L  Elysée brûle
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Prochainement à l'Elysée...une surprise de taille...venez la découvrir...

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Publié le 28 avril 2012
Nombre de lectures 14
Langue Français

Extrait

Mercredi après-midi
Nous n’avons pas voulu connaître le sexe de l’enfant. En conséquence on cherche deux prénoms…pas si facile de s’entendre…Après moult discussions nous nous sommes mis d’accord pour Hugo (avec un h !) si c’est un p’tit bonhomme. En revanche, si c’est une fille… Clémence n’en a que pour Mina (Cf. Stendhal, même si elle prétend le contraire)…moi je voudrais quelque chose de moins connoté…j’ai un faible pour Marguerite…Qu’est-ce que j’avais pas dit là!...Vieillot, cucul…j’en passe, et des meilleures. Mais j’ai tenu bon. Un partout, la balle au centre. On remet ça normalement ce week-end. Ça promet ! (À suivre)
Mardi 4 juin
Le président a gagné dix points dans les sondages.
Jeudi 11 juillet (St G.)
C’est un garçon! Quarante-trois centimètres, trois kilos sept cent cinquante-deux, les yeux marron clair et un peu de duvet brun autour de la tête. L’accouchement (malgré ma « promesse »…j’étaisdans le couloir) Dieu soit loué, s’est très bien déroulé, comme la grossesse au fond; on a vraiment été vernis. Après deux jours Clémence se sentait déjà en forme et a obtenu d’abréger le séjour à la clinique. Ils n’ont pas beaucoup insisté pour la retenir ;c’était autant de gagner pour accueillir une autre cliente, pardon, une autre « parturiente ». Donc c’est Hugo. C’est banal mais ça me fait tellement plaisir de le noter : Je suis papa ! On a beau s’y attendre, croire s’y être préparer, c’est un choc (pleurs etc.). Ce n’est pas parce que tout le monde le répète que c’est faux : Depuis la naissance je me sens différent, plus vivant, plus plein, moi aussi, de vie, d’envie de vivre et de partager ce bonheur avec les autres. J’ai l’impression de tenir mieux sur mes pattes, d’être plus dense, lesté, en prise avec la réalité, les joies et les peines de ceux qui m’entourent, d’être plus simple, d’arriver enfin à profiter du moment présent. Je ne vis plus, j’existe. Ressenti fortement que j’avais franchi un cap, ou plutôt que j’étais passé à «autre chose», que j’avais grandi, mûri, sans presque rien faire d’ailleurs…rien qu’en acceptant la vie telle qu’elle est…profondément éprouvé cela, comme un changement d’état…d’ordre…moral, psychique et, allons-y pour les grands mots: Spirituel. Résumons : Je ne me suis jamais aussi bien senti dans ma peau. Ça plane pour moi ! Ouh-ouh-ouh-ouh !…ça plane…Du calme, du calme. Clémence m’a épaté, évidemment. Les femmes sont d’une force ! Ce qu’elles assument c’est pas croyable ! En tout cas pas comparable à nos petites préoccupations de coqs vaniteux, nos rodomontades, nos branlettes intellectuelles…à l’Institut surtout… je me retiens des fois pour ne pas le signifier à ces têtes bourrées farcies de statistiques, de théories―mais sans cœur. Et partant sans vraie compréhension du monde. Mais trêve de râleries. Et rentrons vite couvrir de baisers le plus beau bébé de la Terre ! Si si, je vous assure. Au fait j’oubliais : il est né le cinq, à 14h. 36. (Très gentil coup de fil du président ; je ne savais pas qu’il savait.) 12/07
Pouponnage, lecture et révisions des cours au programme de l’été ; ça me va. On reste à Paris bien sûr, au calme.
