Rabindranath Tagore
186 pages
Français

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Rabindranath Tagore , livre ebook

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Description

Cet ouvrage, composé d'une dizaine d'articles, s'interroge sur l'impact que le poète Bengali Rabindranath Tagore (1861-1941) a eu sur le monde littéraire, artistique et politique. Il aide à comprendre comment ce penseur et réformateur social, la "grande sentinelle", ainsi que l'appelait Gandhi, mit en garde l'Inde et l'humanité tout entière contre les dangers du grégarisme, et prépara et accompagna avec intelligence et courage ses compatriotes sur les chemins de la liberté, de la démocratie et de la modernité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 103
EAN13 9782296808928
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rabindranath Tagore,
Sentinelle d’une Inde nouvelle
Collection « Discours identitaires dans la mondialisation »

Dirigée par Michel Naumann


La collection « discours identitaires dans la mondialisation » entend rendre compte des nouvelles conditions dans lesquelles se vivent les identités sociales et communautaires, notamment les contacts auxquels sont exposées ces identités mais aussi les faiblesses d’une mondialisation qui, à cause de son caractère marchand et des inégalités qu’elle génère, ne peut créer une identité universelle qui emporte l’adhésion. Les nouvelles façons de se définir révèlent alors parfois des caractères inquiétants alors que d’autres au contraire s’ouvrent à une perspective altermondialiste.

Déjà paru

Geetha GANAPATHY-DORE et Michel OLINGA, Images changeantes de l’Inde et de l’Afrique , 2011.
Rachida YACINE, Langues nationales, langues de développement. Identité et aliénation, 2011.
Tri TRAN, Les Migrations assistées et forcées des Britanniques au XIXe siècle. L’identité ouvrière à l’épreuve de l’émigration , 2010.
Cécile GIRARDIN et Arkiya TOUADI, Regards croisés dans la mondialisation. Les représentations de l’altérité après la colonisation , 2009
Fabien CHARTIER et Kolawolé ELECHO, Le feu, symbole identitaire , 2009.
Sous la direction de
Malou L’Héritier et Fabien Chartier


Rabindranath Tagore,
Sentinelle d’une Inde nouvelle
Ouvrage publié avec le concours du SARI
(Société d’activités et de recherches sur le monde indien)


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54965-4
EAN : 9782296549654

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
INTRODUCTION
Fabien Chartier


