Les enfants du béton
218 pages
Français

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Les enfants du béton , livre ebook

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Description

Sous forme de poèmes, Les Enfants du béton regroupent avec Clonage, cri et révolte par rapport au lent processus de déshumanisation où nous entraîne la pensée unique, Pourtant mon cœur est en mesure, qui nous parle de l'usure du temps. Quant à La vie renaît chaque matin, les textes nous baladent au gré des jours, au fil des nuits, aux de nos amours.Š

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 71
EAN13 9782296464797
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENFANTS DU BÉTON
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55089-6
EAN : 9782296550896

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
H enri S AIGRE


LES ENFANTS DU BÉTON

Poèmes
CLONAGE


CLONAGE
a été créé au Théâtre du Lucernaire en mai 1983, interprété
par l’auteur, sur une musique de Olga JIROUSKOVA, mur
d’images de François HENRY.
Premier instant


Je te rencontrerai peut-être
A quelque interstice d’un silence
Par delà quelles limites
Nous atteindrons-nous
Quels fracas de ferrailles tranchantes effilochées
Quels accords filés de
Limailles titanées
Permettront
Qu’enfin je t’encontre
Au creux de nos réseaux mutilés
Saurons-nous alors nous reconnaître
Deuxième instant


Bitume tendu d’or noir
Miroir mouillé asphalte
T’ai-je assez arpenté
Nous vibrons aux rythmes compressés des
bétonneuses
Que faisons-nous du temps offert
Nous nous gavons de mol confort
Qu’avons-nous fait du temps donné
Pavés
M’ont captivé tes voiles d’or
Noirs
Englué dans tes rais
Mais
Avais-tu caché les allumettes
Troisième instant


Des haut-parleurs
Crachent leurs décibels
Vomissent un néant désâmé
Les lumières s’affolent
Zoo muet syncopé
Phosphoraisons d’os déviandés
Se disloquent à distances
Nos corps soudés aux ultra-sons
Nos chaires limées aux chlores
Le bastringue chavire
Dans la fumée des drogues pâles
A la nausée de l’aube
Sur terrain vague
Les chaînes ont perlé
Les dogues attendent le festin
Du doigt découpé d’un enfant
Le sang
Couleur d’urine fétide
Suinte de nos oreilles
La violence n’est plus que crapuleuse
Les cervelles spongieuses
Et nos yeux hébétés
Quatrième instant


Un samedi soir sans importance

Dans les caves d’une HLM
Ils ont voilé deux lampes torches
Huit bras de fer l’enserrent
Sur elle le cuir lent chevaucheur
On ne l’entendra pas crier
Un journal ordurier dans la bouche
Cinq désarrois machiques l’enfoncent
Ricanent halètent injurient se défoncent
On ne l’entendra pas crier
Le viol n’est plus rituel
Le viol est habituel

Au second étage d’une HLM
Ils ont allumé la télé
Y plonge la chambre conjugale
Lumière glauque couleurs vaginales
Passions américaines
Ahanements de bipède mi-chauve
Soupirs glaireux de la chair cellulite
L’amour n’est plus rituel
L’amour est à heures fixes

Au dernier étage d’une HLM

Avec terrasse
Ils ont dévoilé des photophores
Pêle-mêle chevauchée fantastique
S’entassent et s’échinent
Cataractes de whyskey
On fait marcher les chronomètres
On exaspère les pronostiques
La partouze n’est pas rituelle
Elle est pari-mutuel

Un samedi soir sans importance
Cinquième instant


Les aubes portent goût de cendres
Les matins privés de leur sève
Blanc le fluor colle à tes dents
Ton corps a des relents de fièvre

La vie en jours ternes s’effile
Et mieux nous vaut indifférents
Qu’y a-t-il sous nos vêtements
Que des carcasses inutiles

La graine s’est perdue au vent
Te souviens-tu de ses rafales
Rivés aux trottoirs roulants
Sans révolte sans fanal
Sans colère

