La philosophie classique africaine
314 pages
Français

La philosophie classique africaine , livre ebook

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314 pages
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Description

Cette étude renouvelle l'histoire de la philosophie et des idées en posant les bases d'une contre-histoire à partir des enseignements antiques, médiévaux et modernes fournis par l'expérience intellectuelle millénaire de l'Afrique noire. La question des débuts de la philosophie et de la définition du concept est repensée. Enfin, il nous est donné de faire connaissance avec les plus grands penseurs de la philosophie classique africaine et avec leurs travaux.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2013
Nombre de lectures 118
EAN13 9782296517059
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

32 € ISBN: 978-2-336-00923-0
Nsame Mbongo
PHILOSOPHIECLASSIQUEAFRICAINE
Contre-histoire de la philosophie tome 1
Problématiques africaines
La philosophie classique africaine
Problématiques africaines Collection dirigée par Lucien AYISSI Il s’agit de promouvoir la pensée relative au devenir éthique et politique de l’Afrique dans un monde dont on proclame de plus en plus la fin de l’histoire et de la géographie. L’enjeu principal de cette pensée à promouvoir est la réappropriation conceptuelle, par les intellectuels africains (philosophes, politistes, et les autres hommes et femmes de culture), d’un débat qui est souvent initié et mené ailleurs par d’autres, mais dont les conclusions trouvent dans le continent africain, le champ d’application ou d’expérimentation. La pensée à promouvoir doit notamment s’articuler, dans la perspective de la justice et de la paix, autour des questions liées au vivre-ensemble et aux modalités éthiques et politiques de la gestion de la différence dans un espace politique où la précarité fait souvent le lit de la conflictualité. La collection « Problématiques africaines » a également l’ambition d’être un important espace scientifique susceptible de rendre de plus en plus présente l’Afrique dans les débats mondiaux relatifs à l’éthique et à la politique. Déjà parus Pascal MANI,La problématique de la retraite sous les tropiques, 2012. Daniel ABWA, Lucien AYISSI, C. Christian TSALA TSALA,Regards croisés sur les cinquantenaires du Cameroun indépendant et réunifié, 2012. Jacques CHATUÉ,L’épistémologie d’Émile Meyerson, 2012. Joseph EPEE EKWALLA,Développement social des entreprises camerounaises, 2012. Jean-Baptiste DJOUMESSI,Société civile. L’autre voie du développement de l’Afrique, 2011. Marcien TOWA,Identité et transcendance, 2011. Pascal MANI,Le vade-mecum du chef de terre. Comment réussir une carrière dans la préfectorale, 2010. Serge-Christian MBOUDOU,L'heuristique de la peur chez Hans Jonas. Pour une éthique de la responsabilité à l'âge de la technoscience, 2010. Aaron Serge MBA ELA II,Chroniques philosophiques d’un pédagogue, 2010. Roger Bernard ONOMO ETABA, Le tourisme culturel au Cameroun, 2009. André Liboire TSALA MBANI,Les défis de la bioéthique à l’ère éconofasciste, 2009. Joseph EPEE EKWALLA,Les syndicats au Cameroun. Genèse, crises et mutations, 2009. Hubert MONO NDJANA,Histoire de la philosophie africaine, 2009.
Nsame Mbongo La philosophie classique africaine
Contre-histoire de la philosophie
tome 1
Du même auteur La personnalité philosophique du monde noir. Contre-histoire de la philosophie, tome 2,2013. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00923-0 EAN : 9782336009230
Au combattant du progrès historique,philosophe modeste et discret de la révolution burkinabè, tombé sous des balles assassines, aux côtés du héros-martyr Thomas Sankara, lors du coup d’Etat pseudo-révolutionnaire du 15 octobre 1987 téléguidé par l’impérialisme et exécuté par des ennemis de l’Afrique : Patrice Zagré Sibiri.
