Rives en chamade
137 pages
Français

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Rives en chamade , livre ebook

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Description

Les improvisations chantées par deux femmes, sa mère et sa tante corses, mêlées aux contes racontés dans la langue de Villon par son père Kabyle, ont donné à Danièle Maoudj les mots de demain. Bercée par la poésie de la Méditerranée, l'auteure a su porter des imaginaires venus de ses deux cultures orales interdites. Aujourd'hui, elle libère ces voix venues de loin dans une langue d'amour et nous invite à entendre des mémoires inconsolées.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2008
Nombre de lectures 350
EAN13 9782336278582
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
Page de Copyright Page de titre Epigraphe Dedicace PRÉFACE Ma Corse, dernier Orient de France Le chant du granit A Jacques Fusina Fil rouge… Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. - Seules les traces font rêver A Patricia Santoni, mon amie L’aube de souvenirs Noces impures Au risque de sa liberté Mon père Ils reviennent de loin… Aux esclaves des Temps modernes A la mémoire de Mohamed Sala Sgatni et de Hassan Sdiri assassinés le 2 janvier 1986 à Ajaccio, rue des Troies-Maries A la mémoire de Robert Sozzi, assassiné le 15 juin 1993 A la mémoire de Frank Muzzi, assassiné le 28 décembre 1994 Mémoire crucifiée Flambeur de chimères A Nedim Gürsel - Pour que Europe, antique déesse d’Asie, enlevée par Zeus, redonne à l’Occident sa part de féminin POSTFACE - Ernest Pépin REMERCIEMENTS Poètes des Cinq Continents
© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296050594
EAN : 9782296050594
Rives en chamade

Danièle Maoudj
Îles entre-Elles


Photographie de Rita Scaglia
J’entends autour de l’horizon l’île blessée Dans l’attente d’un destin La mer courtise les conquérants
Assiégée l’île évanouie tremble à l’odeur du sel La rumeur s’acharne à l’ombre de l’île inquiète
Echo des îles tissées de nuits païennes
Je me souviens avoir succombé à la lumière de tes lèvres Tu entendis l’errance de mes solitudes Aux pieds de la falaise Tes mains venues d’Afrique Font escale dans la baie de mes silences

Ô île parée de nuit du Temps Je me blottis dans l’éternité de la mer Au lever du regard ton miroir Etincelle la beauté du chaos
Personne ne sait quand tombera le crépuscule et la vie n’est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l’obscurité et les jours par les nuits, c’est un voyage imprévisible entre les lieux qui n’existent pas.
Stig Dagerman
A Gérard Favarel, mon ami A ma sœur Chantal A ma nièce Velléda
Pour reposer mon âme et me séparer du doute le temps de croire
Patricia Santoni, mon amie me fait don de son talent et de son affection de l’intelligence et des échos de Palneca, village d’origine de Jeannette Santoni ma mère
Pascale Hassoun, autour d’une histoire de l’écoute attentive est présente dans une délicate finesse
Mes amis Saâdia Assaoui, Anna Acquaviva, Florence Antomarchi, El Hachemi Assad, Auguste Bagnaninchi, Djilali Bencheikh, Mohamed Bensalah, Marc Blachère, Rabéah Boukris, Patrice Chégard, Jean-Claude Ettori, Monique et Jacques Fusina, Francesca Giovanetti, Jean-Baptiste Leccia, Jackie Lucchini, Nachida et Lotfi Maherzi, Jackie Micaelli, Bernard Marchetti, Philippe Maroselli, Tarik Mira, Paule et Don Pierre Morrachini, Aimé Pietri, Marie Pinoteau, Charles Poli, Colomba Quilichini, Domino et Michèle Sammarcelli, Charles Santoni, Nanou Savoye, André et Mylène Serra, Saâdia Sahali, Rita Scaglia, Vincent Stagnara, Yvon Thiec, Dominique Tiberi, Marie-Pierre Valli, Hania Yanat qui ne se lassent pas d’écouter les mélopées de la traversée de ma Corse et de ma Kabylie et à ceux que j’aime et qui m’aiment.

