Sortir de la démocratie
116 pages
Français

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Sortir de la démocratie , livre ebook

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Description

L'idéal de la démocratie a aujourd'hui triomphé. Depuis la chute de l'URSS et le discrédit du communisme, rien ne semble plus pouvoir lui être opposé. En Occident comme ailleurs, la démocratie va de soi. Mais, savons-nous véritablement pourquoi et comment elle est devenue notre unique horizon politique ? Et si l'avènement de la démocratie n'était rien de plus qu'une colossale entreprise de domestication des hommes ? Et s'il nous fallait alors en sortir ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2015
Nombre de lectures 54
EAN13 9782336369433
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Quelle drôle d’époque !
Collection dirigée par Alain Brossat et Jean-Louis Déotte
Comment répondre d’une actualité constamment mouvante, comment y déchiffrer des marques d’époque, ou des signes annonciateurs ?
Comment le travail de la pensée, étayé par nos savoirs en partage et l’expérimentation des concepts, peut-il nous soutenir dans nos activités de diagnosticiens du contemporain ?
Avec cette collection d’essais brefs, vifs, se destinant à poser, explorer une question liée à notre actualité plutôt qu’à proposer des réponses ou des recettes, nous tentons d’ engager la philosophie et les sciences sociales dans une activité d’interpellation du présent. Nous nous demandons de quoi (de qui…) sommes-nous vraiment contemporains, et qu’est-ce qu’être contemporain – dans notre relation au plus proche, mais aussi au plus lointain.
Et en quoi cette question rapproche-t-elle les puissances de la pensée des possibilités de la vie active ?
Déjà parus
Joachim Daniel DUPUIS, George A. Romero et les Zombies, Autopsie d’un mort-vivant , 2014.
Rosa María R ODRIGUEZ M AGDA , La condition transmoderne , 2014.
Alain NAZE, Jacques Demy. L’enfance retrouvée , 2014.
Alain B ROSSAT , Les serviteurs sont fatigués (les maîtres aussi) , 2013.
Titre