Colère et sang
Sixième instant


Gagne gagne gagne
Marteau pilon emboutisseur
Tac à tac à tac à tac à tac des machines à écrire
Mâchoires discordantes des tiroirs caisses
Métros compresseurs plus vite
Presses hydrauliques cadences
Plus vite cadences
Fesses frôlées des dactylos
Regards torves des contremaîtres
Cadences plus vite
Travaille produit amasse
Avec au bout du mois
Les sous l’argent
Les traites perforées
Plus vite cadences la vie
Avec au bout retraite
L’ennui la mort assurés
Gagne gagne gagne
Septième instant

Viens-t-en ma mie en promenade
Vois les rues piétonnières ont recouvert
Les caniveaux de notre enfance
Rejouerons-nous sans fin sur faux dallages
L’antique comédie de l’homme et de la femme
Solidaires liés soudés par toutes les souffrances
Les décharges débordent
Notre âme s’évapore
Pendent quelques lambeaux
Aux yeux crevés des lampadaires
Des quartiers éventrés
Hier hier hier
Aujourd’hui les vidoirs à ras bords
Aux musées cathédrales
Notre vie épinglée
Nos chairs périmées
Troupeaux moussus dépossédés
Plus de place
Adieu les toits penchés
Un homme différent est sur le point de naître
Un homme ordinateur un homme programmé
Adieu vendeurs de marrons chauds
Adieu verveines blanches
Nous sommes préparés
Adieu mes limonaires
Et l’âme que nous avions crue sans mesures
Erodée aux marteaux rongeurs
Et quelque chose de plus
Et quelque chose en moins
Et quoi de plus
Et quoi de
Huitième instant


Brouillards
Vertiges
Pluies acides
Oxygène raréfié
Eaux mercuriées
Coulées d’ozone gluant
Chaleurs suintantes
Atmosphères moites
Bêtes hybrides
Arbres défolliés
Terres déshydratées
Fruits atrophiés
Vapeurs pestilentielles
Chairs squameuses
Proliférations turgescentes
Levures purulente
Aigres stupeurs
Engourdissements ternes
Brèves suffocations
Lents étourdissements
Brouillards
Vertiges
Neuvième instant


Traqué
Par quel univers fabuleux
Des éclaboussures anciennes
Crépitements d’arcs en ciel
Pluie de suie
Mon âme noire
Apres envolées à venir
Cataractes de chevaux sauvages
Ma toison d’or
Sans filet sur un orteil
Equilibriste
Entre hier et demain
Truqué
Le fil du non retour tendu
Tout
Plutôt que nos matins ternes
Tout
Va disparaître
Enfin
Dixième instant


Trottoir d’attente
Métro
Asphalte liquide aspirante
Goudron capteur
Bord du quai
Gouffre précaire
Précipice immédiat vertige
Noir soudain
Silence déchiré
La rame hurlante déchiquette
Broie
Détruit
Cri
Corps hésitant
Mort moderne
Noir
Ombre de regard sur pendule muette
Ai vu une étoile filante
Et
Onzième instant


Nous précède une corne de brume
Trois notes lancinantes sur lents synthétiseurs
Des cortèges pourpres de dies irae
Surnagent de clandestins dormeurs
Destins de geysers écroulés
De sombres chalutiers remontent les courants
Blanche est odeur de mort
Gris hauts murs qui l’entourent


Je descends des chemins nocturnes
Appels de foules concassées
Envols des cloches taciturnes
Tant de regards assoiffés
Le sang eût-il ce goût d’orages
Sur fond de vignes desséchées
Pouvions-nous lire de clairs présages
Nos transparences pétrifiées

Tu m’as donné ce pas de lune
Blanche lumière
Blanche
Pour moi le temps de nouveaux âges
Passé celui des trépassés
Je vais entrer où nul ne nage
Je vais pénétrer délaissé
Douzième instant


On m’a greffé des rhizobium
Cela va mieux
Je commence à fixer l’azote
Il paraît que j’étais irrécupérable
Pour l’ancienne humanité
Branché sur ordinateur
J’apprends les mutations
Je deviens de bonne exploitation
Tant je m’

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