Nous pensons que la philosophie africaine contemporaine, qui naît sur le terrain de la lutte des classes, participe de celle-ci. La pratique philosophique présente s’inscrit dans une conjoncture politique, culturelle, sociale, intellectuelle de classes en lutte antagonique. La philosophie exprime à sa façon ces affrontementsdans la sphère théorique. Sur le front théorique, ce sont des tendances qui s’affrontent en philosophie. C’est dans l’existence concrète des philosophies que se réalisent les tendances et leur bataille, à partir de positions théoriques de classe qui ont pour enjeux les diverses pratiques sociales : politiques, idéologiques, etc. Il s’agit d’occuper des positions justes en tenant compte de la tendance principale et des tendances secondaires, et de 1 l’enjeu principal et des enjeux secondaires .
1 Patrice Zagré Sibiri, « Contribution à la critique des systèmes philosophiques naissants e en Afrique noire contemporaine », Thèse de Doctorat de 3 Cycle de Philosophie, sous la direction de Pr. Hélène Védrine, soutenue au cours de l’année académique 1979-1980 à l’Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne.
INTRODUCTION GENERALE DE LA CONTRE-HISTOIRE PHILOSOPHIQUE
Le dépeuplement des Amériques, consécutif au génocide indien, poussa l’économie capitaliste naissante à bouleverser la démographie africaine en vue de l’exploitation des vastes terres du Nouveau Monde. Un faux problème prétendument fondamental se posa alors à la conscience européenne : les Noirs étaient-ils réellement des hommes ? En d’autres termes : étaient-ils capables de rationalité et de spiritualité ? La réponse qui permettait à l’esclavage de se parer d’une certaine légitimité morale consistait à leur dénier ces facultés ou qualités réservées à l’homme seul. Dès lors, il était clair que ne pouvant penser, l’Africain ne pouvait pas non plus disposer d’une histoire de la pensée, et encore moins d’une histoire de la philosophie : la reine de la pensée. Plus encore, on ne saurait parler de civilisation en Afrique noire, puisqu’un peuple doit développer une capacité de réflexion élevée pour être civilisé.
La problématique de l’africanité s’est nettement réajustée au cours des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, grâce à des acteurs et penseurs novateurs, tels Toussaint Louverture, James Africanus Horton ou Cheikh Anta Diop. Mais le problème reste presque entier s’agissant de la place et du rôle qui reviennent à la philosophie africaine antique, médiévale et moderne dans le continent et au-delà. Cette étude se propose, non seulement de montrer qu’une authentique histoire de la philosophie ancienne et nouvelle se déroule dans le monde noir, mais surtout d’en dégager la signification fondamentale, l’intelligibilité profonde. Elle a aussi pour préoccupation essentielle le développement de la philosophie elle-même, à travers la contribution théorique que peut apporter la pensée profonde africaine d’hier et d’aujourd’hui.
Admettant que la civilisation africaine aux multiples visages a produit une culture philosophique commune et spécifique, et que celle-ci est en mesure de jouer un rôle historique de progrès demain, bien qu’elle soit encore largement méconnue, nous avons à procéder à l’assemblage de matériaux significatifs rendant compte de la réalité de cette histoire dans certains grands royaumes et empires du continent où l’écriture a permis de conserver les textes. Nous avons aussi à présenter les principes
directeurs et le fil conducteur du mouvement des idées dans le monde noir, pour tenter d’en cerner toute la rationalité. Pour autant, la littérature orale n’est pas à ignorer, car même en l’absence d’œuvres rédigées, la pensée de haut niveau peut se construire et s’épanouir. Il est entendu, par ailleurs, que les activités théoriques élevées de quelques sociétés négro-africaines peuvent être considérées comme représentatives de l’expérience intellectuelle de l’ensemble des peuples du continent. Ceci est admissible dans la mesure où ces pôles de culture évoluée sont issus du même fonds civilisationnel que les zones attardées dont ils constituent l’avant-garde, et dans la mesure où il existe une réelle unité intellectuelle de l’Afrique noire par-delà sa diversité.
Seront interrogés quelques-uns des rares ouvrages d’histoire de la philosophie des penseurs africains contemporains ou simplement les schémas élaborés pour servir d’ossature à leur projet de rédaction de cette histoire. A cet égard, il importera d’établir que la classification des tendances ou écoles philosophiques s’avère insuffisante pour représenter une véritable histoire de la philosophie, et que le simple recensement des auteurs et leur alignement chronologique n’en constitue pas non plus une. C’est moins encore le cas pour les descriptions ou analyses ethnophilosophiques faisant état des évolutions des croyances ou des idées dans telle ou telle société précoloniale ou coloniale.
