosophie était alors d’une simplicité et d’une originalité qu’elle n’a depuis jamais retrouvées.
Certains pourront croire que ces pages visent à rajeunir et embellir la philosophie, ou encore à élever l’humour jusqu’au royaume des plus hautes pensées. Oui et non. Il faut seulement préciser que ce n’est pas la philosophie ou la pensée qui a besoin d’être refaite ou « relookée », mais bien plutôt son apparence aux yeux d’une majorité. Même chose pour l’humour ; il s’agit sans doute de redorer quelque peu son image, qui demeure malmenée par tant de plaisanteries homophobes, sexistes, racistes, sectaires ou chauvines. Tâche herculéenne ! Car les plaisanteries fines et intelligentes, comme celles exigeant pour être pleinement appréciées de solides connaissances scientifiques ou historiques, seront toujours plus rares et moins populaires que celles du comique vulgaire, d’une compréhension plus facile et naturelle. Qui plus est, les préjugés à déloger sont bien lourds – surtout que ces préjugés contiennent parfois un fond de vérité

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