Lundi 15 juillet Rémond est d’une clairvoyance merveilleuse. Que n’a-t-il écrit ses Mémoires ! Mardi. Relu rapidement «la naissance» ;quelque peu charabiesque tout cela, mais bon…ce carnet… « Cen’est pas cela qui est important», comme dirait l’autre. L’important c’est de vivre. (même jour, 21h)
Jocelyn a déboulé hilare en fin de mâtinée, un livre à la main. Risettes à Hugo puis il m’a lu le passage qui l’avait tant fait rire (C’est dans « Fuite et fin de Joseph Roth », de S.Morgenstern, j’ai oublié l’éditeur (je crois que c’est une traduction récente)). Voici: L’auteur un jour discuta avec Musil de Bloch; Musil lui confia qu’il trouvait l’homme globalement sympathique mais qu’il ne parvenait pas à bien savoir toujours ce qu’il voulait dire ; le ton ironique, même pince-sans-rire du «Grand Écrivain» qui se moque gentiment d’un certain jargonisme philosophique est habilement rendu, c’est vrai, néanmoins…son enthousiasme m’a paru excessif. De Roth me revient cette succulente page des «Cent-Jours »où l’on voit Talleyrand et Fouché sortir des Tuileries (Clin d’œil à Chateaubriandsûrement). En quelques lignes prodigieuses―rien qu’en les décrivant―tout y est dit de leurs calculs, de leur sordide affairement.
Rémond est un devin.
Depuis l’histoire des porte-avions le président s’est tu…hormis l’inauguration des chrysanthèmes naturellement…les marchands d’armes auraient-ils réussi à le museler ? J’en doute.
Hugo est à croquer.
(21/08) Promenade sur les quais. Racheté le «Stendhal »de Crouzet perdu dans le déménagement. Clémence est rentrée avant moi ; je lui ai dit que j’avais de la paperasse à finir au bureau ; en vrai j’ai été réservé des places à Bastille (Cf. son anniversaire) pour « L’italienne à Alger» (mars prochain) ; espérons que ça lui plaise.
Parcouru le Monde des livres «Spécial Rentrée», comme ils disent. Je me souviens qu’étudiant j’en attendais fébrilement la parution ; je salivais devant tous ces essais, tous ces travaux d’Histoire et de Sc. Sociales à venir ; je voulais tous les lire. Aujourd’hui je me tiens au courant, ni plus, ni moins ; « je fais le job ». Intrigué quand même par le «Gouverner »d’H. V. (Gallimard). Serait-ce l’amorce d’une candidature ?
Suis allé voir avec Jocelyn le dernier W. Allen., dont on parle tant (une libre évocation de Gombrowicz à Buenos Aires). Sombre, inquiétant. Superbe. On a beaucoup aimé tous les deux. Toujours alerte le vieux Woody ! En revenant J. m’a confié avoir changé le titre de son article pour Commentaires. Non plus « La phrase blanche de Canetti », mais « L’écriture transparente de Canetti ». Très inspiré, je lui ai répondu que je trouvais les deux « intéressants ».
Fêté en famille (mes parents et ceux de C.) les deux mois de Hugo hier. Tout le monde passablement « paf » au sortir du repas. Avons pris l’air au P. Brassens. Puis les « anciens » sont repartis. Très bonne ambiance. « Pourvou que ça doure ». 9 septembre: Déclaration fracassante du Président à Lyon, où il était venu inspecter les chantiers de la Rénovation. En effet il crée un service civil (tourné, principalement, vers l’aide aux plus démunis, ceux de France et d’ailleurs) obligatoire (garçons et filles, âgés de 16 à 26 ans) ! A mettre en place, selon ses propres termes, « dans les plus brefs délais ». Bien joué ! Les principaux « observateurs », groggy, sont globalement laudatifs. Au reste, je me demande bien qui était au courant…Questionné à Bruxelles (France 24), G., livide, semblait tomber des nues. J’entends d’ici les belles âmes s’indigner derechef de ce « pouvoir personnel »…vieille rengaine, aussi vieille que la Vème Rép.
Remous à l’Assemblée. Feu nourri des libéraux contre ce nouvel «humanitarisme »qui va « coûterune fortune». De nombreux membres de la majoritétroublés. L’opposition, dubitative, est muette.
Un sondage (commandé par la présidence), rendu public cet après-midi, indique que 67 % des français approuvent le S. N. S. (Service National de Solidarité). C’est gagné.
(17/09) Soyons honnête (si je ne le suis pas là, dans ce carnet, où le serais-je) : Je ne comprends pas pourquoi il ne m’a pas fait travailler depuis Evry ! Peut-être qu’au fond, à la réflexion, il a trouvé mon texte trop « romantique », sentimental, grandiloquent ?
Livres Hebdo a recensé 198 premiers romans! Que d’encre! que d’encre! comme eût dit Mac Mahon.
Clémence fatigue.
L’Ile Saint-Louis transfigurée dans le soleil couchant.
