L Afghanistan
230 pages
Français

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L'Afghanistan , livre ebook

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Description

L'aire culturelle afghane est le carrefour des routes de la soie et des épices et abrite depuis la protohistoire une civilisation cosmopolite. L'Islam, arrivé là depuis dix siècles au moins, y est encore le ferment de l'unité nationale, en Afghanistan tout comme au Pakistan, crée en 1947, deux pays entre lesquels la question pachtoune suscita des crises répétées. La position du verrou continental de l'Asie qu'occupe l'Afghanistan lui confère une situation essentielle. Cette entité politique fondée en 1747 a précipité la chute de l'URSS en 1991 et le régime des taliban a déclenché une croisade antiterroriste mondiale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2005
Nombre de lectures 317
EAN13 9782336252001
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2004
9782747571173
EAN : 9782747571173
L'Afghanistan
A l'orée des temps du libre jugement

Laurent Jean Roger Dessart
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Introduction Chapitre 1 - Ombilic du monde antique (Carrefour entre les Indes, la Chine, la Grèce et la Perse) Chapitre 2 - Croissant étoilé et loup bleu (Sous le vent de l’islam et la déferlante des steppes) Chapitre 3 - Empire médian de l’Asie (La fondation de l’État afghan) Chapitre 4 - Frères ennemis entre ours et lion (L’hégémonie des Durrani face aux “Grands Jeux”) Chapitre 5 - Réveil du dragon rouge (Fondements du pouvoir étatique et stagnation sociale) Chapitre 6 - La gueule des dragons (Affres et séquelles de l’occupation soviétique) Chapitre 7 - Dragon vert (Première vague islamiste) Chapitre 8 - Ébranlement de l’aigle palmé (Tours de foudre, dommages et réparations) Conclusion Annexes Index bibliographique
Ouvrages du même auteur (même éditeur) :
Parlons pachto - Langue et culture de l’Afghanistan.
L’Harmattan, collection Parlons , 1994 : 204p.
Les Pachtounes - Économie et culture d’une aristocratie guerrière d’Asie Centrale (Afghanistan-Pakistan).
L’Harmattan, collection Recherches asiatiques , 2001 : 612p.
“Mûn g tt ôl mo s âfer yû.”
Nous sommes tous des voyageurs.
(Abd-ul Sa t ar, chef cuisinier)
Introduction
Lorsqu’en 1978, un voyageur par voie terrestre en transit vers l’Asie, un “routard des Indes” bloqué là, entre deux navettes du Magic Bus , par des ennuis pécuniaires ou mécaniques, passait plusieurs mois à Kaboul, il ne lui était guère possible de percevoir l’ampleur des transformations qu’y subissait l’appareil d’État afghan. Celui-ci, héritier de 231 ans de gouvernements issus de la dynastie pachtoune des Durrani, venait de passer sous la coupe des Ghilzay, communistes putschistes. Durrant et Ghilzay sont des ethnonymes, ou noms de peuplades, qui s’appliquent à une fraction importante des Pachtounes, peuple dominant (et, selon certains, majoritaire) de l’Afghanistan. Tous les Pachtounes ont en commun la langue dite pachtou ou pashto . C’est une des langues iraniennes de l’Est au même titre que le baloutchi , parlé par les Baloutches / Baluch , formant l’une des minorités ethniques de l’Afghanistan, pays où elles abondent ; de là vient l’utilité, avant tout, d’en dresser succinctement un tableau.
1. Les Nouristanis, entre 90 000 et 100 000 (à 150 000) 1 , dans le Nord-Est du pays, sur les hautes vallées de l’Hindu Kush, parlent des dialectes montagnards classés parmi les langues indo-iraniennes dont l’une, le kati , a été élevée au rang de langue nationale par le gouvernement communiste d’Afghanistan, dans la ligne politique de reconnaissance des minorités ethniques prônée par les soviétiques. Ces dialectes ont leurs prolongements de l’autre côté de la frontière, au Pakistan, parmi les populations baltes, dites aussi dardes et kâfires. Ce dernier terme (en afghan : / câfer / , prononcé / câfeur /) se rapporte à la religion de ces peuplades. Il signifie, en arabe “impie”, “infidèle”, et réfère de nos jours encore à l’une des plus célèbres des tribus de la région, comptant à peine quelques milliers de personnes : les Kalash de la vallée de Chitral (Pakistan). Ceux-ci conservent leurs croyances et leurs coutumes préislamiques, alors que tous leurs voisins sont devenus musulmans. L’islamisation des Nouristanis (Afghans) en a fait des sunnites depuis la fin du XIX ème siècle, époque à laquelle l’émir d’Afghanistan les a forcés à se convertir au canon religieux national. Leur pays, jadis connu sous le nom de Kafiristan , ou “Pays des Infidèles” est devenu Nouristan ou “Pays de Lumière”. Ces populations sont réputées pour la beauté de leurs maisons en bois, matière première aussi d’un mobilier admirablement sculpté et tourné et de statues monumentales dédiées au culte des ancêtres, représentés à cheval, assis ou debout. L’une d’elles est conservée à l’antenne du futur musée du quai Branly (d’abord baptisé musée des Arts Premiers ) au musée du Louvre.
