Élégies de Duino, Sonnets à Orphée
224 pages
Français

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Élégies de Duino, Sonnets à Orphée , livre ebook

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Description

Les Élégies de Duino et les Sonnets à Orphée constituent une des œuvres poétiques essentielles de notre temps. En elle est éprouvée la question pour l'homme de son être-au-monde. Si nous ne sommes plus capables d'habiter la terre autrement que comme objet à conquérir, où réside encore notre humanité d'homme ? Et comment nous saisir d'une telle humanité sans consentir d'abord à l'endurer comme manque, tel qu'il se manifeste dans l'énigme pour nous de la douleur, de l'amour, et de la mort ? Où enfin demeure-t-il un espace qui sauve, en tant qu'il garde en lui la mémoire du manque, sinon dans le chant du poète ? Mais qu'est-ce que chanter ?


La présente traduction tente à son tour, dans la langue qui lui est propre, d'assumer ce chemin de pensée en lui donnant la voix poétique qui lui correspond. De cette manière, elle ne constitue pas avant tout une nouvelle version française des Élégies et des Sonnets mais, plus essentiellement, entreprend de rejoindre la méditation poétique de Rilke à partir de la forge-origine qui fut la sienne : le chant. Peut-être, du même coup, fait-elle invisiblement signe vers une autre question : qu'est-ce que traduire ?