En 1913, Rabindranath Tagore remporte le prix Nobel de littérature pour un recueil de 103 poèmes bengali traduits en anglais, Song Offerings. Sa poésie romantique et mystique, autant que son message en faveur d’un rapprochement Est-Ouest, exalte certains Occidentaux qui se déclarent et se révèlent plus attentifs à une Inde non seulement spirituelle, mystérieuse et traditionnelle, mais aussi revendicatrice, fière, créatrice et qui accédera, un tiers de siècle plus tard, à l’indépendance.
De 1913 à 1941, Tagore est un phare qui brille à l’aube d’une ère nouvelle, et qui rayonne encore, une fois le soleil levé à l’Est. Il brave et prévient des dangers, et demeure inébranlable, accroché à ses valeurs et ses évidences comme à un rocher, malgré les déferlantes venues des quatre vents. Jamais il ne renonce à son rôle d’éclaireur entre l’Inde et le Monde. Et pourtant, authentique artiste, il innove dans les domaines les plus variés : littéraires, artistiques et sociaux. Mêlant à la tradition une originalité que lui envient ses confrères, il façonne moins sa vie que l’Inde de demain, mais les protège toutes deux contre un conformisme radical si dangereux, mais si facile à adopter lorsque l’on perd la foi ou la créativité.
Tagore avait plusieurs vocations et plusieurs missions, qu’il a remplies, toutes, sans exception et sans calcul. L’Inde et le Bengale (surtout) ont puisé en lui comme dans une mémoire collective, mais qu’en est-il au juste, en Europe, cent ans après son prix Nobel et soixante-dix ans après sa mort, du chantre de l’humanisme universel, de l’éducateur international, du médiateur invétéré ? En France, l’Histoire s’est moins intéressée au médiateur, Tagore, qu’au meneur, Gandhi. Pourtant, à son poste avancé, « la grande sentinelle », comme aimait à l’appeler le Mahatma, n’est pas un personnage secondaire à ressortir tous les cinquante ans à l’occasion de commémorations. Si l’on se reporte à l’époque de la lutte pour l’indépendance de l’Inde, on peut supposer que sans le soutien vigilant du poète, le Mahatma eût réorienté sa voie ou infléchi son action politique. N’est-ce pas un raccourci de l’Histoire, emprunté trop aisément par nos contemporains, que d’étudier Gandhi sans examiner ceux qui l’ont précédé, l’ont accompagné, l’ont défié ou ont créé un contexte et favorisé une écoute populaire qui rendaient ses paroles et ses gestes à la fois intelligibles, puissants et porteurs d’espoir ?
Les chants, les conférences et les projets que Tagore a chantés, données et portés ont marqué les esprits. Ils possèdent aussi une résonance actuelle que les articles de ce livre mettent en lumière. C’est précisément pourquoi, comme d’autres de ses contemporains intellectuels ou artistes avant-gardistes, Tagore mérite d’être passé à la postérité ; mais il doit aussi être exposé à la critique constructive que les auteurs actuels font à son encontre. Si le discours de Tagore paraît parfois contradictoire, s’il n’était pas le Saint patriarche que les hagiographes ont souhaité décrire durant des années, avec comme pauvre résultat de l’entraîner vers la caricature ou l’oubli, cela ne doit pas entacher sa grandeur. L’imperfection de Tagore doit, au contraire, être présentée sous un éclairage soucieux de vérité et de rigueur. Car il s’agit de la plus belle des imperfections, celle d’un individu qui vit et qui meurt engagé, celle d’un intellectuel inséré dans la société et celle d’un homme – et non d’un dieu ou d’un saint –, fidèle à deux causes idéales, militantes et nobles : l’harmonie entre les peuples eux-mêmes et entre les hommes et la nature.
Les espérances, puis les incertitudes, de Tagore (car même Tagore, quand la guerre de nouveau a éclaté, s’est mis à douter) sur l’avènement de cette double harmonie ont coïncidé avec celles d’une époque où les peuples, quels qu’ils fussent, et a fortiori les intellectuels, oscillaient entre l’envie de resserrer leurs liens avec d’autres cultures et la hantise de voir disparaître leurs spécificités régionales, leurs acquis nationaux, leurs particularités religieuses ou leur suprématie commerciale. Il s’agit d’une époque qui rappelle la nôtre, hantée par des a priori et des murs que certains s’évertuent à démolir avec plus ou moins d’adresse et de réussite, tandis que d’autres s’obstinent à les rebâtir. Ce livre n’a d’autre ambition que d’amener nos lecteurs à redécouvrir l’œuvre de Tagore, cet homme insoumis, qui a rejeté l’école pour en créer une autre, qui a repoussé un style d’écriture pour en créer un autre, qui a choisi de peindre pour tout ré-entreprendre et se laisser surprendre. Sachons relire Tagore, les yeux rivés sur la page ou la toile, mais l’esprit tourné vers l’avenir. Car c’est avant tout cet optimisme de Tagore et sa foi en une jeunesse et dans le renouveau qu’il convient de rappeler, pour à notre tour l’adopter.
Chapitre 1 TAGORE, PASSEUR ENTRE L’ORIENT ET L’OCCIDENT
Malou L’Héritier


Avec le prix Nobel de littérature attribué au poète indien Rabindranath Tagore en 1913, l’Inde fait irruption sur la scène mondiale. Les indianistes européens et les romantiques allemands s’intéressaient depuis un certain temps déjà à ce pays qu’ils voulaient voir comme mystérieux et mystique, tout nimbé de sagesse ancienne, tourné vers l’ascèse et l’accomplissement de soi, détourné des choses matérielles. La révolution industrielle avait entraîné une course effrénée vers la réussite et une compétitivité sans limites, il fallait donc contrebalancer cette déshumanisation par un retour au spirituel, remontant suffisamment loin dans le temps pour dépasser les guerres que se livraient les religions et les nations. Tagore est alors la personne qui semble représenter le mieux cette possible rencontre entre Orient et Occident. Toute son œuvre est sous-tendue par la volonté de prendre le meilleur chez les uns et les autres pour rendre la fierté et l’indépendance au peuple indien, sans le mettre en conflit avec le pouvoir colonisateur d’abord, avec les autres nations ensuite. Il s’est construit en empruntant aux deux cultures ses connaissances littéraires et intellectuelles, ses idées sociales et politiques ; il admire les grands hommes des deux bords et rêve de rassembler toutes ces forces vives afin que puisse advenir une ère nouvelle : celle de la compréhension mutuelle, de l’harmonie entre les nations, de l’universel prenant le pas sur le national, de l’Homme enfin établi au centre d’un monde qui lui assurera égalité, justice, dignité et respect.
Tandis que Malou L’Héritier se penche sur le rôle de Tagore, médiateur entre Orient et Occident, Samuel Berthet analyse l’influence du po

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