Pour Gérard Augustin
166 pages
Français

Pour Gérard Augustin , livre ebook

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166 pages
Français

Description

Gérard Augustin est l'une des voix les plus originales et rigoureuses de la poésie française contemporaine. Découvreur et traducteur de poètes prestigieux du monde entier, rédacteur en chef de la revue Digraphe de 1999 à 2000, il a créé et dirigé avec Michel Cassir, la collection "Levée d'Ancre" pendant 11 ans. "Ce livre tente de lui rendre hommage à la hauteur de l'être et de l'écrivain qu'il portait avec l'élégance inimitable des humbles." Michel Cassir

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2013
Nombre de lectures 20
EAN13 9782336329840
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Poésie
Pour Gérard Augustin
Sous la direction de Michel Cassir et Danielle Augustin
Pour Gérard Augustin Michel Cassir et Danielle AugustinTextes et témoignages
N°80
Pour Gérard Augustin
Levée d’ancre Collection dirigée par Michel Cassir Levée d’ancre est une collection privilégiant l’écriture poétique, créée en 2001 par Gérard Augustin et Michel Cassir. Elle se propose d’abord de publier, au-delà de la division des genres, la poésie sous toutes ses formes ; de la précise ciselure du vent aux nouvelles, y compris le « noyau de prose » par lequel l’œuvre exprime ce qu’il y a de plus actuel, dans sa construction d’un sens de la poésie. Ensuite, multiplier les accès à cette poésie, tant par les anthologies critiques, les ouvrages collectifs, que par les échanges entre écrivains et lecteurs, les rencontres entre la poésie, les différents arts et la vie. Dernières parutions 79 – Françoise LECLERC,Le tombeau sakalave suivi de Soava Dia... !, 2013. 78 – Catherine BOUDET,Bourbon hologramme. Poésie-théâtre, 2013 77 – Delphine BACKER,Ciel nourricier, 2013. 76 – Ahmed BENDHIAB,Lune andalouse. Poèmes et dessins, 2013. 75 – Christian CAVAILLÉ& Alain ROBINET,Isles et passages. <& Montaigne & Rabelais &>, 2013. 74 – Tristan CASSIR,Pointe rouge, 2012. 73 – Alain Robinet,Je fais résonner le ROULEAU-TOMBEAU-TAMBOUR de mes mots zélés !, 2012. 72 – Jean-Christophe FILIOL,Les Édifices, 2012. 71 – Michel CASSIR,Hors Temazcal, 2012. 70 – Christian CAVAILLÉ,Dévers, 2012. 69 – Alain ROBINET,Alex & G B K suivi de KHORA sont comme les 2 mises en pièces... ... de qques théâtriques en poètiques !, 2012. 68 – Kostas NASSIKAS et Démosthène AGRAFIOTIS,Antho-logie de la poésie grecque 1975-2005, 2012. 67 – Gérard AUGUSTINet Michel CASSIR(sous la dir. de),Les Prémisses du siècle. Poètes de Levée d’ancre, 2011. 66 – Nanos VALAORITIS,Paramythologies, 2011.
Sous la direction de Michel Cassir et Danielle Augustin Pour Gérard Augustin Textes et témoignages
LEVÉE D’ANCRE L’Harmattan
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01758-7 EAN : 9782343017587
 Remerciements à Brigitte Chauvin, Michel Falempin,  Albert Gueissaz et Claudia Christiansen
Le rêveur aimante le réel Si j’avais le temps de t’aimer je prendrais cette après-midi de mai sa pluie de fleurs l’eau rebondie sur le balcon mon oreille sourde je courrais sur le milieu des oiseaux dans l’ombre blanche et m’unirais à toi tant que côte à côte deux écritures iraient dans ce poème mais il y aurait encore l’enfant dans sa matrice de feuilles l’écoutant l’extrayant du songe et de ces forêts où les chemins reviennent sur eux-mêmes ensemble nous préfèrerions les aiguilles de pin et la mer entre mais nous passons ces heures séparées avec une paresse semblable à deux images(G. Augustin dans les « Indes méditerranéennes »). Gérard Augustin n’a jamais perdu ce frisson d’appartenance natale et cette mutation par l’évasion intérieure pour apprendre « Chevauchant la langue et séparant de la langue l’ombre du son qui est monture de cette ombre le temps nécessaire… » (« Le Guide des Egarés »). Dans l’imaginaire du poète, la Méditerranée est terre élargie par la mer frôlant les Indes, la mer qui la métamorphose et lui rend le mystère de ses légendes et de ses navigations comme la pensée qui épouse les canaux du sang. Gérard Augustin fortifie les rêves, nos rêves qui deviennent rochers, villes, sirènes et philosophie de l’air libre qui enfin chante. Gérard Augustin a flirté avec l’invisible depuis le 21 janvier 2012. Il est parti avec sa pleine conscience du grand rêve qui reprend chaque racine une à une. Il était tendu vers une matérialisation de la poésie jusqu’à son dernier souffle. Les derniers soubresauts de sa respiration portaient les germes de l’amour, celui qui nous projette dans l’autre, qui associe l’aventure de l’esprit au désir. Ce livre tente de lui rendre hommage à la hauteur de l’être et de l’écrivain qu’il portait avec l’élégance inimitable des humbles. Alchimie rare d’unité. Sa mort l’a surpris dans son intégralité, son intégrité, elle l’a subtilisé à nos yeux. Il a fallu du temps et encore du temps, creusé, démuni, sans direction aucune, pour apprendre à toucher son invisible frôlement. Et 7
