Déconstruire les accords de coopération franco-africaine (Volume 1)
138 pages
Français

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Déconstruire les accords de coopération franco-africaine (Volume 1) , livre ebook

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Description

Les Accords de coopération sont un sujet tabou, "domaine réservé" des Chefs d'Etats. Autoritaires, fondés sur la surexploitation et les rapports hégémoniques, ces Accords constituent le mouton noir de la coopération franco-africaine. Ces textes, sans être écrits avec la brutalité bestiale des Codes Noirs, n'en sont pas moins révélateurs d'une philosophie des échanges pour le moins rétrograde, superstitieuse, dépréciative et anti-souverainiste à l'égard de l'Afrique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 56
EAN13 9782296800267
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Déconstruire les accords de coopération
franco-africains
Grégoire Biyogo


Déconstruire les accords de coopération
franco-africains


V OL . 1.
Par-delà l’unilatéralisme et l’interventionnisme
économique, politique et militaire.


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54105-4
EAN : 9782296541054

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Liminaire
Les Accords de coopération sont un sujet tabou, et l’on trouve très peu d’ouvrages universitaires, ou même des essais sur la question, sans doute du fait de l’extrême confidentialité des textes et des informations dans ce domaine particulièrement sensible…
Les Accords disposent que leur compétence relèvent exclusivement des Chefs d’Etat dont ils seraient le « domaine réservé ». On peut discuter sérieusement un tel point de droit constitutionnel, qui conférerait à la fonction présidentielle un tel pouvoir, mais c’est là un dogme consacré par la pratique que ce domaine soit l’apanage des seuls souverains.
D’ailleurs, la Constitution de la V e République, inspiratrice pour une grande part des Constitutions africaines, ne semble-t-elle pas consacrer cet usage bio-confidentiel lorsqu’elle reconnaît un pouvoir discrétionnaire exorbitant au Chef d’Etat, et lui fait échoir quasiment intuitu personae les domaines de la Défense et de la politique étrangère, au sujet desquels il n’est pas surprenant en France comme au Gabon – et ailleurs – que ses proches occupent ses postes, pour garantir la pleine exécution de sa souveraineté et de son mandat. Extraordinaire survivance du dogme monarchique…
D’une manière ou d’une autre, on voudrait que la prééminence et l’omnipotence du Chef de l’Etat en matière d’Accords ne fussent pas discutables puisque c’est le Chef de l’Etat qui en est le principal signataire et le garant.
Autre chose non moins surprenante est la tendance à l’occultation qui semble entourer le genre, d’autant que les actes et les décisions doivent être par la suite publiés dans Le Journal officiel. Ce n’est pourtant pas le cas en l’espèce puisque l’on trouve bien des Accords secrets, et donc des textes qui ne sont pas portés à la connaissance des Citoyens. Raison d’Etat oblige… Les Accords s’accommodent du secret et de l’exclusivité.
On comprend donc que l’on soit en présence d’un sujet fermé, géré directement de Chef d’Etat à Chef d’Etat, sans que l’on sache toujours le fin mot de l’Affaire… Qu’est-ce qui est signé ? Et qu’est-ce qui, étant du domaine réservé des Chefs d’Etat, risque de ne jamais être porté à la connaissance des électeurs…
Parlant des Accords de coopération ici, il s’agit en fait d’une série de traités fondamentaux qui engagent et régissent les relations entre la France et les pays africains – particulièrement ceux de la zone franc (PAZF) - signés au moins depuis 1960, et qui concernent aussi bien la politique étrangère que la Défense, l’Economie, l’Education…
Aujourd’hui, alors qu’on commence à peine à balbutier cet immense sujet, à en lever lentement le voile, et que l’on a commencé à en débattre petitement, force est d’en examiner les conditions générales et les effets après 50 ans (1960-1910).
