L éditorialiste (2005-2009)
168 pages
Français

L'éditorialiste (2005-2009) , livre ebook

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168 pages
Français

Description

Suivre l'actualité et réagir en homme libre, tels sont les principaux enjeux de cet ouvrage reprenant les tribunes écrites par l'auteur. On y découvre quelques paradoxes : l'Europe puissance qui déchire l'espace démocratique des nations ; le grand écart permanent entre les tenants de la croissance et ceux du développement durable ; la coopération Nord-Sud parasitée par la guerre économique instituée comme modèle de mondialisation. Elles traitent aussi de religion, des notions de diversité et d'universalité, d'ingérence et de souveraineté...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 227
EAN13 9782296234451
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avant-propos
Quand les mots s’enchaînent dans les phrases et finissent par conduire le sens, sommes-nous sûrs, nous les écrivains, les essayistes, les journalistes d’un jour ou d’une vie de bien savoir où nous mène cette belle harmonie de la phrase qui impose son 1 tempo ? On part avec une idée, mais les mots se mettent à danser sous la plume et modifient le sens. D’association en association, le cheminement prend un tour incertain. L’effort est parfois nécessaire pour tenter de redresser la barre et se rendre à nouveau maître d’un fil qui vous échappe. Difficile pourtant de ne pas se laisser guider par la fluidité de belles sonorités qui proposent leur douce mélodie, leur rythme, même si c’est au prix de quelques contorsions avec le sens originel. On ne peut en effet construire solide, bâtir pour le lecteur sur une succession de blocs faiblement assemblés. Mais alors, est-ce nous-mêmes ou les particularismes de la langue et des mots qu’elle marie qui conduisent véritablement la pensée, une pensée prisonnière d’une musicalité particulière, imposant par son style sa présence et sa voix (e) ? Les bons mots ou les formules ramassées aspirent à l’essentiel, l’écrasent aussi parfois ou lui donnent un tour énigmatique. L’éclat qu’ils procurent est trop fort pour ne pas résister au risque de tordre le cou au sens premier, celui qu’on avait pourtant choisi et qui rend les armes sur la feuille, biffé faute d’avoir pu trouver sa juste place, sa juste sonorité en harmonie avec ce qui précède. Faut-il se conduire en esthète de la langue, en allongeant et polissant si bien son corps qu’elle en finit par absorber le sens, tout simplement pleine de la révérence aux mouvements qui s’enchaînent, joliment ciselés comme un collier de perles autour du cou d’une jolie femme ? Les mots manquent pour embrasser les sentiments. Mais il arrive également qu’ils prennent le pas sur la pensée.C’est peut-être aussi cela l’aventure de l’écriture. Les mots, les phrases nous emportent vers l’inconnu. Il en sort parfois des miracles, fruit
1 . Le pilote automatique à la manière de MarcelDuchamp dans la mouvance surréaliste !
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d’une mélopée qui s’écrit par elle-même pour elle-même dans un espace littéraire aux contours incertains où l’auteur disparaît se vidant peu à peu d’une substance devenue étrangère. On ne peut tout expliquer par le langage. Si l’on tentait de le faire, le texte serait bien trop lourd. Il risquerait de nous envoyer par le fond (s).Et puis, pourquoi ne pas laisser au lecteur la possibilité de choisir lui-même son itinéraire intime muni d’un texte aux multiples facettes, texte ouvert, fruit de rencontres imprévues entre mots qui s’entrechoquent dans des phrases dont la signification s’échappe ? Hors de soi, faisant le pas au-delà, on essaie alors de suivre, de poursuivre, de construire une cohérence, un mot, une phrase puis une autre recherchant désespérément l’unité, la progression peut-être, d’un enchaînement nouveau et donc incertain. Puis c’est la rupture, l’impasse, la chute, le point, seul moyen d’interrompre, mais également de reprendre son souffle.C? Pourquoi ne pasependant pourquoi s’interrompre continuer à se laisser guider par la rime, par la forme et découvrir enfin ses rivages inconnus ? Si les mots ont finalement du mal à s’accorder ensemble, n’est-ce pas pour le plaisir de nous contredire, pour mieux tenter de nous séduire ? Si la construction d’une phrase conduit par elle-même le raisonnement, alors pourquoi s’en remettre encore et toujours à l’écriture, cette maîtresse infidèle qui n’en fait qu’à sa tête avec son corps si rond ? Tout s’écroule à présent. Les mots changent de sens avec les époques. Les mots changent de sens avec leurs épithètes. Les mots changent de sens, retournés par des phrases qui en jouent et les contorsionnent à plaisir. Impossible de s’appuyer sur eux. Impossible de leur témoigner notre confiance.Doit-on pour autant en changer, les répudier, ne plus s’installer à leur table ?
