Re Coudre
61 pages
Français

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Re Coudre , livre ebook

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Description

Le chemin du langage rejoint le chemin spirituel : il s'agit de conserver la vigilance, d'éviter la routine qui fait sombrer dans les abîmes des phrases toutes faites, des lieux communs.
Il faut s'en remettre aux mots, car, comme le dit l'auteur, les mots n'ont pas le sens qu'on leur donne, mais seulement celui qu'ils veulent bien prendre ou encore chaque mot contient tous les autres, chaque mot contient le monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 220
EAN13 9782296694743
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RE COUDRE
Levée d’ancre
Collection dirigée par Michel Cassir et Gérard Augustin

Levée d’ancre est une nouvelle collection privilégiant l’écriture poétique. Elle se propose d’abord de publier, au-delà de la division des genres, la poésie sous toutes ses formes ; de la précise ciselure du vent aux nouvelles, y compris le « noyau de prose » par lequel l’œuvre exprime ce qu’il y a de plus actuel, dans sa construction d’un sens de la poésie.
Ensuite, multiplier les accès à cette poésie, tant par les anthologies critiques, les ouvrages collectifs, que par les échanges entre écrivains et lecteurs, les rencontres entre la poésie, les différents arts et la vie.

Dernières parutions

55 – Nora IUGA, Le cœur comme un poing de boxeur, 2010.
54 – Christian CAVAILLE, gravités, 2010.
53 – Alain ROBINET, La poésie n’illustre pas la peinture, qui n’imite pas ! En 5 théories-fictions prises sur le vif du sujet : contre Horace pour Eros, 2010.
52 – Enver ERCAN, Le coquelicot blanc, 2010.
51 – Sebastian REICHMANN, L’Unité a déménagé dans le monde d’en face (photographies de Gheorghe Rasovsky), 2010.
50 – Pierre GODO, Rue, angle et feux, 2010.
49 – Gavin BOWD, Chastellart, 2009.
48 – Catherine LECHNER-REYDELLET, Æternitas. Nasci – Vivere – Mori, 2009.
47 – Christian CAVAILLE, Instances accrues, 2009.
46 – Reza HIWA, Rêve et châtiment, 2009.
45 – COLLECTIF, Dix-sept poètes turcs contemporains, 2009.
44 – Siegfried PLÜMPER-HÜTTENBRINK, Itinerrance, 2009.
43 – Dan STANCIU, Les témoins oraculaires, 2009.
42 – Philippe André RAYNAUD, Innombrables parmi les minuscules, 2009.
Antoine Simon

RE COUDRE





Préface de Michel Cassir


L’Harmattan
Du même auteur

Publié dès 16 ans (1959) dans diverses revues de poésie, telles que Action Poétique , Les Carnets de l’Octéor, etc…

Pour les dix dernières années :

Lou Andreas – Revue n° spécial Antoine Simon – 2001

Sans titre, etc… – Éditions Télo Martius – 2003

L’Éventail – avec Julien Blaine – Éditions NèPE – 2004

Oh cet écho sur Daniel Spoerri, catalogue Vingt Ans , Espace Peiresc – 2007

Ticket à conserver – Éditions Plaine Page – 2009

Publie par ailleurs des articles sur l’art dans le Journal sous-officiel et dans différents catalogues.


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
Harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11236-0
EAN : 9782296112360

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Le chapeau dans les poches et les mains sur la tête

… notre héros s’en va comme une fin de film
le chapeau dans les poches et les mains sur la tête
sauf que c’est peut-être l’inverse.

Antoine Simon a pris son souffle longuement comme pour une session ininterrompue de saxophone. C’est un souffle circulaire qui permet aux mots de se prolonger, de recirculer et de battre la campagne. Le poète est un errant conscient de sa démarche, il soupèse la sensation tout en la laissant se perdre dans les épisodes de la vie. Curieusement, dans ce va-et-vient incessant ce n’est pas la fuite qui est recherchée mais l’empreinte méditée, le retour à soi, élargi par le monde et ses ombres. D’ailleurs, le titre de ce recueil « Re-coudre », à première vue insolite, prend son sens au fur et à mesure de la traversée. Coudre comme recréer la réalité, l’utopie lucide, le vrai lien entre le mot et les idées dans l’alchimie du poème.

