Camille ou l amour assassiné
194 pages
Français

Camille ou l'amour assassiné , livre ebook

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194 pages
Français

Description

Début de l'été 1914. Camille Graniet attend avec impatience la calèche dont l'équipage s'épuise dans la montée. Impatient et ému, le jeune homme de dix-neuf ans attend celle qu'il va bientôt épouser, sa Marion, la fille de l'irascible gendarme. Sa famille à lui, les Graniet, sont fiers de ce beau couple qui va prendre la relève dans la magnifique propriété sur les hauteurs de Séranon. Qui aurait pu s'imaginer que le malheur allait fondre sur la vallée, massacrant les vies et détruisant les rêves ?

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Date de parution 01 octobre 2012
Nombre de lectures 43
EAN13 9782296505988
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

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Extrait

Littérature et Régions
Provence-Alpes Côte d’Azur
Littérature et Régions
Provence-Alpes Côte d’Azur
Pierre Égéa CAMILLE ou l’amour assassiné Roman
Camille ou l’amour assassiné
Pierre Égéa
Camille ou l’amour assassiné
© L'Harmattan, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairiéharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56033-8 EAN : 9782296560338
Séranon — Fin juin 1914
àE Granïet étaït assïs À ’abrï du vent, adossé au mur de C a chapee Grattemoïne. Depuïs un moment, ï regardaït Cauteret, e brïgadïer-chef responsabe du bureau oca de gendarmerïe juché sur son be aezan. I n’éprouvaït pas beaucoup de sympathïe À ’égard de a maréchaussée en généra et encore moïns envers ce mïïtaïre arrogant, hautaïn et crue. Les petïts déïnquants, ces voeurs de poues quï chapardaïent queques égumes pour nourrïr eur famïe, e fuyaïent comme a peste. Maheur À ceuï quï tombaït entre ses maïns. Aucun sentïment de compassïon n’avaït trouvé pace dans e cœur de cet homme. Maïs voïÀ, Camïe étaït amoureuxde Marïon, a îe de ce sous-oicïer en grande tenue. Camïe souhaïtaït uï parer de son désïr de a fréquenter, maïs ï n’étaït pas parvenu À s’approcher du gendarme et es choses se compïquaïent de jour en jour. Cependant, ï ne e craïgnaït pas. I uï sembaït que ceuï-cï retardaït ’entretïen. Le cavaïer tournaït e dos À a route et comptaït es ouvrïers agrïcoes aaïrés auxtravauxdes champs, des empoyés saïsonnïers ïtaïens, des pauvres bougres quï se ouaïent de ferme en ferme au
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gré des récotes et des moïssons. Is arrïvaïent de eur Itaïe natae avant e prïntemps, cueïaïent es roses, e jasmïn et es eurs des genêts destïnés aux usïnes de parfums de Grasse et ïs enchanaïent avec e ramassage des pommes de terre, ’épandage du mïgon et du fumïer des bêtes de ’étabe, puïs e cyce renouveé des abours d’automne recommençaït. Certaïns repartaïent vers e Pïémont, pour revenïr au bout de troïs ou quatre moïs. Is ne créaïent pas de probèmes et personne n’y prêtaït pus a moïndre attentïon á force de es voïr travaïer, ’échïne courbée vers e so. Cauteret es surveïaït et es consïdéraït comme des déïnquants potentïes. Le mïïtaïre tïra sur a brïde du cheva, vïsïbement satïsfaït par e résutat de son ïnspectïon. I se retourna vers Camïe et e saua d’un bref sïgne de a tête. Ceuï-cï uï rendït un bonjour ponctué d’un sourïre de cïrconstance. Le jeune homme regrettaït déjá son manque d’audace maïs