A tous Anca s’a chi ci seti Merci d’exister
Et bien sûr à Henri Graziani, complice de ma vie
Poèmes 1988-2006 écrits dans les avions entre Bastia, Paris, Tunis, Pointe à Pitre, Marie-Galante chez Chritian Gagnieux et Isabelle Chareyre mes cousins et Alger, dans les bars à Paris, au coin de la cheminée à Cavaneddu-Zonza mon village, à Petracurbara chez le Solitaire et dans ma cuisine face à l’archipel toscan.
PRÉFACE
Nedim GÜRSEL

Depuis l’irruption de Rimbaud dans notre modernité et l’innovation du grand Mallarmé qui écarta du champ poétique les idées, nous savons que la poésie se fait avec des mots. Nous savons aussi que le poète, descendu des nuées depuis fort longtemps, ose enfin franchir le seuil des mots, titre de l’un des poèmes de Danièle Maoudj.
Auteure de Rives en chamade son premier recueil, Danièle Maoudj nous invite à partager son univers poétique fait des mots de son enfance et de son errance dans la Méditerranée. Même si mon nom ne figure pas dans sa belle dédicace, je suis de ceux qui ne se lassent pas d’écouter ses « mélopées de la traversée de la Corse et de la Kabylie ». Car je la connais depuis longtemps, elle est une vieille amie. Mais je n’aurais pas accepté d’écrire cette préface s’il n’y avait pas dans ses vers ce rapport affectif a la Méditerranée qui nous rapproche et ce qu’on pourrait appeler « une indicible quête d’identité » qui nous interpelle tous les deux, moi le plus français des écrivains turcs et elle, la plus corse des femmes kabyles.
« A califourchon entre Bavedda et le Djudjura / Crainte blottie dans les grottes de mes deux montagnes » écrit-elle dans « Désirs rêvés » qui est un des plus beaux textes du recueil. Je dois dire que Danièle Maoudj est hantée, comme la plupart d’entre nous exilés d’un ailleurs, par ses origines. Mais elle n’en fait pas une fixation, tout au contraire elle essaie de surmonter le risque d’un repli identitaire par sa verve poétique. Elle reste kabyle par « les épices de son regard » et « Corse par les sonorités de sa langue » tout en cherchant d’autres horizons. Je veux dire par là que la poésie de Maoudj est une ouverture à l’autre, une tentative pour comprendre le monde. Elle veut « écrire de nouvelles géographies » comme elle dit. Ce qui ne l’empêche pas pour autant de parler de « La Mer Blanche » selon sa propre expression et celle des Turcs qui appellent ainsi « La mare Nostrum » des Romains. Danièle revendique certes une sensibilité méditerranéenne, mais refuse en même temps une approche idyllique de sa géographie affective. Elle sait que son île bien-aimée, la Corse, traverse aujourd’hui une crise et n’hésite pas à en parler. Elle dénonce bien sûr les nationalistes acharnés, les racistes de toute sorte mais aussi les gouverneurs et leurs valets qu’elle aimerait ignorer. « Sachez gouverneurs et valets de nuit que je vous ignore / Comme vous m’ignorez/ Je n’ai pas choisi mon territoire » dit-elle.
Comment ne pas déceler dans ces vers la fragilité d’une femme sensible qui résiste pourtant et défie avec courage l’autorité, je dirais même la mort. Car la mort est souvent présente dans ses mots, notamment à travers l’absence de ses parents dont le souvenir reste à la fois une éternelle source d’inspiration et de souffrance. Cela dit, la poésie de Danièle Maoudj nous introduit de plain-pied dans la lumière de la Méditerranée qui éclaircit une part de nous-mêmes et nous donne de l’espoir. « De l’espoir à nous faire pleurer de rage » comme dirait Nazim Hikmet, le grand poète turc mort en exil après avoir passé les plus belles années de sa vie en prison. Danièle semble partager l’idée de René Char qui disait qu’ « un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves » . En effet « seules les traces font rêver ».
J’invite donc le lecteur à lire Rives en chamade en suivant les traces de Danièle Maoudj laissées en Corse et ailleurs comme les signes d’une blessure jamais cicatrisée.
Ma Corse, dernier Orient de France
Dans l’exil de l’amour, ma mère

Ma Corse, dernier Orient de France
Corse, montagne qui tangue entre les brumes du Nord et le soleil du Sud Corps accouché de tous les chaos Elle s’épanche au milieu des eaux menaçantes d’une mer Où les accents archaïques donnent de la chair à ma mémoire
Île granitique pétrie par l’ambivalence de sentiments Depuis le temps de la nuit elle cultive l’extrême de la vie Sur le promontoire de la mort
Je me souviens de ces mères immortelles impressionnant la lumière cruelle Je me souviens de corps étoffés par les ténèbres d’un coton bon marché Je me souviens de ces femmes pétries par les robes obscures Accueillant malgré elles les rayons du soleil L’ombre solaire caressait les limites de leur peau Et réchauffait les cœurs glacés par le malheur
Je me souviens aussi de ces bergers propriétaires de la seule Eternité Je me souviens de ces bergers adossés à l’Alcudina veillant sur leur troupeau Veille en écho à leurs frères Palestiniens soucieux du Mont d

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