Les psychosophiques
110 pages
Français

Les psychosophiques , livre ebook

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110 pages
Français

Description

Le nom de Suzanne Meyer-Zundel ne peut être prononcé sans lui associer aussitôt celui de Judith Gautier, fille de l'écrivain Théophile Gautier. Une rencontre fortuite a apparié les deux femmes que pourtant bien des choses séparaient : leur âge, leur milieu, leur formation, leurs goûts. Les Psychosophiques sont le résultat de cette alliance, les poèmes témoignent de l'accès progressif à une culture, la fabrication lente d'une écriture, le déliement d'une intelligence.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2013
Nombre de lectures 72
EAN13 9782296536722
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Suzanne Meyer-Zundel
LES PSYCHOSOPHIQUES
LES INTROUVABLES
Poèmes
Présentés par Sylvie Camet
Les psychosophiques
Poèmes
Les Introuvables Collection dirigée par Thierry Paquot et Sylvie Camet La collectionLes Introuvablesdésigne son projet à travers son titre même. Les grands absents du Catalogue Général de la Librairie retrouvent ici vitalité et existence. Disparus des éventaires depuis des années, bien des ouvrages font défaut au lecteur sans qu'on puisse expliquer toujours rationnellement leur éclipse. Oeuvres littéraires, historiques, culturelles, qui se désignent par leur solidité théorique, leur qualité stylistique, ou se présentent parfois comme des objets de curiosité pour l'amateur, toutes peuvent susciter une intéressante réédition.L'Harmattanau public un fac-similé de textes propose anciens réduisant de ce fait l'écart entre le lecteur contemporain et le lecteur d'autrefois comme réunis par une mise en page, une typographie, une approche au caractère désuet et quelque peu nostalgique. Dernières parutions Jean LORRAIN,Récits fantastiques, 2012. Saveros POU,Nouvelles inscriptions du Cambodge, Volume IV, 2011. Guy SABATIER,Félix Pyat (1810-1889), Publication de « Médecin de Néron », drame inédit de 1848, 2010. Antoine de BERTIN,Œuvres, ed. Gwenaëlle Boucher, 2010. Anthony MOCKLER,François d’Assise. Les années d’errance, 2009. e Gwenaëlle BOUCHER,Poètes créoles au XVIII siècle : Parny, Bertin, Léonard, 2009. VOLTAIRE,Les Amours de Pimpette ou Une Saison en Hollande, 2008. Vincent CAMPENON,Œuvres, 2008.Jean LORRAIN,Histoires de batraciens, 2008. Sylvie CAMET,Les métamorphoses du moi,2007. Léonard de VINCI,Traité de la perspective linéaire,2007. Nicolas-Germain LÉONARD,Œuvre poétique,2007. Pierre CÉROU,L’amant, auteur et valet, 2007. Paul MARGUERITTE,Adam, Eve et Brid’oison,2007. Céleste de CHABRILLAN,La Sapho,2007. H.-M. STANLEY,La délivrance d’Émin Pacha,2006.