Les éditoriaux qui sont proposés dans ce livre font partie de cette famille. On aborde desthématiques légèrescomme les joies de l’écriture automatique, les vices et vertus du consensus, les tics de la diversité, les bouffons de la République ou encore pulsions, contrôles et perversions. Ces tribunes vont de la période 2005 à nos jours. Les débats sont également traités :la politique intérieureou curieuses convergences entreBenoît Hamon Nicolas Sarkozy ou encore
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Bernard Henri-Levy,la politique extérieureou l’impossible accord à l’OMC, le dialogue difficile entre ingérence et souveraineté, l’ONU plutôt que l’OTAN,les relations Nord-Sudou les nouvelles bases d’un développement durable,la crise financière et économiqueou recherche de la confiance désespérément,Europe ou l’adieu au rêve de puissance dans un monde multipolaire, religions, faits de société avec leurs cortèges de repentances et de commémorations…Au total, une cinquantaine de points de vue est proposée dans cet ouvrage. Chaque lecteur peut donc choisir à loisir selon ses thèmes de prédilection et ainsi composer son propre menu. Les idées exprimées sont le fruit d’une réflexion personnelle, indépendante, qui essaie toujours de prendre quelque distance face au « prêt-à-penser » qui nous inonde parfois. On sort des sentiers battus. 2 Paradoxales, proposées aux lecteurs sans retouches , ces analyses qui pouvaient paraître iconoclastes ont pour la plupart bien vieilli. Le contexte de leur écriture est expliqué en note de bas de page. Pour les lecteurs qui me suivent assidument depuis maintenant plusieurs années, j’ai pensé qu’il était temps de découvrir cette face cachée.
2 . Le contexte d’écriture de chacune d’entre elles est expliqué par une note de bas de page. Les tribunes déjà publiées dans la presse sont signalées.
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Année 2009
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3 Les bouffons de la République ( )
Ils sont sur toutes les radios généralistes du matin. Ils réapparaissent sur le petit écran le soir ou le week-end. Ce sont les nouveaux amuseurs publics sans qui une émission ou une tranche horaire n’aurait pas le goûtépicé qu’on leur connaîtparfois. Le plus souvent, ils sattaquentauxpuissants, fontdes cartons plus oumoins musclés sur ceuxqui nous gouvernent, ceuxqui occupentla place dans les médias. Ils ontle droitdetoutdire, de toutfaire etmême daller chercher dans laffabulation la plus complète la structure de leurs chroniques quotidiennes. Ils travaillentle décalage permanent. Toujours plus clash,toujours plus crash,toujours plus crasse,telles pourraientêtre leurs devises. Ce sontles nouveauxbouffons de la République. Oui bouffons, vous avezbien lu! Des bouffons qui croquentdans les miasmes de lactualité etdiffusentleurs humeurs à la sauce humour. Mais pourquoi éprouver le besoin d’untel défoulementcollectif programmé à heure fixe ?Àquels phantasmes obscurs peutdonc répondre cettetendance lourde àtirer surtoutce qui brille ? D’abord, on peutbien entenduexpliquer le phénomène par la course à laudimat. La chronique d’un amuseur public est vécue commeun intermède,une mise à distance nécessaire,un regard décalé qui détend latmosphère etfidélise le public. Ils créent lévènement. Les jeuxducirque sontde retour, la mise à mort annoncée, le public se presse autour dusang quiva couler. Rassurez-vous,toutest virtuel etles budgets ne risquentpas dêtre éclatés. Par définition payés pour surprendre dansununivers policé auxcodes bien établis,trop établis peuttre, les bouffons sont donc en capacité detransgresser, de sortir de lordinaire médiatique,un ordinaire le plus souventmis en boîte etqu’ils sont les seuls à pouvoir réchauffer. Autre explication possible, le besoin doxygène d’une société qui éprouve de plus en plus de mal à respirer. Quelques exutoires faciles sontdonc organisés pour canaliser lagressivité latente d’un
3 . Une tribune écrite début janvier 2009 bien avant qu’une campagne de presse se développe face aux dérapages supposés ou réels de certains humoristes.
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