Merleau-Ponty - Freud et les psychanalystes
298 pages
Français

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Merleau-Ponty - Freud et les psychanalystes , livre ebook

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Description

Le parcours de Maurice Merleau-Ponty ne peut se comprendre sans le fil rouge de la Psychanalyse : dès sa thèse, il restaure le primat de la perception et du corps sexué à la lumière de Freud et de Binswanger. A la Sorbonne, il renouvelle la Psychologie de l'enfant en y intégrant M. Klein, J. Lacan et F. Dolto. Au Collège de France plusieurs cours font des rêves et de la libido une dimension inéluctable de l'humain. De nombreux psychanalystes et psychiatres se sont " laissés interroger par lui " : citons : H. Ey, A. Hesnard, P. Fédida, A. Green, J. Laplanche, J.-B. Pontalis, Luce Irigaray…

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2014
Nombre de lectures 150
EAN13 9782336363813
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hervé Le Baut
MERLEAUPONTY, FREUD ET LES PSYCHANALYSTES
OUVERTUREPHILOSOPHIQUE
Merleau-Ponty, Freud et les psychanalystes
Ouverture philosophique Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Grégori JEAN et Adam TAKACS (eds.),Traces de l’être Heidegger en France et en Hongrie, 2014. Frédéric PRESS,Du sens de l’histoire. Essai d’épistémologie, 2014. Grégoire-Sylvestre GAINSI,Charles de Bovelles et son anthropologie philosophique, 2014. Dieudonné UDAGA,La subjectivité à l’épreuve du mal, Réfléchir avec Jean Nabert à une philosophie de l’intériorité,2014. Augustin TSHITENDE KALEKA,Politique et violence, Maurice Merleau-Ponty et Hannah Arendt,2014. Glodel MEZILAS,Qu’est-ce qu’une crise ?,Eléments d’une théorie critique,2014.Vincent Davy KACOU,Paul Ricoeur. Le cogito blessé et sa réception africaine, 2014. Jean-Louis BISCHOFF,Pascal et la pop culture, 2014. Vincent TROVATO,Lecture symbolique du livre de l’Apocalypse,2014. Pierre CHARLES,Pensée antique et science contemporaine, 2014. Miklos VETÖ,La métaphysique religieuse de Simone Weil, 2014. Cyril IASCI,Le corps qui reste. Travestir, danser, résister !, 2014. Jean-Michel CHARRUE,Néoplatonisme. De l’existence et de la destinée humaine, 2014. Sylvie PAILLAT,Métaphysique du rire, 2014. Michel FATTAL,Paul de Tarse et lelogos, 2014. Miklos VETO,Gabriel Marcel. Les grands thèmes de sa philosophie, 2014. Miguel ESPINOZA,Repenser le naturalisme, 2014. NDZIMBA GANYANAD,Essai sur la détermination et les implications philosophiques du concept de « Liberté humaine », 2014.
Hervé Le Baut Merleau-Ponty, Freud et les psychanalystes
Du même auteur Présence de Maurice Merleau-Ponty, Paris, L’Harmattan, 2010. © L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04080-6 EAN : 9782343040806
MERLEAU-PONTYFREUDETLESPSYCHANALYSTES  « La philosophie de Freud n’est pas une  philosophie du corps mais de la chair. »  Maurice Merleau-Ponty,VI, 324.Avant-propos
1- « Ma confiance en la psychanalyse » Aujourd’hui, la psychanalyse est entrée définitivement dans nos vies, dans nos relations et dans notre langage. Merleau-Ponty, dès ses premiers écrits, fut un découvreur et un intégrateur de nombreux domaines de la « non-philosophie » susceptibles d’intéresser et de renouveler la philosophie elle-même. Ce rôle de médiateur et de passeur lui est désormais reconnu : il est le premier philosopheà prendre l’inconscient freudien au sérieuxà braver et l’idéologie régnante, pour l’enseigner sans crainte à ses élèves. Dès 1945, en poste à l’Université de Lyon, puis à la Sorbonne en 1949 et enfin au Collège de France en 1953, il propose « d’apprendre à lire Freud comme on lit un classique » (P2, 282). Sa lecture se veut une « défense et illustration », c’est à dire, compréhension, critique, approfondissement et formulation pour en saisir la pertinence dans chaque histoire personnelle. La