A l'ombre du doute

Duny Fongang

Description

Mû par les controverses d'ici et d'ailleurs, le poète jette dans ce recueil un regard austère sur le silence de l'exclusion.

Sujets

• Poésie
• Littérature
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2010
• Nombre de lectures: 38
• EAN13: 9782296716209
• Langue: Français

Extrait

À L’OMBRE DU DOUTE
 
 
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2011
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http ://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-13869-8
EAN : 9782296138698
 
Duny FONGANG
 
 
À L’OMBRE DU DOUTE
 
Poésie
 
 
Littératures et Savoirs
Collection dirigée par Emmanuel Matateyou
 
Dans cette collection sont publiés des ouvrages de la littérature fiction mais également des essais produisant un discours sur des savoirs endogènes qui sont des interrogations sur les conditions permettant d’apporter aux sociétés du Sud et du Nord une amélioration significative dans leur mode de vie. Dans le domaine de la création des œuvres de l’esprit, les générations se bousculent et s’affrontent au Nord comme au Sud avec une violence telle que les ruptures s’accomplissent et se transposent dans les langages littéraires (aussi bien oral qu’écrit). Toute réflexion sur toutes ces ruptures, mais également sur les voies empruntées par les populations africaines et autres sera très éclairante des nouveaux défis à relever.
La collection Littératures et Savoirs est un espace de promotion des nouvelles écritures africaines qui ont une esthétique propre ; ce qui permet aux critiques de dire désormais que la littérature africaine est une science objective de la subjectivité. Romans, pièces de théâtre, poésie, monographies, récits autobiographiques, mémoires... sur l’Afrique sont prioritairement appréciés.
 
Déjà parus
 
Grégoire NGUEDI, La Destinée de Baliama , 2010.
Floréal Serge ADIEME, La Lionne édentée (roman),
2010.
Jean-Claude ABADA MEDJO, La parole tendue (poésie) ,
2010.
Jean Aimé RIBAL, Chagrins de parents , 2010.
Marie Françoise Rosel NGO BANEG, Ning , nouvelles,
2009. 
Edouard Elvis BVOUMA, L’épreuve par neuf , 2009. 
Rodrigue NDZANA, Je t’aime en splash , 2009.
Patraud BILUNGA, L’Incestueuse , 2009.
Pierre Célestin MBOUA, Les Bâtards ou les damnés, Pièce en trois actes , 2009.
 
À la mémoire des exilés
Tombés sur le champ de l’espoir.
 
 
Il est des victoires qui exaltent, d’autres qui abâtardissent.
Des défaites qui assassinent, d’autres qui réveillent.
A. de Saint-Exupéry , Pilote de guerre
 
LA CROIX
 
Au destin insolite
Se prosterne le héros.
Comme le martyr près du bourreau,
Le damné au creux du martyre
Perd l’espérance et l’ardeur.
Tout autour s’use sans ruse,
Tout s’abîme, tout périt.
Le souvenir se plie et expire
Comme le règne des mortels tyrans.
L’âme défaille et périclite
Comme les feuilles d’automne…
 
QUE DE CYNISME
 
Lorsque je lorgne dans l’énigme
La raison des sages d’hier,
Je vois dans le dépaysement et l’exil :
L’illusion et l’angoisse, la foi et l’espérance.
Je vois dans le présent miasme :
Le cynisme du trône et du sceptre.
 
Je me ris des rois
Je me moque des saints
Je me fous des dieux
Qui sont tous sourds à nos pleurs…
 
QUE M’IMPORTE!
 
 
Que m’importe en quelle terre
Le temps fauchera ma course
Que m’importe sous quelle tempête
Le destin plantera l’épitaphe de ma gloire
Que m’importe en quel ciel
Mon âme prendra ses grandes ailes!
 
Au jour du grand exode,
Lorsque mes atomes impudents expireront,
Lorsque le tocsin retentira dans la vallée noire,
Que les vents du Sahara
Portent mes cendres au-dessus de l’Uhuru…
 
LE VIDE
 
Par le souvenir et l’illusion,
Je me rattache en vain à la voix,
À la voix qui crie au fond de mon âme.
La voix que j’entends ne m’entend pas !
Les lumières que je convoite,
Les rêves qui me hantent,
Les idéaux qui m’animent ;
N’émeuvent que les sables et les pierres…
 
LE FUGITIF
 
Le sang chaud
Le cœur froid et moite
L’esprit fougueux
Le fugitif s’est levé
Au premier chant du coq.
À sa porte il attend, il tend la main…
 
À califourchon sur le dos du temps
Il avance droit devant lui.
Les vents du désert
Les flèches du spleen
Caressent son torse nu
Froissent son âme émue
Percent son cœur sans armure.
 
À mi-chemin
Du chemin qui mène à Thulé
La désespérance défie l’espérance…
 
LA FIN
 
Mon être s’affaiblit
Mon cœur se ramollit
Le temps a démoli mes armatures
Plus loin je n’irai pas
L’existence hâte mes pas vers le trépas.
 
Comme une matrice stérile
Comme un phallus atone
Comme un trou noir
Comme un marais asséché
Comme un cœur châtré
Mon âme en transhumance
Est recluse dans les fers de la solitude…
 
L’homme tomba une fois, puis se releva
Il tomba une autre fois, une autre fois encore
Mais il ne se releva plus
Le héros des sables resta dans les sables
Sans lui les preux pèlerins
Poursuivirent l’interminable voyage…
 
« CLAN-DESTIN »
 
Fuyant le quotidien funeste
Bravant la faim et les simouns
Bravant la houle et l’ire de la mer
Ravalant la dernière portion de leur dignité
Le clan s’est lancé à l’assaut du destin inconnu…
 
Si prendre part au repas est prohibé
Si glaner dans les champs lui est interdit
Si becqueter dans les détritus lui est proscrit
L’oiseau prendra sa portion
Même dans le mortier à mil
Même dans le grenier à grain
Même au marché des céréales…
 
JE REVIENDRAI
 
Si je m’en vais
C’est que les têtes ont démissionné
C’est que les nababs sont aussi des requins
Mais je reviendrai
Crois-moi ! je reviendrai
Oui mère ! je reviendrai
Oui Terre ! je reviendrai
Avec une autre histoire
Avec une vraie victoire
Celle qui fera chanter ceux qui pleurent
Celle qui allumera les lampes éteintes
Celle qui emplira les bouches affamées
Celle qui enchantera les cases du ghetto
Celle qui illuminera les visages mortifiés…