Mémoire des futurs
305 pages
Français

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Mémoire des futurs , livre ebook

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Description

"Y a-t-il un lieu, un temps, une opportunité / Pour poser ensemble quelques questions / Qui demanderaient mémoire / Qui feraient mémoire et fondement d'une ville / D'une ville du langage, du langage dans la ville / d'un partage des voix dans la vie de la ville ?" Question à laquelle s'efforce ce poème documentaire qui a installé sa sonde dans un quartier sensibe de Rouen, faisant l'objet d'un programme intensif de rénovation urbaine. Habité, irrigué par celles et ceux qui y vivent et y travaillent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 52
EAN13 9782336257570
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296108066
EAN : 9782296108066
Sommaire
Page de Copyright Page de titre RUINES ET CHANTIERS
0 - TORNADE FIXE 1 - LIGNE DE MIRE 2 - ODALISQUE 3 - IMPRESSIONS 4 - RACAILLE 5 - UN CHEMIN DANS LE CHAOS 6 - RICHESSE 7 - BEYROUTH 8 - PETITE TACHE 9 - AU FIL DES MOIS 10 - LE PRESTIGE DE L’UNIFORME 11 - À NOUVEAU SEULE 12 - TOUT PRES DE L’ORDINATEUR ET DU DICTAPHONE 13 - IMPRESSIONS 2 14 - UN AIMANT 15 - PROZAC 16 - ÉDUCATION 17 - TUTEURS, TUTELLES 18 - ELIMINATIONS 19 - C’EST COMME UNE SEMAINE AVANT UN ACCOUCHEMENT 20 - IMPRESSIONS 3
MEMOIRE, VILLE DU LANGAGE
MEMOIRE Et l’oubli des futurs ?
CHAMBRE D’ECHOS DU CAHIER DE RONALD VAN PEL
0 - AVEC LE TEMPS... 1 - SAINT NICOLAS 2 - JE N’ETAIS QUE... 3 - PARCS 4 - RONALD DANS L’ELDORADO 5 - LE MONDE EST PETIT 6 - LITS DU TEMPS 7 - CLES 8 - MAUVAISES REPONSES 9 - LA RESPIRATION DE LA VILLE A L’INTERIEUR DE LA TIENNE 10 - « LA PENSION : 11 - BERCEAU DE VIOLENCE
NOTES POUR UN POEME D’AGITATION DES MEMOIRES
la démocratie du poème
INCENDIE DE MEMOIRES
0 - AU TEMPS PRIVE DU VIVRE 1 - GEOGRAPHIE POETIQUE DES ACRONYMES 2 - DANS LE CMS 3 - ARRIVEES 4 - FAIRE SA LOI 5 - FAIRE SA LOI ENCORE 6 - A FORCE FAIRE SA LOI 7 - LE TAUREAU 8 - LA MAISON DU FUTUR EN FEU 9 - OMBRES DEFENESTREES 10 - LE DETAIL DE L’INDICIBLE 11 - HISTOIRES DE CHIENS ET DE CAVES 12 - T’AS PAS LE REGARD JUSTE 13 - SURPOPULATIONS 14 - VISION D’HORREUR 15 - LA GUERRE 16 - LES PREMIERS KARCHERS
L’ATELIER DE PATIENCE
EVEIL AU SOL
PAROLE POTERIE PETITES NOTES POUR UN INCENDIE DE MEMOIRE, DEUXIEME PARTIE PARLEZ-VOUS FRANÇAIS ? - LES QUARANTE VOLEURS DU TEMPS
0 1 2 3 4 5 LES QUARANTE RODEURS DU TEMPS - 0 1 2 3 4 5 LES QUARANTE ODEURS DU TEMPS - POEME DE SAFIA
POUR LAHSEN LETTRE D’UN AVEUGLE AUX HABITANTS DES HAUTS
0 - CECESSITE 1 - DEVANT LE HUYSMANS 2 - MOUNIA 3 - ANNE-MARIE 4 - LAURENCE 5 - MAMA AFRICA 6 - JE CROIS QUE J’AI REVE
OBAMA OH BAH MOI
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
PETIT GLOSSAIRE Du même auteur
Mémoire des futurs
un poème documentaire sur les hauteurs de Rouen