Ballet diplomatique en vue d’améliorer substantiellement (on peut toujours rêver) l’aide à l’Afrique sub-saharienne. Tous gyrophares allumés (sirènes hurlantes à l’occasion, quand le temps presse) des dizaines de motards escortent leurs Excellences d’un palais l’autre ; tels autrefois leurs vassaux les Grands. Je ne sais au juste ce qui me pousse à noter cela (pas très original) ; tout simplement le plaisir je crois ; oui…il est si bon d’écrire, de s’exprimer par écrit.
Le prix Goncourt vient d’être attribué à un certain Pierre Lanviscar (je ne garantie pas l’orthographe) pour« Bolgaco »(Ed. M. Nadeau); l’histoire d’une «renaissance »( ?)à ce que j’ai compris ; sans doute Jocelyn pourra-t-il éclairer ma lanterne.
Décidé d’étudier Simmel au second semestre du séminaire. Lecture obligatoire: «La philosophie de l’amour». Quel choc, jadis, en le découvrant (librairie Ravy) au milieu des phénoménologies ! quelle bouffée d’oxygène !
Clémence accuse le coup; avec Hugo c’est du non-stop; elle manque terriblement de sommeil.
Frank « pléiadisé » ; Jocelyn est aux anges ; son éclectisme me donne le tournis.
Vifs débats à l’Institut sur la nouvelle politique du Président ; je me contente, pour l’heure, d’écouter.
(03/12). Nous avions convenu d’aller dimanche avec Jocelyn à l’exposition « Le Greco » du Louvre. Rendez-vous à 15h. devant la Porte des Lions. Or à 14 h. l’interphone vibre. C’était Jocelyn...accompagné ! Sacré Jocelyn…il ne nous en avait jusque là soufflé mot. Les deux visiblement émus (bon signe). Présentations autour d’un café. Madame A., qui gardait Hugo, est arrivée à moins vingt; quelques recommandations de C. puis nous avons filé. Donc elle s’appelle Estelle (école du Louvre précisément). Beau brin de fille ma foi (brune aux yeux bleus). Sérieuse, très. Ambitieuse (elle prépare le concours (redoutable) de Conservateur d’Etat). Les épreuves sont mi mars ; gageons qu’après Jocelyn saura la dérider ; sinon je ne donne pas cher de leur…venons-en à l’expo. Impossible, hélas, d’apprécier les toiles! Trop de bruit, d’agitation autour. Du moins, moi, j’en fus incapable. Quel souk ! Et en plus il ne faut pas traîner ! Trois heures de queue puis c’est à peine si on ne vous pousse pas dehors ! Lamentable. Par bonheur Estelle connaissait une salle légèrement dérobée, vers la sortie, que « zappent » d’ordinaire les barbares. Y étaient accroché, entre autres, le « Saint Jean», dont elle nous a livrés un passionnant commentaire. Vagabondé ensuite du côté des Halles. Arrêt au Père Tranquille. Nous nous apprêtions à partir quand tout à coup les garçons se précipitent rue Rambuteau à la poursuite d’un distrait qui a oublié de payer; ils ramènent vite l’indélicat (une vingtaine d’années, enrobé, des lunettes d’intello), qui est soûl comme une grive. Le ton monte. Et là mon Jocelyn qui se lève! s’entremet (règle la note du fêtard) et le calme revient ; nous sommes le point de mire de la terrasse. C’est beau, l’amour…
Réédition au Mercure du «Tolède »de Barrès; préface de Sollers ; toujours en phase avec l’actualité celui-là.
G. et D. à la tête de la Fronde.
Coruscante recension (dans la Quinzaine) d’une thèse («André Breton, ou la révolte de l’Esprit », par Mme C. Brélivet, aux P.u.r.) centrée sur les lectures gnostiques du chef de file des surréalistes. Il y a belle lurette que je ne m’intéresse plus (péché de jeunesse) à cet auteur mais je n’ai su résister au brio de l’article.
Clémence s’en va demain avec Hugo chez ses parents (je les retrouve à Noël). Les connaissant, je suis sûr que là-bas elle se requinquera. Donc je suis soulagé…mais Dieu que l’appart va me sembler vide.
8 décembre 22h30. Le Président me fait confiance. Serai dans la campagne l'un de ses cinq rédacteurs « sociaux ». Profondément ému par ce qu'il m'a dit.
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