Poètes créoles du XVIIIème siècle :
238 pages
Français

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Poètes créoles du XVIIIème siècle : , livre ebook

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Description

Alors que la poésie du XVIII° siècle se perd dans les mondanités fugitives et le rationalisme didactique, il semble que les poètes créoles redonnent souffle et vie à une littérature néoclassique de plus en plus en désaccord avec l'histoire : Parny (1753-1814), Bertin (1752-1790), originaires de l'île Bourbon, et le Guadeloupéen Léonard (1744-1793) déplacent les sources d'inspiration, développent le sentiment de la nature et de la passion. Mais, dans quelle mesure l'origine créole de ces trois poètes marque-t-elle leur vision du monde et leur travail sur la langue ? Il s'agit de redonner à ces poètes oubliés par l'histoire le statut de rénovateurs, dans le cadre de l'élégie et de l'idylle, mais aussi du poème en prose. Ce premier volume s'intéresse aux oeuvres de Parny et de Bertin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 75
EAN13 9782296684072
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Poètes créoles du XVIII e siècle
Parny, Bertin, Léonard
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09984-5
EAN : 9782296099845

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Textes choisis, présentés et annotés par
Gwenaëlle Boucher


Poètes créoles du XVIII e siècle
Parny, Bertin, Léonard


Premier volume


L’Harmattan
Les Introuvables
Collection dirigée par Thierry Paquot et Sylvie Carnet

La collection Les Introuvables désigne son projet à travers son titre même. Les grands absents du Catalogue Général de la Librairie retrouvent ici vitalité et existence. Disparus des éventaires depuis des années, bien des ouvrages font défaut au lecteur sans qu’on puisse expliquer toujours rationnellement leur éclipse. Œuvres littéraires, historiques, culturelles, qui se désignent par leur solidité théorique, leur qualité stylistique, ou se présentent parfois comme des objets de curiosité pour l’amateur, toutes peuvent susciter une intéressante réédition. L’Harmattan propose au public un fac-similé de textes anciens réduisant de ce fait l’écart entre le lecteur contemporain et le lecteur d’autrefois comme réunis par une mise en page, une typographie, une approche au caractère désuet et quelque peu nostalgique.

Dernières parutions


VOLTAIRE, Les Amours de Pimpette ou Une Saison en Hollande , 2008.
Vincent CAMPENON, Œuvres , 2008.
Jean LORRAIN, Histoires de batraciens , 2008.
Sylvie CAMET, Les métamorphoses du moi, 2007.
Léonard de VINCI, Traité de la perspective linéaire, 2007.
Nicolas-Germain LÉONARD, Œuvre poétique, 2007.
Pierre CÉROU, L’amant, auteur et valet , 2007.
Paul MARGUERITTE, Adam, Eve et Brid’oison, 2007.
Céleste de CHABRILLAN, La Sapho, 2007.
H. -M. STANLEY, La délivrance d’Émin Pacha, 2006.
Zénaïde FLEURIOT, Plus tard, 2006.
Frantz JOURDAIN, A la côte, 2006.
Alois JIRÁSEK, Philosophes, 2006.
Edmond et Jules de GONCOURT, Fragonard, 2006.
Albert GUÉRARD, L’avenir de Paris, 2006.
Grazia DELEDDA, Dans le désert, 2006.
Grazia DELEDDA, Le fantôme du passé, 2006.
Judith GAUTIER, La sœur du soleil, 2006.
Henri BARBUSSE, Staline, 2006.
Georges D’AVENEL, Le nivellement des jouissances, 2006.
PRÉFACE Les poètes créoles du XVIIIe siècle par Gwenaëlle Boucher
Alors que la poésie du dix-huitième siècle s’épuise et se meurt dans les mondanités fugitives ou le rationalisme didactique, il semble que la "créolité" redonne souffle et vie à une littérature néoclassique obsolète, de plus en plus en désaccord avec l’histoire : en effet, réveillant l’idylle, ressuscitant l’élégie, les poètes créoles des Lumières illustrent une poésie intimiste que le siècle suivant prolongera et amplifiera. En affichant une couleur locale, même fort pâle, ces insulaires ont contribué au déplacement et au décentrement des sources d’inspiration, propices au renouvellement de la littérature. Ainsi, tout comme Bernardin de Saint-Pierre ou Chateaubriand qui promènent leur imagination dans les terres tropicales ou sur le continent américain, Parny (1753-1814), Bertin (1752-1790), originaires de l’île Bourbon, future île de la Réunion, et le Guadeloupéen Léonard (1744-1793) développent le sentiment de la nature et de la passion, qui constitueront les éléments fondateurs et caractéristiques du lyrisme romantique. Source de pittoresque et d’authenticité, vecteur d’inconnu, c’est bien l’exotisme qui dépayse, délasse d’un continent devenu trop vieux ou trop étroit, et qui permet de développer de nouveaux versants de la poésie, à la fois lyriques et descriptifs. Mais dans quelle mesure et de quelle manière l’origine créole de ces trois poètes influe-t-elle sur leur vision du monde et sur leur travail sur la langue ?