Philippe Ripoll
Ce poème documentaire en compagnie des habitants de Rouen est issu d’un chantier in situ de deux ans dans quatre quartiers réunis sous le nom des Hauts de Rouen. Le lecteur trouvera en fin de volume une liste non exhaustive des personnes avec lesquelles le livre a été écrit, et, en page 293, un petit glossaire des acronymes associatifs et autres, auquel renvoie, de place en place, l’astérisque *.
Couverture : Simon Ripoll-Hurier
RUINES ET CHANTIERS
0
TORNADE FIXE
En entrant, souffle du vent et bourrasques de voix
Avec leur nouveau système de fermeture électrique Les portes des immeubles Ressemblent de plus en plus à des portes de prison
La porte de Nanou est au premier Non, au deuxième Non, ça doit être au troisième
Marche après marche, le silence est revenu Mais cette cage d’escalier emprisonne le dehors Extraordinaire sensation d’extérieur
C’est le vent
Lorsque je sors de l’appartement, c’est vraiment le vacarme Comme un cochon qu’on égorge Le vent défonce la lucarne du dernier étage
Toute la cage d’escalier a un air de tornade fixe Une colonne faite pour dévaster La porte se referme avec son déclic magnétique
Un fort vent d’ouest balaye les autres immeubles autour Dans dix jours, le grand nettoyage Dans dix jours, la réhabilitation
C’est une vie
1
LIGNE DE MIRE
L’ancien curé des Hauts m’avait donné le nom de Nanou La rue Newton était suspendue entre l’avenue frontière De la Grand-Mare en bas derrière la ceinture d’arbres
Et la rue Galilée qui venait d’être redessinée Pour la vue et pour l’esprit du quartier à venir Comme une perspective de grand cours
Rue Newton, la chaussée n’était pas refaite Le vide public Entre les immeubles non plus
Une couche de macadam Ç‘âurait pas été du superflu C’est pas fini, je sais, mais ça ne viendra pas jusque-là
L’immeuble de Nanou était dans la ligne de mire Des hélicoptères de la police ou de l’armée Quand ils cernaient le quartier
Et qu’au mitan de la nuit Ils jetaient leur lumière crue de plein jour Sur sa nudité d’immeuble de pauvres
2
ODALISQUE
Depuis deux ans le papier de la salle à manger-salle télé Et du salon devenu alcôve de fortune Était arraché, dans l’attente d’une rénovation
Le curé avait parlé de moi à Nanou qui m’attendait Et s’étonnait de ne pas encore avoir un signe de ma part Il lui avait dit, Sois patiente, il t’appellera quand il sera prêt
Il devait avoir raison Puisque j’étais en face d’elle Et qu’elle parlait à toutes mes oreilles
Allongée presque sur son divan Qu’un grand voile blanc imprimé de fleurs surmontait Elle avait l’air d’une odalisque
Même souriante, l’obésité la fatiguait
3
IMPRESSIONS
« J’ai l’impression que ma vie a changé Quand la ville a commencé à changer (J’ai l’impression que la ville a changé
Quand ma vie a commencé à changer J’ai l’impression que ma vie Que la ville ont commencé à changer)
Mais dans notre coin on reste, on est, un peu délaissé J’ai l’impression qu’on ne traite que la surface de l’iceberg » (Et l’impression gèle, reste, scelle)
4
RACAILLE
« J’ai vécu la moitié de ma vie en ayant une vision Du quartier qui a complètement changé depuis que je suis Dans le quartier
J’avais des oncles et des tantes qui habitaient ici Quand on parlait des Hauts de Rouen, c’était La racaille
Dans le journal, c’était La racaille Chaque fois qu’il y avait un article, c’était pour La racaille
Une vision du quartier pas très honnête »
5
UN CHEMIN DANS LE CHAOS
« J’ai rencontré mon deuxième mari Il vivait sur les Hauts de Rouen Et il ne voulait pas quitter son quartier
Moi, j’avais tellement baguenaudé dans la région » Je choisis un thé à la figue Nanou avait une kyrielle de thés
Joliment conservés dans des pots en verre Samuel, le fiston, s’arracha lentement de son fauteuil Et de sa télé, pour les apporter, avec l’eau chaude
Il obéissait à sa mère tout en lui résistant Avec une langueur comme décalquée sur la sienne Il fallait se faire un chemin de la cuisine au salon
Un chemin dans le chaos D’une rénovation longue à finaliser Il y avait une tache brune sur le voile, à hauteur du divan
Moi, j’écoutais En répétant ou en égarant les phrases de Nanou Des éclats de phrases ordinaires sertis dans une voix double
Il y avait au loin un poème Qui cherchait quelque rime, une cadence, un paysage Petite embarcation sur l’océan de sa personne
Nous, on écoutait comme on pouvait
6
RICHESSE
« Ces quartiers sont très riches Les gens ont l’habitude de se priver De se serrer les coudes, d’être soudés
Ces quartiers sont très riches, la solidarité On la vit tous les jours Même si quelquefois on se dit qu’on en a marre
Qu’on en partirait bien... Il y a eu des moments, oui Où j’ai eu peur
Mais maintenant je suis connue dans le quartier Ailleurs, on ne peut pas compter sur les gens Comme ici, oui, comme ici
Ces quartiers sont très riches, la preuve J’avais le choix entre réhabiliter l’appartement et partir J’ai choisi de rester, je me sens bien
Dans ce quartier et je suis contente Qu’ils aient pris la décision des travaux même si ça a été Franchement pénible. »
7
BEYROUTH
Nanou parlait des travaux de voierie pour le passage du Teor* Qui avaient, pendant plusieurs mois, donné au quartier Une petite allure de déroute, d’apocalypse
Un petit air de Beyrouth Comme dit un jour un artiste De passage à la Grand-Mare
« Une fois j’ai poussé ma gueulante au GPV* En plein milieu des travaux C’était fin deux mille six
On était dans les trous béants Des fils traînaient partout Des gens se cassaient la figure
J’avais mes deux béquilles Et je traversais les travaux avec la petite J’avais peur
De lui lâcher la main On tenait en se disant qu’on allait avoir Quelque chose de mieux après
Avec les travaux, les gens sont devenus un peu plus ouverts Ça a ouvert les yeux et le cœur des gens Et j’ai senti un changement dans le quartier »
8
PETITE TACHE
Nous étions

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