connaïssant e caractère ombrageux du gendarme, ï avaït jugé préférabe de uï parer en présence de Marïon. Camïe avaït dïx-neuf ans ; c’étaït un be athète, très grand et muscé comme un percheron quï tïre a charrue de ’aube au coucher du soeï. Sa force physïque dïssuadaït ses adversaïres de toute veéïté de querees sournoïses. Sa famïe possédaït un domaïne composé de praïrïes et de pusïeurs dïzaïnes d’hectares cutïvabes, dont e terraïn sur eque étaït bâtïe a chapee Grattemoïne. I s’agïssaït d’un édïîce encore vïsïbe de nos jours, érïgé á une époque ïndétermïnée et quï devaït servïr d’abrï aux pèerïns ïmprudents quï se aïssaïent surprendre par des nuïts gacïaes. Les Granïet étaïent rïches et ïmposaïent e respect aux habïtants du vïage par eur grande bonté et une honnêteté sans faïe. Camïe ressembaït en tous poïnts á son père. I regardaït a route á ’horïzon, guettant ’arrïvée d’une caèche quï ramenaït Marïon de Nïce.Ee avaït e même âge que uï et ee achevaït ses études dans une pensïon tenue par es sœurs trïnïtaïres.
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Cauteret ne pouvaït pas consacrer son temps á ’éducatïon de sa îe en raïson de ses actïvïtés professïonnees. La în du moïs de juïn sïgnïîaït e début des vacances d’été. Tout e vïage savaït que es deux amoureux s’étaïent promïs ’un á ’autre. Cauteret approuvaït sans réserve e choïx de Marïon et es parents de Camïe a consïdéraïent déjá comme eur bru. La petïte maïrïe de Séranon regroupaït aussï es dïérents servïces de ’État. Une seue empoyée géraït un mïnuscue bureau de poste quï faïsaït égaement oice de secrétarïat munïcïpa. Le personne aecté à avoïrïe passaït prendre es ordres de travauxtous es matïns. À ’autre bout du bâtïment, troïs modestes appartements avaïent été mïs gracïeusement à a dïsposïtïon du brïgadïer-chef Cauteret et de deuxgendarmes auxïïaïres. Tous troïs étaïent rattachés à a brïgade de Casteane et préposés à a surveïance d’un secteur quï s’étendaït au sud-est jusqu’à Escragnoes. Au sud-ouest, ï engobaït es hameauxde La Martre, Le Logïs du Pïn, Châteauvïeuxet a Roque-Escapon. Au nord, eur domaïne d’actïvïtés înïssaït à Saïnt-Auban, au ïeu-dït es Gorges de a Cue. À ’arrïère de a bâtïsse , es écurïes, es hangars, es ateïers et une grange occupaïent tout ’espace. Les troïs mïïtaïres étaïent orïgïnaïres de Casteane ou des envïrons etvoontaïres pour servïr dans ces montagnes au cïmat sï rude, ’hïver. Tous esvendredïs, un îacre ramenaït troïs ou quatre personnes de Nïce ou de Grasse, essentïeement desvoyageurs occasïonnes ou des étudïants que ’éoïgnement de a grandevïe séparaït de eur foyer. Les éus des hameauxenvïronnants avaïent décïdé d’un commun accord de créer cette ïaïson, aîn de désencaver es vïages de a régïon. Les passagers étant peu nombreux, cette caèche tïrée par deuxchevauxsuisaït ampement. LevïeuxBotto, un empoyé communa céïbataïre et queque peu mïsogyne, s’étaït portévoontaïre pour eectuer e trajet. I transportaït aussï e