pensée de Freud est bien plus présente qu’on ne pense dans saPhénoménologie de la perception. Voici, au début du chapitre « Autrui et le monde humain », un aveu précieux : « C’est à présent que je comprends mes vingt-cinq premières années comme une enfance prolongée qui devait être suivie d’un sevrage difficile pour aboutir enfin à l’autonomie. (…) L’interprétation que j’en donne maintenant est liée àma confiance dans la psychanalyse; demain avec plus d’expérience et de clairvoyance, je la comprendrai peut-être autrement et en conséquence je construirai autrement mon passé. (…)Ma vie volontaire et rationnelle se sait donc mêlée à une autre puissance qui l’empêche de s’accomplir et lui donne toujours l’air d’une ébauche. » (PhP, 398, nous soulignons). Ce texte a été rédigé fin 1943 à la même époque que « Le doute de Cézanne », texte clé pour notre sujet sur la place prise par Freud dans sa vie et sa pensée. (cf.infra). C’est en enseignant Freud et ses disciples, à la chaire dePsychologie
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de l’enfantde la Sorbonne, que Merleau-Ponty rencontre le succès : il n’est que de voir la forte diffusion de ses cours annuels ronéotés du CDU en 1949-1952, repris d’abord dans leBulletin de Psychologie de novembre 1964 préfacé par Hubert Damisch, puis dansMerleau-Ponty à la Sorbonne de Cynara en 1988. Aujourd’hui, nous comprenons mieux que jamais que c’est l’aspect le plus profond de toute sa philosophie qui le prédisposait à comprendre et à intégrer l’univers de l’inconscient dans sa pensée : l’inconscient n’est-il pas cette attache, cette « ombre » ou cette « adversité » que l’on sait sans savoir ni 1 pouvoir la reconnaître ? Penser, dira-t-il dansEloge de la Philosophie, lors de sa leçon inaugurale au Collège de France, et reprenant un mot de Bergson, c’est avant touts’enfoncer dans l’être, dans notre situation et admettre notre complicité et ce « rapport oblique et clandestin », voire « obsessionnel » avec l’être. (EP, 23-24). Il y reviendra fréquemment dansLa Prose du monde, où il fait état d’un « germe de dépersonnalisation » et de « cette parole qui se prononce en nous et à laquelle nous demeurons attachés comme par un lien ombilical (… ) dont on voudrait se défaire. » (PM, 24). 2 - Merleau-Ponty découvre simultanément Husserl et Freud De tous les philosophes du dernier demi-siècle, Merleau-Ponty est celui qui a le plus contribué à larestauration du corpsdans la pensée moderne. Son œuvre se présente commeune compréhension de la coexistence humaine née de l’ambiguïté du corps. En 1930 un jeune agrégé de philosophie ignorait à peu près tout de Hegel, Marx, Nietzsche, Freud, Husserl, Wittgenstein, Scheler, Cassirer et de Heidegger : ils n’étaient pas au programme ! C’est donc à la marge de l’enseignement officiel et par ses propres moyens que Merleau-Ponty découvre les apports de la pensée allemande. Dans la même barque, il y a tous ceux qui vont révolutionner la philosophie en France dans les vingt ans qui suivent : ils s’appelaient Cavaillès, Canguilhem, Aron, Mounier, Sartre, Bataille, Nizan, Hyppolite, Lautmann, Jankélévitch, S. Weil, Lévi-Strausset alii. Merleau-Ponty se concentre sur les travaux de Goldstein, Koffka, Cassirer, Weizsäcker, Buytendijk, et surtout de Husserl et de Freud. Lecteur intrépide et insatiable il met les bouchées doubles, dévore tout ce qui est traduit des uns et des autres, - bien peu en fait pour certains -, perfectionne son allemand, décroche une bourse d’un an du futur CNRS, se fait aider par quelques passeurs, dont Politzer et Gurwitsch, écoute Koyré et Kojève, fréquente Lacan et Lévi-Strauss, intègre l’anthropologie dans sa réflexion… Cette ouverture est conforme à l’un ou l’autre des mots d’ordre qu’il se donne, le « primat de la 2 perception », « la raison élargie » et la « non-philosophie ».