N’était-il pas en effet impérieux de se pencher sur cette question majeure qui engage le destin entier des États africains en vue de son examen à travers une recherche documentée qui contribuerait à éclairer les discussions actuelles sur la nécessité de réaménager ou plus exactement d’interrompre ces Accords dans les domaines militaires et économiques… L’enjeu étant de mettre à plat ces Accords, par un aggiornamento radical, au terme duquel une relance de cette coopération de plus en plus tourmentée, controversée et qui ne jouit déjà plus – et c’est peu dire – que d’une bien sombre réputation {1} , pourrait être repensée sur des bases plus saines, moins personnalisées et plus équilibrées ? Pour autant que l’Afrique, par temps de mondialisation évolue vers le multilatéralisme, le co-développement, et vers la compétitivité ? Disons-le de suite, l’enjeu des accords de coopération s’est de plus en plus déplacé aujourd’hui, qui entend rompre avec toute forme de servitude, pour gager la souveraineté territoriale et le développement économique.
Une telle recherche invite à l’examen lucide et objectif des problèmes, des faits et des dispositifs en vigueur, d’autant qu’elle met en jeu les rapports profonds du continent africain et de la France, deux mondes dont la collaboration est ancienne et où les échanges politiques, militaires et économiques sont en toujours en vigueur, du fait justement des Accords de 1960. D’où la nécessité de produire des analyses non hostiles, mais attachées à rendre compte des errements, des déséquilibres, des difficultés diverses qui permettent objectivement aujourd’hui de conclure à la nécessité de leur abrogation. Et celle de déconstruire méticuleusement les thèses jugées dogmatiques, aliénantes et irrecevables ; thèses qui constituent par ailleurs le ferment idéologique et le fer de lance politique d’une philosophie des échanges désormais obsolète, qui fonctionnerait pour l’essentiel sur le mode de l’hégémonie, de la subordination, de l’exploitation unilinéaire, voire du crime et du massacre calculés, pratiques qui remontent au moins à l’époque coloniale {2} ?
Ces Accords, qui constituent bien plus qu’on ne l’a perçu jusqu’ici – j’y reviendrai longuement - une obstruction à la souveraineté des États africains, au processus de démocratisation des États africains {3} , et à leur décollage économique, ne méritaient-ils pas qu’on en examinât patiemment la structure, les enjeux et qu’on en amorçât le bilan critique cinquante années après leur signature, pour leur opposer des alternatives ?
Ainsi donc, en dépit de leur nature secrète, du poids dépréciatif de leurs héritages institutionnels, géostratégiques et culturels, et de la multiplicité de leurs domaines d’application, les Accords n’auraient produit ni développement observable, ni avancée démocratique, ni le moindre progrès économique. Au contraire, seraient-ils devenus de siècle en siècle, d’un régime politique à un autre, et d’un Chef d’Etat français à l’autre, un modèle singulier de pesanteur et d’inefficacité, d’hégémonie et de mystification, de déséquilibre et d’interventionnisme, dont les relents d’imposture et de servitude semblent représenter une version moderne et « décomplexée » du pacte colonial {4} , où charrie une idéologie des échanges conservatrice, confinant de plus en plus à la stagnation la plus redondante, à la minoration la plus stupéfiante de la dignité humaine et à dépréciation la plus étonnant du continent africain. La Françafrique, avorton et avatar de ces Accords, qui y trouve son cadre de légitimation le plus naturel.
Le problème examiné dans cette recherche est de la sorte un grand sujet, à la fois par son objet, sa portée historique, par l’ampleur de la dévolution qui en est faite, et la nécessité de sa prise en compte par la réflexion politique et la recherche scientifique. Il semble se caractériser par des paradoxes.
Aux nombreux espoirs soulevés par les indépendances africaines et leurs Accords de coopération, l’Afrique oppose quasiment dans toute l’étendue de son territoire, déceptions et désillusions. Ce qui caractérise ce sujet est le déficit d’informations dans les Universités, la recherche scientifique, les opinions publiques et internationales, qui se donne comme une occultation accrue de ses données.
A l’ancienneté des relations entre la France et l’Afrique n’a pas permis l’élucidation des pans entiers de ces pratiques et de ses dogmes demeurés encore inconnus, inexplorés et médiévistes. A l’ouverture de la société internationale vers l’autodétermination des nations à travers le multilatéralisme et la mondialisation des échanges dont on aurait

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