Ô VIN !Jardin habité par le suave ArielOù viennent se griser de parfum et de mielLes papillons poudrés et les blondes abeilles,Ô Vin ! fais mon cœur chaud et mes lèvres vermeilles !Orgie étourdissante où filles et garçonsFont ...
Jardin habité par le suave Ariel Où viennent se griser de parfum et de miel Les papillons poudrés et les blondes abeilles, Ô Vin ! fais mon cœur chaud et mes lèvres vermeilles !
Orgie étourdissante où filles et garçons Font assaut de baisers, de danses, de chansons Au bruit des tambourins bourdonnants et des flûtes, Ô Vin ! dans ma cervelle il faut que tu culbutes !
Gai paradis où des amoureux de vingt ans Qui sont coiffes de grâce et vêtus de printemps S’aiment ingénument dans les molles prairies, Ô Vin ! débite-moi mille galanteries !
Temple prestigieux, rond, s’il n’est pas carré, Sans cesse palpitant du rouge feu sacré Qu’entretient chastement une jeune vestale, Ô Vin ! habille-moi de pourpre orientale.
Torrent impatient dont les flots turbulents Semblent un vol fantasque et brusque d’oiseaux blancs Qui dans l’air irisé iraient semant leurs plumes, Ô Vin ! je veux bondir sur tes folles écumes !
Mer éternellement pacifique : toujours Le marin y connaît l’ivresse des retours Sous les yeux bienfaisants des lointaines étoiles, Ô Vin ! sillonne-moi d’espoirs, célestes voiles !
Église où sur l’encens et comme épris de ciel Montent les chœurs divins de Bach et de Haendel Multipliés vers Dieu par les orgues mystiques, Ô Vin ! emporte-moi sur l’aile des cantiques !
Admirable festin où des rois très cléments Boivent à la santé des poètes charmants, Rois n’ayant que le Beau pour loi, le Beau pour culte, Vin ! distrais-moi du mal par ton joyeux tumulte !
Éveil de la nature au joli mois d’avril Quand un peu de douceur flotte dans l’air subtil, Quand c’est poindre partout la sève rose et verte, Vin ! sois-moi sur le Bien une croisée ouverte !
Fontaine de jouvence où se baignent les dieux Fais mon cœur toujours jeune et toujours radieux ! Miroir de vérité brillant comme la flamme, Ô Vin ! qu’en mon ivresse on sache encor mon âme !
Ciel que ne peut fixer le regard ébloui Où le soleil d’été demeure épanoui Sans que dans l’Océan jamais il s’engloutisse, Ô Vin ! dis à mes pas le chemin de justice !
Ville en fête ; voici le César triomphant Porté par ses soldats comme un petit enfant, Lui et son char paré du sang de la victoire, Ô Vin ! ordonne-moi de mépriser la gloire !
Poème de tendresse écrit par Valmîki Dont la seule lecture ennoblit le yoghi, Que la bonté chez moi devienne machinale, Ô Vin ! vin d’amarante et de pourpre automnale !