… tu croises des cadavres exquis
des fantômes à gorets …
.. . des rues lécheuses de vitrine
dans tous les quartiers du monde...

Antoine Simon promène son regard avec ironie, avec humour, imprégné de plusieurs cultures, résistant à l’emprise de la modernité financière qui broie ses propres enfants. Sa rébellion est en mouvement, avec son amour absolu de la vie et des êtres, mais avec une conscience écorchée qui saisit toute faille, tant dans le périmètre quotidien que dans l’agencement des mots. Il cherche une saison miraculée à travers ses pas et son intelligence blessée.

… L’endroit ne manque pas de charme
pour un séjour de courte durée
l’envers est issu de bonnes inventions
qui sans doute ont mal tourné
ont raté leur virage sémantique
leur rivage romantique …

Sa poétique est à l’affût de ce glissement qui, du charme à l’invention, recrée les deux faces de la réalité, masques lacérés par une acuité qui habite les plis cachés du front. Toute construction du possible est donc tenue d’accorder la sémantique au rivage romantique. Derrière cette vision, la tendresse veille comme un feu de bois anachronique dans le grand vide. Mais Antoine Simon est en quête de ce citoyen léger, capable de déchiffrer l’indicible et de relever le défi de la reconnaissance, du rêve et de leur retournement vers d’autres espaces. Le paysage qui le pénètre est métamorphosé en pensée qui ne cristallise pas plus vite que la célérité des pas poursuivant la sempiternelle aventure. Dans ce texte, Antoine Simon lance à la fois un hymne au cycle de vie, à la philosophie, à l’amour comme à leur face occulte. Il lance un hymne à l’irrévérence.

… de la poésie à la puterie
phrases péripatéticiennes
qui racolent qui caracolent
périlleuses pathétiques...

Nulle illusion sur la grandeur incarnée de la vie, de l’art, de la modernité, mais l’éclat du galop sur deux jambes fragiles imitant l’épopée. Car c’est d’épopée à perdre le souffle qu’aspire Antoine Simon, à l’étroit dans ses habits civils et dans les sillons déjà vieillis de notre époque. Mais il n’ignore pas les embûches de toute entreprise radicale et son esprit sait aussi ralentir le rythme de l’errance.

… et tu t’abîmes tu te perds
et tu t’y retrouves sans le savoir
en dépit de toi-même
aux dépens de toi-même
car c’est plusieurs toi-même
dont il s’agit s’assagit
fait le tri…

La poésie n’est nullement un exercice martial destiné aux cercles studieux de l’immortalité de l’œuvre. Elle se vit, se contredit et s’affranchit de toute solennité. Elle est en quelque sorte l’ombre qui accompagne le poète, qui tantôt s’élargit et tantôt devient une fine lame de vérité. Mais la vérité aux prises avec la rugosité du terrain, des poumons, des mains. Comment aller au-delà de soi-même, renouvelé, émancipé, apaisé ?

… quand parfois tu es dans le paysage
tu ne l’aperçois pas
et si tu le regardes
tu demeures dans l’éternel extérieur...

Constatation cinglante qui fait battre les tempes et rafraîchit les épousailles du sang avec le réel, revisité, poussé dans ses retranchements et porteur malgré tout de l’invisible passion.

… regarde ton grand corps
regarde autour de toi
autour de ton plus petit corps
les arbres qui s’évaporent
les nuages en friche...
sans lui tu trouveras
des sinuosités des ondes
d’ailleurs
il ne lui manque que la parole
tellement il semble comprendre…

Et ainsi, se plante, s’épanouit le corps qui à un extrême caresse toute crevasse et à l’autre est une flèche d’ironie. Un corps comme un capteur de mensonge et comme une fiction ressuscitée de ses propres cendres.

M. Cassir, 15 avril 2010

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