Femmes et politique au Moyen-Orient
162 pages
Français

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Femmes et politique au Moyen-Orient , livre ebook

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Description

Le Moyen-Orient arabe a connu depuis la deuxième partie du dix-neuvième siècle d'importants mouvements nationaux et les femmes y ont rempli des rôles de premier plan. Voici une analyse des rapports de genre en relation avec la complexité des rapports de domination. Contribution importante à la discussion des relations entre nationalisme et féminisme au Moyen-Orient, cet ouvrage offre au public la connaissance socio-historique précise des mouvements politiques, y compris féministes, de la Palestine, de l'Egypte et des pays du Maghreb.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2005
Nombre de lectures 296
EAN13 9782336265650
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
Bibliothèque du féminisme Page de titre Page de Copyright Introduction - Féminisme, politique et nationalisme dans le monde arabe I- Huda Sharawi : nationaliste et féministe II- Les femmes : un enjeu politique III- Femmes dans l’Intifada (1987-1989) IV- Femmes de Palestine : quel féminisme ? V- L’ombre d’un homme VI- Cheveux coupés, cheveux voilés VII- Le voile islamique et ses enjeux VIII- Dire ne pas dire les sexualités Ouvrages parus dans Bibliothèque du féminisme,
Bibliothèque du féminisme
Collection dirigée par Oristelle Bonis, Dominique Fougeyrollas, Hélène Rouch
publiée avec le soutien de l’Association nationale des études féministes (ANEF)

Les essais publiés dans la collection Bibliothèque du féminisme questionnent le rapport entre différence biologique et inégalité des sexes, entre sexe et genre. Il s’agit ici de poursuivre le débat politique ouvert par le féminisme, en privilégiant la démarche scientifique et critique dans une approche interdisciplinaire.
L’orientation de la collection se fait selon trois axes : la réédition de textes qui ont inspiré la réflexion féministe et le redéploiement des sciences sociales ; la publication de recherches , essais, thèses, textes de séminaires, qui témoignent du renouvellement des problématiques ; la traduction d’ouvrages qui manifestent la vitalité des recherches féministes à l’étranger.
Femmes et politique au Moyen-Orient

Sonia Dayan-Herzbrun
Ce livre n’aurait pu voir le jour sans toutes celles et tous ceux qui m’ont ouvert leur maison, ont partagé avec moi des moments de leur vie et ont répondu sans impatience ni lassitude à mes multiples questions. Il doit aussi beaucoup à la confiance et à l’amitié indéfectible de Dominique Fougeyrollas. Valérie Lowit a pris la peine d’en relire le manuscrit avec attention et perspicacité. A toutes et à tous j’exprime ici ma très vive reconnaissance.
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747593915
EAN : 9782747593915
Introduction
Féminisme, politique et nationalisme dans le monde arabe
Les études qui suivent entendent contribuer à une analyse féministe des phénomènes politiques dans le monde arabophone contemporain. Cette démarche est suffisamment nouvelle dans les travaux de langue française 1 pour mériter quelque explication. Le féminisme, mouvement social et politique, a introduit un paradigme nouveau dans les sciences de la société. Les interprétations et les usages de ce paradigme sont cependant multiples et conflictuels. On ne saurait donc s’y référer sans préciser comment on l’interprète. Les travaux que je consacre à la sociologie politique relèvent d’une approche féministe dans la mesure où je m’efforce d’y rendre visible la place des femmes, et que j’intègre les relations hommes/femmes dans une théorie générale de la domination à l’intérieur de laquelle les multiples formes de domination mais également de résistance doivent être articulées. On pose trop souvent, en effet, la domination des hommes sur les femmes comme une donnée anthropologique universelle qui constituerait la forme ultime de la domination. Il m’apparaît au contraire qu’il convient d’historiciser cette perspective en prenant en compte la multiplicité des types de patriarcat et les crises que ceux-ci peuvent traverser : les rapports de domination sont faits de tensions, de lutte, de résistance et de compromis. Il faut également la sociologiser en l’inscrivant dans la complexité des rapports de hiérarchie, de soumission, de dépendance et d’exploitation qui lient les groupes humains, qu’il s’agisse de relations de classes, de clans ou d’ethnies 2 , de groupes d’âge, de service ou de clientèle, et enfin, de ce qui s’est joué et se joue encore entre le Nord et le Sud depuis les entreprises coloniales 3 .
Les mouvements de libération nationale constituent, à cet égard, un terrain privilégié : cette complexité s’y révèle dans une lumière qui en permet l’analyse. Le Proche-Orient arabe a connu, depuis la deuxième partie du XIX e siècle d’importants mouvements nationaux, et des femmes y ont rempli des rôles de premier plan. Les nombreux stéréotypes concernant cette région où l’islam est la religion dominante, mettent à peu près tous en relation directe la religion musulmane, envisagée comme un tout anhistorique et la situation des femmes. Ils ont comme véhicules aussi bien l’opinion commune que les travaux universitaires. On peut regrouper les travaux où s’exprime ce point de vue en deux catégories. D’un côté, il y a ceux qui s’efforcent d’établir la compatibilité entre l’islam et l’émancipation des femmes ; de l’autre ceux qui mettent l’accent sur la spécificité de la domination des femmes musulmanes, indépendamment des sociétés dans lesquelles elles se trouvent 4 . A ces stéréotypes il faut au contraire opposer l’analyse de situations sociales précises comme celles de ces mouvements qui ont vu naître, en même temps que la conscience nationale, celle d’un combat spécifique des femmes.