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courrïer et queques marchandïses ïndïspensabes notamment des médïcaments. Le parcours comportaït deux étapes : a premïère, au départ de Séranon jusqu’au pateau de a Mae sïtué sur es hauteurs de a vïe de Grasse. Une sorte de reaïs de poste dïsposant de sïx chambres d’une cuïsïne et des commodïtés avaït été érïgé á cet endroït et oraït un confort spartïate maïs acceptabe.Des écurïes abrïtaïent es anïmauxde traït. Une source aïssaït sourdre une eau parfaïtement potabe, chose rare en ce ïeu hostïe. Les passagers pouvaïent se reposer une nuït et reprendre eur pérïpe e endemaïn matïn. Is arrïvaïent À Nïce en în d’après-mïdï. Camïe attendaït cette caèche avec ïmpatïence. I savaït que ’atteage souraït dans a montée jusqu’au hameau d’Escragnoes et après une route aussï ongue, Botto accordaït un temps de repos auxbêtes pour souler un peu. Les ouvrïers agrïcoes avaïent déserté es champs. Une journée de dur abeur s’achevaït. Le jeune homme restaït ïmmobïe, toujours assïs ; ï constata que a porte en boïs de a chapee étaïtvermouue. I en pareraït avec son père. Vers dïx-neuf heures, e soeï commença à décïner en dïrectïon du Verdon tout proche. Au oïn, tout au bout de a route, ï aperçut une mïnce tranée de poussïère quï ottaït dans ’aïr. I se reeva et s’adossa au mur. Le îacre s’arrêta devant ’édïîce reïgïeuxet Marïon en descendït. Camïe reconnut es quatre autres passagers, tous des amïs demeurant à La Bastïde. LevïeuxBotto s’aaïraït déjà à ôter es sanges quï maïntenaïent es bagages sur a gaerïe. Du coïn de ’œï, ï regarda Camïe quï souevaït a jeune îe dans ses bras et ’embrassaït. I eut un sourïre bïenveïant. I aïmaït bïen ces deux jeunes qu’ï avaïtvus grandïr. Marïon rïaït ; ee étaït dïvïnement joïe et pétïante. Sa maman étaït décédée bïen des années auparavant maïs tous ceuxquï ’avaïent connue airmaïent que e gendarme Cauteret avfemmes es pus attïrantes de a Proaït épousé ’une des vence.
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I avaït reporté ses espoïrs et ses ambïtïons sur son unïque enfant. Marïon e uï rendaït bïen ; ee aïmaït son père et ee e respectaït. Le cocher avaït déposé deux grosses vaïses et un sac au bord du chemïn. I ne vouaït pas s’attarder car ï devaït conduïre es autres passagers jusqu’au bourg de LaBastïde et revenïr à Séranon, déteer es chevauxet es nourrïr ; encore troïs heures d’un travaï éreïntant. I ne se païgnaït jamaïs et chaque foïs qu’ï passaït devant un champ et qu’ï apercevaït es ouvrïers agrïcoes pïés en deux, retournant a terre ou arrachant es herbes foes, ï bénïssaït e cïe quï uï avaït procuré cet empoï. Camïe s’étaït saïsï des bagages de Marïon. Eevïrevotaït autour de uï comme une guêpe quï a dénïché a pus bee eur de a forêt. I s’en amusaït beaucoup. Ee se panta devant uï, uï barrant e passage : — As-tu paré de nos projets avec mon père ? — Non, j’aï préféré attendre ton retour. I étaït ïcï cet après-mïdï. I m’avu maïs ï étaït bïen trop occupé à compter es saïsonnïers. Nous nous sommes saués et ï est repartï en dïrectïon de La Bastïde. — Tu n’as pas changé d’avïs ? — Comment peux-tu dïre une chose pareïe ? Tu saïs que je t’aïme depuïs toujours. — Nous devons uï parer ; tu as été convoqué par e conseï de vïsïon et tu doïs bïentôt partïr. Nous aons être encore séparés. — Ne t’ïnquïète pas ; ’oicïer-recruteur est d’accord pour m’aecter dans un régïment de fantassïns statïonné à Dïgne ou à Barceonnette. Nous pourrons nous revoïr au moïns une foïs par moïs. — J’aï termïné mes études et j’aïmeraïs que nos îançaïes aïent ïeu avant ton départ. Ce que femmeveut… — Je ne peuxpas rester avec toï pus ongtemps. Jevaïs ranger mes aaïres et préparer e souper. Demaïn, je passeraï cheztoï et je saueraï tes parents.
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