Dans le cadre de cette présente anthologie, il s’agit donc de présenter les textes majeurs des trois auteurs et leur influence sur la littérature française, mais aussi les ouvrages qui offrent – portrait et paysage – une vision du monde créole, rapportant des images nouvelles, créant un nouveau lexique tout à fait favorables au développement de la poésie descriptive notamment : les peintures de volcans effrayants et d’une flore prodigieuse côtoient les portraits du Créole en fainéant ou les représentations de l’esclave en "Nègre infortuné", mais aussi les observations et réflexions critiques sur le système plantationnaire et colonial : entre cliché et réalité, ces Créoles amoureux ont aussi des idées. Il s’agit de redonner à ces poètes, oubliés par l’histoire mais pourtant fondateurs de la littérature créole illustrée par Leconte de Lisle ou Saint-John Perse, le statut de rénovateurs ou de précurseurs dans le cadre de l’élégie et de l’idylle mais aussi du poème en prose.

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Dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle, ces poètes galants appartiennent à la société créole parisienne formée par les jeunes héritiers des familles insulaires suffisamment aisées pour supporter les frais de ces études métropolitaines que les îles ne peuvent offrir. À son retour à Bourbon, institué maître de musique auprès de la jeune Esther Lelièvre, la future Éléonore de ses Élégies, Parny lui-même ne dit-il pas, dans une lettre à Bertin datée du mois de janvier 1775, que l’éducation des jeunes Créoles est pour le moins négligée, abandonnée même à quelque soldat ivrogne : "On ne se doute pas dans notre île de ce que c’est que l’éducation. L’enfance est l’âge qui demande de la part des parents le plus de prudence et le plus de soin : ici l’on abandonne les enfants aux mains des esclaves ; ils prennent insensiblement les goûts et les mœurs de ceux avec qui ils vivent : aussi, à la couleur près, très souvent le maître ressemble parfaitement à l’esclave. À sept ans, quelque soldat ivrogne leur apprend à lire, à écrire, et leur enseigne les quatre premières règles d’arithmétique : alors l’éducation est complète."

Quelques années avant la Révolution, cette sorte de colonie insulaire, ainsi formée en métropole, marque la vie mondaine de l’époque, lançant même des modes "créoles" de parler, de versifier et de plaire. Évariste de Parny, Antoine de Bertin, Nicolas-Germain Léonard mais aussi les frères Chabanon, venus de Saint-Domingue, animent ces salons mondains, illuminés par la présence des jeunes beautés au charme exotique comme la comtesse Fanny de Beauharnais accompagnée de sa nièce Joséphine, promise à une illustre destinée, ou la sœur cadette de l’Eucharis célébrée par Bertin, Michelle de Sentuary, mariée au vieux Bonneuil mais poursuivie et adorée, sous le pseudonyme de Camille, par André Chénier, venu d’ailleurs lui aussi puisqu’il est né aux portes de l’Orient, à Constantinople.

Publiant dans les revues à la mode telles que l’ Almanach des Muses ou le Mercure de France , ces jeunes Créoles obtiennent succès et estime dans le monde et dans les lettres. Les Idylles morales de Léonard en 1766, les Poésies érotiques de Parny en 1778, les Amours de Bertin en 1780 font date : c’est bien le "naturel", la "sincérité" ou la "vérité" de leurs ouvrages qui se trouvent unanimement célébrés par la critique et le public et suscitent un réel engouement pour des vers dont on dit alors qu’ils sont directement issus de l’âme et vont droit au cœur. Le cadet de Tibulle, le nouveau Properce, le Gessner français : tels sont les surnoms que leurs contemporains attribuent respectivement à Parny, Bertin et Léonard, ainsi identifiés à leur modèle antique ou moderne. Pour autant, loin qu’elle ne soit purement imitative, cette poésie sous influence trouve surtout sa source dans des traumatismes personnels : amours déçues, passions trahies, regret et nostalgie. En effet, ces Créoles infortunés ont en commun, par delà leurs particularités spécifiques, une histoire personnelle similaire : une appartenance à deux univers différents, insulaire et métropolitain, à l

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