L Arbre digital
130 pages
Français

L'Arbre digital , livre ebook

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130 pages
Français

Description

Cette anthologie nous montre à la fois la grande diversité de l'oeuvre d'un poète colombien, aussi grand que son humilité, et son unité à travers les batailles désespérées et merveilleuses du quotidien. Il partage avec les surréalistes ce goût de la conquête des territoires de l'ombre en plein jour, mais sa marque est celle de la rébellion généralisée du sens intégrée au vécu. Bien que multiples dans leurs éclats et leur propension à la tendresse, l'homme et le poète partagent les mêmes vêtements changeants, où la vision filtre tant dans le chaos des villes que dans l'itimité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juin 2016
Nombre de lectures 13
EAN13 9782140010385
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Iltre tant dans le chaos des villes que dans l’intimité. Sa transcendance
N°102
Poésie
Armando Romero
L’arbre digital El arbol digital Édition bilingue
Traduction de Saad Ghosn Lettre d’Alvaro Mutis Préface de Michel Cassir
L’ARBRE DIGITAL EL ARBOL DIGITAL
Levée d’ancre Collection dirigée par Michel Cassir Levée d’ancre est une collection privilégiant l’écriture poétique, créée en 2001 par Gérard Augustin et Michel Cassir. Elle se propose d’abord de publier, au-delà de la division des genres, la poésie sous toutes ses formes ; de la précise ciselure du vent aux nouvelles, y compris le « noyau de prose » par lequel l’œuvre exprime ce qu’il y a de plus actuel, dans sa construction d’un sens de la poésie. Ensuite, multiplier les accès à cette poésie, tant par les anthologies critiques, les ouvrages collectifs, que par les échanges entre écrivains et lecteurs, les rencontres entre la poésie, les différents arts et la vie. Dernières parutions 101 – Hervé BAUER,À l’article de la mort baroque, 2016. 100 – Gérard AUGUSTIN,Ariane sur la route du sel, 2016. 99 – Alain ROBINET,Ô ! ose tes bras ! Poaimes, 2016. 98 – Éléonore COMA,Fragments d’un exil, 2015 97 – Christian CAVAILLÉ,encontres, 2015. 96 – Tassos KOURAKIS,Le printemps est reporté jusqu’à nouvel ordre, 2015. 95 – Ahmed BENDHIAB,Jamila dit, 2015. 94 – Giancarlo CAVALLO,Spiralothèque / Spiraloteca. Vertiges / Vertigini (édition bilingue, traduction G. Cavallo avec M. Cassir), 2015. 93 – Alain ROBINET,Echographie, 2015. 92 – Haydar ERGÜLEN,Grenade ou Nar, 2015. 91 – Fady NOUN,Dans la nuit de diamant, 2015. 90 – Philippe André RAYNAUD,Assises, éclairs, marches lentes, 2014. 89 – Hervé BAUER,Des astres errants. Récits, 2014. 88 – Michel CASSIR,La fête prenant de vitesse l’obscur, 2014. 87 – Marc DELTA,Nus suivi de Triple saison, 2014. 86 – Paul RODDIE,Le ravisseur du monde. Taking the World by Storm, 2014. 85 – Alain ROBINET,à l’image« D’EN DANTE-CI ! ». « qui », d’icelui, l’Auteur, rééc(r)it en vis-à-vis... ... pour nos temps d’ici-là, 2014.
Armando Romero L’ARBRE DIGITAL
EL ARBOL DIGITAL Édition bilingue Traduction de Saad Ghosn
Lettre d’Alvaro Mutis
Préface de Michel Cassir
LEVÉE D’ANCRE L’Harmattan
Du même auteur Poésie Los móviles del sueño(Mérida1975) El poeta de vidrio(Caracas, 1979) A rienda suelta(Buenos Aires, 1991) HagionOros- El Monte santo(Caracas, 2001) A vistadel tiempo(Medellín, 2005) Versos libre por Venecia(Venecia, 2010) Amanece aquella oscuridad(Sevilla, 2012) El color del Egeo(Bogotá, Málaga, 2016) Cuentos El demonio y su mano(Caracas, 1975) La casa de los vespertilios(Caracas, 1982) La esquina del movimiento(Caracas, 1992) La raíz de lasBestia(México, 2005); Romans Un díaentre las cruces(Bogotá, 1993) La piel por lapiel(Caracas, 1997) La rueda de Chicago(Bogotá, 2004) Cajambre(España, 2011).
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-09216-4 EAN : 9782343092164
Mon ami le poète Armando Romero
par Álvaro Mutis (1923-2013)
La poésie est un exercice pour condamnés. Les poètes passent par la rue s’appropriant le visage et les gestes des autres passants et c’est seulement ainsi qu’ils survivent car s’ils avaient à se vêtir du costume d'amiante et de phosphore qui leur correspond, les gens fuiraient à leur passage et la peur régnerait autour d’eux comme une couronne lumineuse justicière. Les poètes comprennent cette situation et acceptent la charge pénible que représente ce mimétisme humiliant. Il reste cependant une zone où cette condition de victime caractérisée par les sept doigts de lucidité, beauté, colère, intemporalité, rêve, mort et amour, ne peut être occultée. Cette zone réside dans les mots mêmes du poète, son regard et son rapport aux autres condamnés.
Je ne connais pas d’exemple plus éloquent de cette condition, que je souligne ici avec la grande humilité de l’ami, que celui d’Armando Romero. C’est ainsi qu’il m'apparut un jour au Mexique et laissa dans mon bureau, après son départ, cette trainée d'ozone, ce murmure de diamants qui éclatent en chaîne, et qui sont les signes que le poète laisse sur son passage. Je le fréquentai ensuite, nous devînmes amis, je lus sa poésie et ses nouvelles et pas un seul de ses mots ne rétracta ou trahit cette queue de comète visionnaire qu’il avait laissée. Je continue à le voir lors de mes passages à Caracas, hélas fugaces et bousculés, et
