SI, BOUTEILLES A LA MER…

François Tonniac

Description

SI, BOUTEILLES A LA MER… recueil de poèmes de François Tonniac, Création du Livre d'Artiste Guillaume Landemaine

Informations

• Publié par: indolentsolitaire
• Publié le: 06 juin 2011
• Nombre de lectures: 444
• Langue: Français

Extrait

FRANCOIS TONNIAC

SI, BOUTEILLES A LA MER…

Poèmes à dé-boire

Guillaume Landemaine

FRANCOIS TONNIAC POEMES

SI, BOUTEILLES A LA MER…

Poèmes à dé-boire

Guillaume Landemaine

Livre d’Artiste

 1

C’est ce premier pas Qui lui accorde le chemin Ou lui ouvre l’abîme Ou encore une première pensée Qui portera les ténèbres Les fantômes, les souvenirs, les regrets Les obscures complexités, les amertumes Parfois l’enfer est pavé d’oubli De fracas et de chutes Il est cet homme et aussi un autre Qui n’est pas un double Mais un autre insupportable Il est cet homme trop connu Ce quelqu’un devant son verre Noyé volontaire à la gorgée première.

 2

Où ira-t-il encore Se perdre et s’endormir Il n’y a plus de ville Depuis que les dédales A la campagne s’installent Où ira-t-il penser Il n’y a plus de combat Que la conquête et l’oubli C’est de là que surgit Son mal au cœur L’ivresse est sibylline L’ébriété absconse D’où vient tout ce vocabulaire A l’heure où il s’enlise Trébuche et s’enfonce Avec ce vieux regard lucide Qui s’éteint sous les paupières.

 3

Pour celui que vous méprisez Il n’y aura pas d’aube Ni de crépuscule ni d’aurore Rien de ce qui vous enivre Il est lui-même l’ivresse Et se moque de la vulgarité Il est ce que vous voudrez Approchez sans comprendre Comme vous voulez Il n’est que vacuité, absence Vous avez perdu l’émotion qui l’éveille Et la pensée qui l’émerveille Plus que l’oubli il réfute la mémoire L’alcool est plus sombre que la nuit Il aura une triste mort Sans personne pour suivre ses chimères Solitaire et désolidaire Comme il aura vécu.

 4

Ne cherchez plus surtout En vos compassions communes Vos pitiés entendues et de bon aloi A comprendre celui-là Qui ne vous ressemble Il est parti bien au-delà, parti A rompu les amarres pour le large D’où il sait ne jamais revenir Jaugez, jugez, condamnez Nantis de bonnes consciences Schizophrène direz-vous, sereins Libérés par sa paranoïa Il vous faudra trouver des mots Pour celui qui n’en a plus ou presque Egaré si loin ou si profond Mais vous disparaîtrez de l’horizon Deshumains sans mots, clones sans noms Et sans raison.

 5

Autrefois il savait les raisons De sa déraison et de sa fuite Aujourd’hui il parle comme vous il acquiesce Il est d’accord avec vous et avec tout Mais il vous quitte sans adieu ni regret Il est là si absent si insignifiant Pas même imposteur pas même contradicteur Son sourire est absent il est désormais secret Il est figé dans sa pose ou sa posture L’ivresse est meilleure que la nuit Pour faire durer la vie factice Il vit sa mort depuis si longtemps L’idée grandiose, l’émotion tendre Il se fout désormais de ce que fut son temps Les gouffres fascinent autant que les défaites Les débâcles, les déroutes, c’était avant Avant sa vie de mort vivant N’est pas fou qui cherche le fond Si profond d’une humanité sans fond.

 6

Il a tous les paradoxes Les contradictions, les incohérences Vagabond sans raison Et humain sans lien La cruauté à ses côtés Se calme en titubant Ne rien entendre ne rien savoir désormais De cette quête qui s’affale sur le trottoir Des mots dans le caniveau, inutiles Quand les ombres se brouillent Que s’éteignent les dernières idées Payé de solitude et d’ironie Il sombrera enfin dans le dédain La désaffection, l’indifférence, l’ignorance Epave échouée Comme un poète.

FIN