Le sens du Bien
282 pages
Français

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Le sens du Bien , livre ebook

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Description

La pensée heideggérienne de l'être recèle un paradoxe : elle est à la fois le lieu de découvertes prodigieuses et de l'occultation d'une partie importante de l'être de l'homme : la dimension éthique. Afin de comprendre ce phénomène, notre recherche prend pour fil conducteur la manière restrictive dont Heidegger interprète le bien de Platon, à travers tout son chemin de pensée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 février 2015
Nombre de lectures 10
EAN13 9782336370354
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Dernières parutions

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Hélène de GUNZBOURG, Naître mère, Essai philosophique d’une sage-femme , 2014.
Titre
Ivan NEYKOV






Le sens du Bien
Heidegger, interprète de Platon
Copyright

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-72046-3
INTRODUCTION La question de l’être et la question éthique
A. Le caractère particulier du rapport de Heidegger à Platon
Heidegger interprète Platon : cela sonne comme ‘‘Heidegger interprète Aristote’’ ou ‘‘Heidegger interprète Kant’’. Pourtant, il s’agit d’un rapport autre dont il faut essayer d’appréhender la spécificité, en écho à ce fait Otto Pöggeler écrivant : « La réflexion de Heidegger sur Platon est aussi et avant tout une réflexion sur le point de départ de sa propre pensée » 1 . Cette affirmation se réfère éminemment à l’autre commencement de Heidegger, surmontant la métaphysique afin d’accueillir la pensée de l’ Ereignis . Mais, il ne semble pas en être tout à fait de même lors du premier commencement aboutissant à Sein und Zeit . L’interlocuteur privilégié ici est Aristote, considéré comme le point culminant de la philosophie grecque. Platon est, en quelque sorte, l’initiateur de la nouvelle orientation de la philosophie, mais c’est seulement Aristote qui l’accomplit. L’importance de Platon est, néanmoins, une fois encore soulignée par le fait que Sein und Zeit débute par une citation du Sophiste 2 .
Voici un premier trait significatif du rapport de Heidegger à Platon : le caractère évolutif de l’interprétation de Platon, cette dernière étant en même temps constitutive de sa propre pensée.
La place importante du rapport aux Grecs dans le chemin de pensée de Heidegger est connue. Le grand philosophe Gadamer, élève et ami personnel de Heidegger, témoin des premières recherches et interprète avisé de sa pensée, écrit : « Aucun autre thème ne permet d’illustrer aussi clairement la diversité des aspects qu’offrent l’œuvre et l’influence de Heidegger, mais aussi l’unité du chemin qu’il a pris, que celui du rapport de Heidegger aux Grecs » 3 . En effet, à travers les évolutions, voire les retournements, il ne faut pas perdre de vue aussi l’unité du chemin de pensée heideggérien.
On a distingué trois grandes phases du rapport de Heidegger à la philosophie grecque. Une première phase, caractéristique de Sein und Zeit , considère la philosophie grecque comme un mouvement ascendant qui culmine dans la pensée aristotélicienne ; Platon effectue, certes, une percée en direction de la question de l’être, mais c’est Aristote qui accomplit pleinement la tâche. Lors de la phase suivante, appelée la métaphysique du Dasein , la pensée de Platon se voit confier une position charnière ; Platon est à la fois le précurseur et le mutant. Il effectue une percée ontologique et imprime simultanément l’orientation métaphysique à la philosophie, caractérisée par l’oubli de la question de l’être en tant que tel. La conséquence en est le retour aux Présocratiques et leur rapport immédiat à l’originaire. Lors de la troisième phase, celle de la pensée de l’ Ereignis , Heidegger prend ses distances avec la philosophie grecque, en essayant de penser l’être de manière tout autre ; la philosophie, comme métaphysique, est de fond en comble platonisme et doit être surmontée. La tâche de la pensée sera, dorénavant, d’accueillir la dispensation destinale de l’ Ereignis et de son dire. Elle est accompagnée d’un désaveu net de la position précédente : « Même la thèse d’une mutation de l’essence de la vérité qui l’aurait conduite du dévoilement à la rectitude n’est pas soutenable » 4 .
On a noté, d’autre part, que Heidegger n’a lui-même publié qu’un seul ouvrage entièrement consacré à Platon : l’opuscule La doctrine de Platon sur la vérité 5 . De ce fait, on lui a reproché de se référer moins à des Dialogues déterminés qu’à « des points de doctrine, transformés, de manière non fondée, en de prétendues thèses platoniciennes » 6 . La lecture des Cours dans la Gesammtausgabe oblige à corriger cette impression. Heidegger a dispensé deux Cours majeurs sur la pensée platonicienne, à des moments décisifs de son propre chemin de pensée. 1. Le Cours de Marbourg de 1924/25 Platon : Le Sophiste (Ga19, publié en 1992), correspond à la période de rédaction de Sein und Zeit . 2. Le Cours de 1931/32 De l’essence de la vérité (Ga34, publié en1988) est une confrontation majeure avec Platon sur l’essence de la vérité et de la non-vérité et constitue le point culminant de la période dite métaphysique du Dasein , préfigurant la pensée de l’ Ereignis.
D’autres Cours, significatifs de cette dernière période et faisant partie des ouvrages publiés, consacrent de larges développements à la pensée platonicienne 7 . On peut y ajouter le Cours de 1943 Parmenides 8 , comprenant un commentaire important sur Platon, le Cours de 1926 Les concepts fondamentaux de la philosophie antique 9 et les trois Séminaires 10 sur Platon, dont des comptes rendus devraient paraître dans le volume Ga83. Le corpus heideggérien présente dans l’ensemble également un nombre impressionnant de références à Platon. Elles s’échelonnent sur la quasi-totalité du chemin de pensée, de 1919 à 1973, mais beaucoup concernent essentiellement le commentaire des termes et expressions particuliers 11 .
Nonobstant ce corpus conséquent, une impression diffuse persiste selon laquelle Heidegger éprouve des difficultés à rendre pleinement compte de la pensée platonicienne. A ce propos, Stanley Rosen écrit : « Heidegger n’est pas à l’aise avec les Dialogues platoniciens comme il l’est certainement, par exemple, avec Aristote ou Kant » 12 . Il ne semble pas tenir suffisamment compte de l’économie des Dialogues : de l’ironie de Platon ou de ses silences. Un passage du Cours Parmenides fournit une réponse indirecte à ces critiques :

« L’interprétation grecque de Platon est la plus difficile, non pas que cette pensée comporte des obscurités particulières ou des abîmes, mais parce que les successeurs et encore nous les contemporains sommes enclins à trouver, immédiatement de nouveau dans sa philosophie, le propre, le tardif » (Ga54, 140).

L’histoire de la philosophie témoigne, en effet, de nombreuses attitudes de ce genre. Mais, il y a un travers encore plus dommageable, car plus voilé : c’est la lecture aristotélicienne de Platon. On lit Platon à travers le prisme aristotélicien, avec le s

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