Suzanne Meyer-Zundel
Les psychosophiques
Poèmes
Présentés par Sylvie Camet
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00441-9 EAN : 9782343004419
Préface À la question qui se pose : mais qui est donc Suzanne Meyer-Zundel, la lecture de la notice que lui consacre Agnès de Noblet dans son ouvrageUn univers d’artistes ; autour de Théophile et Judith 1 Gautier, paraît être la meilleure réponse. Dans cette sorte de dictionnaire des amis de Judith Gautier, des gens qui ont gravité dans son orbe, Suzanne ne peut manquer de figurer, puisqu’elle fut la dernière, la fidèle amie des années de vieillesse de l’écrivaine. Pendant les dix dernières années terrestres de Judith, l’affection rayonnante et réciproque qui l’unit à Suzanne donne à celle-ci une place de choix parmi les intimes. Dans son livre de souvenirs, abusivement titréQuinze ans auprès de Judith Gautier – à consulter avec circonspection –, Suzanne raconte longuement comment, installée temporairement à Paris avec sa mère pour y présenter à un concours ses œuvrettes florales en mie de pain colorée, elle fut présentée à Mme Gautier, rue Washington, par le prince Karageorgevitch. Premier contact. Coup de foudre. « De son regard s’échappait une profonde mélancolie avec quelque chose d’extrêmement lointain… d’indéfinissable… son expression laissait deviner une âme désabusée que les amertumes de la vie, sans l’avilir, avaient rendue plus noble, plus généreuse. Opposition très spéciale : le noir lustré de ses cheveux laissait ressortir la blancheur marmoréenne de la peau. Ses attitudes et ses traits purs, d’une merveilleuse régularité, achevaient de lui donner l’aspect d’une statue grecque. Ce même jour fut prise et arrêtée ma détermination : conquérir à tout prix l’amitié de cette femme que je sentais si complète, si accomplie. » Par un hasard providentiel, elle retrouve Judith sur les pelouses élyséennes à l’occasion de la visite à Paris de Sisowath, roi du Cambodge, puis, par une improbable coïncidence, en Bretagne l’été suivant, la famille Meyer ayant loué pour la saison une villa à Saint-Lunaire. Les Meyer-Zundel, Alsaciens fortunés, avec des intérêts en Russie – le grand-père de Suzanne avait créé à Moscou une importante manufacture de tissus imprimés –, étaient établis à Mulhouse. Suzanne, avant-dernier rejeton d’une famille de sept enfants, y périssait d’ennui. « Par quelle issue sortir de cette existence négative, terne, végétative, pareille à celle des mollusques agrippés à leur rocher ? » Son 1 Éd. l’Harmattan, Paris, 2004.
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instruction, dans une province annexée par l’Allemagne, avait été assez négligée, et, de son propre aveu, son éducation laissait beaucoup à désirer. « Je n’avais jamais eu à subir dans la vie aucune contrainte. » Suzanne ne fait aucune allusion à son père, et sa mère, elle la dépeint indulgente à tous ses caprices. Au Pré des Oiseaux, cet été-là, assidue visiteuse, Suzanne poursuit obstinément la conquête de Judith, et Mme Meyer invita de bonne grâce à déjeuner la nouvelle amie de sa fille. L’arrivée en landau de Mme Gautier dans ses voiles à l’orientale, escortée de deux messieurs chinois, à la villa Bon-Abri de Saint-Lunaire, ne suscita pas, l’on s’en doute, que des commentaires favorables de la part de tous les membres d’une famille très conventionnelle. Suzanne franchit tous les obstacles, gagna sa mère à sa cause, éveilla l’intérêt attendri de Judith et, dès lors, l’intimité se resserra entre une femme d’expérience, sexagénaire au cœur en sommeil, et cette fougueuse jeunesse qu’elle se plut à former. « Ne jamais cesser de meubler son esprit, enseignait-elle, d’acquérir de nouvelles connaissances et de marcher continuellement vers la perfection. » Mme Meyer aurait pu prendre ombrage de l’influence de Mme Gautier sur l’esprit de sa fille ; il n’en fut rien. Et Judith vint « terminer un automne splendide dans notre campagne en Alsace, où Benedictus vint la rechercher après qu’il eut passé lui aussi quelques jours chez ma mère. » Cette « campagne » était une belle propriété rurale à Niedermorschwiller ; elle fut dévastée pendant la Seconde Guerre mondiale. Les deux dames se quittèrent enchantées l’une de l’autre. A Mme Meyer qui accepta en définitive l’installation permanente de Suzanne rue Washington, Judith dédia