La naissance des mouvements
Deux régions du Proche-Orient ont connu de forts mouvements nationaux : l’Egypte et la Palestine. Les mouvements s’y sont incarnés dans des organisations politiques, des luttes violentes, urbaines et rurales. Ils sont passés par des phases successives, ont retenti l’un sur l’autre, et ont revêtu la forme « moderne » de l’aspiration à un Etat-nation indépendant, c’est-à-dire décolonisé. Etape puis conséquence du dépeçage de l’empire ottoman, la colonisation n’a pas exactement pris la même forme en Egypte et en Palestine, même si la Grande-Bretagne y a, dans les deux cas, joué un rôle prépondérant. L’occupation anglaise de l’Egypte débute, en 1882, par le bombardement d’Alexandrie en proie à une émeute populaire nationaliste au cours de laquelle a violemment été mis en cause le contrôle des Européens sur les finances du pays. En Palestine, à la même époque, on assiste à la première vague de l’émigration sioniste qui trouvera une reconnaissance internationale en 1917 grâce à la Déclaration Balfour. Les Britanniques ont établi leur mandat sur cette partie de l’ancien empire ottoman qui correspond à la Terre Sainte, et ils vont édicter un corps de lois et de règlements repris par le gouvernement israélien quand celui-ci occupera la Cisjordanie et Gaza et qui n’ont pas encore été abrogés par l’Autorité Palestinienne. Les mesures d’exception que ces lois rendent possibles (assignation à résidence, détention administrative, etc.) ont été adoptées dans toutes les parties de l’empire britannique. Elles sont du même ordre que celles qui avaient régi l’Algérie colonisée.
Dans les deux régions où coexistent des communautés religieuses diverses avec, en particulier, la présence de fortes minorités chrétiennes, les mouvements nationaux se présentent comme une aspiration à une forme moderne de l’Etat, inscrite dans une délimitation territoriale claire, même si celle-ci varie dans le temps : les nationalistes égyptiens se sont difficilement résignés à la partition du Soudan et de l’Egypte, et ce n’est qu’en 1988 que l’Organisation de Libération de la Palestine a officiellement renoncé à la reconquête de la Palestine mandataire (c’est-à-dire au territoire sur lequel avait été établi le mandat britannique) pour exiger la création d’un Etat palestinien sur la portion de la Palestine occupée à la suite de la guerre de 1967, c’est-à-dire l’application de la résolution 242 des Nations Unies 5 . La participation précoce de femmes à ces mouvements est également un signe de leur modernité. Certaines en effet les rejoignent entre la fin du XIX e siècle et le début du XX e . Cette participation a été le creuset du féminisme qui s’est développé un peu plus tard dans les deux régions. Les historiens et les anthropologues anglo-saxons, au premier rang desquels Benedict Anderson, Ernest Gellner et Eric Hobsbawm, ont, depuis le début des années 1980 développé la thèse à caractère constructiviste selon laquelle les nations sont postérieures aux nationalismes. En s’appuyant sur cette hypothèse, on peut remarquer que dans les deux régions, comme dans l’ensemble du Proche-Orient, l

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