Patrie-cide
89 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Patrie-cide , livre ebook

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Description

Il n'y a pas d'immigrés… il n'y a que des bannis, des refugiés, des exilés, des exclus, des errants et même des fugitifs. L'immigration n'est que l'action du voyage, de cet aller simple vers quelque part d'autre. On ne part pas pour revenir. On part et on ne revient que camisolé dans un charter de nuit, ou dans la soute, dans un cercueil, chosifié en tant que bagage parmi les bagages. Ceux qui reviennent sont des touristes, de simples visiteurs. Allions-nous vivre l'exil, allions-nous subir le racisme, si la terre était notre lieu, une sainte patrie sans frontières ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 248
EAN13 9782296711754
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PATRIE-CIDE
Poètes des Cinq Continents
En hommage à Geneviève Clancy qui l’a dirigée de 1995 à 2005.
La collection est actuellement dirigée
par Philippe Tancelin et Emmanuelle Moysan


Série Espace expérimental

La collection Poètes des Cinq Continents non seulement révèle les voix prometteuses de jeunes poètes mais atteste de la présence de poètes qui feront sans doute date dans la poésie francophone. Cette collection dévoile un espace d’ouverture où tant la pluralité que la qualité du traitement de la langue prennent place. Elle publie une quarantaine de titres par an.

Déjà parus

93 – Jamal KHAÏRI, Patrie-cide, Poèmes transférés de l’arabe marocain, 2010.
92 – Ludmilla PODKOSOVA, Les déserts de l’amour ou les nouveaux visages de Rimbaud, 2010.
91 – Chantai ENRIGHT, L’Orphelin, 2010.
90 – Hocéïn FARAJ, Brisé de toi, 2010,
89 – Vincent BOUTON, Envahis par nous-mêmes, 2010.
88 – Elsa SFARTMAN, Petites Offrandes Particulières, 2010.
87 – FACINET, Poèmes sans papiers ou opéra-slam, 2010.
86 – Adjmaël HALIDI, Oraisons vespérales, 2009.
85 – Emmanuel BERLAND, Dans la cabane du philosophe, 2009.
84 – Rachid KHALESS, Dissidences, 2009.
83 – Kassim DEMBELE, Vents de Grâce, 2009.
82 – Jean FOUCAULT, Comme deux gouttes d’eau suivi de A l’orange, 2009.
81 – Stéphane KROVIN, Égale ou ailleurs, 2009.
Jamal KHAÏRI


PATRIE-CIDE


Poèmes transférés de l’arabe marocain
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13355-6
EAN : 9782296133556

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
La mémoire effondrée
-1-
De la nuit naît une autre nuit

voici le temps
que son amour pour les ruines
l’entraîne à la chute

et rien ne survient
hormis le front qui se plisse
sur l’accalmie des pas…

-2-
J’essaie mon linceul
pour égorger le temps dans mes veines
redevenir enfant
et courir…

larmes et rêves m’emportent
vers les havres des papillons
féconds en chênes…

-3-
C’est ainsi que la sagesse s’ouvre
dans la couche de l’impossible

et je ne vois
que ma déprime entre les bras de l’errance
et ce qui reste des gouffres

après que la besace se fut refermée
sur son tisserand

-4-
Et c’est ainsi que la rotation du corps
se rétrécit

le vent crache l’écume des mots
qui rêvent

et les poils poussent
sur la mâchoire de la guillotine.

-5-
Alors,
suppose que mon visage se fendille et
que le crépuscule me surprenne.

mon souvenir brillera-t-il encore,
en toi,
après mon exil ?

et mon amour sacré germera-t-il encore
dans ton silence plein de doutes et de questions ?

-6-
Je me déchire
entre l’envie de rester dans l’indécision
et celle de me crier à la face

vainement !
sur ma face,
je ne vois que visages brisés

-7-
Injecté d’hystérie
et de boue d’amertume
me voici,
ouvrant ma blessure aux nuages
chantant mon destin discrètement

et rien ne me rappelle l’aube
qu’un poème que la voie ignore
et une bougie,
qui n’éveille pas le pouls de la mémoire.
L’ombre et les choses
-1-
Le début de la parole
est dans l’érection de l’ombre ;
les choses se dénudent
et la lumière perle des treilles de la pénombre

-2-
Père
pour qui m’égosiller ?
pour qui égorger le temps
et éveiller la lettre asséchée dans
les plis de la langue ?

-3-
A qui révéler ma vision
et nous sommes tous dans les ténèbres
du gouffre ?
qui croira que je suis Joseph
et que ce monde écarlate
ne m’est qu’un amas d’ennuis ?

-4-
Devant les flots de chemins
le pas périt,
ah qu’il est amer
d’attendre l’envoyé
quand la vie n’est qu’une plante
sans étai
fauchée par les rêveries !

-5-
Le début était errance dans l’esprit
pour rompre l’écho
je me rappelle la caverne
le parloir
l’arbre piégé par l’exil
puis j’oublie

j’assemble vainement les débris

-6-
Et maintenant
que nous reste-t-il, père ! ?
voici la terre qui pleure son dernier tour
et le temps qui étouffe mes cris

-7-
Temps tant persifleur
qu’il arrache la foi des cœurs
et envoie les vaticinateurs
rien que pour le pari

-8-
Et il n’y a que mon sang qui viole les voiles
du péché
et pénètre les laves de la mémoire
pour savoir :
comment la côte est devenue femme
qui défend Dieu par sa droite
et de sa gauche
nous chéri ?
La psyché et les chaînes
Des arbres engendrent des femmes
Et Hayy {1} est venu de la terre
Sans aïeux et sans mère
Délivrer les âmes
1ère marge

S’il y a un pas entre toi et le miroir,
alors,
entre toi
et ton image dans le miroir ;
il y en a deux… !

2ème marge

Nous sommes un lac d’oiseaux,
que le temps et la rouille des chaînes
ont égorgés… !

Et rien ne ressemble à nos pas
que ce crépuscule…

Nous sommes-nous accoutumés
aux chaînes ?

Ou,
est ce que les chaînes sont en nous ?

Hier,
notre père s’est endormi,
et nous nous sommes réveillés
à la faveur d’une femme,

Qui nous a libérés,
et nous a donné, à petites tétées,
le premier désir…

Et aujourd’hui ?
nous voici débordant par nos yeux ;
rêvant
à des pluies,
à des papillons,
à l’écho…

Nous voici bourdonnant
mutuellement…

Aujourd’hui… ;
nous n’avons pas de devoir
si ce n’est :
ÊTRE

Ou bien,
livrer nos pas,
à l’accalmie du crépuscule… ! ?
Le siège
Voici venu le temps
où tu dois sortir combattre
les moulins à vents

Ou bien porter le rocher
seul,
tout en errant.

Car un peu plus de silence
suffira
pour planter le siège,
et semer les potences
dans la raison.

Et un peu plus de silence

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