2. Les Baloutches ne sont que 100 à 200 000 en Afghanistan, mais représentent 5 millions de personnes au Pakistan, État fédéral dont l’une des quatre provinces porte leur nom (Baloutchistan). Ils constituent également une minorité en Iran. Nomades et éleveurs par tradition, ils vivent à la frange des déserts s’étendant entre ces trois pays et gardent la porte du Khojak, importante voie de pénétration terrestre vers le sous-continent indien reliant Kandahar à
Quetta. Par contre, leur façade maritime (iranienne et pakistanaise), le Mekrân, se prête peu au commerce. C’est Karachi, ville principale de la province du Sind, et ancienne capitale du Pakistan, qui constitue l’anse portuaire de la région. Les Baloutches, bergers chameliers caravaniers et guerriers, ont fondé en 1525, entre Peshawar et Quetta la ville de Dera Ismâïl Khân (Pakistan). Ils sont renommés pour la laine de leurs moutons et leurs tapis.
3. & 4. Les Turkmènes sont des Turcs, de la tribu oghuz . Leur nombre oscille entre 125 000 et 140 000 (ou 360 000). Ils font partie de la famille ethnolinguistique turco-mongole, de même que les Ouzbeks, issus de la tribu qiptchak, regroupant 1 300 000 (à 1 500 000) habitants en Afghanistan. Ces populations sont bien évidemment parentes de celles des pays, limitrophes, du Turkestan que l’on disait russe ou soviétique, avant 1991 : Turkménistan, 4 794 000 habitants, et Ouzbékistan, 25 705 000, dont une minorité tadjik. Connues et mondialement appréciées pour leur artisanat somptueux, ces populations sont situées, dans l’ensemble, au nord de l’Afghanistan, mais elles émaillent tout le tissu urbain du pays des chatoyantes couleurs de leurs broderies, de leurs tapis et de leurs bijoux, ainsi que de la fureur des brutales mêlées équestres du bouzkachi / bûzkashi , un jeu de cavaliers aguerris, rompus aux longs galops à travers les steppes. 20% des Ouzbeks et 75% des Turkmènes d’Afghanistan descendent des émigrés, qui ont fui, et des basmatchi , qui ont lutté aux côtés des Russes blancs contre la soviétisation des anciennes possessions des tzars.
5. Les Tadjik, entre 4 et 5 millions (4 à 4,5 millions, soit 30 %), occupent, numériquement, le deuxième rang au niveau national, après les Pachtounes. Ils sont concentrés dans les montagnes du Nord-Est (Badakhchan) et se confondent partout ailleurs avec les autres locuteurs du persan d’Afghanistan, les Farsiwân parlant tous le dialecte iranien nommé dâri ou “langue de la cour (royale)”. Ils abondent dans la capitale et sont présents dans de nombreuses provinces : Laghman, Logar, Ghazni, au sud, Chamali, au-dessus de Kaboul, Samangân, Balkh et Kunduz, dans le Nord.
Ils sont proches de leurs homologues du Tadjikistan, ancienne république socialiste soviétique, montagnarde elle aussi, comptant 6 195 000 habitants, et de l’Ouzbékistan (où les Tadjik recensés atteignent le chiffre de 500 000 environ). Leur discrétion naturelle, leur détribalisation et leur goût pour l’écriture en font pour l’administration un réservoir inépuisable de fonctionnaires. Ils sont également agriculteurs et commerçants, parfois poètes ou musiciens.
6. & 7. Parmi les populations persanophones - Farsiwân - d’ Afghanistan, figurent également les Aymaq, regroupant quelques centaines de milliers de personnes (600 000), qui sont établis à l’ouest de l’Hindou Kush, et les Hazaras, à l’est de cette chaîne de montagnes, au centre du pays, sur la veine centrale de la feuille évoquée par le dessin du découpage frontalier de la carte du pays, qui est aussi la queue de l’épine dorsale de ses reliefs les plus importants. Les Aymaq, éleveurs et agriculteurs, tissent de belles tapisseries en laine. Plus que tout, ils craignent la sécheresse, capable d’anéantir leur production.
Les Hazaras sont à peu près 1 million (1,5 million et, d’après eux, deux fois plus). C’est un peuple montagnard. Lorsque, sous l’effet de la misère ou de la famine, il lui faut émigrer en ville, le Hazara y occupe souvent un emploi subalterne. Le faciès mongoloïde des Hazaras, leur petite taille, le fait que leur dialecte du persan, le hazaragi , soit truffé de mots turco-mongols, leur ont attiré le mépris et l’ostracisme, de la part des autres groupes ethniques, Pachtounes en tête. Paysans de zones arides, ils misent beaucoup, comme les Aymaq, sur les chutes de pluie et de n

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