son poème lyrique laBelle Aude (Poésies) et ne cessa au cours des années suivantes de la remercier de son inépuisable générosité, traduite par toute espèce de cadeaux : « Amie très chérie… Je vous aime infiniment… Je vous embrasse bien de tout mon cœur reconnaissant… » On a peine à croire à quelque duplicité, gêne ou réticence que ce soit dans les sentiments ainsi exprimés de part et d’autre. Le temps s’écoulait dans une entente parfaite entre Suzanne/Suzon plongeant hardiment dans les délices de découvertes quotidiennes et Judith/Maya animée d’un dynamisme nouveau, revigorée, comme régénérée. Il arrivait à Suzanne, toute en démonstrations spontanées et chaleureuses, de souffrir de la froideur apparente de son mentor ; elle a noté les réflexions de Maya à ce sujet : « L’amitié, vois-tu, est une chose si pure, si belle en soi, reposant sur le dévouement, calme, invariable, et la vérité réciproque qui en fait une chose plus noble, plus sincère, plus sûre, plus rare que tout autre sentiment. […] Elle peut fort bien se passer de manifestations extérieures… » Et de citer Montaigne et Goethe. Suzanne, devenue son bâton de vieillesse, Judith ne pouvait plus se passer d’elle. Pour lui faire plaisir elle acceptait les invitations du gratin et l’imposait à ses côtés, ce qui n’enchantait
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pas tout le monde mais ravissait la jeune provinciale, très faraude, selon sa propre expression, de belles relations ainsi acquises. Rythmées par le déplacement rituel en Bretagne jusqu’à la déclaration de guerre à partir de laquelle Judith abandonna complètement la rue Washington, les années conduisaient inexorablement nos deux inséparables à la séparation finale. Durant l’été 1917, Judith eut la joie de revoir Péladan, venu exprès à Dinard pour y rencontrer sa vieille amie… Moins d’un an plus tard, ils seraient tous deux rayés du nombre des vivants. Le Sâr était accompagné de son égérie, Edith de Gasparin, une fervente wagnérienne, fille du comte et de la comtesse Agénor de Gasparin, de confession protestante hautement proclamée, passionnée de voyages et d’expériences spirites. Par Péladan auquel elle assez était attachée pour le soutenir affectivement et matériellement de tout son pouvoir, elle avait noué avec Mme Gautier des relations assez agréables pour se rappeler à elle de temps à autre. Le 7 janvier 1916, par exemple, Judith la remercie de son « ingénieux souvenir », exactement arrivé le Premier de l’An : « Je vous désirerais moins lointaine et j’aimerais tant causer avec vous… » À Dinard, cet été-là, Melle de Gasparin et Mme Elémir Bourges, excellentes amies, s’étaient donné rendez-vous… et cette dernière manqua de se noyer un beau jour, à l’émotion générale. Dernier événement d’importance dans la vie de Judith, elle fait la connaissance d’un prince charmant d’illustre lignage, petit-neveu par sa mère de l’impératrice Eugénie, un grand ami entre beaucoup d’autres de Léon Daudet, de Marcel Proust, de Montesquiou, un wagnérien passionné admirateur de Fanelli, un disciple de Péladan…, extrêmement beau de surcroît : le marquis de Casa Fuerte. L’attraction est spontanée, la fascination mutuelle. De retour à Paris, il envoie une dépêche : « J’ai laissé le meilleur de moi entre vous deux, quelque chose d’indéfinissable m’habite, je vous ai vues cinq fois et c’est plus que toute une vie. Filialement, fraternellement. Illan. » Sa présence providentielle, quelques mois plus tard, au lit de mort de Judith, aida puissamment Suzanne à surmonter sa détresse. Ensemble, ils choisissent le dernier lieu de repos de Mme Gautier, ensemble ils vivent les heures cruelles de son inhumation. Illan reparti, Suzanne trouva quelque soulagement à comptabiliser les messages de condoléances de ses flatteuses relations ; en trois jours, mande-t-elle au prince d’Annam – « Très cher Prince et bien cher ami » –, elle a reçu soixante-trois lettres et quarante dépêches… Ayant épuisé cette abondante correspondance, elle entreprend d’exprimer sa peine sous forme poétique. L’imprudente ! Sa vanité enfantine la poussa à publier le résultat de ses épanchements.La gloire de l’illusionqui parut en 1920 aux Éditions hispano-françaises (382 pages) s’ouvre sur cette déploration datée du 26 décembre 1917 :
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