Ali Kebir





Sortir de la démocratie
Copyright


















© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71954-2
Sommaire
S OMMAIRE Couverture 4 e de couverture Titre Copyright Sommaire INTRODUCTION CHAPITRE 1 : « En quoi, nous aussi, nous sommes encore pieux ? » CHAPITRE 2 : Critique généalogique contre Critique normative Critique normative de la démocratie Limites de la critique normative de la démocratie La critique généalogique CHAPITRE 3 : La démocratie et son histoire L’hypothèse d’autonomisation Généalogie de la démocratie : l’hypothèse du pouvoir Liminaire à la généalogie de la démocratie CHAPITRE 4 : La question sociale, la société comme un tout et la démocratie La question sociale et le pouvoir démocratique L’auto-assistance au XIX e siècle Le nexus de savoir-pouvoir au sein de l’auto-assistance Pouvoir démocratique et colonisation de la résistance CHAPITRE 5 : Le régime de l’Unité. Délibérer pour unir le peuple. Le point d’application politique de la technique démocratique La technologie délibérative comme réponse à la division du corps politique L’éducation à la délibération par la délibération La délibération : la politique de l’unité contre celle de la lutte des classes CHAPITRE 6 : Le régime de commensurabilité. Faire participer, faire communiquer et disposer en réseau. La démocratisation du monde du travail La démocratisation des quartiers Le pouvoir démocratique contemporain Homo democraticus, un sujet communicationnel CONCLUSION Philosophie aux éditions L’Harmattan Adresse
INTRODUCTION
Sortir de la démocratie – un programme qui semble certes provocateur, aux accents rétrogrades, comme une résurrection des vieilles haines de l’Action Française obnubilée par la pureté de la nation, ou un appui aux théologies politiques de certains islamistes d’aujourd’hui, tant il est évident que la démocratie rime avec le progrès, la liberté, l’égalité ; le véritable bien politique enfin trouvé.
Et pourtant, il y a comme un besoin de s’en détacher, de respirer un autre air qui ne doit rien aux motivations des anciennes et nouvelles droites. La démocratie est obsédante aujourd’hui. Elle est déclinée de toutes les manières possibles et imaginables. De la gauche à la droite, de l’extrême gauche à l’extrême droite ; elle est juive, chrétienne, musulmane ; européenne, asiatique, américaine et africaine. Elle est locale et globale, familiale et étatique, nationale et transnationale… Chacun, qu’il soit individu, groupe organisé ou Etat, s’affirme démocrate, et autant que possible, plus que son voisin. N’était-ce pas singulier d’entendre Marine Le Pen dénoncer un déficit de démocratie dans le système des cinq cents signatures qu’elle peinait à rassembler, se faisant alors représentante de la souveraineté populaire flouée par les sophistications institutionnelles oligarchiques ? Et si l’acteur contemporain n’a pas toujours été démocrate, il s’en explique : même à ses heures sombres il en participait néanmoins de quelque façon, secrètement, encore clandestinement, mais il nous l’affirme, il arrivera bien en terre promise ; d’ailleurs, la fin de l’histoire l’attestera au terme des contradictions résolues.
La démocratie sature donc l’air de la pensée, de la parole et de l’action. Elle est l’atmosphère de l’expérience politique contemporaine. A ce titre, on s’étonnera toujours face à des titres d’essais critiques qui dénoncent une animosité envers la démocratie 1 et qui se demandent pourquoi nous ne lui accordons pas notre affection 2 . Comme pris d’une paranoïa paradoxalement due à la sécurité même des vainqueurs, d’autres encore pensent que la démocratie est constamment en danger. La menace ? Le terrorisme, l’islamisme, les dictatures – parfois d’anciennes amitiés – ; les restes du gauchisme devenu « ultragauche » ; les violences urbaines ou la nouvelle « barbarie des banlieues » ; mais aussi : l’abstention, le vote blanc, la défiance… La citadelle est assiégée. Innocente, la démocratie s’y réfugie et courageusement continue à claironner le chant de la liberté.
Et il s’en faut de peu pour qu’il devienne chant de guerre. L’Irak, comme chacun sait ou devrait savoir, en fait les frais aujourd’hui. Des milliers de morts, du sang, du sang, et des larmes en dommages directs ou collatéraux. Mais quoi ? Est-ce à dire que la démocratie comporte une certaine violence ? N’est-elle pas réputée être le régime de la liberté, de la souveraineté des peuples et des citoyens ? Le bien politique ?
Son idéal a évidemment de quoi séduire, mais il a pour chacun de nous aujourd’hui un goût amer, le parfum d’une trahison : collusion des gouvernants et des possédants, paupérisation, discriminations raciales, sexuelles, etc. Malgré tout, nous ne croyons en rien d’autre. Cyniquement, naïvement ou aveuglément, nous adhérons à la démocratie, car de toute façon elle est le seul idéal disponible. Les vieilles lunes du communisme et du socialisme sont derrière nous.
Les autres régimes (aristocratie et monarchie) ne sont plus que le décor baroque d’une histoire, désormais ancienne, qui nous est contée à l’Ecole de la République. Il n’y a plus que la démocratie. Rien d’autre que la démocratie.
Les réflexions qui suivent partent de ce constat : l’omniprésence d’un idéal au sujet duquel nous sommes pourtant désenchantés ; nous savons qu’elle n’existe pas vraiment, nous avons la secrète certitude qu’elle ne se réalisera très probablement jamais, mais nous nous y accrochons par une sorte d’enthousiasme étrange qui mêle énergie du désespoir et résignation désabusée.
La démocratie fait donc l’objet d’une évidence : à la fois, validité incontestée d’un objet et omniprésence d’un discours qui en fait son thème et qui lui donne réalité en l’installant dans un bruissement discursif incessant. On est unanime à son sujet et on ne cesse d’en parler. Malgré les disparités, rencontrées ici et là, sur sa « véritable » signification, il n’en demeure pas moins qu’un certain consensus règne à son endroit : elle est le paradigme du véritable bien politique par exclusion de tout autre. Elle s’installe alors comme discours dominant : aucun autre ne peut être tenu contre lui. Silence autour de la démocratie.
Un esprit qui se voudrait voyageur, qui chercherait d’autres horizons de pensée et d’action, sans aucunement tomber dans une célébration de l’autorité et des hiérarchies naturelles, ou autre tentation pour l’Ordre, se sentira à coup sûr étouffé. Désabusé par la démocratie, celle-ci, sous une forme ou sous une autre, délib

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