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toujours il me donne cette impression de vigueur, attachante et craintive à la fois, de celui qui visite des régions et des êtres du domaine maudit, de ceux qui savent et n’oublient pas, de ceux qui voient et ne souffrent jamais des ténèbres.
Cette poésie d’Armando Romero n’a d’antécédent dans aucune école ou groupe connu. Je ne retrouve pas en elle ces racines, ces traces qui reflètent les présences d’autrui, ces visions empruntées, condition qui n’est sûrement pas péjorative tant que ces présences et ces visions demeurent amples et véritables. Je trouve dans la poésie de Romero un rapprochement, un toucher et une narration, et alors, surgit un monde qui lui est essentiel et qu’il peut seulement partager à travers la mince fente de ses poèmes. Qu’enviable et terrible à la fois est cette condition. Je ne crois pas que cette poésie jouit - ou souffre, selon comme on le voit – de ce que souvent on appelle une grande diffusion, ou une certaine popularité. Ce sont des poèmes écrits uniquement pour le poète, ils sont comme l’eau qu’une noria fiévreuse retournerait à son cours premier.
Faire cette poésie, la vivre comme l’a vécue Armando Romero, est ce qui fait d’un poète un condamné. Et de là la désolation et l'amour, le désordre et le bonheur qu’il sème à son passage parmi les gens, "oh, les gens insensés, formulant toujours des opinions !"
(traduit de l’espagnol par Saad Ghosn)
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Mi amigo el poeta Armando Romero
Álvaro Mutis
La poesía es un ejercicio para condenados. Los poetas transitan por la calle con el rostro y con los gestos de los demás transeúntes y sólo así sobreviven porque si hubieran de vestirse con el traje de amianto y fósforo que les corresponde, las gentes huirían a su paso y el pavor reinaría a su alrededor como una luminosa corona justiciera. Los poetas entienden esta situación y aceptan la penosa carga de este mimetismo humillante. Pero queda una zona en donde esta condición de víctima señalada por los siete dedos de la lucidez, la belleza, la ira, la intemporalidad, el sueño, la muerte y el amor, es inocultable. Esta zona la señalan las palabras del poeta, su mirada y su trato con los demás condenados.
Yo no conozco ejemplo más elocuente de esta condición, que señalo con la altanera humildad del amigo, que el de Armando Romero. Así se me apareció un día en México y dejó en mi oficina, al despedirse, esta estela de ozono, ese murmullo de diamantes que estallan en cadena, que son los signos que deja el poeta a su paso. Lo frecuenté luego, nos hicimos amigos, leí su poesía y sus relatos y ni una sola palabra suya desdijo o traicionó esa cauda de cometa visionario que había dejado. Lo sigo viendo a mi paso, ¡ay!, fugaz y atropellado a mi pesar, por Caracas y siempre me deja esa impresión vigorizante, enternecedora y temerosa de haber estado con
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alguien que visita regiones y seres del dominio maldito, de los que saben y no olvidan, de los que ven y jamás padecen las tinieblas.
Esta poesía de Armando Romero no tiene antecedente en ninguna escuela o grupo conocidos. Yo no le encuentro esas raíces, esos rastros que denuncian presencias ajenas, visiones retomadas, condición por cierto nada peyorativa siempre que esas presencias y esas visiones sean grandes y valederas. Yo encuentro en la poesía de Romero un acercarse, un palpar y un narrar, luego, un mundo que le es esencial y sólo compartible a través de la delgada rendija de sus poemas. Qué envidiable y qué terrible condición es ésta. No creo que esta poesía goce -o padezca, según se mire- lo que suele llamarse una gran difusión, una cierta popularidad. Son poemas, escritos sólo para poeta, son como agua una noria febril devolviera a su cauce primero.
El hacer esta poesía, el vivirla como la ha vivido Armando Romero, es lo que hace de un poeta un condenado. De allí la desolación y el amor, el desorden y la dicha que siembra a su paso por entre las gentes, "¡oh, las intonsas gentes, dando siempre opiniones!").
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Armando Romero, le mage vagabond …Quand les enfants du Nord de Sumatra Virent apparaitre un arbre sans feuilles et sans fruits Ils coururent effrayés appeler leurs parents Ceux-ci vinrent armés de leurs grosses haches Et coupèrent l’arbre à la racine Un liquide blanc laiteux jaillit de son écorce taillée Dès lors L’homme tel un poète Ressent une douleur terrible Aigue A un endroit du corps qu’il ne peut définir Ce livre commence par un étrange texte « l’arbre digital » où tout est déjà énoncé à travers peu de mots. La magie arrachée au monde et la lente vocation de la poésie à le réinventer en se réinventant elle-même. Car il n’y a pas d’autre issue pour le poète que de partir de sa propre peau pour que celle-ci devienne le monde. A vrai dire pour en arriver à cette proposition simple et périlleuse, le poète a dû se battre contre bien des moulins à vent et a dû lever les armes du silence et de la révolte contre des bataillons d’idées reçues, de pavillons confortables et ineptes de la convenance. Je marche comme ce vieux surréaliste qui ne croyait plus aux rêves parce qu’il était toujours bien éveillé au milieu d’eux et je dis oui aussi à la vie, et je mange sa soupe amère, que je vomis ensuite sur toutes les jambes de la beauté…
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