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1996
Nombre de lectures 46
EAN13 9782876234352
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0121€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉLÉGIES DEDUINO DUINESERELEGIEN
SONNETS ÀORPHÉE DIESONETTE ANORPHEUS
RAINERMARIARILKE
ÉLÉGIES DEDUINO DUINESERELEGIEN
SONNETS ÀORPHÉE DIESONETTE ANORPHEUS
Édition bilingue
Traduit de l’allemand et présenté par Gérard Signoret
MICHEL DEMAULE
L'ABSOLU SINGULIER Collection dirigée par Thierry de la Croix
DÉJÀ PARUS
Giordano Bruno,L'Expulsion de bête triomphante, traduit de l'italien, présenté et annoté par Bertrand Levergeois,
Giordano Bruno,La Cabale du Cheval Pégase, traduit de l'italien, présenté et annoté par Bertrand Levergeois,
Carl von Linné,La vengeance divine — Nemesis Divina traduit du suédois par Denise Bernard-Folliot,
Publié avec l'aide du Centre national du Livre
Conception graphique :LES3TSTUDIO
©ÉDITIONS TUM/MICHEL DE MAULE, 1996.
AVERTISSEMENT
Le texte allemand de référence pour cette traduction est l’édition originale Insel Verlag, 1923. De nombreux mots desÉlégieset desSonnetsy figurent en italiques. Nous avons respecté cette marque particulière, plus ou moins négligée dans les autres versions françaises, parce qu’elle apparaît inséparable du sens poétique tracé dans ces deux œuvres. Lorsque, par exemple, Rilke écrit en italiques le verbesein(être) – à l’infinitif ou conjugué –, il rend ce verbe, réduit pour nous à un auxiliaire de la langue courante, à sa présence de source, à sa charge de sens pur. En quelque sorte, il le frappe d’une autre main pour nous ouvrir à une telle écoute. Ou bien le moteinmal, mot courant qui signifieune fois, Rilke l’écriteinMal,einen italiques, pour qu’en lui étincelle l’unique, qui est le mode selon lequel (la « Neuvième Élégie » le dit bien) le monde et l’homme, en vérité, se rencontrent. Il y aurait, en profondeur, et à chaque fois, beaucoup à voir dans cette marque qui traverse le texte. Car nulle part elle ne vient « en plus », mais signe autrement la percée de la parole.
à madame Denise Bernard-Folliot qui m’a accompagné tout au long de ce travail
TRADUIRE UNE ŒUVRE POÉTIQUE
Traduire une œuvre poétique, c’est la soumettre à une extrême violence. C’est la déplacer d’un lieu à un autre. De son lieu natal à un autre, qui lui est étranger. Mais ce qu’ici nous nommons « lieu » ne concerne pas avant tout le pays, la culture, la pensée d’un peuple ou d’un homme, ni même la spécificité linguistique telle que la grammaire propre à chaque langue en rend compte. Le lieu, c’est la langue elle-même, la langue entendue dans son sens le plus pur. Car la poésie n’est jamais la mise en forme d’une idée, une façon plus sensible ou plus signifiante de dire ce qui pourrait se dire autrement, la « valeur ajoutée » d’un langage commun à tous. Elle est l’essence même d’une langue, sa présence en nous la plus proche et la plus insolite. La poésie est au langage ce que la source est à toutes les eaux qui en sortent : la provenance désertée de toute langue courante. Ce n’est qu’à partir d’elle que la langue étincelle, fait signe vers le pur éclat de toutes choses dont nos mots quoti-diens, dans leur usage auxiliaire, ne sont que l’appauvrissement, la disparition. Il n’y a pas l’idée, la signification, le sens, puis la poésie qui, à la manière d’un vernis sur un bois déteint, ferait briller le sens ; mais la poésie porte en elle-même son propre sens. Et ce sens est musique essentielle de la langue, parole où se déploie l’être de toutes choses. Traduire une œuvre poétique, c’est donc, littérale-ment, la déraciner. Davantage : c’est abolir ce qui la fonde. C’est la
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priver d’elle-même. Toute traduction desÉlégiesetSonnetsde Rilke, quelle qu’elle soit, exclut par conséquent l’essentiel, à savoir le rapport à la langue allemande. Ainsi, tout poème traduit, tout poème qu’on a changé de monde, n’est pas seulement en exil mais en péril : en péril de ne plus pouvoir être entendu comme ce qu’il est. Un tel péril ne se surmonte pas. Cependant, loin de réduire la traduction à un acte sans importance, où tout se vaut puisque l’essentiel est perdu, il exige au contraire de celui qui s’y risque un souci constant. En quelque sorte, l’acte de tra-duire exige d’être pensé à la mesure du péril qu’il engendre. On se souvient de la façon dont Baudelaire définissait ses traduc-tions d’Edgar Poe. Ce sont, disait-il, des « belles infidèles ». Baudelaire, sans doute, n’affirmait pas seulement une façon per-sonnelle d’envisager la traduction (une façon parmi d’autres) mais, parlant en poète, il disait la nécessité d’une telle infidélité. Entendons bien « infidélité nécessaire » : la traduction d’un poème n’est jamais avant tout la translation d’une grammaire à une autre. Cette translation grammaticale, qu’on tient généralement pour la seule fidélité qui soit, où conduit-elle, sinon à l’évanouissement de la « musique » du poème, assourdie jusqu’à l’absence, c’est-à-dire, puisque musique et sens se portent ici réciproquement, jusqu’à l’incohérence ? À l’inverse, cette infidélité dont parle le poète n’est-elle pas, si on médite ce que veut dire « belles infidèles », le souci et l’affirmation d’une fidélité plus haute et plus essentielle que la grammaire, d’une fidélité d’ordre poétique, telle que seule elle per-met au sens d’apparaître – d’apparaître en une musique ? Mes tra-ductions, semble dire Baudelaire, doivent apparaître au lecteur français comme à l’aube de leur propre jour, ayant seulement pour lui leur visage de poèmes, ce visage étant aussi bien un visage dont il n’a rien su : leur visage de « belles infidèles ». En traduisantÉlé-giesetSonnets, je n’ai pas eu d’autre souci : offrir au lecteur fran-çais les poèmes français de ces poèmes allemands. J'ai dû renoncer à éclairer ce travail d'aucune lumière satisfai-sante. Il eût fallu justifier chaque vers, indiquer les raisons qui
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