1. Les titres des écrits de Merleau-Ponty sont souvent de précieux condensés ou ce qu’il appelle « des matrices d’idées », (S, 125) ou encore « des talismans » chez les artistes. Cf. les titresHumanisme et Terreur,Sens et non-sens, « L’homme et l’adversité » de 1951 ou « Le philosophe et son ombre » de 1959. 2. L’expression apparaît très tôt dans ses écrits, puisée peut-être chez Hegel, et c’est plus tardivement qu’il la précise : « La tâche est donc d’élargir notre raison, pour la rendre capable de comprendre ce qui en nous et
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Dès 1938, dans les conclusions de son premier grand texte,La structure du comportement, quelques pierres de fondation sont posées pour définir « l’ordre humain ». Citons deux courts passages, surprenants à l’époque : - « Nos analyses nous conduisaient donc bien à l’idéalité du corps, (…) », - et, « Il y a donc des chosesexactement au sens où je les vois, dans mon histoire et hors d’elle, inséparables de cette double relation. Je perçois les choses directement, sans que mon corps fasse écran entre elles et moi,il est comme elles un 3 phénomène» Dans sa, doué il est vrai d’une structure originale, (…) Phénoménologie de la perception, sa thèse de 1945, il ose tenir tête à son maître Emile Bréhier et conserver son chapitre sur « le corps comme être sexué ». Les dernières pages concilient, à plusieurs reprises, des idées puisées chez Goldstein, Husserl et chez Freud pour dire que « nous sommes (…) une coexistence». Cettecoexistence« deviendra la chair» en 1960 dans le merveilleux chapitre, « L’entrelacs - le chiasme », du posthumeLe visible et l’invisible. Introduire Hegel, Husserl, Heidegger, passe encore, mais oser Freud et le défendre, c’était risqué ! Il le savait et le dira : « C’est la philosophie, parce qu’elle demande à voir, qui passe pour impiété. » (EP, 45). 3 - De sa réception de Freud … à sa réception par la psychanalyse Cet ouvrage se propose d’illustrer laprésence de Maurice Merleau-Pontydans le panorama de la réception de la psychanalyse en France Il est désormais admis qu’après avoir contribué à la découverte et à l’implantation de la phénoménologie en France, après avoir suscité l’intérêt de nombreux philosophes pour la sociologie et l’anthropologie anglo-saxonne, pour les travaux des linguistes, pour les recherches de la biologie moderne, il s’est lui-même investi dans l’élaboration d’une nouvelle ontologie dont nous avons les principaux linéaments dansLe visible et l’invisible. Il restait une découverte du début du siècle que l’idéologie française dominante refusait d’intégrer : Freud ou l’invention de l’inconscient. Cette réception fut, selon Elisabeth Roudinesco, «La bataille de cent ans» et sonHistoire de la psychanalyse en France(1986) est désormais la référence incontournable. En une trentaine années de nombreux travaux ont été publiés, dont plus récemment ceux d’Alain de Mijolla. Nous en 4 connaissons désormais la longue histoire et les nombreuses péripéties. Nous estimons que la réception de Freud en France pouvait aussi se repérer et s’illustrer dans le parcours et l’œuvre d’un des plus grands philosophes du
dans les autres précède et excède la raison ». Voir aussi son discours de présentation de la candidature de Lévi-Strauss au Collège de France. Cf.S, 154. 3. Les deux citations sont dansSC,227 et 236 (nous soulignons la 2è). Ce premier livre, fut bouclé en 1938, un tapuscrit de 357 pages, déposé auprès de son maître de thèse E. Bréhier et confié également à Maurice Pradines. Il avait alors pour titreConscience et comportement.4. Cf. Elisabeth Roudinesco,La bataille de cent ans : Histoire de la psychanalyse en France, deux Tomes, Seuil, 1986, et Alain de Mijolla,Freud et la France 1885-1945en 2010, en 2012,La France et Freud 1946-1953etFreud et la France 1954-1964.
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