Au niveau méthodologique et théorique, notre vision peut être caractérisée decontre-historique. Cette conception ou démarche consiste à rechercher laconformité historiquepartir du principe de la à démystification de l’histoire officielle dominante, connue comme déformant ou camouflant généralement une bonne part de cette conformité sous la contrainte de puissants intérêts matériels et idéologiques. Simplement, la mise en cause des méthodes et théories qui donnent lieu à ce travestissement de l’histoire en Afrique par certains spécialistes reste souvent sommaire. Le constat en a été fait, par exemple, à travers le flot d’indignations légitimes mais souvent peu argumentées que les vues légères de Nicolas Sarkozy et Henri Guaino sur l’anhistoricité de l’Afrique ont suscité dans le continent et la diaspora.
L’autre principe majeur de l’approche contre-historique de l’histoire est celui de la recomposition de la conformité historique sur la double base de la rigueur scientifique et de la vision patriotique et populaire de la marche du monde. Cette recomposition repose sur l’idée selon laquelle ce sont les peuples, fondamentalement, qui font l’histoire des sociétés
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humaines, même s’ils ne la dirigent pas à leur guise et la font dans des conditions acquises qui ne dépendent pas d’eux. Avec ces deux principes, l’un destructif et l’autre constructif, le concept de contre-histoire ne se contente pas de contredire le discours falsificateur et négationniste élaboré par des préjugés anti-nègres depuis des siècles autour de la double fable de l’anhistoricitéde la et primitivitéIl négro-africaines. assure une conception positive de la réalité historique d’ordre patriotique et populaire. Bref, lacontre-histoirepropose un cours des événements philosophiques s’opposant aux visions conventionnelles occidentalistes ou traditionalistes fermées aux enjeux de montée en puissance de l’Afrique nouvelle.
Ne nous méprenons donc pas sur la notion de contre-histoire. Elle n’est pas la négation de l’importance de l’expérience historique et des leçons de l’histoire ni le rejet de l’approche historique des phénomènes. Elle n’est pas la célébration du présent ou de l’éternel retour du même, si ce n’est de l’immobilité du temps. En substance, elle est une vision de l’histoire et un traitement de la matière historique dont le propre est d’entrer en contradiction forte avec l’histoire prépondérante biaisée, et plus précisément ici, avec l’histoire de la philosophie. La contre-histoire ne contrefait pas l’histoire mais va plutôt à contre-courant de l’histoire convenue, pour contrevenir à ses contrevérités, en livrant une historicité autre. Cette autre histoire ne nie pas l’importance et la place de l’histoire conventionnelle. Elle en conteste seulement la pertinence lorsque ses démarches et conceptions distordent la conformité historique pour des raisons de classe. L’Afrique est directement concernée dans cette recherche mais les analyses contre-historiques proposées pourraient avoir une portée générale.
Une certaine proximité existe entre notre idée decontre-histoire de la philosophie, ébauchée il y a une dizaine d’années, et celle que Michel 2 Onfray développe actuellement. Il récuse l’occultation par l’histoire 2  Michel Onfray,Les Sagesses antiques. Contre-histoire de la philosophie, T. 1, Paris, Grasset 2006. L’auteur justifie son entreprise en ces termes : « L’historiographie relève de l’art de la guerre. Pas étonnant, dès lors, qu’alentour règne l’ambiance des secrets-défense […]. L’historiographie de la philosophie n’échappe pas à cette loi du genre […]. Car je ne sache pas que la philosophie mette en œuvre les certitudes de sa secte en soumettant l’histoire de sa discipline aux tirs croisés d’un travail critique à même de rendre compte de la manière dont on l’écrit. Pour quelles raisons donc la philosophie fait-elle l’impasse sur l’enseignement de son historiographie ? Quel intérêt y a-t-il à dissimuler les secrets de fabrication d’un corpus unifié ? Que cache la volonté de garder à l’écart de la raison raisonnante le processus de construction d’une histoire de la
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