Les Cent Vers dorés de la science
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Description

Arsène Houssaye — Le Parnasse contemporainLes Cent Vers dorés de la scienceJ’ai tout vu : la luxurianceM’a couronné dans mes vingt ans ;Mais je cherche encor la SCIENCESous l’arbre aux rameaux irritants.Des visions du vieil HomèreJ’ai peuplé tous les Alhambras.— Païenne ou biblique chimère,Vous ...

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Langue Français

Extrait

Arsène HoussayeLe Parnasse contemporain
Les Cent Vers dorés de la science
J’ai tout vu : la luxuriance M’a couronné dans mes vingt ans ; Mais je cherche encor la SCIENCE Sous l’arbre aux rameaux irritants.
Des visions du vieil Homère J’ai peuplé tous les Alhambras. — Païenne ou biblique chimère, Vous m’avez brisé dans vos bras !
Pour m’enivrer, je l’ai saisie, La coupe d'or, aux mains d’Hébé ! Mais, de mes yeux, dans l’ambroisie, Ah ! que de larmes ont tombé !
Souvent envolé sur un rêve, Rouvrant le Paradis perdu, Sous l’arbre j’ai surpris mon Ève, Rêveuse après avoir mordu.
J’ai, dans ma jeunesse irisée, Vécu comme un aérien, Poursuivant ma blanche épousée Au contour euphranorien ;
Fuyant la vision brûlante Que je recherche tant depuis, J’ai saisi toute ruisselante La vérité sortant du puits.
J’ai vu Rachel à la fontaine, Judith, Suzanne et Dalilah ; J’ai surpris la Samaritaine A l’heure où Dieu la consola.
Madeleine la pécheresse, Avec passion je l’aimai ! Et Diane la chasseresse D’un vert amour du mois de mai.
Diane, je me suis fait pâtre Pour voir tes pieds nus sur le thym ! D’Aspasie et de Cléopâtre J’ai rallumé le cœur éteint.
J’ai lu les pages savoureuses Du beau roman vénitien Dans le regard des amoureuses De Giorgione et Titien.
J’ai trouvé la cythéréenne Dorée au flanc comme un raisin, Et la pâle hyperboréenne Ciel dans les yeux et neige au sein.
Ouïssant chanter les sirènes, J’ai couru cent fois l’Archipel ; Mais, dans le pays des Hellènes, Nul ne répond à mon appel.
Vainement je me passionne Pour la sagesse des anciens, La Minerve de Sicyone
Garde leurs secrets et les siens.
Ô mon esprit ! quand tu t’enivres, Mon cœur est toujours étouffé, Comme la science en ces livres Dont j’ai fait un auto-da-fé.
Dieux visibles et dieux occultes, Du Paradis au Phlégéton, J’interroge en vain tous les cultes Depuis l’autel jusqu’au fronton.
Quand je suis avec les athées, Je vois rayonner DIEU partout ; Et devant les marbres panthées Je m’incline et j’adore TOUT.
J’ai reconnu l’autel antique Avec Platon au Sunium ; Mais j’ai vu l’église gothique, Et j’ai chanté leTe Deum!
Michel-Ange devant sa fresque M’ouvre un ciel sombre et radieux ; Mais Phidias me prouve presque Que tous ses marbres sont des dieux.
J’ai lu jusqu’aux hiéroglyphes ; J’ai couru jusqu’au Labrador ; J’ai, dans le jardin des califes, Dérobé la tige aux fleurs d'or.
Sur les ailes du vieux Saturne, J’ai cueilli tout fruit où l’on mord ; Mais je commence à sculpter l’urne Où croissent les fleurs de la mort.
Rabbin, prophète, oracle, brahme, Les sibylles de la forêt, L’eau qui chante, le vent qui brame, Ne m’ont jamais dit le SECRET.
La VÉRITÉ — la POÉSIE Laissent mon cœur inapaisé, Et devant le Sphinx de Mysie Je vais, triste, pâle, brisé.
« Sphinx, révèle-moi le mystère ! Faut-il vivre au ciel éclatant Avec son âme, — ou sur la terre Avec son corps toujours flottant ? »
Le Sphinx daigne m’ouvrir son livre À la page de la raison : C’EST DANS SA MAISON QU’IL FAUT VIVRE, LA FENÊTRE SUR L’HORIZON.
La MAISON, c’est mon corps. La joie Y fleurit commeun pampre vert ; La FENÊTRE où le jour flamboie, Ce sont mes yeux : le ciel ouvert !
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