sa présence est devenue plus lumineuse que jamais ! Nous pleurons l’ami sans faille, sa parole éblouie en fin d’après-midi à la « Terre promise », ce lieu d’enfance affronté à la mer la plus pure, la plus violente lorsque le mistral se réveille en furie. Gérard me disait jusqu’à ces derniers moments combien il aimait affronter le vent échevelé qui lui insufflait une force secrète. Gérard est enfant de ce mistral qui lui a donné les premières gifles de la poésie, celles dont les rougeurs portent au voyage sans retour. Celui de la poésie encore plus forte que la disparition car elle est infiltrée dans la moindre rigole comme un gage de bonheur dans l’adversité têtue de la vie. Gérard avait le sens du bonheur de ceux qui ont traversé le désarroi, la solitude, le fracassement de l’enfance. Il a distillé goutte à goutte le principe de la résurrection de la beauté. Elle était présente dans son grand rire d’enfant éternel. Il est parti dans l’enfance réinventée, l’enfance qu’il s’est lui-même offerte. Que de temps il m’aura fallu pour essayer d’émerger et pouvoir le saluer longuement, fraternellement dans son aventure. Je ne redirais jamais assez haut, en le scandant, le miracle de notre rencontre et ce grand jeu d’une collection de poésie que nous avons inventé ensemble comme des gamins possédés par les interstices de l’ombre rasant la première lueur. « Levée d’ancre » comme un fleuve qui a charrié, qui charrie tous les poètes, peintres et amis à travers des paysages, des pensées fécondes et la fête. Notre complicité tenait de la fête qui n’est jamais en manque de ressources, de trouvailles pour tromper l’ennui des voies tracées comme un métronome. Que de lieux imprégnés par ta parole aimantée et juste ! Que d’attention envers les autres, ceux qui créent, ceux qui rêvent et ceux qui partagent un verre de Côtes du Rhône, un verre d’insouciance et de gravité. Ta lucidité n’était jamais docte mais aimante comme le bruissement d’une plaine, de la peau, des métaphores. Il m’aura fallu infiniment de secondes pour exorciser la peur de perdre à travers toi la nervure, le nerf de la poésie. Celle-ci ne sera plus pareille tant je suis conscient de l’étonnante dynamique de nos échanges. Dans un monde où 8
se vit le drame de l’individu sans plus d’accroche profonde, les années de notre proximité auront été le vrai poème dont la naissance est une spirale vertigineuse. Je n’aurais jamais assez de voix pour célébrer ta générosité dans la découverte de poètes de lieux et de styles si divers, mais tous traversés par le grand silence poétique proche de la fulgurance pour certains. Tu les traduisais de plusieurs langues, anglais, espagnol, grec, italien, roumain et même quand tu ne possédais pas une langue, tu en démêlais quelques secrets essentiels pour en extraire le fluide, les branches. Tu savais créer l’arbre de vie qui n’est autre que le poème idéal. Poète singulier à l’écriture comme un filet lent pour une pêche miraculeuse au petit soleil de la matière sous toutes ses peaux. L’humain et la fibre de la matière dans un souffle continu de trompettiste de la phrase poétique. Un phrasé comme un filet dont on ne sait pas encore la direction qu’il prendra ni quelle sera sa proie. Tu as été le chantre des villes méditerranéennes que tu as sacrées pour les empêcher de dériver dans l’insignifiance, la vulgarité. Ton poème avait en quelque sorte la fonction de préserver le mystère et de le rendre accessible comme une douceur orientale après une longue errance. O Gérard, que bois-tu, que rêves-tu dans cet imperceptible qui nous obsède ? Ton souffle est sur mon épaule dès que je lâche prise. Tu restes le compagnon idéal où l’ivresse et la littérature ne font qu’un écolier émerveillé par la paume de sa main recevant un monde puis un autre tel un kaléidoscope. Ce livre commence par un texte de Gérard qui est une sorte de testament poétique, un trésor pour nous, pour tout lecteur et les amants d’une littérature qui se vit, se boit, se développe aux frontière du désir, de la connaissance et de la vision. L’hommage à ton œuvre et à ta personnalité de poète qui résonne dans ce livre, à travers textes, poèmes, dessins, témoignages, ne sont jamais solennels, ils portent le signe d’un
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